Teurnia
Tiburnia
Teurnia Tiburnia | ||
![]() Vestige de l'église épiscopale de Teurnia | ||
Localisation | ||
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Pays | ![]() |
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Région antique | Norique | |
Coordonnées | 46° 49′ 12″ nord, 13° 26′ 54″ est | |
Superficie | 17 ha | |
Histoire | ||
Époque | Celtes | |
Empire romain | ||
Géolocalisation sur la carte : Autriche
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Teurnia ou Tiburnia est le nom d'une ancienne localité située en province romaine de Norique dont elle a été le chef-lieu avant d'en devenir un siège épiscopal à l'époque chrétienne.
Ses vestiges sont situés sur la commune autrichienne de Lendorf, à côté de la paroisse de Saint-Pierre-en-Holz (de), à quatre kilomètres à l'ouest de Spittal an der Drau.
Tiburnia est aujourd'hui le nom d'un siège titulaire de l'Église catholique
Peuplement
[modifier | modifier le code]Le site de Teurnia est peuplé depuis le XIe siècle av. J.-C. et des éléments archéologiques attestent d'activités humaines liées à la culture des champs d'urnes et à la culture de Hallstatt[1]. Une tribu celte nommée Ambidravi (« ceux qui vivent des deux côtés de la Drave ») dans la littérature gréco-romaine s'installe sur ce site à proximité d'une source et facile à sécuriser vu sa proximité avec une colline, le Holzer Berg[1].
Les celtes du regnum Noricum entretiennent de bonne relations avec les romains avec lesquels ils concluent des traités favorisant le commerce ainsi qu'en 113 av. J.-C., une alliance militaire contre les Cimbres et les Germains[1]. La Norique est investie sans combat par les Romains en 15 av. J.-C. et devient province romaine[1].
Municipe
[modifier | modifier le code]La Norique est incorporé à l'Empire romain en tant que province vers 50 et, sous le règne de l'empereur Claude, Teurnia est érigé en municipe, à l'instar d'Aguntum, Virunum et Celeia, ce qui lui confère le droit de cité et contribue au développement et à l'équipement du site[1]. Celui-ci se développe particulièrement au cours des IIe et IIIe siècles en fonction des besoins des habitants d'une cité à l'activité commerçante florissante : outre des terrasses spacieuses[2] — deux étant situées sur le versant et au pied de la colline à l'ouest ainsi qu'une autre située plus haut — accueillent des unités résidentielles équipées de chauffage au sol dès le IIe siècle, de canaux assurant le drainage et de jardins clos[1].
Teurnia se dote en outre d'équipements publics comme un forum avec une basilique pour les activités commerciales et de longues travées pour les commerçants et les marchands[1]. Au sud de cette place centrale très animée est édifié un grand bain thermal, typique du mode de vie romain et de leur vie sociale[1]. Il est vraisemblable que ces installations étaient complétées d'un temple pour le culte officiel des dieux de l'État[1].
Le début de la période des migrations constitue un tournant important dans l'histoire de la cité et c'est probablement l'invasion des Alamans vers 275 qui incite les habitants à ériger puissant mur de fortification autour du sommet de la colline[3]. Consécutivement aux troubles liés aux invasions et à la dégradation économique, la population et l'activité se réduisent[3].
Diocèse
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Le christianisme s'implante dans les régions danubiennes dès le règne de Marc-Aurèle, du moins au sein de l'armée[4]. Au tournant du IVe siècle des chrétiens y occupent de hautes fonctions gouvernementales, ainsi qu'en atteste la relation du martyre de Florian de Lorch noyé dans l'Enns en 304[4]. Des évêques de Norique sont attestés au concile de Sardique de 343 et l'on peut supposer que l'évêque de Teurnia a fait partie de la délégation[4].
L'évêché de Teurnia englobe alors tout le district administratif de la cité antique, correspondant peu ou prou à l'actuelle Haute Carinthie, la région de Lungau et une partie septentrionale du Val Canale (it)[4]. Mais on ne sait pas précisément si son statut d'évêché métropolitain concerne alors l'ensemble du Norique ou seulement le seul Noricum mediterraneum[5]. Néanmoins, dans la mesure où la ville est sise sur une colline et fortifiée, c'est une des rares agglomération du Norique à résister après l'effondrement du contrôle impérial des frontières au tournant du Ve siècle[6] puis les invasions vandales qui pillent Rome en 410. C'est probablement alors et en raison de ses fortifications que Teurnia devient la capitale provinciale, au détriment de Virunum[7],
On trouve quelques indications sur Tiburia dans la Vita Sancti Severini, une hagiographie du début VIe siècle consacrée à Séverin du Norique (~410 - ~482) qui constitue l'unique source sur l'Empire romain dans l'actuelle Autriche[4]. La Vita Sancti Severini, mentionne un évêque local du nom de Paulinus[8] dont Séverin prédit l'élection à l'épiscopat par les habitants d'une cité[5] qui prodigue des vêtements pour les chrétiens du Danube dans le besoin mais est constamment exposés aux raids barbares[9]. Suivant la Vita, Paulinus organise, avec l'aide de Séverin, la défense de Teurnia[9] face aux Goths qui assiègent la ville en 472[10]. Les actes synodaux de Grado (en) (vers 572-577) comporte la signature d'un autre évêque de Teurnia du nom de Leonianus[4].
L'évêché de Teurnia est mentionné pour la dernière fois en 591 dans trois pétitions adressées par les évêques du Patriarcat d'Aquilée à l'empereur byzantin Maurice[4] et la cité semble abandonnée au début du VIIe siècle à la suite des invasions slaves[11].
Archéologie
[modifier | modifier le code]À la suite des différentes campagnes de fouilles réalisées depuis le début du XXe siècle, un musée d'histoire romaine est implanté dans le village de Lendorf.
Siège titulaire de Tiburnia
[modifier | modifier le code]Depuis 1968, Tiburnia est le nom d'un siège titulaire archiépiscopal de l'Église catholique. Le titulaire actuel est Andrés Gabriel Ferrada Moreira (en), Secrétaire de la Congrégation pour le clergé.
N. | Nom | Fonction lors de la nomination | Début | Fin |
1 | Emilio Benavent Escuín | Évêque coadjuteur de Grenade | ||
2 | Donato Squicciarini | Nonce apostolique | ||
3 | Víctor René Rodríguez Gómez | Évêque auxiliaire de Texcoco | ||
4 | Víctor Manuel Fernández | Recteur de l'université catholique argentine | ||
6 | Andrés Gabriel Ferrada Moreira | Secrétaire de la Congrégation pour le clergé | en cours |
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Glaser 1987, p. 2.
- ↑ Eitler 2014, p. 136.
- Glaser 1987, p. 3.
- Glaser 1987, p. 4.
- (en) Johan Leemans, Episcopal Elections in Late Antiquity, Walter de Gruyter, (ISBN 978-3-11-026855-3), p. 213
- ↑ (en) Andrew Poulter, chap. 4 « The use and abuse of urbanism in the Danubian provinces during the Later Roman Empire », dans John Rich (éd.), The City in Late Antiquity, Routledge, (ISBN 0-415-14431-0), p. 123
- ↑ Eitler 2014, p. 138.
- ↑ Eugippe, Vita Sancti Severini, 25.2, 30.2
- (en) Wolfgang Liebeschuetz, chap. 1 « The end of the ancient city », dans John Rich (éd.), The City in Late Antiquity, Routledge, (ISBN 0-415-14431-0), p. 15
- ↑ Jacques Zeiller, Les origines chrétiennes dans les provinces danubiennes de l'empire romain, Rome, "L'Erma" di Bretschneider, , p. 560
- ↑ (en) Patrick Geary, « The Ancient Gods and the Venerable Protectors of this Place : Christianity on the Frontiers in the Early Middle Ages », dans Stephanie Hayes-Healy (éd.), Medieval Paradigms, vol. II, Springer, (ISBN 978-1-137-03706-0), p. 31
- ↑ (en) « Tiburnia (Titular See) », sur catholic-hierarchy.org (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (de) Franz Glaser, Teurnia : Metropolis Norici, Ein frühchristlicher Bischofssitz, Vienne, Edition Fa. Merckle,
- (de) Josef Eitler, « Spätantike Umbrüche im Stadtbild von Teurnia », Hortus Artium Medievalium, Zagreb, International Research Center for Late Antiquity and Middle Ages, vol. 20/1, , p. 136-143 (ISSN 1330-7274)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Lien externe
[modifier | modifier le code]- Ressource relative à la géographie :
- (de) « Römermuseum Teurnia », Site du musée romain de Lendorf, sur landesmuseum.ktn.gv.at (consulté le )