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Iphis et Ianthé

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Le cortège d'Isis apparaissant à Téléthuse, gravure de pour le livre IX des Métamorphoses d'Ovide

Dans la mythologie grecque, Iphis et Ianthé sont deux jeunes Crétoises. Leur histoire n'est évoquée qu'au livre IX des Métamorphoses d'Ovide[1]

Iphis, fille de Ligdos et de Téléthuse, est destinée à être mise à mort car son père, de condition modeste, ne voulait pas élever de fille. Mais le cortège d'Isis apparaît à Téléthuse, la déesse lui conseillant de garder l'enfant quel qu'en soit le sexe. Ainsi, l'enfant est appelée Iphis, nom épicène[2], et est élevée comme un garçon à l'insu de tous[3]. À l'âge de treize ans :

« (...) son père lui destinait pour épouse Ianthé, aux cheveux blonds, fille de Télestès, et la plus belle des vierges de [Phaistos]. Pareil est leur âge, pareil aussi l'éclat de leurs attraits. Ensemble élevées, elles ont reçu des mêmes maîtres les mêmes leçons. Cependant un même trait les a blessées. (...) Ianthé, avec impatience, attend le jour où l'hymen doit l'unir à celle qu'elle croit un amant, et qui n'est qu'une amante. Iphis aime sans espérance ; vierge, elle brûle pour une vierge ; et cet obstacle irritant son amour, et retenant à peine ses larmes : « Quel succès, dit-elle, puis-je espérer en aimant ? quelle est cette passion étonnante, et bizarre, et nouvelle ? les dieux m'ont-ils été favorables en détournant l'arrêt de mon trépas ? et s'ils voulaient me conserver la vie, devaient-ils me donner des penchants que condamne la nature ? (...) »

— (Trad. G. T. Villevane)

Téléthuse fait repousser plusieurs fois les noces, mais devant céder, la veille du jour fatal, elle implore Isis de lui porter assistance[4] : sous ses yeux, Iphis change alors de sexe[5]. Ainsi, comme l'écrit Montaigne ( Essais, livre I, ch. XXI) :

« Et par vehement desir de luy et de sa mere,
Vota puer solvit, quæ foemina voverat Iphis. ("Le garçon Iphis fut exaucé dans la prière que fille, elle avait faite.") »

La légende d'Iphis et Ianthé constitue l'un des exemples explicites d'homosexualité féminine et de transidentité dans la mythologie grecque.

Évocations artistiques

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Cette histoire sera reprise notamment par Isaac de Benserade, qui en tirera en 1634 une comédie, Iphis et Iante, où le thème de l'homosexualité est abordé de façon plus directe que dans la version d'Ovide[1]. Le nom d'Iphis[6] sera aussi repris par Jean de La Bruyère dans la fable Les Caractères où un homme très efféminé (« esclave de la mode ») s'appelle ainsi[7]. L'hexamètre d'Ovide cité plus haut, qui conclut sa narration, est stylistiquement imité par Christine de Pizan dans Le livre de la Mutation de Fortune : le changement de sexe s'opère au sein même de la grammaire d'une phrase ou d'un vers unique (postposition de Iphis chez Ovide, changement d'accord chez Pizan au milieu de la phrase).

Références

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  1. a et b René Solis, « Iphis et Iante, pièce d’identité », sur Libération (consulté le )
  2. (en) Christof Rolker, « Iphis and Ianthe: changing sex and gender – but not the name », sur Männlich-weiblich-zwischen, (consulté le )
  3. (en) Suzanne Akbari, « "Metaphor and Metamorphosis in the Ovide moralisé and Christine de Pizan's Mutacion de Fortune" », Metamorphosis: The Changing Face of Ovid in Medieval and Early Modern Europe. Ed. Alison Keith and Stephen Rupp.,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « TH.99.15.3169 Téléthuse priant Isis de transformer sa fille en garçon », sur collections-mba.nancy.fr (consulté le )
  5. (en) Llewelyn Morgan, « Iphis & Ianthe, full stop. », Extrait du livre "Ovid: A Very Short Introduction", sur Lugubelinus, (ISBN 9780198837688, consulté le )
  6. « De la mode | BNF ESSENTIELS », sur gallica.bnf.fr (consulté le )
  7. Jean de la Bruyère, « De la Mode », dans Les Caractères, Flammarion, (lire en ligne), p. 291–307

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