Tūmatauenga
Tūmatauenga | |
Dieu de la mythologie maorie | |
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Statue de Tūmatauenga devant l'Eden Park, stade de sport d'Auckland, en Nouvelle-Zélande. | |
Caractéristiques | |
Autre(s) nom(s) | Tūkāriri, Tūwhakamoana-ariki, Tūkaitangata, Tūkaitaua, Tūmatawhāiti, Tūtawake, Tūtengaehe, Tūkanguha, Tūwhakaheketangata |
Nom maori | Tūmatauenga |
Fonction principale | Dieu de la guerre, des humains et des activités humaines (chasse, pêche, culture) |
Région de culte | Nouvelle-Zélande, Îles Cook |
Famille | |
Père | Ranginui (Rangi) |
Mère | Papatūānuku (Papa) |
Fratrie | Haumia, Rongo, Rūaumoko, Tāne, Tangaroa, Tāwhirimātea, Whiro |
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Tūmatauenga (Tū du visage en colère) est l'dieu de la guerre, des humains[1] et des activités humaines telles que la chasse, la culture vivrière, la pêche et la cuisine dans la mythologie maorie.
Dans les récits de création, Tūmatauenga suggère de tuer ses parents pour permettre à la lumière d'entrer dans le monde. Après, qu'ils sont séparés par son frère Tāne, un autre de ses frères, Tāwhirimātea, n'étant pas content de cela, déclare la guerre à tous ses frères et Tūmatauenga est le seul à combattre tandis que les autres frères se cachent pour éviter le combat. En raison des actions de ses frères et du fait qu'il ait dû combattre Tāwhirimātea seul, il entre en guerre avec ses frères à son tour et les dévore tous sauf Tāwhirimātea, qui lui résiste.
Ce mythe devient l'origine des activités de l'humanité et pose le modèle de la façon dont les Humains interagissent avec les créations des frères de Tūmatauenga. De même, comme il est le dieu de la guerre, les Humains font aujourd'hui la guerre parce que Tūmatauenga en a donné l'exemple. Lorsque des rituels étaient accomplis sur les guerriers avant une bataille, ou lorsqu'un enfant était consacré à un futur rôle de combattant, Tūmatauenga était invoqué comme la source de leur devoir. Le corps du premier guerrier tombé au combat lui était souvent offert.
Noms et épithètes
[modifier | modifier le code]Après ses victoires sur ses frères, Tū a pris de nombreux noms ; un nom pour chacune des caractéristiques qu'il a affichées dans ses victoires sur ses frères[2],[3], parmi lesquelles :
- Tū-kā-riri (Tū le colérique)
- Tū-ka-nguha (Tū le féroce combattant)
- Tū-kai-tangata (Tū qui détruit l'humanité)
- Tū-kai-taua (Tū le destructeur des armées)
- Tū-mata-whāiti (Tū le rusé)
- Tū-mata-uenga (Tū du visage en colère)
- Tū-tawake (Tū qui se hâte)
- Tū-te-ngaehe (Tū qui déchire)
- Tū-whakaheke-tangata (Tū le rétrograde des personnages)
- Tū-whakamoana-ariki (Tū qui enrichit la mer)
Mythe créateur des Maoris
[modifier | modifier le code]Tūmatauenga est le fils de Ranginui et Papatūānuku (dits Rangi et Papa), respectivement le père du ciel et la mère de la terre, qui ont l'habitude de s'allonger dans une étreinte étroite tandis que leurs nombreux enfants vivent dans l'obscurité entre eux[4].
Les enfants de Rangi et Papa se sentent frustrés d'être confinés dans l'espace exigu entre leurs parents. Tūmatauenga propose qu'ils tuent leurs parents. Mais Tāne (ou Tāne-mahuta, dieu des forêts et des oiseaux) n'est pas d'accord, suggérant qu'il serait préférable de les séparer, d'envoyer Rangi dans le ciel et de laisser Papa en bas pour prendre soin d'eux. Tous ses frères acceptent, sauf Tāwhirimātea. Rongo, puis Tangaroa, Haumia-tiketike et Tūmatauenga tentent en vain de séparer les parents. Après de nombreuses tentatives, Tāne s'allonge sur le dos et pousse avec ses jambes puissantes, et finit par séparer ses parents, et Rangi s'élève haut dans les cieux[5],[6],[a].
Cependant, Tāwhirimātea est en colère parce que ses parents sont séparés. Il rejoint son père dans le ciel et punit la terre et la mer avec de violentes tempêtes[8],[9]. Bien que Tāne aide les enfants de Tūmatauenga à fuir une attaque de Tangaroa (en vain), tous les frères de ce dernier fuient, laissant Tūmatauenga seul face à la colère de Tāwhirimātea. Malgré un grand déploiement de force, celui-ci ne parvient pas à infliger de blessure à Tūmatauenga. Dieu des humains, ce dernier reste debout et inébranlable sur la poitrine de sa mère la Terre : la guerre est terminée et tout le monde s'apaise un temps[10].
Mais Tūmatauenga s'en prend à tous ses frères, pour l'avoir abandonné face à la furie de Tāwhirimātea. Il attaque d'abord Tāne, qui a une nombreuse progéniture et peut à terme lui faire du mal. Tūmatauenga crée alors de nombreux nœuds coulants à base de feuilles de whanake et dépose les pièges, qui empêchent les enfants de Tāne de se déplacer ou de voler. C'est ainsi que la légende maorie explique que les arbres soient fixés au sol[11]. De même, il piège les enfants de Tangaroa avec des filets de pêche, fait des trous pour creuser le sol, capturant ses frères Rongo-mā-Tāne et Haumia-tiketike, les dieux des aliments cultivés et non cultivés, les entassant dans des paniers pour les manger[11]. Dans sa vengeance, Tūmatauenga dévore ainsi tous ses frères, sauf Tāwhirimātea qui lui resiste, et le force à se retirer. C'est ainsi que face à l'humanité, représentée par Tūmatauenga, les tempêtes et les ouragans, engences de Tāwhirimātea, demeurent en guerre permanente jusqu'à ce jour[12].
Pour avoir vaincu ses frères, Tūmatauenga acquiert plusieurs noms, à savoir Tu-ka-riri, Tu-ka-nguha, Tu-ka-taua, Tu-whaka-heke-tan-gata, Tu-mata-wha-iti et Tu-matauenga, comme autant d'attributs qu'il a démontrés dans ses victoires sur ses frères[13].
Bien que Ranginui et Papatūānuku n'aient pas de forme humaine, Tūmatauenga et ses frères en ont une. L'humanité — les descendants de Tūmatauenga — s'est accrue sur la terre, jusqu'à la génération de Māui et de ses frères demi-dieux, qui ont apporté la mort, rendant les humains mortels[14],[15].
Modèle pour l'Humanité
[modifier | modifier le code]Les actions de Tūmatauenga contre ses frères fournissent un modèle pour les activités humaines. Parce que Tūmatauenga a vaincu ses frères, les hommes peuvent désormais, s'ils accomplissent les rituels appropriés, tuer et manger des oiseaux (les enfants de Tāne), pêcher (les enfants de Tangaroa), cultiver et récolter des plantes pour se nourrir (les enfants de Rongo-mā-Tāne et Haumia-tiketike) et, d'une manière générale, exploiter les ressources du monde naturel[14].
Tūmatauenga est également à l'origine de la guerre, et les gens font aujourd'hui la guerre parce que Tūmatauenga en a donné l'exemple. En tant que dieu de la guerre, tout taua (« camp dans une guerre ») lui est dédié et il est traité avec le plus grand respect et la plus grande crainte. Lorsque des rituels étaient accomplis sur les guerriers avant une bataille, ou lorsqu'un enfant était consacré à un futur rôle de combattant, Tūmatauenga était invoqué comme la source de leur devoir. Le corps du premier guerrier tombé au combat était souvent offert à Tūmatauenga. Tūmatauenga inspire le nom maori de l'armée néo-zélandaise : Ngāti Tūmatauenga où tous les soldats sont considérés comme appartenant à la même iwi (« tribu ») sous le patronage de la divinité, quelle que soit leur origine raciale[16],[17]. Le marae (lieu sacré) est souvent considéré comme l'umu pokapoka a Tūmatauenga — les fours ardents de Tūmatauenga —, le royaume de Tūmatauenga[6], alors que toutes les zones où se déroulent les batailles deviennent Te Marae Ātea a Tūmatauenga — le domaine de bataille de Tūmatauenga[18].
Si Tūmatauenga est à l'origine de la guerre, de puissantes divinités locales telles que Kahukura, Maru (en) ou Uenuku (en) étaient également invoquées en temps de guerre[19].
Dans la culture populaire
[modifier | modifier le code]Une chanson d'Alien Weaponry, Kai Tangata (« manger les gens ») de l'album Tū[20],[21], fait constamment référence à Tūmatauenga comme le dieu de la guerre ; le cannibalisme faisait partie de la guerre pour les Maoris. Kai tangata désignait également les mangeurs d'hommes - taua ou des groupes d'hommes chargés de combattre et de collecter de la nourriture. De plus, Kaitangata (en) était un mortel à qui on avait appris à pêcher.[réf. nécessaire]
Tūmatauenga est mentionné nommément dans Thor : Love and Thunder de 2022, lorsque Thor énumère les dieux qui résident dans la Cité Omnipotente.[réf. nécessaire]
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]Références
[modifier | modifier le code]- (en) « Tūmatauenga », sur maoridictionary.co.nz, Te Aka - Māori Dictionary (consulté le ).
- (en) John C Moorfield, « Tūkāriri », sur maoridictionary.co.nz, Māori Dictionary (consulté le ).
- Grey 1956, p. 9.
- Grey 1956, p. 2.
- Grey 1956, p. 2-3.
- (en) John C. Moorfield, « Tūmatauenga », sur maoridictionary.co.nz, Māori Dictionary (consulté le ).
- Smith 1993, p. 1-2.
- Grey 1956, p. 4-6.
- Tregear 1891, p. 54.
- Grey 1956, p. 6-7.
- Grey 1956, p. 7-8.
- Grey 1956, p. 8-10.
- Grey 1956, p. 8.
- Grey 1956, p. 8-11.
- Tregear 1891, p. 540.
- (en) Pete McKenzie, « How the NZ Army became an iwi », sur newsroom.co.nz, (consulté le ).
- (en) William Blomfield, « Recruitment cartoon for Māori » [« Caricature de recrutement pour les Maoris »] , sur New Zealand history, (consulté le ).
- (en) Boydie Te Nahu, The plaque on the pou at Entry D to Eden Park, .
- (en) Margaret Orbell, Concise Encyclopedia of Maori Myth and Legend, Christchurch, Canterbury University Press, (ISBN 0-908812-56-6), p. 185–186.
- (en) Alien Weaponry, « Kai Tangata », Alien Weaponry, sur bandcamp.com, Bandcamp (consulté le ).
- Archived at Ghostarchive and the Wayback Machine: Napalm Records, « ALIEN WEAPONRY - Kai Tangata (Official Video) », YouTube, (consulté le ).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) George Grey, Polynesian Mythology, Christchurch, Whitcombe and Tombs, (lire en ligne).
- (en) A. Smith, Songs and Stories of Taranaki from the Writings of Te Kahui Kararehe, Christchurch, MacMillan Brown Centre for Pacific Studies, .
- (en) Richard Taylor, Tribe of the War God : Ngati Tumatauenga, Heritage, (ISBN 978-0-908887-18-7).
- (en) Edward Tregear, « Tu », dans The Maori-Polynesian comparative dictionary, Wellington, Lyon and Blair, .
Liens externes
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- (en) Cliff Whiting, « Tūmatauenga » [image], sur teara.govt.nz, Te Ara – The Encyclopedia of New Zealand (consulté le ).
- (en) Adam Williams et Joshua Watene, « Tūmatauenga » [image], sur teara.govt.nz, Te Ara – The Encyclopedia of New Zealand (consulté le ).
- (en) Statue de Tūmatauenga devant l'Eden Park, stade de sport d'Auckland, en Nouvelle-Zélande, sur auckland-west.co.nz, via Internet Archive, 2011 (consulté le 10 décembre 2024).