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Lüshunkou

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Lüshunkou
Port-Arthur
旅顺口
Lüshunkou
Vue d'ensemble de Lüshunkou.
Image illustrative de l’article Lüshunkou
Administration
Pays Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Province ou région autonome Liaoning
Préfecture Dalian
Statut administratif District
Code postal 116000[1]
Indicatif +86 (0)
Démographie
Population 210 000 hab. (2001)
Densité 410 hab./km2
Géographie
Coordonnées 38° 48′ 00″ nord, 121° 14′ 00″ est
Superficie 51 215 ha = 512,15 km2
Localisation
Localisation de Lüshunkou
Localisation dans la préfecture de Dalian.
Géolocalisation sur la carte : Chine
Voir sur la carte topographique de Chine
Lüshunkou
Géolocalisation sur la carte : Chine
Voir sur la carte administrative de Chine
Lüshunkou
Liens
Site web www.dllsk.gov.cn

Lüshunkou (en chinois simplifié : 旅顺口 ; chinois traditionnel : 旅順口 ; pinyin : Lǚshùnkǒu) est une ville portuaire de Chine, anciennement connue sous le nom de Port-Arthur (russe : Порт-Артур ou Портъ-Артуръ avant réforme orthographique) pendant la période d'administration russe (1898-1905 et 1945-1955) et de Ryojun (旅順) pendant la période d'administration japonaise. Située à l'extrême pointe de la péninsule du Liaodong, elle est un district de la ville sous-provinciale de Dalian dans la province du Liaoning. Elle comptait 210 000 habitants en 2001.

Dénomination en tant que Port-Arthur

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En , dans le contexte de la seconde guerre de l'opium, l'officier de marine britannique William C. Arthur, lieutenant de vaisseau, commandant la canonnière HMS Algerine, fait remorquer son bâtiment endommagé vers le petit port de pêche non fortifié qu'est alors Lüshunkou, et y trouve refuge. Ce faisant, Arthur profite de cette circonstance pour cartographier la zone, et à partir de cette date, c'est sous le nom de Port-Arthur que le Royaume-Uni désignera désormais la localité, suivi en cela par les autres puissances occidentales.

Fortification et base navale

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À la fin des années 1880, le gouvernement chinois charge la société allemande Krupp de bâtir des fortifications à Port-Arthur, à la suite d'un premier essai non concluant ayant fait appel à des entreprises chinoises[2].

En 1890, l’infrastructure de la base navale de Port-Arthur destinée à la flotte de Beiyang fut construite et terminée par une firme française pour un coût total de 3 millions de taels[3].

Présence russe

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Vue de l'entrée de la baie de Port-Arthur.
Vue d'un des bassins de Port-Arthur en 1901.
Carte de Port-Arthur en 1905.

Le , Port-Arthur fut le théâtre d'affrontements lors de la première guerre sino-japonaise, lorsque l'avant-garde de la 1re division de la 2e armée de l'armée impériale japonaise sous le commandement du général Yamaji Motoharu massacra des civils chinois, y compris les femmes et les enfants en représailles des mutilations des soldats japonais en arrière par les troupes chinoises, aux mains et pieds coupés et aux soldats enterrés vivants.

Deux ans après ce massacre, l'empire de Russie prit la ville en obtenant une concession louée pour vingt-cinq ans auprès du gouvernement chinois. Ils fortifient encore davantage le port, devenu l'un des terminus du chemin de fer de l’Est chinois qu'ils avaient construit et géraient comme étant un tronçon ferroviaire du Transsibérien. En , en effet, le comte Mouraviov, ministre russe des Affaires étrangères, explique dans une note au cabinet qu'il est d'une haute importance stratégique pour la flotte impériale de disposer d'une escale en Extrême-Orient, alors que les Allemands viennent d'obtenir la concession de Kiautschou[4]. Le comte de Witte, ministre russe des Finances, proteste contre cette proposition, arguant que la Russie avait défendu la Chine contre l'agression des Japonais, leur refusant le droit de s'approprier une quelconque parcelle du territoire chinois et donc que l'obtention d'un port par la Russie serait dangereuse[5]. Les Japonais devenaient en effet de plus en plus menaçants et convoitaient la Corée. Nicolas II se range à l'avis de son ministre des Affaires étrangères, ne souhaitant pas laisser les navires anglais croiser seuls dans la région, et pensant que si les Russes n'obtenaient pas ce port, les Britanniques le prendraient pour eux-mêmes[5].

La convention russo-chinoise est signée le 15 (27) à Pékin par Pavlov, pour la Russie, et Li-Hong-Jang, membre du Collège[6] des Affaires étrangères, pour la Chine. Le port et sa péninsule deviennent une escale, organisée sous l'autorité du gouverneur général d'Extrême-Orient. La construction de la forteresse devant défendre l'entrée du port démarre en 1901, selon les plans de l'ingénieur militaire Velitchko. Vingt pour cent du projet sont en cours de construction en 1904. À côté du port commercial, il existe un grand bassin, celui de l'ouest, et un autre, celui de l'est. La première escadre du Pacifique l'utilise comme base navale. Port-Arthur est le second port de la flotte du Pacifique, après celui de Vladivostok, en importance. L'escadre comprend sept cuirassés, neuf croiseurs, vingt-quatre torpilleurs, quatre canonnières et d'autres navires.

Un régiment d'infanterie de marine est basé à la forteresse sous le commandement du vice-amiral Alexeïev (à partir de 1899). Il est formé, à partir du , de quatre bataillons venant de Russie d'Europe.

Le port est commandé par un gouverneur général, le vice-amiral Nikolaï Greve (1853-1913) à partir du , puis par le contre-amiral Grigorovitch (1853-1930), à partir de 1904.

Il y avait en 1903 : 42 065 habitants, dont 13 585 militaires, 4 297 femmes, 3 455 enfants, répartis +/- en 17 709 Européens sujets de l'Empire russe, 23 394 Chinois, 678 Japonais, 246 Européens de différentes nationalités.

On comptait aussi en 1903 : 3 263 maisons d'habitation, plusieurs usines et briqueteries, une fabrique de tabac et une distillerie, une filiale de la Banque russo-chinoise, une imprimerie, le siège du journal Nouvelle Frontière, et la gare terminale de la ligne de chemin de fer de Sud-Mandchourie (ou Transmandchourien). Les revenus municipaux de la ville s'élevaient à 154 995 roubles en 1900.

Bataille et siège de Port-Arthur

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Voir articles détaillés sur : Bataille de Port-Arthur et Siège de Port-Arthur durant la guerre russo-japonaise

La Russie impériale dispose d'un site naturel extrêmement favorable à l'implantation d'une base navale de premier ordre, mais l'entourage du Tsar Nicolas II et en particulier l'amiral Alexeiev (demi-frère illégitime du Tsar et piètre stratège naval) ont mené une politique d'exploitation commerciale à court terme de leurs conquêtes territoriales coréennes : l'argent originellement destiné à la construction d'un arsenal naval avec bassins de radoub, ateliers, facilités de grutage, etc. a été redirigé vers la construction d'un port de commerce à Dalny (Dalian en coréen). La flotte de combat russe massée à Port-Arthur est handicapée de ce fait par le manque de moyens de réparations, malgré les efforts méritoires de l'Amiral Makaroff, leur meilleur tacticien, qui sera tué à bord de son navire, le Petropavolsk lors du blocus du port par la flotte japonaise, commandée de main de maître par l'amiral Togo.

Dès lors, la flotte russe sera condamnée à une lente agonie au mouillage malgré le sursaut que fut la bataille de la mer Jaune. Les défenses terrestres de Port-Arthur, appuyées sur des collines environnantes, seront finalement prises d'assaut par l'armée de terre japonaise malgré l'action d'un chef énergique, le général Kondratenko. La flotte de secours envoyée depuis la Baltique pour délivrer la ville assiégée arrivera bien trop tard et sera réduite à néant lors de la bataille de Tsushima [7].

Présence japonaise

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La ville devint japonaise à la suite du siège qui se déroula du au lors du conflit russo-japonais.

Présence soviétique

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Pendant la guerre soviéto-japonaise, les Japonais, alliés du Troisième Reich vaincu depuis le sont chassés de la ville par les troupes soviétiques de la 39e armée, le . Les combats font rage des deux côtés. Auparavant, le , un traité d'alliance entre la république de Chine et l'Union soviétique avait reconnu la souveraineté soviétique sur Port-Arthur, en lui accordant un bail de trente ans, pour en faire une base navale. Le , un nouveau traité, dans le cadre de la nouvelle amitié sino-soviétique, signé cette fois par les Soviétiques avec la république populaire de Chine, prévoit que la base navale peut être utilisée par la flotte soviétique et la flotte de la république populaire de Chine, avec rétrocession à cette dernière à la fin de 1952. Mais les Chinois demandent, le , la prolongation de ce statut, jusqu'en 1955[8]. Cette demande est officiellement acceptée par les gouvernements des deux pays, le [9]. Les dernières troupes soviétiques partent donc en mai 1955.

Depuis 1955

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Vue actuelle de la gare construite par les Russes.
Vue de la ville aujourd'hui.

La ville est fermée aux étrangers, mais les Russes et les Japonais peuvent y venir en groupes organisés accompagnés de guides officiels chinois pour visiter certains lieux de mémoire. Parmi ceux-ci, on peut distinguer :

  • 15e batterie russe du roc Électrique (ouverte seulement aux Chinois)
  • Fort no 2, où fut tué le général Kondratienko (ouvert seulement aux Chinois)
  • Colline 203 : lieu mémoriel des affrontements de la Colline Haute, pendant la guerre russo-japonaise
  • Cimetière russe : aujourd'hui musée, avec une chapelle orthodoxe. Quinze mille soldats, marins, et officiers russes de l'époque impériale et de 1945 y sont enterrés
  • Gare construite en 1901-1903
  • Batterie russe de la colline Wantaï (le Nid d'Aigle)

En plus de ces lieux, un certain nombre de maisons datant de l'époque russe sont encore debout, et les restes de fortifications sont visibles et visités par les touristes chinois. Des travaux de restauration de ces lieux ont été décidés par les autorités en . Une mission professionnelle russe s'y est rendue à l'été 2009, pour restaurer le cimetière. C'était la première fois qu'une mission officielle russe venait sur les lieux depuis 1955. Une partie était prête pour la venue du président Medvedev, le .

Une partie des Russes, en faible nombre et qui constituent l'une des 55 ethnies en Chine, y résident encore. Le russe reste parlé localement par quelques personnes, souvent très âgées. Toutefois, à Dalian, ils ne parlent plus le russe mais le mandarin, et la plupart sont métissés, issus de mariages avec des Chinois. Le plus grand nombre n'a pas le statut ethnique « russe » et seul un faible nombre parle le russe parfaitement. Il y a une chapelle orthodoxe russe près du cimetière orthodoxe, avec clergé local.

Le parc paysager de Dalian-Plage Lüshunkou (大连海滨—旅顺口风景名胜区) a été proclamé parc national le .

Notes et références

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  1. (en) Codes postaux et téléphoniques du Liaoning, (en) China Zip Code/ Telephone Code, ChinaTravel.
  2. James Allen (1898). Under the dragon flag: My experiences in the Chino-Japanese war. Frederick A. Stokes Company. p. 39. Retrieved 7 August 2011
  3. Joris Zylberman, « La Chine maritime et navale (3/7) : la défaite fondatrice contre le Japon en 1895 », sur asialyst.com, (consulté le ).
  4. Serge de Witte, Mémoires, Berlin, Slowo-Verlag, 1922, p. 120, sq.
  5. a et b Serge de Witte, op. cité.
  6. Appellation officielle du ministère des Affaires étrangères de l'Empire céleste des Tsin.
  7. Collectif: Gaston Leroux, Pierre Frondaie, Lénine, Thiess, Lafcadio Hearn, Claude Farrere, Pierre loti, Zenaïda Hippius, pavel Kouprine, Soseki,etc., Autour de Tsoushima (recueil de textes d'époque), Paris, Omnibus (coll Bouquins), , 1012 p. (ISBN 978-2-258-06668-7)
  8. Kurt London, The Soviet Union in world politics, Westview Press, 1980, p. 39.
  9. Romain Yakemtchouk, « Bases militaires et stationnement de troupes à l'étranger en temps de paix. Le cas de l'U.R.S.S./Russie », Annuaire français de droit international, vol. 40, no 40,‎ , p. 387 (lire en ligne).

Liens externes

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