Gustave de Smet
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Gustave de Smet (Gand, 1877- Deurle,1943) est un peintre belge d'expression néerlandaise, frère aîné de Léon de Smet, actif au sein du deuxième groupe de l'École de Laethem-Saint-Martin.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse
[modifier | modifier le code]Il est le fils de Jules de Smet, peintre-décorateur d'enseignes, de décors de foires...
Jusqu'en 1895, il étudie à l'Académie royale des beaux-arts de Gand auprès de Jean Delvin, membre fondateur du Groupe des XX.
En 1898, il épouse Augusta Van Hoorebeke et s'établit à Gand, et en 1899, il fixe sa résidence à Deurle.
En 1900, il s'installe à Laethem où il rejoint ses amis gantois — son talentueux frère Léon, Maurice Sijs, Albert Servaes, Frits van den Berghe et Constant Permeke — à la colonie d'artistes de Laethem-Saint-Martin.Il continue à peindre selon les procédés luministes.
Frits excepté, ce sont des fils d'ouvriers soucieux surtout d'exercer un métier et de se ménager ainsi une petite place au soleil. Impécunieux, Gustave de Smet est logé avec Servaes, van den Berghe, Permeke, moyennant un très modeste loyer, chez le fermier Ranschaert qui a transformé d'anciennes écuries en habitations pour saisonniers[2].
En 1914, il se réfugie en Hollande avec son ami van den Berghe, et en 1915, avec Frits van den Berghe et André de Ridder, il assure la survivance du cercle "Open Wegen". Ils prennent contact avec Le Fauconnier et les peintres hollandais des groupes "Hollandsche Kunstenaarskring" et "Het Sienjaal" (Sluyters, Charley Toorop, Léo Gestel). Ils correspondent avec les artistes belges réfugiés en Angleterre.
En 1916, sous l'influence de novateurs tels que le Français Le Fauconnier, les Hollandais Jan Sluyters, Leo Gestel (en) et Charley Toorop, les Allemands Franz Marc et Heinrich Campendonk, il abandonne l'impressionnisme et s'oriente délibérément vers l'expressionnisme[3].
En 1918, il vit à Blaricum (Hollande septentrionale) avec Frits van den Berghe, et à partir de 1919, il montre une tendance à plus de géométrie. Il peint Vue d'Amsterdam qu'il expose à Amsterdam.
En 1920, il peint quelques œuvres capitales, Le Pigeonnier, L'Homme à la bouteille, La Femme à la fenêtre, La Promenade des amants et signe un contrat par lequel il s'engage à céder toute sa production à Paul-Gustave van Hecke et à la galerie Le Centaure à Bruxelles. En 1922, avec Frits van den Berghe, ils rentrent définitivement en Belgique, et séjournent en 1923 auprès de Permeke à Ostende.
À partir de 1923, il habite avec Frits van den Berghe à Afsnee, un village pittoresque au bord de la Lys, à deux pas de Laethem-Saint-Martin. Son amitié avec Van den Berghe est immortalisée par Cantré (1890-1957) qui sculpte une tête à deux visages, l'un étant celui de Gustave de Smet, l'autre celui de Frits van den Berghe.
Le galeriste Paul-Gustave van Hecke met sa maison de campagne d'Afsnee, à disposition des artistes. Pendant les week-ends et les mois d’été, cette Villa Malpertuis était un lieu de rencontre animé. Elle était également fréquentée par Walter Schwarzenberg, directeur de la Galerie Le Centaure à Bruxelles. Comme Van Hecke, il défendait l’œuvre des expressionnistes flamands, dont celle de Gustave De Smet[4]. Gustave de Smet s'y installe en 1926, éclaircit sa palette et participe à la fondation du cercle des IX à Bruxelles.
-
L'Homme à la bouteille, vers 1920
Collection privée -
Le Port d'Ostende (1922) -
Le Grand tir forain, 1923
Musées de Bruges -
Le Port d'Ostende (1925)
En 1928, à Deurle, il peint des paysages animés, qui donnent du village flamand une vision paisible et pittoresque, mais aussi certains aspects de la ville, et il s'y installe en 1929 dans la maison qu'il s'est fait construire au bord de la Lys. Il se lie d'amitié avec Jules De Sutter (1895-1970) qui vient de s'installer dans la région de Laethem.
Il quitte sa maison du bord de la Lys en 1935 et s'en fait construire une nouvelle, toujours à Deurle, mais en plein champ. En , il se réfugie durant quelques mois en France, mais rentre bientôt à Laethem.
Il meurt à Deurle en 1943. Une sculpture de Permeke est placée sur sa tombe au cimetière communal de Deurle[5].
Portrait de l'artiste
[modifier | modifier le code]Il porte d'habitude chandail et casquette, fait rarement une promenade, pêche parfois à la ligne, reste de longs moments à écouter la radio. C'est un être à la fois primitif et raffiné. Les expositions et les manifestations organisées en son honneur le gênent, il se méfie du battage que l'on fait autour de son nom. Il craint d'être mal compris et fêté pour ce qu'il n'est pas.
C'est un vrai campagnard, n'aimant à vivre que dans son seul et cher pays de la Lys. À l'auberge du village, il joue pendant de longues heures aux cartes avec des paysans ridés et de vieilles paysannes hommasses. Le voici en bras de chemise et en pantoufles, se passionnant le plus sérieusement du monde pour le tir à l'arc ou le jeu de boules. Le voici dangereusement prudent au volant de sa vieille Oldsmobile, laissant passer toutes les voitures avant la sienne. Le voici dans son atelier, hésitant à montrer ses toiles par crainte qu'elles ne soient pas arrivées à maturité, cherchant avec inquiétude à savoir ce que l'on en pense au travers de ce que l'on en dit. Gustave qui a tendance à s'effacer sera saisi d'étonnement et tout radieux en constatant l'admiration que l'on porte à ses œuvres. Sa compagne Gusta s'efface tout en restant attentive aux soucis de son mari. Ils ont eu un enfant, un fils qui durant la guerre 1914-1918 périt en Hollande à l'âge de vingt ans dans un accident de chemin de fer. Ce fut la grande douleur de leur vie[6].
Œuvre
[modifier | modifier le code]A ses débuts, l'influence d'Émile Claus l'oriente vers un luminisme centré sur les rapports de couleurs au sein de la composition. Ses œuvres de l'époque ont des inflexions poétiques, parfois mélancoliques, et romantiques. Peu après, il opte pour des sujets symbolistes, faisant une large place à l'allégorie et au mythe.
- Ma maison à Deurle, 1906 et L'église de Deurle, 1906
- Vue sur le Pont de la Corde à Gand, 1906-1907, huile sur toile, 34 × 77 cm, Musée des Beaux-Arts de Gand[7]
- Kermesse sur la place du Marché-du-Vendredi à Gand, 1907, huile sur toile, 43 × 49 cm, Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers[8]
- Laethem sous la neige, 1910
- Canards sur la Lys, vers 1911, huile sur toile, 81 × 100 cm, Musée de Deinze et du Pays de la Lys[9]
- Promenade le long de la Lys, 1912, portrait de sa femme, 1912
- La Femme au rosier, 1912, huile sur toile, 107 × 131 cm, collection privée, Vente 2003[10]
- Eve ou La pomme, 1913, huile sur toile, 119 × 157 cm, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles[11]
- Porcelaines et orfèvrerie dans un intérieur, vers 1913, huile sur toile, 59 × 50 cm, Musée des Beaux-Arts de Gand[12]
- La Table bleue, 1915 et Nature morte japonaise, 1915
- Chambre - Le lit vert, vers 1915, huile sur toile, 81 × 63 cm, Musée de Deinze et du Pays de la Lys[13]
- Nu assis au bord du lit, 1916. Sujet qu'il reprendra à plusieurs reprises, notamment en 1930.
En 1916, sous l'influence de novateurs tels que le Français Le Fauconnier (1881-1946), les Hollandais Jan Sluyters (1881-1957), Leo Gestel (en) (1881-1941) et Charley Toorop (1891-1955), les Allemands Franz Marc (1880-1916) et Heinrich Campendonk (1889-1957), il abandonne l'impressionnisme et s'oriente délibérément vers l'expressionnisme.
- Tête d'enfant, vers 1916, huile sur toile marouflé sur carton, 40 × 33 cm, Musée des Beaux-Arts de Gand[14]
- La Terre féconde, 1917
- Femme de Spakenburg, 1917, huile sur toile, 133 × 92 cm, Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers[15]
- Le Village de pêcheurs (Spakenburg), 1918
A partir de 1919, il montre une tendance à plus de géométrie. Les éléments de la nature ou des scènes familières et intimistes sont traduits par de vastes plans inarticulés, les lignes sont raides et tendues; la composition gagne en rigueur et en clarté. Il se rattache à l'art de Franz Marc, August Macke, exprime des impressions ressenties dans la nature ou dans la société en recourant à la conjugaison des couleurs vives contrastées ou sombres et empâtées avec des formules du post-cubisme ou du constructivisme. Il crée par des correspondances, des répétitions, un rythme qui pénètre l'œuvre.
- L'Église à coupole verte d'Amsterdam, 1919, huile sur toile, 107 × 131 cm, Musée des Beaux-Arts de Gand[16]
- L'Homme à la bouteille, vers 1920, huile et gouache sur papier, 78 × 54 cm, collection privée, vente 2010[17]
- Le Pigeonnier, La Femme à la fenêtre, 1920
- La Promenade des amants, 1920, huile sur toile, 147 × 96 cm, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles[18]
- Malpertuis, 1920, détrempe sur toile, 110 × 131 cm, Musée des Beaux-Arts de Gand[19]
- La femme à la tasse de café, Les amoureux, 1921
- Dimanche, 1921, huile sur toile, 179 × 139 cm, Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers[20]
- Mère et enfant et La salle de danse, 1921
- La jeune fille rousse, 1922
- Pally, 1922, huile sur toile, 94 × 65 cm, Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers[21]
- La parade, 1922
- Béatrice, 1923, huile sur toile, 140 × 100 cm, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles[22]
- Les Mangeurs de moules, 1923, huile sur toile, 93 × 123 cm, Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers[23]
- Le Port d'Ostende, Le Dock d'Ostende, 1923 à Ostende
- Les Fiancés, Le Couple devant la porte, à Afsnee
- Le Grand tir forain, 1923, 134 × 155 cm, Musées de Bruges[4]
- L'adorateur de l'acrobate, Le cirque et Le peintre et sa femme, 1924
- Les Buveurs de café, L'Estaminet, Le Bateau de plaisance, Paysage de la Lys, Le Braconnier et Le Bouquet, 1925
- Les Baigneuses, Le Jeune capitaine, L'Accordéoniste, La Ville, 1926
- L'Été, vers 1925, huile sur papier collé sur carton, 51 × 67 cm, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles[24]
- La Bonne maison, vers 1926, huile sur toile, 120 × 135 cm, Musée des Beaux-Arts de Gand[25]
- Blues, La jeune fille à la fleur, 1927
- L'Artiste et sa femme au clair de lune (Nous à Deurle), vers 1927, gouache et l'huile sur papier, marouflé sur du carton, 67 × 51 cm, Musée des Beaux-Arts de Gand[26]
- L'as de cœur et Henriette, 1927
- Grand paysage aux vaches, 1928
- La vie à la ferme, 1928, huile sur toile, 89 × 116 cm, collection privée, vente 2012[27]
- Le chasseur,1928, à Deurle
- La Loge, 1928, huile sur toile, 100 × 81 cm, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles[28]
- L'écuyère, et Le nu bleu, 1928
- Le Canapé bleu (1928) en image
- Le Village et Printemps, 1929
- Nu au bord du lit, 1930, huile sur toile, 89 × 71 cm, Musée d'Art à la mer, Ostende[29]
- Paysage d'hiver, 1930
- La Kermesse au village, vers 1930, huile sur toile, 132 × 116 cm, Musée des Beaux-Arts de Gand[30]
- Les Amants, 1931, huile sur toile, 133 × 115 cm, collection privée, vente 2019[31]
- A la Fenêtre, vers 1931, huile et crayon gras sur papier, 64 × 49 cm, collection privée, vente 2015[32]
- Nu à la fenêtre, 1931, huile sur toile, 132 × 115 cm, collection privée, vente 2013[33]
- Nu au bouquet de fleurs, 1931, huile sur toile, 77 × 60 cm, Musée d'Art à la mer, Ostende[34]
- Ferme en Flandre et Rêverie, 1931
- Le grand bal, 1932
- Méditation, 1933
- Mon atelier, 1934
- La Nature morte aux harengs, 1934, huile sur toile, 65 × 79 cm, Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers[35]
- Récolte de pommes de terre, 1935, huile sur toile, 52 × 65 cm, collection privée, vente 2019[36]
- Jeune femme à sa toilette, 1935
- La Femme en bleu, 1935, huile sur panneau, 66 × 50 cm, collection privée, vente 2022[37]
- Le Verger de l'église (1935)
- Jeune fille en rose, 1937, huile sur toile, 97 × 71 cm, Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers[38]
- Le Nu à la chaise et un Autoportrait, 1937
- Le Modèle à l'atelier, 1938
- La Jeune fille au bouquet, 1938, huile sur toile, 115 × 80 cm, Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers[39]
- La Nature morte à la cafetière blanche, 1939, huile sur toile, 50 × 66 cm, collection privée, vente 2015[40]
- Fille avec un chapeau, vers 1939, huile sur toile, 86 × 66 cm, Musée de Deinze et du Pays de la Lys[41]
- Jeune fille au chapeau jaune, 1940
- Jeune fille à la jupe rayée et La jeune fille au bouquet, 1941
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « http://www.archiefbank.be/dlnk/AE_15020 »
- Haesaerts 1982, p. 19/182
- Il expose à la galerie Heystee-Smit à Amsterdam.
- « Le Grand tir forain », sur museabrugge.be, (consulté le )
- Haesaerts 1982, p. 19-26
- Haesaerts 1982, p. 272
- « Pont de la Corde à Gand », sur mskgent.be, (consulté le )
- « Kermesse place du marché », sur kmska.be, (consulté le )
- « Canards sur la Lys », sur erfgoedinzicht.be, (consulté le )
- « La Femme au rosier », sur sothebys.com, (consulté le )
- « Eve ou La Pomme », sur fine-arts-museum.be, (consulté le )
- « Porcelaines et orfèvrerie », sur mskgent.be, (consulté le )
- « le Lit vert », sur erfgoedinzicht.be, (consulté le )
- « Tête d'enfant », sur mskgent.be, (consulté le )
- « Femme de Spakenburg », sur kmska.be, (consulté le )
- Robert Hooze|, Musée des Beaux Arts de Gand, Musea Nostra, , 127 p., p. 121
- « L'Homme à la bouteille », sur christies.com, (consulté le )
- « Eve ou La Pomme », sur fine-arts-museum.be, (consulté le )
- « Malpertuis », sur mskgent.be, (consulté le )
- « Dimanche », sur kmska.be, (consulté le )
- « Pally », sur kmska.be, (consulté le )
- « Béatrice », sur fine-arts-museum.be, (consulté le )
- « Les Mangeurs de moules », sur kmska.be, (consulté le )
- « Eve ou La Pomme », sur fine-arts-museum.be, (consulté le )
- « La Bonne Maison », sur mskgent.be, (consulté le )
- « Artiste et sa femme », sur mskgent.be, (consulté le )
- « La Vie à la ferme », sur artnet.fr, (consulté le )
- « La Loge », sur fine-arts-museum.be, (consulté le )
- « Nu au au bord du lit », sur muzee.be, (consulté le )
- « Artiste et sa femme », sur mskgent.be, (consulté le )
- « Les Amants », sur sothebys.com, (consulté le )
- « A la fenêtre », sur artnet.fr, (consulté le )
- « Nu à la fenêtre », sur artnet.fr, (consulté le )
- « Nu au bouquet de fleurs », sur muzee.be, (consulté le )
- « Nature morte aux harengs », sur kmska.be, (consulté le )
- « Récolte de pommes de terre », sur artnet.fr, (consulté le )
- « La femme en bleu », sur artnet.fr, (consulté le )
- « Jeune fille en rose », sur kmska.be, (consulté le )
- « Jeune fille au bouquet », sur kmska.be, (consulté le )
- « Nature morte à la cafetière blanche », sur artnet.fr, (consulté le )
- « Fille avec un chapeau », sur kmska.be, (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Paul Haesaerts, Laethem-Saint-Martin : Le village élu de l'art flamand, Anvers, Fonds Mercator, , 523 p.
- André De Ridder, Laethem-Saint-Martin, colonie d'artistes, Bruxelles, Lumière, , 381 p.
- Claire Van Damme, Gustave De Smet, Bruxelles, La Renaissance du livre, (lire en ligne)