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Mary Mallon

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Mary Mallon
Mary Mallon à l'hôpital
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière de Saint Raymond (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activité

Mary Mallon (née le , morte le ), également connue sous le surnom de Mary Typhoïde (Typhoid Mary), fut la première personne aux États-Unis identifiée comme porteur sain de la fièvre typhoïde.

Comme cuisinière, elle causa l'infection de 51 personnes, et trois en sont mortes[1],[2]. Sa notoriété a été renforcée par son déni véhément de sa propre responsabilité dans la transmission de la maladie, ainsi que par son refus de cesser son travail de cuisinière. Elle fut mise deux fois en quarantaine sur l'île North Brother Island par les autorités de santé publique : entre 1906 et 1910 et de 1915 jusqu'à la fin de sa vie, puisqu'elle y mourut d'une pneumonie à l'âge de 69 ans.

Emplois de cuisinière

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Mary Mallon, illustration d'un journal de 1909

Mary Mallon naît en 1869 à Cookstown, dans le comté de Tyrone en Irlande du Nord. Elle émigre vers les États-Unis en 1884. De 1900 à 1907, elle travaille comme cuisinière à New York et ses environs[2].

En 1900, elle est engagée comme cuisinière à Mamaroneck, et deux semaines à peine après son embauche, ses employeurs contractent la fièvre typhoïde. Elle déménage à Manhattan en 1901, et les membres de la famille pour qui elle travaille commencent à souffrir de fièvres et de diarrhée, puis une lingère meurt. Mary Mallon trouve alors une place chez un avocat, jusqu'à ce que sept des huit membres de la famille contractent eux aussi la fièvre typhoïde.

En 1906, elle travaille à Oyster Bay sur Long Island pour le riche banquier Charles Henry Warren et sa famille. Quand les Warren louent une maison à Oyster Bay pendant l'été 1906, Mary les suit. Du au , six des onze membres de la famille contractent la fièvre typhoïde[3]. La famille engage alors George Soper, spécialisé dans les épidémies de cette infection[2], pour enquêter sur le déclenchement de ces cas. Pendant ses recherches, George Soper publie un rapport le dans le journal de l'American Medical Association, où il explique qu'il pensait d'abord que des coquillages (des myes) étaient la source de la contamination [4]. Il écrit ensuite :

« Il a été établi que la famille a changé de cuisinière le 4 août. C'était deux semaines avant que l'épidémie de fièvre typhoïde ne se déclare (...) Elle n'est restée que peu de temps dans la famille et elle est partie seulement trois semaines après le début de l'épidémie. La cuisinière a été décrite comme une femme irlandaise d'environ 40 ans, grande, lourde, célibataire. Elle semblait en parfaite santé. »

George Soper rencontre ensuite Mary Mallon pour en savoir plus sur son possible rôle dans l'épidémie de fièvre typhoïde, mais elle refuse de se soumettre à des prélèvements d'urine et de selles. George Soper part, puis publie son rapport en juin 1907 dans le Journal of the American Medical Association[5]. Il la rencontre une seconde fois en amenant un médecin avec lui, mais elle refuse à nouveau tout examen. Plus tard, quand il la rencontre à l'hôpital, il lui propose d'écrire un livre sur elle et de lui en donner tous les droits, mais elle refuse sa proposition avec colère et s'enferme dans la salle de bain jusqu'à ce qu'il parte.

Vie en quarantaine

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Les autorités sanitaires de New York envoient le docteur Sara Josephine Baker parler à Mary Mallon. Sara Josephine Baker rapporte qu'« à ce moment elle (Mary Mallon) était convaincue que les autorités la persécutaient alors qu'elle n'avait rien fait de mal »[6]. Quelques jours plus tard, elle revient avec des policiers pour faire arrêter Mary Mallon, car elle refuse de manière agressive de fournir des selles pour être analysées. Pour cette raison, les policiers emploient la manière forte et l'envoient à l'hôpital. Les autorités sanitaires de New York l'identifient comme porteuse de la fièvre typhoïde, et elle est mise en isolement pour trois ans dans une clinique de North Brother Island.

Le chef du département de la santé de l'État de New York, le docteur Eugene H. Porter, finit par décider qu'il n'est plus nécessaire de garder les porteurs de maladies en isolement. Mary Mallon est avertie qu'elle peut être libérée de la clinique si elle accepte de changer de métier et de prendre des précautions raisonnables pour ne pas contaminer son entourage. Le , Mary Mallon déclare qu'elle « (est) prête à prendre un autre métier et donne sa parole qu'à sa libération, elle prendra ces précautions d'hygiène qui protègeront de l'infection ceux avec qui elle sera en contact ». Sa quarantaine prend fin et elle rentre en ville[7].

Elle commence à travailler comme lingère, mais cela lui rapporte moins que la cuisine. Elle prend alors le pseudonyme de « Mary Brown » et redevient cuisinière. En 1915, elle est soupçonnée d'avoir contaminé 25 personnes, dont deux sont décédées, pendant qu'elle travaillait aux cuisines du Sloane Hospital for Women à New York[8]. Les autorités sanitaires la retrouvent et l'arrêtent, puis elle est remise en quarantaine sur l'île le [7], mais elle a déjà contaminé plusieurs personnes dont certaines sont aussi cuisiniers. C'est la seule des porteurs qui est mise en quarantaine pour rassurer la population et pour qu'ils se sentent protégés de la maladie[9]. Mary Mallon y reste confinée pour le reste de sa vie. Elle y acquiert une petite notoriété, et donne des interviews à des journalistes, qui ont ordre de ne même pas accepter un verre d'eau de sa part. Plus tard, elle est autorisée à travailler comme technicienne au laboratoire de la clinique.

Mary Mallon passe le reste de sa vie en quarantaine. Six ans avant sa mort, elle est paralysée par une attaque[2]. Le , à l'âge de 69 ans, elle meurt d'une pneumonie[1],[6]. Son autopsie révèle la présence de bactéries de la fièvre typhoïde vivantes dans sa vésicule biliaire[10]. Son corps est incinéré et ses cendres enterrées au cimetière de Saint Raymond dans le Bronx.

Postérité

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Affiche sur la transmission de la fièvre typhoïde.

Mary Mallon est le premier porteur sain de la fièvre typhoïde identifié par les médecins, et à l'époque, il n'y a pas de protocole établi pour gérer une telle situation. Son cas est également rendu difficile à traiter par ses dénégations violentes sur son rôle dans la propagation de la maladie ; en effet, Mary Mallon a toujours nié l'existence d'un lien entre son travail de cuisinière et les maladies chez ses employeurs. Elle affirme toujours qu'elle est en parfaite santé, n'a jamais eu la fièvre typhoïde, et ne peut donc pas en être la source. Les autorités sanitaires de New York finissent par décider que la quarantaine est le seul moyen de l'empêcher de provoquer d'autres épidémies de fièvre typhoïde.

D'autres porteurs sains de la maladie sont identifiés par la suite dans le premier quart du XXe siècle, dont Tony Labella, un immigré italien présumé responsable de cent contaminations dont cinq mortelles, un guide surnommé Typhoid John présumé responsable de trente-six contaminations dont deux mortelles, et Alphonse Coltis, un restaurateur et boulanger[11].

En anglais, l'expression Typhoid Mary est utilisée pour désigner quelqu'un qui répand involontairement une maladie[12],[13].

L'auteur suisse Jürg Federspiel a écrit La ballade de Marie Typhus (Die Ballade von der Typhoid Mary en allemand) qui résume la vie de Mary.

Notes et références

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  1. a et b (en) « 'TYPHOID MARY' DIES OF A STROKE AT 68; Carrier of Disease, Blamed for 51 Cases and 3 Deaths, but She Was Held Immune Services This Morning Epidemic Is Traced », sur nytimes.com, New York Times, (consulté le ).
  2. a b c et d (en) « Tiphoid Mary », sur britannica.com.
  3. Filio Marineli, Gregory Tsoucalas, Marianna Karamanou et George Androutsos, « Mary Mallon (1869-1938) and the history of typhoid fever », Annals of Gastroenterology : Quarterly Publication of the Hellenic Society of Gastroenterology, vol. 26, no 2,‎ , p. 132–134 (ISSN 1108-7471, PMID 24714738, PMCID 3959940, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) « Historical Snapshots », Newsday, , Dinner with Typhoid Mary.
  5. (en) George A. Soper, « The work of a chronic typhoid germ distributor », Journal of the American Medical Association, vol. 48,‎ , p. 2019–22.
  6. a et b (en) Jennifer Rosenberg, « Typhoid Mary », About.com (consulté le ).
  7. a et b (en) « Food Science Curriculum » [PDF], Illinois State Board of Education (consulté le ), p. 118.
  8. « Patients zéro », sur Éditions la découverte (consulté le )
  9. (en) « Patient Zero - Updated », sur www.radiolab.org (consulté le ).[réf. à confirmer]
  10. (en) Dex et McCaff, "Who was Typhoid Mary?" The Straight Dope, 14 août 2000.
  11. (en) "The Board of Health’s Exile of Mary Mallon: Was it Justifiable?", 20 février 2007.
  12. (en) Miquel Porta, A Dictionary of Epidemiology, Oxford University Press, , 5e éd., 320 p. (ISBN 978-0-19-531449-6, lire en ligne).
  13. (en) Dictionary Reference Website: Typhoid Mary.

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Bibliographie

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  • (fr) George A. Soper, traduit de l'anglais par Danielle Orhan, Marie Typhoïde, éditions Allia, 2020, 64 pages (ISBN 979-10-304-1317-5).
  • (en) Mary Beth Keane, Fever, 2013, traduit en français aux presses de la cité en 2014 sous le titre La Cuisinière.
  • (en) Anthony Bourdain, Typhoid Mary : An Urban Historical, New York, Bloomsbury, , 148 p. (ISBN 1-58234-133-8)
  • (en) Judith Walzer Leavitt, Typhoid Mary, Captive to the Public's Health, Boston, Beacon Press, (ISBN 0-8070-2102-4)
  • (en) Sara Josephine Baker, Fighting for Life, New York, Macmillan Press, (ISBN 0-405-05945-0)
  • (en) Jürg Federspiel, The Ballad of Typhoid Mary (traduit par Joel Agee), New York, Ballantine Press,
  • (en) « Typhoid Mary », snopes.com,
  • (en) « Mary Mallon (Typhoid Mary) », Am J Public Health Nations Health, vol. 29, no 1,‎ , p. 66–8 (PMID 18014976, PMCID 1529062, DOI 10.2105/AJPH.January 29, 1966, lire en ligne)
  • (en) S M Aronson, « The civil rights of Mary Mallon », Rhode Island medicine, vol. 78, no 11,‎ , p. 311–2 (PMID 8547719)
  • (en) Brooks J, « The sad and tragic life of Typhoid Mary », CMAJ, vol. 154, no 6,‎ , p. 915–6 (PMID 8634973, PMCID 1487781)
  • (en) Ann K Finkbeiner, « Quite contrary: was "Typhoid Mary" Mallon a symbol of the threats to individual liberty or a necessary sacrifice to public health? », The Sciences, vol. 36, no 5,‎ , p. 38–43 (PMID 11657398)

Liens externes

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