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Jacques-René Hébert

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Jacques-René Hébert
Jacques-René Hébert.
Estampe, eau-forte au pointillé d'Edme Bovinet d'après François Bonneville, fin du XVIIIe siècle.
Biographie
Naissance
Décès
(à 36 ans)
Paris
Sépulture
Surnom
Le Père DuchesneVoir et modifier les données sur Wikidata
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Parti politique
signature de Jacques-René Hébert
Signature

Jacques-René Hébert, né le à Alençon et mort guillotiné le (4 germinal de l'an II) à Paris, est un homme politique et journaliste français, particulièrement connu comme responsable du journal Le Père Duchesne (à partir de septembre 1790), puis, à l'époque de la République, comme leader d'un groupe radical lié aux sans-culottes et à la Commune de Paris.

Pamphlétaire très populaire, membre du Club des cordeliers, il devient très vite un des grands animateurs de la Révolution française par son journal, dans lequel les événements politiques sont présentés dans un langage populaire, entremêlé de jurons et de grossièretés (notamment : « Foutre »). Le Père Duchesne est populaire chez les sans-culottes de Paris et les articles d'Hébert accompagnent plusieurs journées révolutionnaires qu'il appelait de ses vœux : journée du 10 août 1792 qui entraîne la chute de la royauté, massacres de Septembre, chute des girondins, manifestation du au cours de laquelle la mise à l'ordre du jour de la Terreur est demandée par les sans-culottes à la Convention.

Non éligible à l'époque de la monarchie constitutionnelle, il est battu aux élections de à la Convention nationale. Il entre alors au ministère de la Guerre dirigé par Jean-Nicolas Pache d'octobre 1792 à janvier 1793. Il est ensuite élu à la Commune de Paris, mais dans un poste secondaire. Le tirage de son journal atteint 600 000 exemplaires en 1793 grâce aux abonnements du ministère de la Guerre qui le diffuse aux armées. Son programme est notamment de « pourchasser les traîtres ».

En , lors du procès de la reine Marie-Antoinette, Hébert est à l'origine de l'accusation d'inceste lancée contre elle. Fin 1793, désireux de jouer un rôle politique plus important, au moment où la crise des subsistances et de la loi du Maximum général[1], provoque une reprise de l’agitation populaire, Hébert entre dans l’opposition au Comité de salut public et prépare avec les chefs cordeliers une nouvelle journée révolutionnaire qui, mal organisée, échoue.

Considéré comme dangereux par le Comité de salut public, alors dirigé par Robespierre, Hébert et le groupe des hébertistes sont éliminés en mars 1794 au terme d'un procès devant le Tribunal révolutionnaire, au cours duquel ils sont présentés comme des complices du « complot de l’étranger ». Ils ont été guillotinés le sans que les sans-culottes osent bouger. La chute des hébertistes précède de peu celle des dantonistes (avril 1794), suivie trois mois plus tard par celle de Robespierre et de sa faction (27 juillet 1794-9 thermidor an II), ouvrant la voie au gouvernement des « thermidoriens ».

Les historiens donnent le nom d’hébertistes à ce groupe de révolutionnaires radicaux rassemblés autour d'Hébert : Pierre-Gaspard Chaumette et leurs amis du Club des cordeliers, Antoine-François Momoro, François-Nicolas Vincent, Charles Philippe Ronsin, partisans à l’extérieur de la guerre à outrance jusqu’à la victoire complète et à l’intérieur de mesures radicales comme l’application de la loi du maximum et de la déchristianisation.

Avant la Révolution

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Origines familiales et formation

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Jacques René Hébert est né et baptisé le à Alençon[2]. Il est le fils de Jacques Hébert (mort en 1767), orfèvre à Alençon, qui a été premier juge consul et échevin de la ville mais aussi président du tribunal de commerce[2]. Sa mère est Marguerite Beunaiche de La Houdrie, issue d'une famille de marchands aisés. Son parrain est un conseiller au roi, également greffier en chef du bureau des fermes[2].

Après la mort de son père, l'entreprise familiale périclite rapidement sous la direction de Marguerite.

Il fait des études secondaires au collège d’Alençon où il est le condisciple de René-Nicolas Dufriche Desgenettes (futur médecin en chef de l'armée d’Égypte et baron d’Empire)[3]. Ses études terminées, il veut devenir avocat et entre en 1776 comme clerc stagiaire chez un procureur de Boissey dans le pays d'Auge (actuel Calvados).

À Paris (1780-1789)

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Un incident l’oblige à quitter sa province : pour venger un ami alençonnais, l’apprenti-pharmacien Latour, amant de l'épouse de son patron et rival d'un médecin, le docteur Clouet, il rédige contre ce dernier un libelle anonyme en imitant le style et la forme des sentences judiciaires et l’affiche en divers lieux de la ville.

Découvert, il est condamné à mille livres de dommages-intérêts. Ne pouvant les payer, il s’enfuit pour éviter d'être emprisonné.

Après un séjour à Rouen, Hébert part en 1780 pour Paris, où son ami Desgenettes qui y fait des études de médecine lui vient en aide. À cette époque, Hébert a, comme Robespierre, le souci de l’élégance vestimentaire et de bonnes manières. Il écrit des poésies et des pièces de théâtre.

Mais il a peu de ressources, et mène souvent une existence de bohème, selon Desgenettes, « tirant le diable par la queue » et « souffrant de la faim, de la soif et du froid »[4].

En 1786, il trouve un emploi de garde-magasin, puis de contrôleur de contremarques chargé de la location des loges[pas clair] au Théâtre des Variétés[2]. Camille Desmoulins, qui semble l’avoir connu à cette époque, affirmera plus tard dans le Vieux Cordelier (à ce moment ils sont devenus des ennemis irréconciliables) qu’il « ouvrait des loges aux ci-devant, avec des salutations jusqu’à terre »[5].

En , il quitte son emploi. Desmoulins écrira[5] à ce sujet « qu’il fut chassé pour avoir volé des contremarques ». En réponse, Hébert produira une lettre du directeur du théâtre, Gaillard[6], regrettant son départ.

Débuts de publiciste

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Ne pouvant plus payer son garni, Hébert loge chez le docteur Boisset, médecin et homme de lettres, qui accepte de le loger et de lui confier la rédaction d’une brochure au goût du jour, sorte de panorama historique des événements récents, La Lanterne magique, qu’il s’est engagé à fournir à son imprimeur.

Hébert disparaît au bout de six semaines de travail en emportant les chemises du médecin (déposition d'Anne-Victoire Dubois, libraire-imprimeur[7] lors du procès d’Hébert en 1794. Pour sa défense, Hébert déclarera que le médecin n’a pas porté plainte et que, l’ayant rencontré quelques semaines plus tard, il lui a proposé en guise de compensation quelques reconnaissances du Mont-de-piété).

Publié sans nom d'auteur, La Lanterne magique, est le premier ouvrage imprimé d’Hébert et le début de sa carrière de libelliste[2].

En , Hébert lance un fascicule anonyme, le Petit Carême de l'abbé Maury ou Sermons prêchés à l’Assemblée des enragés. Le mot « enragés » correspond à un classement politique qu'Hébert établit au sein de la noblesse, divisée entre « impartiaux », « enragés » et « enrageants ». Ce journal, rédigé sous forme de sermons de carême, connaît un certain succès et atteint les dix numéros.

Il crée ensuite Le Chien et le Chat, dans lequel il oppose un député de gauche (patriote) et un député de droite (partisan de la monarchie absolue), qui n'a que quatre numéros.

De la fondation du Père Duchesne (septembre 1790) à la chute de la royauté (10 août 1792)

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Ancien militaire, marchand de fourneaux, Le Père Duchesne est « un bougre bien carré, bien trapu, bien facé… deux larges moustaches, une pipe en forme de tuyau de poêle, et une large gueule d’où sortent continuellement des bouffées de tabac[8] ».

La publication du Père Duchesne ouvre une nouvelle période dans la vie d’Hébert.

Création du Père Duchesne

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En moins de deux ans, « celui qui végétait péniblement aux crochets de quelque bienfaiteur épisodique va se transformer en un pamphlétaire redoutable qui laisse prévoir un meneur de foules plus redoutable encore »[9].

Le personnage du Père Duchesne, issu des baraques de foire, est bien connu des Parisiens et plusieurs brochures circulent déjà sous ce nom quand Hébert crée son journal au cours de l’été 1790.

Il veut « se mettre à la portée de cette classe peu instruite du peuple qui ne pourrait comprendre d’importantes vérités si elles n’étaient énoncées avec des expressions qui lui sont particulières[10] ». Un style qui, selon Desgenettees, « n’était ni dans ses goûts ni dans ses habitudes[11], car il était au contraire très poli ».

Un style particulier

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Le Père Duchesne ne cesse pas de jurer et ce sont ces jurons qui font la célébrité du journal. « Il ne va guère au-delà de bougre et de foutre, écrit Gérard Walter[12], mais dans leur emploi il sait faire preuve d’une ingéniosité et d’une variété vraiment extraordinaire. »

Dans ses mémoires, parus en 1810, le conventionnel de la Plaine Pierre Paganel, affirme qu'en 1793 :

« Au seul nom du Père Duchesne, les deux tiers de la France étaient glacés de terreur. Et pourtant ceux qui exécraient le plus sa doctrine, et ceux à qui son style était le plus étranger, étaient également empressés à lire son obscène journal. Ils le demandaient avec une sorte d’ostentation : ils en parlaient avec une joie simulée ; c’était une manière de sortir des rangs des suspects. L’image de l’orateur fumant sa pipe et pétrissant des fourneaux était chaque jour établie comme une sauvegarde sur les toilettes des plus jolies femmes, dans les cabinets des savants, dans les salons des riches et sur les comptoirs du commerce. Les girondins, les modérés, traversaient les salles et arrivaient jusqu’à leurs banquettes, souriant à la lecture du Père Duchesne. Le front méditatif de Sieyès lui-même brillait de gaîté, et ses lèvres jouaient l’approbation, lorsque, dans les couloirs ou sur le siège, il lisait la feuille protectrice[13]. »

L'entrée d'Hébert au Club des cordeliers (janvier 1791)

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En même temps qu’il publie son journal, Hébert fait son apprentissage de la vie politique proprement dite.

N’ayant ni la notoriété, ni les moyens financiers suffisant pour s’inscrire au Club des jacobins, alors très élitiste, à partir de , il participe assidûment aux séances du Club des cordeliers, plus populaire[2].

En février 1791, il prend la défense de Santerre contre La Fayette dans l’affaire du château de Vincennes (liée à l'affaire des Chevaliers du poignard), publiant trois brochures en sa faveur et provoquant en retour des mesures de police contre son imprimeur et ses colporteurs.

Il assiste aussi aux séances (à 2 sous[14] l’entrée) de la Société fraternelle de l'un et l'autre sexe, qui est ouvert aux femmes.

Le Père Duchesne et le roi : le tournant de Varennes (juin 1791)

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Dans les premiers numéros (septembre-), Hébert est encore très déférent envers Louis XVI.

Les choses changent complètement après la tentative de fuite de la famille royale, qui a lieu en juin 1791, et s'achève par l'arrestation du roi par les autorités municipales de Varennes, sur la route de Sainte-Menehould (où Louis XVI a été reconnu) vers le nord (Montmédy). Le retour des fugitifs à Paris, sous l'égide de la Garde nationale, indique clairement que Louis XVI est déconsidéré aux yeux des sans-culottes et de la gauche patriote, qui deviennent globalement républicains. Pourtant, la majorité de l'Assemblée décide de faire comme si de rien n'était, de laisser Louis XVI sur le trône, la thèse officielle étant qu'il a été victime d'un enlèvement par des royalistes.

Dans le Père Duchesne le « bon roi » devient « un foutu pourceau qui ne fait que se saouler » et il pose la question à ses lecteurs : « Qu’allons-nous faire de ce gros cochon[15] ? »

Le 14 juillet 1791, les républicains organisent une signature de pétition (réclamant la déchéance du roi) au Champ-de-Mars, à laquelle Hébert donne sa signature. L'Assemblée considère cette opération comme séditieuse et envoie Bailly (maire de Paris) et La Fayette (chef de la Garde nationale) expulser les rebelles. Cela aboutit à la fusillade du Champ-de-Mars et à une répression anti-républicaine massive.

Hébert sous l'Assemblée législative (septembre 1791-août 1792)

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En septembre 1791, l'Assemblée constituante vote la nouvelle constitution et laisse la place à l'Assemblée législative. La constitution de 1791 confirme les principes du suffrage censitaire et du veto royal, deux casus belli pour les sans-culottes (un des surnoms de Louis XVI est « Monsieur Veto »).

En , Louis XVI met son veto aux décrets sur les prêtres réfractaires et sur les émigrés. Hébert lance alors une « grande colère » contre « Monsieur Veto, qui se fout du peuple et qui prend les calotins sous sa protection[16] ».

Les attaques contre le roi ne cessent plus jusqu’au 10 août : en , « nouvelle colère » « contre tous les coups de chien que Monsieur et Madame Veto préparent à la nation ».

Le , il affirme que la « garce autrichienne » a voulu l’acheter : « Grande colère du Père Duchesne contre Madame Veto qui lui a offert une pension sur la liste civile, pour endormir le peuple et le tromper, afin de rétablir la noblesse et de ramener l’ancien régime[17]. »

Le même jour, il est convoqué par le juge de paix Buob, interrogé et traduit devant le tribunal de police correctionnelle. Sa femme alerte la Société fraternelle et le Club des jacobins, qui délèguent trois défenseurs à Hébert : Jean-Marie Collot d'Herbois, Pierre-François Réal et Étienne Polverel. Il est remis en liberté. Cet incident confirme la réputation d’« excellent patriote » dont jouit Hébert. Au printemps, il est élu président du Club des cordeliers[2].

Mariage avec Françoise Goupil (février 1792)

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Au Club mixte, il a rencontré Françoise Goupil, d’un an son aînée, fille de commerçant, ex-religieuse du couvent de la Conception-Saint-Honoré et ardente patriote. « C’est une jeune demoiselle fort aimable et d’un caractère excellent, écrit-il à sa sœur. […] Pour combler mon bonheur, elle a assez de fortune pour être tranquille sur son sort si la mort vient à nous séparer. »

Il l’épouse en à l’église[18].

« Elle a conservé beaucoup de piété, dit Hébert, et comme je l’aime tendrement, je ne la contrarie point sur cet article et me borne simplement à quelques plaisanteries. »

Le couple s’installe rue Saint-Antoine dans un petit appartement situé au troisième étage d'un immeuble. Desgenettes raconte avoir remarqué au mur une gravure représentant le Christ à Emmaüs, au-dessous de laquelle Hébert avait écrit : « Le sans-culotte Jésus soupant avec deux de ses disciples dans le château d’un ci-devant[19]. »

Hébert pendant l'insurrection du 10 août 1792

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C'est alors qu'intervient l'entrée en guerre de la France contre l'Autriche. Au début du mois d'août, la chute de la royauté est déjà acquise pour Hébert et il appelle au massacre des ennemis de la Révolution :

« Que les premières attaques sur les frontières vous servent de signal. Tombez tous au même instant sur tous les calotins perturbateurs, sur les aristocrates, sur les faux patriotes, sur les ministériels, sur les Feuillants, foutez-moi à l’ombre tous ces jean-foutre-là, et sur une forêt de piques élevées en l’air, promenez toutes les têtes de ces scélérats[20]. »

C'est le 10 août qu'a lieu l'insurrection effective.

On ne connaît pas précisément le rôle d’Hébert le . Délégué par sa section à l’Hôtel de Ville pour « sauver la patrie », il se retrouve au Conseil général de la nouvelle Commune dite « insurrectionnelle » qui se réunit en permanence comme une assemblée nationale.

Une des premières mesures de celui-ci est la suppression des juges de paix et le transfert de leurs fonctions aux assemblées sectionnaires.

La Commune de Paris issue de l'insurrection du 10 août devient un centre de pouvoir important, très lié aux sans-culottes, alors même que la nouvelle assemblée constituante n'est pas encore élue.

Les élections à la Convention (3-19 septembre) et l'échec d'Hébert

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La nouvelle assemblée constituante est élue au suffrage universel à deux degrés, mais, de fait, le taux d'abstention est énorme (90 %) : seuls les républicains ont formé les assemblées primaires. Deux factions s'opposent à l'échelle nationale, les girondins, qui ont déjà gouverné sous la Législative, et les jacobins, emmenés par Robespierre.

Alors que de nombreux journalistes révolutionnaires deviennent députés (Marat, Desmoulins, Gorsas, Carra, Fréron), Hébert n’est pas élu. Il ressent douloureusement cette blessure d’amour-propre. Sa femme écrit à sa belle-sœur : « Sans contredit, il était bien digne d’être de la Convention, mais il a paru trop pur à ceux qui ont influence dans les nominations et, au grand étonnement des braves sans-culottes, il est encore un simple sans-culotte, ce qui suffit à mon bonheur[21]. »

Entrée d'Hébert au club des Jacobins

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Le , la Convention se réunit. Les jacobins, qui siègent en haut de l'Assemblée, sont désormais appelés montagnards. La majorité indécise reçoit le surnom de Plaine. Dans un premier temps, la Plaine accorde son soutien aux girondins.

Le 5 décembre 1792 Pierre-Gaspard Chaumette qui avait présidé la Commune insurrectionnelle est élu procureur syndic avec comme substituts Réal et Hébert peu après. Le 6 janvier 1793 Hébert entre au club des Jacobins. Il attaque la Gironde dans son journal, comme le fait Marat dans le Publiciste de la République française[2].

Les girondins ne montrant pas d’empressement à préparer le procès du roi, le Père Duchesne ne cesse de s’attaquer au roi captif. Il presse la Convention. Il lance une Grande Colère « de voir dans la Convention une bougre de clique qui veut la faire marcher comme les écrevisses et empêcher le jugement du cochon ladre du Temple[22] ». Le Père Duchesne s’épuise en imprécations : « Tonnerre de Dieu, est-il donc si difficile de couper la tête d’un cocu[23] ? », « La Convention veut-elle juger de bonne foi le gros cocu [24] ? », « Je n’en doute plus, foutre, il y a un parti pour sauver l’ivrogne Capet. Ces députés qui en arrivant de leur département faisaient tant de poussière, et qui nous promettaient de faire sous peu de jours de raccourcir ce scélérat, ne font que s’amuser à la moutarde depuis quatre mois. L’or de l’Autriche, de l’Espagne, de l’Angleterre a fait son effet[25]. » Pendant le procès, Hébert n'hésite pas à qualifier Louis XVI d'ivrogne « ronflant la nuit comme un pourceau sur son fumier » ; Marie-Antoinette est quant à elle comparée à une « guenon » et ses enfants à de « petits sapajous »[26]. Le , éclate la Grande Joie du Père Duchesne « de voir que la Convention a pris à la fin le mors aux dents et va faire essayer la cravate de Sanson au cornard Capet ! »

Les députés les plus marquants de la Gironde se réunissaient deux fois par semaine au Ministère de l’Intérieur, chez Mme Roland, l’épouse du ministre de l’Intérieur. « Mme Coco, étendue sur un divan, raisonne à perte de vue sur la guerre, la politique, les subsistances », écrit Hébert. « Nous avons détruit la royauté, et, foutre, nous laissons s’élever à sa place une autre tyrannie plus odieuse encore. La tendre moitié du vertueux Roland mène aujourd’hui la France à la lisière comme les Pompadour et les Dubarry. Brissot est le grand écuyer de cette nouvelle reine ; Louvet son chambellan ; Buzot le grand chancelier, Vergniaud le grand maître des cérémonies ; Guadet son échanson. Telle est, foutre, aujourd’hui la nouvelle cour qui fait la pluie et le beau temps dans la Convention et dans les départements[23]. »

Pendant des semaines, le Père Duchesne va répéter que les girondins sont des traîtres, des vendus, des scélérats. « On dira que je répète toujours la même chose ; je m’en fous. Tant que je verrai le mal, j’indiquerai le remède, tant que la République sera gouvernée par des avocats, je me débattrai comme un diable dans un bénitier pour l’empêcher[27]. »

Les enragés (à ne pas confondre avec les exagérés, nom qui sera donné à la faction hébertiste fin 1793), menés par Jacques Roux et Varlet, réclament la taxation (le blocage des prix) et des mesures sociales. Ils prônent l'exercice direct de la souveraineté par le peuple. Leur aspiration à une démocratie populaire, corollaire d’une critique de la représentation nationale, s’appuie sur une méfiance permanente envers les représentants du peuple. Hébert et les sans-culottes, proches de la Montagne, débordés par les enragés sur leur gauche, n'auront de cesse de les sortir du jeu politique[28],[29].

Affiche rédigée par Hébert dans sa prison et placardée le au matin dans Paris quelques jours avant la chute des girondins.

À la Convention, les défaites de Belgique et du Rhin, la trahison de Dumouriez, l’insurrection de la Vendée exacerbent la lutte entre la Gironde et la Montagne. Dans ce cadre, les montagnards vont s’appuyer sur les sans-culottes, dont ils vont porter certaines des revendications sociales. Le , les girondins font voter la mise en accusation de Marat, mais le jury du Tribunal révolutionnaire l’acquitte et il est ramené en triomphe par la foule à l’assemblée. Le , la Convention élit une commission de douze membres, tous girondins, pour enquêter sur les agissements de la Commune.

Le , les colporteurs d’Hébert hurlent La Grande Dénonciation de Père Duchesne « à tous les sans-culottes, au sujet des complots formés par les brissotins, les girondins, les rolandins, les buzotins, les pétionistes, et toute la foutue séquelle de Capet et de Dumouriez, pour faire massacrer les braves Montagnards, les Jacobins, la Commune de Paris, afin de donner le coup de grâce à la liberté et de rétablir la royauté[30] ». Il offre aux « braves lurons des faubourgs » ses « bons avis » pour désarmer tous ces « viédases » qui « cherchent à allumer la guerre civile dans Paris » : « Réveillez-vous, foutre, levez-vous ! ».

Le même jour, à neuf heures du soir, Hébert est arrêté[2]. Conduit aux Tuileries, il est interrogé par la Commission des Douze, puis conduit à la prison de l’Abbaye. Cette mesure déclenche la crise. Le Conseil général de la Commune se déclare en état d'insurrection permanente. Les sections se mobilisent. Le 25, une députation de la Commune se rend à la Convention pour demander sa libération. Le président Isnard répond par des menaces : « Si jamais la Convention était avilie, si jamais, par une de ces insurrections, qui, depuis le , se renouvellent sans cesse… il arrivait qu’on portât atteinte à la représentation nationale, je vous le déclare au nom de la France entière, Paris serait anéanti ; bientôt on chercherait sur les rives de la Seine si Paris a existé. » Le 26, Robespierre lance aux Jacobins un appel à une « insurrection » des députés « patriotes » contre leurs collègues accusés de trahisons. Le 27, Hébert dans sa prison rédige le texte d’une affiche qui sera placardée le 28 dans Paris. Le 31 mai, la Convention est encerclée par les sans-culottes qui réclament l’arrestation des girondins et des mesures sociales. Le lendemain 2 juin, une foule de 80 000 hommes armés de 150 canons investit la Convention. Après une tentative de sortie en cortège qui se heurte aux canons de Hanriot, l’assemblée doit se résigner à décréter d’arrestation 29 de ses membres.

Hébert ne semble pas avoir joué un rôle personnel actif dans l’insurrection, mais son triomphe est complet. Ses ennemis sont arrêtés ou proscrits. Son prestige est renforcé. Son journal connaît un succès matériel sans précédent[2]. Le Comité de salut public décide de l’utiliser comme instrument de propagande aux armées.

Sous le gouvernement des montagnards (2 juin 1793-27 juillet 1794)

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Poussée hébertiste (août-septembre 1793)

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Portrait d'un sans-culotte par Louis-Léopold Boilly (1761-1845).

À partir de , les événements désastreux se multiplient : soulèvements dans les provinces après l’élimination des girondins, victoire des vendéens, capitulation de Valenciennes et Mayence, Toulon livrée aux Anglais. La crise économique affecte de plus les sans-culottes : l’assignat perd plus de 50 % de sa valeur, la hausse des prix est vertigineuse et les denrées de première nécessité commencent à manquer.

La rivalité entre hébertistes et enragés s'exacerbe.

À Paris, les enragés réclament toujours le « maximum » (blocage des prix), la peine de mort pour les « accapareurs » (spéculateurs), la levée d’une armée révolutionnaire pour réquisitionner le blé dans les campagnes, l’arrestation de tous les « suspects », l’épuration des administrations et des états-majors et la destitution des nobles. Après l’assassinat de Marat le , ils revendiquent sa succession et lancent deux journaux, dont l’un, l’Ami du peuple, reprend le titre du premier journal de Marat.

« S’il faut un successeur à Marat, s’il faut une seconde victime, elle est toute prête et bien résignée, c’est moi ! », s’écrie Hébert aux Jacobins le 20 juillet.

Il reprend peu à peu le programme des enragés. Il propose ainsi, dans son no 267, « sa grande motion pour qu’on mette le grappin sur tous les contre-révolutionnaires, les royalistes, les accapareurs, et qu’on les enferme dans des églises, en braquant devant le canon chargé à mitraille jusqu’à ce que la paix soit assurée et la Constitution établie » et « que la République, pour nourrir les villes, s’empare de la moisson en indemnisant les cultivateurs, que le blé, le vin, toutes les denrées soient partagées entre les départements au prorata de la population ». Collot d’Herbois et Billaud-Varennes font voter par la Convention le décret du , la loi sur « l’accaparement » qui oblige les dépositaires de denrées de première nécessité à en faire la déclaration à leur section sous peine de la peine capitale.

Le , Hébert dénonce aux Jacobins, le général Custine, noble rallié à la Révolution, général en chef des armées du Nord, coupable de s’être laissé battre par l’ennemi et d’avoir été dévoué aux girondins : « Qu’on ne lâche point ce scélérat qu’on ne l’ait conduit à la guillotine. » Les Jacobins envoient une députation conduite par Hébert au Comité de salut public qui décide l’arrestation du général. Son procès va durer un mois. Interminable pour le Père Duchesne qui crie sa Grande Colère… « de voir l’accaparement de savon que l’on fait pour blanchir Custine[31] ». Custine est guillotiné le provoquant la Grande Joie du Père Duchesne « au sujet du raccourcissement du général Moustache ».

Le , Hébert pose sa candidature au poste de Garat, ministre de l’Intérieur démissionnaire[2]. Mais c’est Paré, protégé de Danton qui est élu par la Convention[32]. « Tout porte à croire, écrit Gérard Walter[33], qu’il visait plus haut que son poste de substitut du procureur de la Commune. Mais, ajoute-t-il, seul un changement radical et brusque du régime, entraînant la dissolution de l’Assemblée pouvait lui offrir le moyen d’une élévation rapide et efficace. »

Robespierre entre au Comité de salut public le (c’est le début du « grand Comité de Salut public ») et fait arrêter Jacques Roux, le chef des enragés, par la Commune, sous l’accusation de détournements de fonds ; il sera libéré le jour même faute de preuves. Le , aux Jacobins, Hébert propose de rédiger une adresse qui reprend les revendications des enragés et de la faire porter à la Convention par les Jacobins, les 48 sections et les sociétés populaires. Il est très applaudi. Billaud-Varennes l’appuie le lendemain. Robespierre fait tous ses efforts pour s’y opposer, met en garde contre une émeute « qui comblerait de joie les aristocrates » mais il n’est pas entendu. Un hébertiste, Royer, demande : « Qu’on place la Terreur à l’ordre du jour ! C’est le seul moyen de donner l’éveil au peuple et de le forcer à se sauver lui-même ! »

Le , 2 000 manœuvres et ouvriers du bâtiment vont à la Commune réclamer du pain. La séance du Conseil général est mouvementée. Chaumette monte sur une table : « C’est la guerre ouverte des riches contre les pauvres, ils veulent nous écraser, eh bien ! il faut les prévenir, il faut les écraser nous-mêmes, nous avons la force en main ! » Hébert invite le peuple à se rendre en masse le lendemain à la Convention : « Qu’il l’entoure comme il a fait au 10 août, au 2 septembre, et au 31 mai et qu’il n’abandonne pas ce poste jusqu’à ce que la représentation nationale ait adopté les moyens qui sont propres pour nous sauver. Que l’armée révolutionnaire parte à l’instant même où le décret aura été rendu, mais surtout, que la guillotine suive chaque rayon, chaque colonne de cette armée ! »

Le lendemain, , un long cortège, précédé de Pache et de Chaumette, s’ébranle de l’Hôtel de Ville à la Convention. Les sans-culottes n’ont pas besoin, comme au , de violence pour se faire entendre à la Convention. Cette dernière accepte la levée d'une armée révolutionnaire, dont elle a besoin au vu de la situation militaire intérieure et extérieure. Elle ne met pas la Terreur à l'ordre du jour comme il l'est encore parfois écrit[29]. Elle accède aux autres revendications, comme de procéder à l'arrestation des chefs des enragés, qui seront éliminés, et fait entrer Billaud-Varennes et Collot d’Herbois au Comité de salut public. Le 17, la loi sur les suspects est votée. La Convention, qui répugne à porter atteinte à la liberté économique et pressent des difficultés graves, ne vote que le 29 la loi sur le maximum général, revendication essentielle des manifestants : les prix des denrées de première nécessité sont fixés aux prix de 1790 augmentés d’un tiers et les salaires au niveau de 1790 sont augmentés de la moitié.

Selon Albert Mathiez, l'entrée de Collot d’Herbois et Billaud-Varennes au Comité de salut public signifie que « l’hébertisme est désormais représenté au gouvernement. Cela ne va pas sans avantages. Le Comité est maintenant en contact avec les cordeliers et les petits clubs qui gravitent dans leur influence. Il craindra moins d’être débordé et submergé par la marée populaire qu’il va s’efforcer d’endiguer et de canaliser. […] La poussée hébertiste n’a pas eu pour seul résultat de mettre la Terreur à l’ordre du jour, d’organiser la surveillance et la répression en permanence par la loi des suspects, d’obtenir le vote du maximum réclamé par les sans-culottes, d’organiser l’armée révolutionnaire pour arracher les subsistances aux cultivateurs, mais encore elle a donné au gouvernement révolutionnaire une impulsion vigoureuse[34]. »

En , les hébertistes semblent les maîtres de Paris : ils dirigent le mouvement sans-culotte et contrôlent le Club des cordeliers, le ministère de la Guerre avec le secrétaire général Vincent, la nouvelle armée révolutionnaire parisienne avec Ronsin, la Commune avec le maire Pache, le procureur Chaumette et son substitut Hébert, ainsi que le commandant de la garde nationale Hanriot.

Contre les comités et contre les indulgents (octobre 1793-janvier 1794)

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Jacques-René Hébert.
Croquis dessiné par Gabriel, Paris, musée Carnavalet, fin du XVIIIe siècle.

La loi du maximum général a pour effet immédiat d’aggraver la crise des subsistances. À Paris, les boutiques sont vidées de leur contenu dès son entrée en vigueur. La loi forçant les commerçants à vendre à perte leurs marchandises, le commerce est paralysé. La Commune doit instaurer une carte de pain. L’agitation devient vive dans la capitale. Le , l’hébertiste Vincent réclame au Club des cordeliers des mesures pour assurer l’exécution de la loi. Les commissaires des 48 sections se réunissent pour former un Comité central révolutionnaire qui décide des visites domiciliaires pour découvrir les denrées cachées. Mais le Comité de salut public les interdit.

Le Père Duchesne ne décolère pas contre les marchands, les fermiers, les accapareurs « qui se foutent des décrets de la Convention ». Il explique que la rareté du pain à Paris est le résultat d’un complot pour sauver les girondins, mais une fois que ceux-ci auront « la tête dans le sac, l’argent, l’or, les farines reviendront en abondance. Voilà le nœud gordien et nous allons le délier ». Le , le Comité de salut public essaie de réviser la loi mais le réapprovisionnement devient de plus en plus difficile, alors que pour rattraper la perte que leur inflige le maximum, les marchands recourent à la fraude.

Hébert s’en prend à toute la classe des négociants : « La patrie, foutre, les négociants n’en ont point. Tant qu’ils ont cru que la Révolution leur serait utile, ils l’ont soutenue. Mais c’était pour se mettre à la place des aristocrates. Tous ces jean-foutre nous ont tourné casaque et ils emploient le vert et le sec pour détruire la République. Ils ont accaparé toutes les subsistances pour les revendre au poids de l’or ou pour nous amener la disette [35]. » « Le maximum général, écrit Albert Mathiez[36], allait exiger une recrudescence de contrainte, c’est-à-dire de Terreur, et en même temps un progrès décisif vers l’organisation d’une centralisation plus étroite, plus organique, plus dictatoriale. »

Avec le mois d’octobre commencent les grands procès. Celui de la reine se déroule du 14 au . Hébert, membre de la municipalité, appelé par ses fonctions à surveiller les prisonniers du Temple, s’offre comme témoin. Son accusation d’inceste (on connaît la réponse de Marie-Antoinette : « J’en appelle à toutes les mères… ») a beaucoup contribué à ternir son nom aux yeux de la postérité. S’il s’en est servi, il n’est cependant pas à l’origine de la déposition que l’on a fait faire au fils de Louis XVI contre sa mère : le procès-verbal est signé par le maire de Paris (Pache), le procureur de la Commune (Chaumette) et le peintre David, représentant du Comité de sûreté générale.

Celui des girondins suit du 24 au . Hébert s’offre aussi comme témoin. Ses accusations sont brutales et souvent mensongères : Brissot est à la solde de l’Angleterre, il est responsable des massacres du Champ-de-Mars, etc. Il ne comprend pas pourquoi le procès dure : « Braves bougres qui composaient le Tribunal révolutionnaire, ne vous amusez donc pas à la moutarde. Faut-il donc tant de cérémonies pour faire raccourcir des scélérats que le peuple a déjà jugés ! En auraient-ils fait avec nous, s’ils avaient eu, un seul moment, le grappin sur les sans-culottes [37]. » Aux Jacobins, il réclame que le procès soit liquidé en 24 heures. À sa demande, le Club envoie une députation à la Convention et obtient un décret qui autorise le jury à se déclarer « suffisamment éclairé » après trois jours de débats pour pouvoir rendre son verdict. Le , les leaders girondins sont guillotinés en chantant « la Marseillaise » au pied de l’échafaud. Suivent Mme Roland, Bailly, Barnave, Philippe-Égalité, Houchard, Biron, 177 condamnations à mort dans les trois derniers mois de 1793. « Ainsi passeront tous les traîtres[38]», avertit le Père Duchesne.

À partir de novembre, les grandes dénonciations d’Hébert à la tribune des jacobins commencent à irriter Robespierre qui entend rester maître de son club. Le , après des accusations d’Hébert lancées la veille contre le représentant aux armées Duquesnoy, il le met sévèrement en garde : « Il existe deux espèces d’hommes dont la conduite est funeste à la chose publique : les uns ardents, inconsidérés, propres à recevoir toutes les impressions, égarés par des émissaires des puissances étrangères, dénoncent sans cesse, dénoncent à tort et à travers. Les autres, couverts du masque perfide du patriotisme, se répandent dans les sociétés populaires contre les meilleurs citoyens et inculpent des patriotes connus tandis qu’il est tant d’aristocrates à dénoncer et font ainsi servir leur réputation de civisme au profit de l’ennemi. Douter que Pitt ait des émissaires auprès de nous, ce serait une folie. »

Le mouvement de déchristianisation, qui se déchaîne en novembre à l’initiative des hébertistes, inquiète aussi Robespierre[2]. Il y voit une manœuvre politique de débordement par les hébertistes. Le , il attaque aux Jacobins l'athéisme comme « aristocratique » : « Nous déjouerons dans leurs marches contre-révolutionnaires ces hommes qui n'ont eu d'autres mérite que celui de se parer d'un zèle anti-religieux… Oui, tous ces hommes faux sont criminels, et nous les punirons malgré leur apparent patriotisme. »

Hébert ne se présente pas comme un athée. Il aime, dit-il, « le pauvre sans-culotte Jésus »« Je ne connais pas de meilleur Jacobin que ce brave Jésus. Il détestait les riches, il soulageait les pauvres. C’est le fondateur de toutes les sociétés populaires. » — mais il est l’ennemi juré des prêtres, cette « foutue canaille » qui « au nom du divin législateur qui n’aimait que la pauvreté, s’enrichit des dépouilles des sots, en imaginant un purgatoire, un enfer et en vendant au poids de l’or les indulgences[39] ».

Pour en finir avec le soupçon d’avoir des membres « vendus à Pitt », les Jacobins décident de s’épurer. Le , ils nomment Hébert membre de la commission d’épuration. Chaque Jacobin doit comparaître devant elle pour demeurer inscrit. Le tour d’Hébert vient le , précédé d’un arrêté du Club des cordeliers, largement répandu sous forme d’affiches et très flatteur pour lui. Il est admis sous les applaudissements. Tout juste le député Bentabole proche de Danton lui reproche-t-il de « mettre trop de chaleur dans ses dénonciations dont il n’est pas assez sûr ».

Camille Desmoulins (1760-1794), « l’homme du  », l’ami de Danton et de Robespierre. Il écrit dans son journal (Vieux Cordelier, no 4) : « Ouvrez les prisons à 200 000 citoyens que vous appelez suspects, car, dans la Déclaration des Droits, il n’y a point de maisons de suspicion…Vous voulez exterminer tous vos ennemis par la guillotine ! Mais y eut-il jamais plus grande folie ! » Aux Jacobins, Hébert demande son expulsion.

En novembre commence l’offensive des montagnards amis de Danton (les indulgents). Ils mettent en cause la politique économique et sociale du Comité de salut public et pensent qu’après les premières victoires révolutionnaires, il convient de faire la paix et de mettre fin aux mesures d'exception.

De la fin de novembre au milieu de janvier, la Convention s'élève contre la Commune et combat la déchristianisation. Les amis de Danton attaquent les leaders hébertistes. Le , Fabre, Bourdon et Philippeaux font décréter d’arrestation les hébertistes Ronsin et Vincent par la Convention, sans même en référer aux Comités. Cette offensive est appuyée par le nouveau journal de Camille Desmoulins, Le Vieux Cordelier, dont les premiers numéros qui s’attaquent aux hébertistes et à tout le courant déchristianisateur, obtiennent un énorme succès.

Aux Jacobins, Hébert demande l’expulsion de Desmoulins et des responsables de l’arrestation de Vincent et de Ronsin. Le Club se contente de les convoquer. Le Père Duchesne s’en prend à Desmoulins, ce « pilier de tripots », cet « avocat consultant de tous les talons rouges qui défendit La Fayette et Dumouriez», ce « champion de tous les jean-foutres qui sifflent la linotte[40]». Les conventionnels convoqués ne viennent qu’au bout d’une semaine, le jour de la parution du n° 5 du Vieux Cordelier.

« Ce n’est pas avec des injures grossières que je vais t’attaquer » écrit Desmoulins à Hébert dans ce numéro « mais avec des faits ». Et il produit des documents de la Trésorerie nationale, fournis par Aigoin, un proche de Robespierre, indiquant les sommes considérables versées par le Ministère de la Guerre à Hébert pour son journal : plusieurs versements en octobre dont un de 60 000 livres pour 600 000 exemplaires d’un seul numéro de son journal, soit, d’après Desmoulins un bénéfice net de 43 000 livres pour Hébert. Il l’accuse aussi de trop fréquenter les diners du riche banquier hollandais Kock qui reçoit somptueusement ses amis. Ces accusations de « voler la Nation » et de fréquenter les « vils agioteurs » vont porter à Hébert qui passe aux yeux de ses lecteurs pour un vrai sans-culotte, pauvre comme eux et ennemi des riches, un sérieux préjudice moral.

Le soir aux Jacobins, Desmoulins, défendu par Robespierre et, au grand étonnement d’Hébert, par Collot d’Herbois revenu de Lyon, est maintenu sur la liste des Jacobins. Hébert répond par une affiche J. R. Hébert, auteur du Père Duchesne, à Camille Desmoulins et compagnie où il tente de se justifier. C’est désormais la guerre à outrance entre les deux pamphlétaires.

Le , Robespierre implique les deux factions adverses, hébertistes et dantonistes, dans une même réprobation : « Le Gouvernement révolutionnaire doit voguer entre deux écueils, la faiblesse et la témérité, le modérantisme et l’excès ; le modérantisme qui est à la modération ce que l’impuissance est à la chasteté ; et l’excès qui ressemble à l’énergie comme l’hydropisie à la santé .»

La chute (février-mars 1794)

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Il est bougrement en colère le Père Duchesne.
Hébert tempête dans sa cellule sous le regard amusé de son geôlier. Estampe satirique anonyme, Paris, BnF, département des estampes, 1794.

À la fin de l’hiver, la disette sévit à Paris et les fraudes sur la qualité des denrées, en particulier le vin, deviennent fréquentes. On se bat dans les queues à la porte des marchands. Cette crise économique influe sur la lutte entre les factions révolutionnaires qui proposent chacune des solutions différentes : les dantonistes sont contre la loi du maximum et soutiennent les commerçants, les robespierristes essaient de la faire appliquer pour ne pas mécontenter les sans-culottes tout en disant qu’elle leur a été imposée par les hébertistes[41], les hébertistes veulent la faire appliquer par la terreur et tripler l’armée révolutionnaire pour les réquisitions. Début février, Hébert attaque les négociants avec une violence croissante, s’aliénant ainsi la classe commerçante de la capitale. « Je n’épargnerai pas plus le marchand de carottes que le gros négociant, dit le Père Duchesne, car foutre, je vois une ligue formée de tous ceux qui vendent contre ceux qui achètent[42]. »

Estimant qu’on lui refuse la parole, il cesse de paraître aux Jacobins et se réfugie aux Cordeliers. Le Club est alors surtout fréquenté par des petits fonctionnaires et compte peu de députés, mais les tribunes sont toujours pleines. Il a la réputation de prendre des motions hardies, dont d’ailleurs la Convention et les comités ne tiennent en général pas compte.

Le , les Cordeliers décident de voiler d’un crêpe funèbre le tableau des Droits de l’homme jusqu’à ce que leurs chefs arrêtés, Vincent et Ronsin, soient libérés. Le Comité de salut public les ignorant, ils s’adressent au Comité de sûreté générale qui les reconnaît innocents et fait décréter leur libération par la Convention. Vincent, désireux de se venger de ses dénonciateurs, veut se faire admettre aux Jacobins, mais le Club l’éconduit le . Ce refus, que les hébertistes attribuent à Robespierre déjà coupable à leurs yeux d’avoir soutenu le maintien de Desmoulins aux Jacobins, va les faire passer dans l’opposition ouverte à un gouvernement qu’ils ont jusque-là ménagé.

Du au , la pression monte au Club des Cordeliers contre « ces messieurs qui nous traitent d’exagérés parce que nous sommes patriotes et qui ne veulent plus l’être, si jamais ils l’ont été », « tous ces hommes usés en république, ces jambes cassées en révolution » (la veille Robespierre est tombé malade ; les citations sont de Momoro). On assiste cependant à une suspension du conflit entre factions avec les festivités de l'abolition de l'esclavage colonial, votée par la Convention, le 16 pluviôse an II- et fêtée le 30 pluviôse an II- au temple de la Raison. Hébert y consacre un article louant ici le lendemain « La grande joie du père Duchèsne au sujet de la fête que les Sans-Culottes ont célébrée dans le Temple de la Raison, en réjouissance de l'abolition de l'esclavage des négres[43]. Le , Ronsin pose nettement la question de l’insurrection, l’estimant urgente et nécessaire, mais Hébert conseille de temporiser en envoyant une députation à la Convention.

Le 14 ventôse, les partisans de l’insurrection l’emportent, avec l’aide de Carrier, rappelé de Nantes par le Comité de salut public. Momoro qui préside fait à nouveau voiler la Déclaration des Droits de l’homme « jusqu’à ce que le peuple ait recouvré ses droits sacrés par l’anéantissement de la faction ». Carrier réclame « une sainte insurrection ». Hébert dénonce « les Endormeurs des comités », ces hommes « qui ont fermé la bouche aux patriotes dans les sociétés populaires » et conclut cette fois comme Carrier : « Oui, l’insurrection, et les Cordeliers ne seront point les derniers à donner le signal qui doit frapper à mort les oppresseurs ! » Le lendemain, la section de Marat dirigée par Momoro essaie d’entraîner la Commune, mais n’y parvient pas. Chaumette appelle au calme et Hanriot est contre.

Le Comité de salut public décide alors de frapper les hébertistes. Collot d’Herbois essaie de les sauver : il demande aux Jacobins (Carrier, qui assiste à la séance s’est rétracté) qu’une députation soit envoyée aux Cordeliers pour « s’expliquer fraternellement » et les engager « à faire justice des intrigants qui les ont égarés ». Le , la députation se rend chez les Cordeliers. Momoro, Hébert et Ronsin font amende honorable, mais pas Vincent. Les jours suivants, l’agitation continue dans les sections dominées par les hébertistes. Hébert lui-même attaque Barère au Club le .

Le soir, le Comité de salut public (Robespierre convalescent est présent) approuve le rapport d’accusation que Saint-Just présentera le lendemain à la Convention. Les principaux chefs hébertistes, Hébert, Vincent, Ronsin, Momoro sont arrêtés dans la nuit du 13 au et conduits à la Conciergerie.

L’opinion publique est habilement conditionnée, le 14 au matin, par l’annonce de la découverte d’une conspiration des hébertistes pour saboter le ravitaillement au moyen d’une disette factice, et pour forcer les portes des prisons en vue d’un massacre général des détenus. Les preuves existent, elles sont au Tribunal révolutionnaire, dit Billaud-Varenne aux Jacobins le soir. Les sans-culottes, qui ont faim, sont indignés. On assiste à une explosion de haine dans les sections contre les responsables ainsi désignés de la famine.

Hébert, Chaumette, Vincent et Gobel sur la charrette les menant à la guillotine. Tableaux historiques de la Révolution française, Paris, BnF, département des estampes, 1802.
Portrait de Hébert pris sur le vif par Vivant Denon, sur la charrette le conduisant à l'échafaud. Collection particulière.

Le procès (21-) est un procès politique, jugé d’avance. Fouquier-Tinville est chargé de l’acte d’accusation[2]. La technique de l’amalgame permet de mêler à Hébert, Ronsin, Vincent et Momoro des réfugiés étrangers Cloots, Proli, Pereira — en tout vingt personnes — afin de les présenter comme des complices du « complot de l'étranger ». Dans son réquisitoire, Fouquier-Tinville tonne contre les chefs de cette « horrible conspiration » à savoir « le gouvernement anglais et les puissances coalisées contre la République. »

Au Tribunal, Hébert est présenté comme le chef de la conjuration et placé sur un siège en avant des gradins réservés aux accusés, comme Brissot au procès des girondins. On possède deux versions du procès : une version officielle, publiée par l’imprimeur du Tribunal et une autre, due à une initiative privée, mais très sommaire. Il semble qu’Hébert ait été à son procès physiquement et moralement brisé. Quarante témoins sont entendus, n’apportant aucune pièce à charge convaincante.

Le soir du troisième jour, Fouquier-Tinville est convoqué au Comité de salut public par Robespierre[44]. Le quatrième jour, le jury se déclare « suffisamment éclairé » après trois jours de débats (selon le décret de la Convention pris, à la demande d’Hébert, à l’occasion du procès des girondins). Tous les accusés (sauf un « mouton » incarcéré avec eux pour épier leurs propos) sont condamnés à mort et guillotinés – Hébert le dernier – à cinq heures et demie du soir. Sa femme sera guillotinée vingt jours après lui.

Hébert a passé sa dernière nuit en prison à hurler et à appeler au secours. Le public moque le manque de fermeté de celui qui réclamait sans cesse que tombent les têtes.

Lors de son trajet de la conciergerie à la place de la Révolution, il est hué par le peuple.

Quand vient son tour de « jouer à la main chaude » (« être guillotiné »), Hébert doit être traîné à l’échafaud : sa tête montrée par le bourreau est saluée par des quolibets.

« La charrette qui a porté les hébertistes à la guillotine a réduit au silence le Paris révolutionnaire », écrit François Furet. Désormais la Commune obéit, les sociétés et les clubs se taisent ou disparaissent et Saint-Just dira bientôt, avec son sens de la formule : « La Révolution est glacée. »[45]

Commémoration

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À Alençon

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Dans les années 1980, la municipalité d’Alençon menée par Pierre Mauger nomme en l'honneur d'Hébert une cour piétonnière donnant accès à un groupe de maisons anciennes rénovées au centre du vieil Alençon, entre la Grande-Rue, la rue des Granges et la rue de Sarthe (elle s'ouvre à hauteur du 11 de cette dernière).

La maison natale d'Hébert est située à proximité de cette cour (n° 118, Grande-Rue). Elle est indiquée par une plaque posée par la municipalité, durant le mandat d'Alain Lambert, dans les années 1990.

Hébert dans la littérature et les arts

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Notes et références

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  1. Jérôme Bourdieu, Martin Bruegel et Alessandro Stanziani, Nomenclatures et classifications : approches historiques, enjeux économiques : colloque organisé à l'École normale supérieure de Cachan, 19-20 juin 2003, t. 21 des Actes et communications / INRA, Économie et sociologie rurales, Paris, Éditions Quae, , 386 p. (ISBN 978-2-7380-1178-7, lire en ligne), p. 386.
  2. a b c d e f g h i j k l et m Jacques Guilhaumou, « Hébert Jacques René », dans Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-053605-0), p. 536-537.
  3. Auteur de mémoires (Desgenettes, Souvenirs de la fin du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe, Paris, Firmin Didot, 1836) dans lesquelles il raconte une visite faite à Hébert en
  4. Desgenettes, op. cit., t. 2, p. 248.
  5. a et b Le Vieux Cordelier, n° 5.
  6. « Je ne puis, mon cher Hébert, pardonner, ni définir votre obstination, et les raisons que vous me donnez n’ont pas le sens commun. C’est vous que je veux et dont nous avons besoin, et non d’une lettre, dont je n’ai que faire pour vous apprécier. Deux ans d’habitude dans notre entreprise vous ont acquis des droits à notre confiance que rien ne peut altérer ; il suffit que vous ayez été malheureux pour que l’entreprise vous eût fait un traitement plus avantageux, et que d’ailleurs méritent vos services. » (J.-R. Hébert à Camille Desmoulins et compagnie, Paris, Impr. De la rue Neuve-de-l’Égalité, 1793)
  7. Anne-Victoire Dubois, née Guingret en 1750, est une libraire et imprimeur qui mit en vente dans sa librairie boulevard du Temple la brochure rédigée par Jacques-René Hébert en 1789 (La Lanterne magique). Le 17 mars 1794, lors du procès d'Hébert et des hébertistes, elle est témoin à charge et porte des accusations très graves contre l'auteur du Père Duchesne.
  8. Père Duchesne no 276.
  9. Walter 1946, p. 83.
  10. Procès-verbal de l’interrogatoire d’Hébert par le juge de paix (3 mars 1792).
  11. Souvenirs de la fin du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe, Firmin Didot, 1836, t. 2, p. 249.
  12. Walter 1946, p. 299.
  13. Paganel, Essai historique et critique sur la Révolution française, 1810, t. 2, p. 256-261.
  14. Une livre (= un franc) est divisée en 20 sous et en 240 deniers.
  15. Père Duchesne, no 59.
  16. Père Duchesne, no 102.
  17. Père Duchesne, no 115.
  18. Le mariage civil n'existe pas encore officiellement. L'état civil est tenu par les prêtres catholiques.
  19. Desgenettes, op. cit., t. 2, p. 238-240.
  20. Père Duchesne, no 102, p. 8.
  21. Mater, « J.-R. Hébert… avant la journée du 10 août 1792 », Mémoires de la Société historique, littéraire, artistique et scientifique du Cher, 1888. Contient trois lettres d’Hébert et de sa femme à Mélanie Hébert, sœur d’Hébert.
  22. Père Duchesne, no 195.
  23. a et b Père Duchesne, no 202.
  24. Père Duchesne, no 203.
  25. Père Duchesne, no 204.
  26. G. Lenotre, Le Roi Louis XVII et l'Énigme du Temple, Perrin, Paris, 1950, p. 72.
  27. Père Duchesne, no 259
  28. Albert Mathiez, La Révolution française, Armand Colin, coll. 10/18, t.2, p. 33.
  29. a et b Jean-Clément Martin, « Les échos de la Terreur. Vérités d'un mensonge d'état. », sur Les voix de l'histoire, (consulté le )
  30. Père Duchesne, no 239
  31. Père Duchesne, no 275.
  32. 232 votants (sur les 745 membres de la Convention), Paré : 118 voix, on ne connaît pas le nombre de voix obtenues par Hébert.
  33. Walter 1946, p. 314.
  34. Albert Mathiez, La Révolution française, Paris, Denoël, coll. « Bibliothèque Médiations » (no 250), , 248 p. (ISBN 2-282-30250-8, lire en ligne), p. 58.
  35. Père Duchesne, no 279
  36. Albert Mathiez, La Révolution française, Armand Colin, coll. 10/18, t.2, p.221.
  37. Père Duchesne, no 304.
  38. Père Duchesne, no 305.
  39. Père Duchesne, no 301.
  40. siffler la linotte : être en prison
  41. Albert Mathiez, La Vie chère et le mouvement social sous la Terreur, Paris, Payot, t. 2, p. 171
  42. Père Duchesne, no 345.
  43. Le Père Duchesne no 347, 1er ventôse an II. Le texte intégral a été reproduit dans Aimé Césaire,Toussaint-Louverture, La Révolution française et le problème colonial, Paris, Éditions Présence Africaine, 1981 p. 220-223.
  44. Le billet est aux Archives Nationales, W76.
  45. François Furet, La Révolution, Hachette, Pluriel, 1988, t. 1, p. 243.

Sources primaires imprimées

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Bibliographie

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  • Antoine Agostini, La pensée politique de Jacques-René Hébert, 1790-1794, Aix-en-Provence, Presses universitaires d'Aix-Marseille, coll. « Collection d'histoire des idées politiques » (no XVII), , 227 p. (ISBN 2-7314-0193-1, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Michel Biard, « Des « bons avis » aux critiques assassines : la radicalisation d'Hébert mise en scène au fil des visites royales du Père Duchesne (décembre 1790 – décembre 1792) », Annales historiques de la Révolution française, no 357,‎ , p. 47-66 (lire en ligne).
  • Michel Biard, Parlez-vous sans-culotte ? Dictionnaire du Père Duchesne (1790-1794), Paris, Tallandier, , 575 p. (ISBN 978-2-84734-551-3, présentation en ligne), [présentation en ligne].
    Réédition : Michel Biard, Parlez-vous sans-culotte ? Dictionnaire du Père Duchesne (1790-1794), Paris, Points, coll. « Points. Histoire » (no H440), , 665 p., poche (ISBN 978-2-7578-1863-3).
  • Philippe Bourdin, « L'inventaire des biens de l’imprimerie Jacques-René Hébert : Archives nationales, F 17 1 298, T 1684, W 78 », Annales révolutionnaires, no 368,‎ , p. 155-162 (lire en ligne).
  • Charles Brunet, Le Père Duchesne d'Hébert, ou Notice historique et bibliographique sur ce journal publié pendant les années 1790, 1791, 1792, 1793 et 1794 : précédée de la vie d'Hébert, son auteur, et suivie de l'indication de ses autres ouvrages, Paris, Librairie de France, (lire en ligne).
  • Maurice Dommanget, « Mazuel et l'Hébertisme », Annales révolutionnaires, t. 14, no 6,‎ , p. 464-476 (JSTOR 41921415).
  • Maurice Dommanget, « Mazuel et l'Hébertisme (suite et fin) », Annales révolutionnaires, t. 15, no 1,‎ , p. 34-50 (JSTOR 41921432).
  • Maurice Dommanget, « L'Hébertisme et la Conjuration des Égaux », Annales révolutionnaires, t. 15, no 3,‎ , p. 220-226 (JSTOR 41921463).
  • Ouzi Elyada, Presse populaire et feuilles volantes de la Revolution a Paris, 1789-1792, Paris, Societe des Etudes Robespierristes, 1991, (Sur les publications d’Hebert).
  • Ouzi Elyada, “La mise en pilori de l’abbe Maury : imaginaire comique et mythe d’antiheros pendant la Revolution”, Annales Historiques de la Revolution Francaise, 338, 2005, pp. 1-24.
  • Paul d'Estrée, Le Père Duchesne : Hébert et la Commune de Paris (1792-1794), d'après les publications récentes et des documents inédits, Paris, Librairie Ambert, , 505 p. (lire en ligne).
  • Jacques Guilhaumou, « L'idéologie du Père Duchesne : les forces adjuvantes (14 juillet-6 septembre 1793) », Le Mouvement social, Paris, Les Éditions ouvrières, no 85 « Langage et idéologies »,‎ , p. 81-116 (lire en ligne).
  • Jacques Guilhaumou, « « Moment actuel » et processus discursifs : le Père Duchesne d'Hébert et le Publiciste de la république française de J. Roux (14 juillet – 6 septembre 1793) », Bulletin du Centre d'Analyse du Discours de l'Université de Lille III, no 2,‎ , p. 147-173.
  • Jacques Guilhaumou, « L'historien du discours et la lexicométrie : étude d'une série chronologique : le « Père Duchesne » d'Hébert (juillet 1793 - mars 1794) ] », Histoire & Mesure, Paris, Éditions du CNRS, vol. I, nos 3-4,‎ , p. 27-46 (lire en ligne).
  • Jacques Guilhaumou, « Dater Le Père Duchesne d'Hébert (juillet 1793-mars 1794) », Annales historiques de la Révolution française, no 303,‎ , p. 67-75 (lire en ligne).
  • Jacques Guilhaumou, « Le discours de salut public d'Hébert au Club des Jacobins le  : une rhétorique de la minorité politique », dans Christine Peyrard (dir.), Minorités politiques en Révolution, 1789-1799, Aix-en-Provence, Publications de l'Université de Provence, coll. « Le temps de l'histoire », , 208 p. (ISBN 978-2-85399-675-4, lire en ligne), p. 43-61.
  • Antoine Hadengue, Les Gardes rouges de l’an II : l’armée révolutionnaire et le parti hébertiste, Paris, Tallandier, 1989 (ISBN 2-235-01832-7)
  • Louis Jacob, Hébert, le Père Duchesne, chef des sans-culottes, Paris, Gallimard, coll. « Leurs figures », , 365 p. (présentation en ligne).
  • Albert Mathiez, « Les deux versions du procès des hébertistes », Annales révolutionnaires, t. 11, no 1,‎ , p. 1-27 (JSTOR 41921103).
  • Albert Mathiez, « Mélanges. Le programme hébertiste », Annales révolutionnaires, t. 12, no 2,‎ , p. 139-142 (JSTOR 41921198).
  • Albert Mathiez, La Vie chère et le mouvement social sous la Terreur, Paris, Armand Colin, coll. « Bibliothèque historique », , 620 p. (présentation en ligne), [présentation en ligne].
    Réédition :
  • Albert Mathiez, La Révolution française, Armand Colin, 1922, réédité en 1978 coll. 10/18, 2 tomes. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Paul Nicolle, « La Fille d'Hébert. Son parrain. — La descendance du Père Duchesne », Annales historiques de la Révolution française, no 108,‎ , p. 326-332 (JSTOR 41925452).
  • (en) Morris Slavin, The Hébertistes to the Guillotine : Anatomy of a « Conspiracy » in Revolutionary France, Baton Rouge ; Londres, Louisiana State University Press, , xvii-280 (ISBN 0-8071-1838-9, présentation en ligne).
  • Gustave Tridon, La Commune de Paris de 1793. Les Hébertistes, Bruxelles, J.H. Briard, 1871.
  • Gustave Tridon, Les Hébertistes. Plainte contre une calomnie de l'histoire, Paris, Chez l’auteur, 1864.
  • Gérard Walter, Hébert et le « Père Duchesne », Paris, J. B. Janin, coll. « La roue de fortune », , 424 p. (présentation en ligne), [présentation en ligne]. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes

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Liens externes

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