Tatouage en Corée du Nord
Le tatouage en Corée du Nord est une forme particulière d'expression artistique et culturelle. D'abord tabouïsé par le régime nord-coréen, le tatouage demeure encadré par le cadre idéologique auquel est soumis le pays et se limite à l'expression particulière de la loyauté, en particulier chez les militaires. Pour les transfuges en Corée du Sud, il devient un marqueur à supprimer pour s'intégrer dans la société.
Histoire
[modifier | modifier le code]Une certaine tabouïsation du tatouage par le régime existe à travers le XXe siècle, le régime imposant des restrictions pour limiter les tendances, à la fois pour contrer les formes d'individualité et parce qu'on juge alors les expressions comme insensées. Les personnes déjà tatouées sont alors poussées à supprimer ces marques corporelles vers la fin du siècle[2]. Le tatouage se développe pourtant parmi de nombreux hommes en fin d'adolescence, en particulier ceux entamant leur service militaire, pour qui il s'agit d'un moyen limité de s'exprimer[3]. Cependant, d'après le témoignage d'un transfuge publié en 2024, la tendance générationnelle évolue : les vingtenaires et trentenaires ne sont plus attirés par cette pratique, encore moins si c'est pour exprimer la loyauté envers le régime[2],[4].
Représentations
[modifier | modifier le code]Le tatouage nord-coréen est limité par le cadre idéologique du pays[2],[3]. Ce sont avant tout des messages de loyauté envers le dirigeant, notamment par la représentation de symboles auxquels il s'associe, ou bien des messages d'intrépidité personnelle ou imprégnée par l'antiaméricanisme autorisé[2]. On peut notamment retrouver des slogans tatoués comme « Kimilsungia » (soit, la fleur de Kim Il-sung) ou encore « Pour la Patrie »[1]. La tendance grandissante de messages en anglais pourrait cependant indiquer des changements politiques et culturels au sein de la société nord-coréenne[3].
Sociologie
[modifier | modifier le code]Les tatoueurs professionnels n'existant pas dans le pays, les artistes sont mentionnés par communication verbale et les dessins restent primitifs, d'autant qu'ils sont réalisés sans équipement technique et sans anesthésiant. À noter également que la pratique est bien davantage acceptée chez les hommes que chez les femmes : considérant dans tous les cas l'habit traditionnel chez les femmes, si tant est que des tatouages existent, ils seraient sans doute laissés non apparents[2]. Il existerait aussi une pratique selon laquelle les femmes s'appliquent de l'encre de tatouage sur le visage pour souligner les sourcils ou les lèvres[4].
Dépréciation chez les transfuges
[modifier | modifier le code]Au sein de la société sud-coréenne, les tatouages nord-coréens sont en effet vus comme des marqueurs négatifs et leur suppression aurait permis à certains transfuges à trouver un emploi[1],[5]. Ces derniers cherchent à camoufler les tatouages qui deviennent sources de frein à l'intégration et de regret chez les porteurs[5]. Le , la police de Yongsan-gu, à Séoul, annonce dans cette perspective qu'elle a conclu un programme de détatouage depuis le avec l'Association coréenne des chirurgiens plasticiens pour aider au détatouage des transfuges nord-coréens : huit transfuges auraient alors été opérés avec 33 autres en attente[1].
Références
[modifier | modifier le code]- (ko) Park Byeong-hyeon, « '충성'의 상징이었던 북한 문신…제거 수술 지원 », sur Joong-ang Ilbo, (consulté le )
- (en-US) alannahhill, « Ask a North Korean: Do North Koreans get tattoos? », sur NK News, (consulté le )
- (en-GB) Markus Bell, « 'Fatherland! Victory! Battle!' – tattoos in North Korea », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- (ko) Kim Hye-jin, « ‘노출의 계절’ 南서 유행하는 타투, 北에서는? », sur Daily NK, (consulté le )
- (ko) « [힐링뉴스] "새 삶 위해"…멍에 된 '북한 문신' 지워주기 », sur news.jtbc.co.kr, (consulté le )