Révolution française au cinéma
La Révolution française au cinéma concerne la période de l'histoire de France et des différents événements compris entre 1789 et 1799, et leurs traitements principalement dans les films historiques, mais aussi dans des adaptations de romans, dans des comédies depuis les premiers temps du cinéma muet jusqu'aux années 2010[1]. La filmographie de la Révolution française est importante, et est marquée par plusieurs œuvres notables dont le Napoléon d'Abel Gance, La Marseillaise de Jean Renoir ou le Danton d'Andrzej Wajda.
Histoire
[modifier | modifier le code]La Révolution française inspira les cinéastes dès les premiers temps du cinéma. À la fin des années 1890, pour rompre avec la série des reportages autour du monde qu'ils avaient produite jusqu'alors, les frères Lumière mirent en scènes des « vues historiques » autour des figures de l'histoire de France, dont la Mort de Marat et la Mort de Robespierre toutes deux en 1897. Au début des années 1900 la firme Pathé se lança dans de plus ambitieuses productions en faisant filmer une première biographie sur Marie Antoinette en neuf tableaux, et une Épopée Napoléonienne en quinze tableaux[2].
Critique
[modifier | modifier le code]D'après le cinéaste Gérard Mordillat, les films consacrés à la révolution française tendent à adopter une vision plus favorable à la monarchie qu'aux révolutionnaires : « Il est évidemment plus flatteur de montrer le roi, sa femme, leur luxe, leurs costumes, leurs perruques, leurs banquets, leurs amours, que de s’intéresser à la population parisienne en haillons, crevant de faim, ou aux paysans les pieds dans la boue. Cette neutralité de façade — les deux camps sont représentés à l’écran — est un leurre pseudo-démocratique. Avec un résultat parfois paradoxal : le roi, la reine, sa famille, les nobles qui les entourent finissent par apparaître comme les victimes d’un peuple sanguinaire, sans cœur et sans âme. La fin étant connue (la guillotine pour le roi et la reine), il se crée une empathie naturelle envers les condamnés, et le public est implicitement convié à compatir au sort des malheureux Capet. (...) Le roi et les siens bénéficient à l’image du privilège de l’émotion. Un très grand avantage. Mais ce n’est pas tout. À l’écran, la parole est au roi, à la reine, aux ministres, aux courtisans ; au peuple les cris, les mots d’ordre, les vociférations, les chants de victoire[3]. »
Filmographie
[modifier | modifier le code]Allemagne
[modifier | modifier le code]- 1919 :
- Charlotte Corday de Friedrich Zelnik
- Passion (Madame Dubarry) d'Ernst Lubitsch
- 1931 : Danton de Hans Behrendt
- 1989 : Le Rendez-vous de Travers (Treffen in Travers) de Michael Gwisdek
Danemark
[modifier | modifier le code]- 1920 : Pages arrachées au livre de Satan (Blade af Satans bog) de Carl Theodor Dreyer
Égypte
[modifier | modifier le code]- 1985 : Adieu Bonaparte (وداعا بونابرت, Wadaan Bonabart) de Youssef Chahine
Espagne
[modifier | modifier le code]- 1963 : Scaramouche (La máscara de Scaramouche) d'Antonio Isasi-Isasmendi
États-Unis
[modifier | modifier le code]- 1917 : Un drame d'amour sous la Révolution (A Tale of Two Cities) de Frank Lloyd
- 1922 : Les Deux Orphelines (Orphans of the Storm) de D. W. Griffith
- 1923 : Scaramouche de Rex Ingram
- 1935 : Le Marquis de Saint-Évremont (A Tale of two Cities) de Jack Conway
- 1938 : Marie-Antoinette de W. S. Van Dyke
- 1949 : Le Livre noir (Reign of Terror) d'Anthony Mann
- 1952 : Scaramouche de George Sidney
- 1970 : Commencez la révolution sans nous (Start the Revolution Without Me) de Bud Yorkin
- 1981 : La Folle Histoire du monde (History of the World: Part I) de Mel Brooks
- 1995 : Jefferson à Paris (Jefferson in Paris) de James Ivory
- 2006 : Marie-Antoinette de Sofia Coppola
France
[modifier | modifier le code]- 1908 : Charlotte Corday de Georges Denola
- 1910 :
- 1911 : Camille Desmoulins d'André Calmettes et Henri Pouctal
- 1920 : Quatre-vingt-treize d'André Antoine, Albert Capellani et Léonard Antoine
- 1923 : L'Affaire du courrier de Lyon de Léon Poirier
- 1927 : Napoléon d'Abel Gance
- 1937 : L'Affaire du courrier de Lyon de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara
- 1938 : La Marseillaise de Jean Renoir
- 1941 : Madame Sans-Gêne de Roger Richebé
- 1942 : Le Destin fabuleux de Désirée Clary de Sacha Guitry
- 1945 : Paméla de Pierre de Hérain
- 1947 : Les Chouans de Henri Calef
- 1948 : Le Diable boiteux de Sacha Guitry
- 1951 : Caroline chérie de Richard Pottier
- 1952 : Les Belles de nuit de René Clair
- 1954 :
- 1955 :
- 1959 : Les Loups, téléfilm de Marcel Bluwal
- 1960 : Le Dialogue des carmélites de Philippe Agostini et Raymond Leopold Bruckberger
- 1961 : Madame Sans-Gêne de Christian-Jaque
- 1964 :
- 1968 : Caroline chérie de Denys de La Patellière
- 1971 :
- Les Mariés de l'an II de Jean-Paul Rappeneau
- Le Voyageur des siècles, mini-série de Jean Dréville et Noël-Noël
- 1974 : 1789 d'Ariane Mnouchkine
- 1975 : Saint-Just et la Force des choses, téléfilm de Pierre Cardinal
- 1978 :
- Quand flambait le bocage, téléfilm de Claude-Jean Bonnardot
- 1788, téléfilm de Maurice Failevic
- 1979 : Lady Oscar de Jacques Demy
- 1985 :
- 1989 : Manon Roland, téléfilm d'Édouard Molinaro
- 1989 :
- Les Jupons de la Révolution : Marat, épisode de Maroun Bagdadi
- Les Enfants de la liberté, feuilleton d'animation
- La Révolution française de Robert Enrico et Richard T. Heffron
- L'Autrichienne de Pierre Granier-Deferre
- Vent de galerne de Bernard Favre
- 1996 : Ridicule de Patrice Leconte
- 2001 : L'Anglaise et le Duc d'Éric Rohmer
- 2006 : Marie-Antoinette, téléfilm de Francis Leclerc et Yves Simoneau
- 2008 : Charlotte Corday de Henri Helman
- 2012 : Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot
- 2013 : Une femme dans la Révolution de Jean-Daniel Verhaeghe
- 2015 : Chant d'hiver d'Otar Iosseliani
- 2016 : Les Visiteurs : La Révolution de Jean-Marie Poiré
- 2018 :
- 2023 : Vaincre ou mourir de Paul Mignot et Vincent Mottez
Italie
[modifier | modifier le code]- 1916 :
- 1938 : Il conte di Bréchard de Mario Bonnard
- 1942 : Les Deux Orphelines (Le due orfanelle) de Carmine Gallone
- 1945 : Le Forgeron de la Cour-Dieu (Il fabbro del convento) de Max Calandri (it)
- 1953 : Le Prince au masque rouge (Il cavaliere di Maison Rouge) de Vittorio Cottafavi
- 1954 : Les Deux Orphelines (Le due orfanelle) de Giacomo Gentilomo
- 1957 : Le Souffle de la liberté (Andrea Chénier) de Clemente Fracassi
- 1962 : I Giacobini, téléfilm en six parties d'Edmo Fenoglio (it)
- 1962 : L'Île aux filles perdues (Le prigioniere dell'isola del diavolo) de Domenico Paolella
- 1965 : Les Deux Orphelines (Le due orfanelle) de Riccardo Freda
- 1966 :
- Le Chevalier à la rose rouge (Rose rosse per Angelica) de Steno
- Les Deux Sans-culottes (I due sanculotti) de Giorgio Simonelli
- 1976 : Les Deux Orphelines (Le due orfanelle) de Leopoldo Savona
- 1982 : La Nuit de Varennes (Il mondo nuovo) d'Ettore Scola
- 1986 : Superfantozzi de Neri Parenti
- 1990 : Les Amusements de la vie privée (I divertimenti della vita privata) de Cristina Comencini
- 2023 : Le Déluge de Gianluca Jodice
Pologne
[modifier | modifier le code]- 1983 : Danton d'Andrzej Wajda
Portugal
[modifier | modifier le code]- 2018 : Le Cahier noir (O caderno negro) de Valeria Sarmiento
Royaume-Uni
[modifier | modifier le code]- 1922 : The Great Terror de George Ridgwell
- 1934 : Le Mouron rouge (The Scarlet Pimpernel) de Harold Young
- 1946 : La Dame en bleu (The Laughing Lady) de Paul Ludwig Stein
- 1950 : Le Chevalier de Londres (The Elusive Pimpernel) de Michael Powell et Emeric Pressburger
- 1957 : Le Prisonnier du Temple (Dangerous Exile) de Brian Desmond Hurst
- 1967 : Marat-Sade de Peter Brook
Suède
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Encyclopédie | Cinéma & Histoire – Histoire & Cinéma », sur www.hervedumont.ch (consulté le )
- Icart 1989, p. 11.
- « La Révolution sans révolution », Le Monde diplomatique, (lire en ligne)
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Laurent Bazin, « D'une Dictature à l'Autre : Images Cinématographiques de la Terreur », Proceedings of the Western Society for French History, vol. 17, , p. 198-204 (lire en ligne).
- Jean-Claude Bonnet (dir.) et Philippe Roger (dir.), La Légende de la Révolution au XXe siècle : de Gance à Renoir, de Romain Rolland à Claude Simon, Paris, Flammarion, coll. « Cinémas-Flammarion », , 222 p. (ISBN 2-08-211407-4).
- Sylvie Dallet, La Révolution française et le cinéma : de Lumière à la télévision, Paris, Éditions des Quatre-Vents, coll. « Le Cinéma et son histoire », , 240 p. (ISBN 2-907468-04-9).
- Sylvie Dallet et Francis Gendron, Filmographie mondiale de la Révolution française, Éditions des Quatre-Vents, , 229 p. (ISBN 978-2-907468-07-7).
- Roger Icart, La Révolution française à l'écran, Toulouse, Éditions Milan, , 175 p. (ISBN 2-86726-291-7).
- Christian Delage, Révoltes, Révolution, Cinéma, Éditions du Centre Pompidou, (ISBN 978-2-85850-535-7).