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Thé au Cameroun

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La production de thé au Cameroun commence au milieu du XXe siècle et se focalise sur du thé noir CTC de milieu de gamme destiné majoritairement à l'exportation vers le Soudan et le Tchad et minoritairement à la consommation locale.

Son histoire est marquée par les nombreux conflits qui traversent le pays, que ce soit la décolonisation, la privatisation, les tensions entre Cameroun francophone et Cameroun anglophone, ou Boko Haram.

Cueilleuse en 1969. Archives nationales du Royaume-Uni.

Le thé est introduit au Cameroun par l'Allemagne en 1928, à Tolé, dans la Région du Sud-Ouest[1]. La production ne commence véritablement que dans les années 1950 et 1960, avec la création d'une plantation publique en 1952, la construction d'une usine de thé noir CTC en 1954, l'établissement d'une seconde plantation à Ndu en 1957 et la création d'une usine orthodoxe en 1962[1]. Une troisième plantation voit le jour en 1985 à Djuttitsa (Bafou), dans la Région Sud-Ouest[1].

La production de thé souffre du manque d'investissement gouvernemental, ainsi que de la concurrence d'autres cultures plus lucratives[1].

En 1994, à la suite de la crise économique que le pays traverse au début des années 1990, les trois plantations sont proposées à la privatisation, ce qui dégrade les conditions de travail[1],[2]. Les femmes, majoritaires dans le travail de cueillette, mènent le mouvement social qui comprend des années de grève et dénoncent la corruption qui acccompagne la revente des jardins de thé[2]. Un autre point de conflit est que les plantations se trouvent dans le Cameroun anglophone, tandis que la décision de privatiser est prise par et profite à des personnes du Cameroun francophone[2]. Enfin, les chefferies Bakweri réclament la restituation de leurs terres ancestrales, qui leur ont été confisquées lors que la colonisation du pays par l'Allemagne[2],[3]. Les plantations sont finalement revendues à un consortium sud-africain en et deviennent la Cameroon Tea Estates[2].

La protestation est toujours active à Tole dans les années 2010[4] tandis qu'elle est résolue à Ndu à la suite du changement de gérant ainsi que de l'aide financière apportée par l'Union européenne[1]. Le conflit avec Boko Haram complexifie la production, plusieurs routes se retrouvant fermées[5].

En 2002, une nouvelle plantation voit le jour à Dawara, dans la Région du Nord-Ouest[1].

Traitement des feuilles de thé séchées dans l'usine CTC de Dawara en 2014.

Les théiers sont des clones de cultivars créés au Kenya[1]. La production s'élève à 9 000 tonnes pour 8 000 hectares cultivés[1]. Le thé produit est de qualité moyenne, avec notamment une cueillette peu précise réalisée au sécateur[5].

La production de thé emploie peu de personnes : en 1985, elles sont 660 à Djuttitsa, 1 670 à Tole et 1 560 à Ndu[3].

À peine 10 % du thé produit au Cameroun est consommé sur place, le reste étant exporté comme thé de milieu de gamme dans d'autres pays d'Afrique, en particulier le Tchad et le Soudan[1],[5].

La majorité du thé consommé au Cameroun est importé, notamment de Chine[6].

Références

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  1. a b c d e f g h i et j Jane Pettigrew, « Cameroun », dans Jane Pettigrew's world of tea., (ISBN 978-1-940772-51-6 et 1-940772-51-6, OCLC 1043926696)
  2. a b c d et e (en) Piet Konings, « Privatisation and labour militancy: The case of Cameroon's tea estates », Journal of Contemporary African Studies, vol. 26, no 1,‎ , p. 51–70 (ISSN 0258-9001 et 1469-9397, DOI 10.1080/02589000701782653, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Piet Konings et Robert Buijtenhuijs, « L’État, l’agro-industrie et la paysannerie au Cameroun », Politique africaine, vol. 22, no 1,‎ , p. 120–137 (DOI 10.3406/polaf.1986.3815, lire en ligne, consulté le )
  4. Investir au Cameroun Publication, « Grève des ex-employés de la Cameroon Tea Estate (CTE) », sur Investir au Cameroun (consulté le )
  5. a b et c « La Cameroon Tea Estate envisage de se tourner vers le haut de gamme - Jeune Afrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  6. Investir au Cameroun Publication, « Le marché du thé au Cameroun «est confronté à une concurrence sans règle», selon le ministre du Commerce », sur Investir au Cameroun (consulté le )