Château de Villacerf
Château de Villacerf | ||||
Vue de l'ancien châtau de Villacerf (dessin par Alfred Gaussen du château reconstruit par Cottard pour Colbert)[1] | ||||
Période ou style | baroque | |||
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Architecte | Louis Le Vau | |||
Début construction | 1659 | |||
Fin construction | 1662 | |||
Coordonnées | 48° 23′ 59″ nord, 3° 59′ 30″ est[2] | |||
Pays | France | |||
Anciennes provinces de France | Champagne | |||
Région | Champagne-Ardenne | |||
Département | Aube | |||
Commune | Villacerf | |||
Géolocalisation sur la carte : Aube
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Géolocalisation sur la carte : France
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Le château de Villacerf, longtemps appelé le château de Saint-Sépulchre ou Saint-Sépulcre, se trouvait à Villacerf dans l'Aube. Il a été détruit à la Révolution.
Localisation
[modifier | modifier le code]La carte de Cassini[3] (deuxième partie du XVIIIe siècle) indique une large propriété rectangulaire longue d'environ 1 500 m et large d'environ 500 m, orientée nord-ouest/sud-est, bordée au nord-ouest par l'actuelle D165 (rue Édouard Colbert[4]), au nord-est par le cours d'eau Melda et au sud-ouest par le fossé de la rivière Neuve. La carte actuelle[2] donne à ce terrain le nom le Parc ; il est de nos jours traversé au milieu dans le sens de la longueur par une petite route bordée de parcelles dont la découpe semble reprendre en partie celle des anciens parterres et divisions du parc du château d'antan, y compris des rangs de vergers[5]. Les cours d'eau actuels permettent le repérage en comparant avec un plan ancien du château et de son parc (comme celui ci-dessous) : le château se trouvait vers le côté nord-est, entre la Melda et le petit fossé qui la longe au sud. Il reste un petit étang à la place de la grande pièce d'eau autrefois située dans la perspective directe du château vers le sud-ouest[2].
Dans la gravure ci-dessous, le nord est en bas.
Toponymie
[modifier | modifier le code]Le lieu s'appelle Samblières (ou Semblières[6]) jusqu'à la fin Xe siècle, quand saint Adérald, chanoine et archidiacre de Troyes, rapporte de son voyage à Jérusalem un morceau de pierre du sépulcre de Jésus christ. Il fait bâtir à Samblières un prieuré clunisien et y dépose cette pierre. Ce monastère est appelé Saint-Sépulcre (Saint-Sépulchre) et le village prend alors ce nom lui aussi[7],[n 1].
Le nom de Saint-Sépulcre est aboli et remplacé par celui de Villacerf en 1673 (sous Louis XIV) en faveur d'Édouard Colbert de Villacerf[8].
Mais au plus tard au XIVe siècle il existe déjà dans les environs un lieu appelé Villarcel, qui devient Villacerf entre 1476 et 1531[9]. Ce Villacerf est renommé Riancé par lettres patentes de janvier 1688 (toujours sous Louis XIV)[10].
Corrard de Bréban (1856) précise qu'au XVIIe siècle le nom de Villacerf ne sert « à désigner qu'une seigneurie du voisinage, celle de Riancey »[11] ; et Courtalon-Delaistre indique que « la terre de Riancey, sur le bord de la Seine au nord-ouest […] était l'ancien Villacerf, où était une chapelle dont le titre a été transféré au nouveau Villacerf, qui n'était autrefois qu'un hameau dépendant de Saint-Lyé, mais qui depuis a été érigé en paroisse »[12]. En 1884 Villacerf (le nouveau) est un hameau dépendant de Messon[13].
Autrement dit, Saint-Sépulcre devient le nouveau Villacerf (en 1673) et l'ancien Villacerf devient Riancey (en 1688)[14].
Histoire
[modifier | modifier le code]Selon Babeau, le château est « vraisemblablement antérieur au prieuré »[6].
Seigneurs de Saint-Sépulcre
[modifier | modifier le code]Une famille seigneuriale portant le nom de Saint-Sépulcre existe aux XIe et XIIe siècles, mentionnée pour la première fois en 1114 avec Bovon de Saint-Sépulcre[15].
- Une petite-fille de ce Bovon, Elisabeth[16] ou Isabelle, épouse Hugues de Romilly. On trouve leur trace en 1163 : ils veulent asservir les religieux à des coutumes injustes[17] et Henri le libéral (comte de Champagne 1152-1181) prend le prieuré sous sa protection cette année-là. En 1179, Elisabeth donne à l'église du Saint-Sépulcre son alleu de Vailly[16] (en pénitence ?).
- En 1231, Odon (ou Eudes[18]) Ragot, seigneur de Saint-Sépulcre, et sa femme Aelidis, donnent aux Templiers les pâtures de la Chapelle-Vallon ; Odon est qualifié de miles, homme de guerre et chevalier, connétable de Bourgogne[19].
- Jublainville mentionne aussi, sans date, Gui Ragot de Saint-Sépulcre, également seigneur de Champlost[18].
- Séier de Ganz, écuyer[20], est signalé par Jublainville comme seigneur de Saint-Sépulcre[21] avec sa femme Alix[18], au temps du comte Thibaut IV (vers 1250)[22].
- 1348 (décembre) : Gui de Saint-Sépulcre, prévôt de Troyes[23]. Babau signale un Guy en 1356[24], peut-être le même ?
- Janne de Bricous, et Jean qui est peut-être son fils, vers 1390[24] ;
- Guyot en 1398[24]
- 1475 : Jean Juvenel des Ursins, « baron de Traînel, seigneur de Marigny et Saint-Sépulcre, vicomte de Troyes »[25]. Il est encore signalé comme seigneur de Saint-Sépulcre en 1486[25],[26], date à laquelle il est aussi seigneur de Chauchigny ; et en 1487[25].
- 1517 : Philbert de Beaujeu, « baron de Traînel, Marigny et Saint-Sépulcre »[25].
Puis viennent les de la Roère ou Roëre :
- 1529 : François (I) de la Roëre[26] († entre 1545[25] et 1551[27]), fils de Jacques (Ier) († avant 1528) de La Roëre et de sa femme Louise de Rossey, et époux de Hilaire Raguier[27],[28],[n 2], achète Saint-Sépulcre de Philbert de Beaujeu pour 7 000 livres tournois[26] et cent écus d'or d'épingles[29]. Il est encore signalé seigneur de Saint-Sépulcre, Chamoy et Mergey en 1545 — à cette date il a aussi acquis la seigneurie de Chauchigny — et en 1549[25].
En 1551, Hilaire Raguier est dite « veuve de François (I) de la Roère, en son vivant seigneur de Chamoy, ayant la garde noble de ses enfants mineurs Jacques (IIe) et N. de la Roère[27] ». Le "N." en question est probablement une fille car Salomon dit que François est fils unique[30].
En 1558 Hilaire Raguier et son fils Jacques (II) de la Roère sont convoqués à l'appel du ban et arrière-ban par le roi Henri II (en guerre contre les anglais et les espagnols)[31],[n 3]. - 1560 et 1570 : Jacques (IIe) de la Roëre[n 4] est dit seigneur de Saint-Sépulcre, Chauchigny, Mergey et Froiderive (commune de Mergey) ; aussi seigneur de Chamoy en 1570[27].
- En 1558 on trouve aussi Nicolas Bizet, époux de Guillemette de Marisy[29] tenant le fief de Saint-Sépulcre, valant 30 livres ; il est cité lors de la convocation du ban et arrière-ban[32]. Au Moyen-Âge il est courant que plusieurs personnes soient seigneurs de différentes parties de la même seigneurie ; c'est probablement ce qui se passe ici, car dans le même document se trouvent aussi convoqués « Damoiselle Hilaire Raguier, veuve de noble sr François de la Roère, vivant sr de Chamoy, Sommeval, Vaucemain, Pommeroy, Chamblain, le fief du Plessis, Percey, Fontaine-Saint-Georges, Saint-Sépulcre, Mergey, Champigny et Feuges, tant en son nom que comme douairière sur les dites terres par indivis, pariant avec Jacques (IIe) de La Roère, son fils, valant 250 liv. »[31].
- 1597 : Olivier de la Roëre[n 5], seigneur de Chamoy[33] et de Saint-Sépulcre[34].
- Quelques années après Olivier, Jeanne de Guédon[34] (sa veuve, ou la terre a-t-elle été rachetée ?).
- 1602 : Jacques de Guésdon seigneur de Saint-Sépulcre, Mergey et Froiderive, vicomte de Saconnay[25] et également seigneur de Fuligny[35],[n 6].
- 1608 : selon Babau, Charles de Villemontée achète la seigneurie de Saint-Sépulcre de Jacques de Guésdon pour 50 500 livres[29] ; cependant une pièce d'archive de 1604 parle de « saisie réelle de la terre de Saint-Sépulcre et dépendances, sur Jacques de Guédon vicomte de Saconnay, seigneur des dits lieux, à la requête de Charles de Villemontée, seigneur de Montaiguillon et Villenauxe en partie, en vertu d'une obligation passée à son profit[36] ». Villemontée est signalé seigneur de Saint-Sépulcre en 1609[25]. Déjà à cette date Odard Colbert de Villacerf[37] (l'ancien Villacerf) désire acheter Saint-Sépulcre, mais il n'est pas averti à temps de l'adjudication[38]. Charles de Villemontée est encore mentionné en 1616[34],[39],[n 7] et 1620[25],[n 8].
- 1623 : Sont signalés comme seigneurs de Saint-Sépulcre « MM. de Villemontée », ce qui signifie qu'il y a alors au moins deux hommes Villemontée seigneurs sur cette terre. Charles de Villemontée meurt avant 1632 : sa femme Catherine de Rousseray est signalée comme sa veuve à cette date et en 1643[39].
- Villemontée (père ou fils) la revend en 1628 pour 96 000 livres à Claude Bullion de Longchamp[42],[34], conseiller d'État. En janvier 1632 Bullion obtient en sa faveur « l'érection de la terre & seigneurie de Saint-Sépulchre » en châtellenie par lettres patentes de Louis XIII faites à Metz et enregistrée au parlement en juin[43],[44].
- 1653 (22 octobre) : Claude (II) Bullion, fils du précédent, la vend (ou l'échange)[36] à Henry Godet[29] ou Henry Godet-des-Marais[11], seigneur des Bordes, pour une rente de 4 200 livres[29].
- 1654 : Godet la vend à Louis Hesselin[29] qui devient baron de Saint-Sépulcre[25]. Louis Hesselin, maître de la chambre aux deniers[11], surintendant des plaisirs du roi et grand organisateur de fêtes[45], fait rebâtir le vieux manoir par Le Vau[11]. Hesselin a déjà utilisé les services de Le Vau pour faire construire sa maison à Paris au quai des Balcons de l'île Notre-Dame[45]. Il meurt en 1662, empoisonné par un de ses domestiques[46]. Ses héritiers vendent le château (et la seigneurie ?) à la criée en août 1667[47].
- août 1667 : Édouard Colbert de Villacerf[n 9], fils de Jean-Baptiste Colbert de Saint-Pouange et de Claudine Letellier, achète le château de Saint-Sépulcre en 1667 pour 80 000 livres (soit 16 000 livres de moins que lors de la vente de Villemontée à Claude Bullion en 1628)[47],[48].
Enfin, dans la deuxième moitié du XVIe siècle, Pierre Pithou (1539-1596) est juge seigneurial attaché à cette terre et est qualifié de garde de la seigneurie de Saint-Sépulcre[29].
Seigneurs de l'ancien Villacerf
[modifier | modifier le code]- Jean († 1324 selon sa pierre tombale)[26] ; et un autre Jean, écuyer, en 1328[24].
- Guyet en 1346[34].
- 1363 : Pierre de Villers[26], seigneur de Villarcel en partie, par sa femme Ysabelle de Mortery[25].
- 1380 : Ysabel de Villarcel et son mari Mathieu de Montmorency, seigneur de Goussainville, vendent au roi Charles V divers biens dont « la terre et seigneurie de Villarcel, dans la châtellenie de Payns, appartenant en propre à ladite dame, et comprenant entre autres choses ung hostel ou manoir avec les jardins et tous les édiffices, pourprins d'icelluy, si comme tout se comporte et extend de toutes pariz, audict Villarcel cinq ou six que hommes que femmes de corps, de mortes mains[9],… »
- 1394 (4 juillet) : les chanoines de la chapelle du château de Vincennes achètent au seigneur de Payns la mouvance de Villacerf. Ils louent cette terre à des habitants de Villacerf pour une durée de trois vies. Le 11 décembre 1476, Jean Raulet prend à bail, pour sa vie, celle de sa femme et celles de ses enfants et petits-enfants, la terre de « Villarcel » des chanoines du Bois de Vincennes. En 1531 ses héritiers s'engagent à continuer ce bail pendant leur vie. Le 14 février 1564, le bail est pris par Jean Le Marguenat (d'après une déclaration de ces actes par les chanoines en 1584)[9].
- Guillaume de Marcilly en 1442[26].
- Un Jean Truchot, habitant Troyes, est cité (sans date) comme seigneur de Villacerf[49].
- Courtalon-Delaistre cite, lui aussi sans date ni référence, une Gauchère Truchot (vraisemblablement une descendante du précédent) dame de Villacerf, première femme de Nicolas Lefebvre qui reçoit ainsi cette terre par mariage[50] (le 19 décembre 1473[51]) ; après quoi il ajoute que ladite terre « a passé ensuite dans la maison de Colbert »[50], un raccourci qui souligne son manque de précision : le premier des Colbert à Villacerf est daté aux alentours de 1600 (voir plus bas) et d'autres familles sont mentionnées entre-temps.
- 1567 (29 mars) : Jean Le Marguenat vend à Maurice de Gyé, archidiacre de Troyes, « la terre, justice et seigneurie de Villacerf, avec droits de haute, moyenne et basse justice, réservé le droit de bourgeoisie appartenant au seigneur de Payns. Cette terre, mouvante du chapitre du château de Vincennes, était chargée envers lui de 200 livres tournois de rente foncière, du samedi, veille de Pâques »[9].
- Dans le même temps, vers 1560 Nicolas Fouret ou Foret[27], Lefouret[11] ou Nicolas Forêt[47], à un riche marchand de Troyes, est aussi dit seigneur de Villacerf[48]. Sa femme se nomme Guillemette Cochet[47] ou Cochot († 1587 ou 1588[48]). Fichot suggère que la seigneurie de Villacerf passe par la famille Cochot[52] dont, d'après lui, un des cadets a été seigneur de Villacerf[52]. Nicolas Fouret est encore mentionné en 1580 comme seigneur de Villacerf et de Drosnay[53]. Il n'est pas le seul seigneur de Villacerf, car un litige commence en 1582 (il ne se termine qu'en 1594) lorsque Louis Dauvet, conseiller et aumônier ordinaire du Roi, et surtout sieur de Payns (la seigneurie dont relève Villacerf), se prétend seigneur en partie de Villacerf et, en cette qualité, fait tirer de la pierre au-dessous d'héritages appartenant à Nicolas Foret. Or ce litige fait s'opposer Dauvet d'une part, et Nicolas Foret et les chanoines de la chapelle du Bois de Vincennes d'autre part[9]. La seigneurie serait donc encore partagée. Quoi qu'il en soit, Nicolas Foret ne vit pas jusqu'à l'aboutissment de cette affaire, car en 1588 est mentionnée la vente des meubles de l'héritage de Nicolas Foret et Guillemette Cochot (« sieur et dame de Villecerf »)[54]. ils décèdent vraisemblablement au plus tard en 1587 car :
- Leur fille Marie Cochot († 1618 ou avant)[55] épouse Odard (Ier) Colbert († 13 janvier 1640 à 80 ans selon sa pierre tombale[n 10] ou 81 ans selon Courtalon-Delaistre[56]), frère des Colbert de Reims[11],[57] ; et en 1587 Colbert est déjà désigné comme seigneur de Villacerf[48],[n 11]. Odard Colbert et Marie Foret ont deux fils, Odard (II)[25] et Jean-Baptiste[n 12].
A la mort de Fouret, Odard (Ier) hérite de la terre de Villacerf et devient Odart Colbert de Villacerf[n 6]. Il possède aussi les seigneuries de Saint-Pouange[11],[57], de Drônay et de Turgy[11]. Son fils Jean-Baptiste Colbert de Saint-Pouange et Villacerf épouse (Claudine) Letellier (1604-1644), sœur du chancelier Michel Letellier.
Selon Corrard de Bréban, Jean-Baptiste Colbert de Saint-Pouange et Villacerf meurt en 1665 intendant de Lorraine[11] ; mais dès 1664 les archives de l'Aube donnent son fils Édouard Colbert comme « baron de Payns, Villacerf et autres lieux »[59],[n 13] - le Villacerf en question étant à cette époque l'ancien Villacerf devenu Riancé.
Le nouveau Villacerf
[modifier | modifier le code]Le nom de Saint-Sépulcre est aboli et remplacé par celui de Villacerf par lettres patentes de décembre 1673 (sous Louis XIV) en faveur d'Édouard Colbert[8]. L'ancien Villacerf devient alors le Petit-Villacerf avant de devenir Riancé en 1688[9].
C'est aussi avec Édouard Colbert que Villacerf[n 9] devient un marquisat[7] (peut-être par les mêmes lettres patentes ?) et que le château acquiert sa dernière physionomie : Édouard l'enrichit [7] en faisant intervenir François Girardon.
Ce marquisat passe en 1705 à Pierre-Gilbert Colbert (1671-1733), Grand maître d'hôtel de la duchesse de Bourgogne. À sa mort en 1727, le marquisat passe à Charles-Maurice Colbert, abbé de Naupfle et de l'abbaye Saint-André.
En 1738 la terre est achetée par Emmanuel-François-Joseph, comte de Bavière (de). Il meurt en 1747. Sa fille Marie Amélie Caroline Josèphe Francoise Xavière de Bavière, mariée à Armand Charles Emmanuel de Hautefort, marquis de Sarcelles (1741–1805), hérite de Villacerf[27],[35],[n 14] Elle est encore signalée marquise de Villacerf en 1778[n 15] et en 1784[7].
Le dernier propriétaire du château est Marie Amélie de Bavière, épouse du comte de Hautefort. Le bien est saisi à la Révolution.
Le château est détruit en 1792[8].
Du faste du château il subsiste, en plus des dessins, les bustes de Louis XIV et de Marie-Thérèse qui sont au Musée Saint-Loup de Troyes, et la vierge au rameau de chêne de Simon Vouet au Louvre.
Les seigneuries dépendantes
[modifier | modifier le code]Courtalon-Delaistre donne la seigneurie du Grand Villacerf dans la mouvance en plein-fief du château de Chappes[62], et donc dans la mouvance du duché d'Aumont[63]. En font partie les fiefs de Sainte-Maure et du Pré de Queude, les terres et seigneuries de la Chapelle Saint-Luc, de Saint-Benoit-sur-Seine, de Charley[64], de Vermoise[64],[65], Mergey[66], Le Pavillon[67], Froide-Rive (commune de Mergey[27]), Vannes[65], Feuges et d'autres lieux[7].
Les deux moulins de Chauchigny relèvent de Villacerf[68].
Au XVIIIe siècle et probablement avant aussi, Villecerf inclut un grenier à sel dont dépendent de nombreux villages[n 17]
Description
[modifier | modifier le code]Avant sa reconstruction en 1659/1660, « le château, entouré de fossés alimentés par les eaux de la Seine, se présentait aux regards avec de hauts pavillons, sans doute en forme de tours, qui étaient reliés entre eux par des murailles surmontées de galeries couvertes. La porte principale, vraisemblablement précédée d'un pont-levis, était elle-même surmontée d'un pavillon, où l'on montait par un escalier en spirale[85] ».
La reconstruction pour Hesselin est fait par l'un des frères Le Vau. La question est débattue quant à l'attribuer à Louis ou à François. Ce dernier est généralement désigné comme « Le Vau le jeune », un qualificatif qui n'est pas mentionné pour ce qui concerne Villacerf ; on aurait donc ici affaire à l'aîné, Louis. Toutefois, Anthony F. Blunt et à sa suite C. Tooth attribuent le Villacerf d'Hesselin à François, sur des bases stylistiques ; et J.P. Babelon pense que cette attribution est possible[86].
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Louis XIV, par Fr. Girardon. -
Son parc à la française.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Monastère ou prieuré de Saint-Sépulcre
Saint Adérald meurt en 1104 et est enterré dans l'église du monastère de Saint-Sépulcre[7]. A la fin du XIXe siècle se trouve une pierre encastrée dans la maçonnerie de l'intérieur de l'église de Villecerf, avec ces mots gravés : « A St ADERALD BIENFAICTEUR ET PROTECTEUR DE CES LIEUX »[87].
En 1114 Philippe évêque de Troyes donne aux religieux la présentation aux paroisses de Samblières, des Grands-Chapelles, des Petites-Chapelles et de Vilette près d'Arcies[7].
Du temps de Thibaut II (comte de Champagne 1125-1152), le prieuré de Saint-Sépulcre reçoit la dîme sur la vente des pecus (porcs, ovins et caprins) aux foires de Troyes[88]. Voir aussi la charte (en latin) que lui donne Thibaut II en 1147[89].
En 1155 Henri le libéral (comte de Champagne 1152-1181) fait une donation au prieuré de Saint-Sépulcre[90] et lui abandonne son droit de sauvement[n 18] et d'avouerie sur les hommes de Chapelle-Vallon[91]. En 1207 le pape Innocent III confirme par une bulle les possessions du monastère[7].
En 1784 le monastère est un prieuré simple à la collation du prieur de la Charité-sur-Loire ; l'évêque n'y a pas droit de visite mais il y a le droit de procuration[7]. Quelques bâtiments du prieuré, convertis en ferme, échappent à la destruction de la Révolution. La cloche du prieuré, fondue en 1783, a été transportée dans le clocher de l'église Saint-Gratien près de Paris ; elle porte le nom du dernier prieur du Saint-Sépulcre, Couet du Vivier de Lorry, évêque de Tarbes[26]. - Une verrière de l'église de Saint-Florentin (Yonne) (voir « Verrière de la vie de saint Martin », photos sur agorha.inha.fr et Salomon 1871, p. 206-207) porte l'inscription suivante :
« Damoiselle Loyse de Rossey, dame de Chamoy, veuve de feu Jacques [I] de la Roëre, en son vivant seigneur de Chamoy / François de la Roëre, escuyer, fils unique dudit Jacques de La Roëre et de Rossey, seigneur dudit Chamoy / et damoiselle Hilaire Raguier, femme dudit F. de la Roëre, dame de Fontaine les St Georges / eulx trois ensemble ont donné cette verrière, en l'honneur de Dieu et Monsieur sainct Martin l'an MVCXXVIII, priez Dieu pour eulx et leurs prédécesseurs »
— Salomon 1871, p. 206-207.
Il est fort peu probable que les donateurs de la verrière eussent toléré une erreur dans leur généalogie ainsi exposée sous les yeux de tous. Sur cette base nous devons donc admettre que :
- Jacques (I) de La Roëre a épousé Louise de Rossey, dame de Chamoy et qu'à la date de la verrière il est mort tandis qu'elle est toujours vivante ; qu'ils ont eu un fils unique qui est :
- François de La Roëre, qui a épousé Hilaire Raguier, dame de Fontaine-lez-Saint-Georges.
La date de la verrière : Salomon donne « an MVXXVIII » (Salomon 1871, p. 206-207), pour 1528. L'examen du vitrail (voir « Verrière de la vie de saint Martin », photos sur agorha.inha.fr) montre plus exactement que dans la verrière cette date est sur deux vitraux séparés par un large meneau, et que 1) les trois premiers signes en sont « MVC » (et non pas « MV »), qui signifie bien 1500 ; 2) sur le panneau suivant, le nombre se termine bien par VIII (mis pour "8") mais les signes qui précèdent ce VIII sont indistincts (au moins sur la photo disponible en ligne). Dans le doute, nous pouvons accepter avec réserve la date de 1528 donnée par Salomon — ce qui, conjointment avec les autres sources citées dans l'article, implique clairement qu'il y a deux Jacques de la Roère, celui du vitrail étant le grand-père de l'autre.
- L'appel au ban et arrière-ban convoqué par lettres patentes du 8 août 1558 cite « Damoiselle Hilaire Raguier, veuve de noble sr François de la Roère, vivant sr de Chamoy, Sommeval, Vaucemain, Pommeroy, Chamblain, le fief du Plessis, Percey, Fontaine-Saint-Georges, Saint-Sépulcre, Mergey, Champigny et Feuges, tant en son nom que comme douairière sur les dites terres par indivis, partant avec Jacques (II) de La Roère, son fils, valant 250 liv. » (Soccard 1890, p. 259).
- Jacques (IIe) de la Roëre, seigneur de Saint-Sépulcre, est mentionné pour les dates suivantes par les documents suivants :
- 1556 (archives) : Jacques (II) de la Roëre, seigneur de Saint-Sépulcre, Chamoy et Vaucemain, agissant en son nom et en celui de sa femme, et sa mère Hilaire Raguier veuve de François de la Roëre seigneur desdits lieux, vendent à Nicole Hequennin chanoine de l'église de Troyes et doyen de Saint-Urbain, un tiers du fief de La Cour-Saint-Phal (La Court Sainct-Falle) sis à Savières (Roserot 1884, p. 11).
- 1558 (Corrard de Bréban) : Jacques (II) de la Roëre, seigneur de Saint-Sépulcre et de Chamoy (Corrard de Bréban 1856, p. 63).
- 1560 (archives) : Jacques (II) de la Roëre, fils de François de la Roëre et de Hilaire Raguier, est seigneur de Saint-Sépulcre, Chauchigny, Mergey et Froiderive (commune de Mergey) ; et en 1570 aussi de Chamoy (Roserot 1884, p. 6).
- Olivier de la Roëre : vicomte de Sacconay et bailli de Troyes pour la Ligue catholique.
- En 1601 Jacques de Guésdon seigneur de Saint-Sépulcre vend la terre de Fuligny à Odard Colbert seigneur de Villacerf[35].
- Marché entre Charles de Villemontée et Villotte, charpentier à Troyes, pour des charpentes à faire « en l'enclos du château de Suint-Sépulcre, consistant en trois pavillons et galleryes des cortines des murailles... monter la charpenterye des poultres desdits pavillons et les rendre en estat qu'ils puissent recevoir des couvertures et telle que est celle des aultres pavillons. » Le total du marché est de 500 1ivres (5 avril 1616)[40].
- En 1620 Charles de Villemontée est seigneur de Saint-Sépulcre, Chauchigny, Mergey, Feuges, Fontaine-Saint-Georgsn La Petite-Brosse, Montigny, Villenauxe et Montgenost ; cette année-là il donne à sa femme Catherine de Rousseray la nue-propriété des terres et seigneuries de Fontaine-Saint-Georges et de Montigny[41].
- Édouard Colbert, actes du seigneur de Villacerf :
- 1665 : Vente à titre d'échange du fief de Dronay par Édouard Colbert, seigneur de Villacerf, à Nicolas Vaulthier, bourgeois de Troyes (Roserot 1884, p. 10).
- 1670 : Edouard Colbert seigneur de Villacerf achète la terre et seigneurie de La Court-Saint-Phal de Etienne d'Argillières et Charles du Bourg (Roserot 1884, p. 11).
- 1674 : Edouard Colbert est signalé comme seigneur de « Villacerf-le-Grand » et Feuges (Roserot 1884, p. 10.
- En 1687 (le 25 février) Louis Le Courtois, seigneur de Blignicourt et lieutenant particulier au bailliage de Troyes, vend la terre et seigneurie de Fontaine-Saint-Georges à Édouard Colbert marquis de Villacerf et de Payns, seigneur de Saint-Mesmin, Courlanges, La Cour-Saint-Phal et autres lieux (Roserot 1884, p. 11).
- En 1690 Colbert et sa femme Marie-Geneviève L'Archer établissent à Savières une maison des sœurs de la charité, qui partagent leurs soins entre Savières, Payens et Le Pavillon (Courtalon-Delaistre 1784, p. 133).
- Mort le 13 janvier 1640, Odard (Ier) Colbert est inhumé dans la chapelle Saint-François de l'église des Cordeliers de Troyes ; la dalle en marbre noir recouvrant sa sépulture et portant ses dates est bougée à une date inconnue ; en 1783 elle est dans le vestibule de la sacristie (Courtalon-Delaistre 1783, p. 255).
- Mentions de Odard (I) Colbert comme seigneur de Villacerf :
- 1596 : Acquisition par Odard Colbert, seigneur de Villacerf et rosnay, d'une pièce de terre à Saint-Lyé[58].
- 1601 : Transport par Jacques de Guédon, chevalier, vicomte de Saconnay, seigneur de Saint-Sépulcre, Fuligny, etc, à Odard Colbert, seigneur de Villacerf, des revenus de la terre de Fuligny, pour trois années[35].
- 1607 : Accord entre Odard Colbert, sieur de Villacerf et Dronay, « secrétaire ordinaire de la Royne, » et noble homme Nicolas Paillot, sieur de la Chapelle-[Saint-Luc] et Chanteloup[35].
- 12 juillet 1608 : Colbert seigneur de Villacerf est avisé par David, procureur au bailliage de Reims, qu'il a manqué l'adjudication de la terre de Saint-Sépulcre[48].
- 1610 : Bail par Odard Colbert, seigneur de Villacerf, d'un pré sis à La Vallotte (commune de Lavau)[59].
- 1610 : Acquisition par Odard Colbert, seigneur de Villacerf, d'une pièce de terre à Laines-aux-Bois[60].
- 1612 : Quittance de 92 écus soleil pour le marc d'or de l'office de conseiller et secrétaire du Roi, maison et couronne de France, du membre des Cinquante-Quatre, dont maître Odard Colbert avait été pourvu par la résignation de maître Jacques Potier[35].
- 1618 : Bail à ferme par Jean de Lanson, conseiller au Parlement, et Odard Colbert, seigneur de Villacerf et Drosnay, à Edme Mynot, procureur au bailliage de Chaumont des greffes du parisis de Chaumont[35].
- 1624 et 1627 : Baux par Odard Colbert, seigneur de Villacerf, d'un gagnage sis à La Loge-Madame, paroisse de Piney[59].
- 1627 : Bail par Odard Colbert, seigneur de Villacerf, d'un pré sis à Lavau[59].
- 1627 et 1629 : Bail d'un pré sur Isle-Aumont par Odard Colbert, seigneur de Villacerf[39].
- 1629 : Quittance de même nature, concernant Nicolas Colbert, frère de Jean-Baptiste, donnée par le procureur du collège de la Compagnie de Jésus à Reims[35].
- Bail par Odard Colbert, seigneur de Villacerf, d'un gagnage sis au Doyer, paroisse de Brantigny[59].
- 1635 : Bail de brebis par Odard Colbert, seigneur de Villacerf, Saint-Pouange, Turgy et autres lieux[35].
- 1635 (22 décembre) : Odart Colbert seigneur de Villacerf conseiller, notaire et secrétaire du roi[48].
- 1618 : Quittance de 60 livres tournois pour un quartier de la pension de Jean-Baptiste Colbert, fils d'Odard Ier[35]. Et en 1635 (22 décembre) : Jean-Baptiste Colbert de Saint-Pouange, fils de Odart Colbert et maître des comptes à Paris[48].
- Les archives de l'Aube donnent pour 1664 un aveu et dénombrement rendu au Roi par son fils Edouard Colbert, « baron de Payns, Villacerf et autres lieux », de la terre et seigneurie de La Motte-Merrey sise au finage de Merrey, relevant du château de Bar-sur-Seine[59] ; et en 1665-1666 l'archiviste Roserot indique une déclarations d'héritages grevés de rentes et censives au profit du seigneur Edouard Colbert[n 9], « marquis de Payns, seigneur de Villacerf »[59].
- Amélie de Bavière possède aussi la seigneurie de la Cour-Saint-Phalle[61].
- Les archives de l'Aube donnent en 1778 des baux à rente foncière, annuelle et perpétuelle faits par Marie-Amélie-Joseph-Charlotte-Françoise-Xavière, comtesse d'Hochinfelds de Bavière, grande d'Espagne de première classe, marquise de Villacerf, épouse séparée de biens d'Armand-Charles-Emmanuel d'Hautefort, comte d'Hautefort, etc[59].
- Sainte-Syre était autrefois Rilly (Rilliacum) puis Saint-Savinien, prenant le nom de Sainte-Syre vers la fin du IIIe siècle[83].
- Selon Courtalon-Delaistre (1784), le grenier à sel de Villacerf dessert Chauchigny[68], Droup-Saint-Basle[69], Droup-Sainte-Marie[69], Échemines[70], Feuges[71], Fontaines-Saint-Georges[72], Les Grandes-Chapelles[73], Les Petites-Chapelles[74], Mergey[66], Méry-sur-Seine[75], Mesgrigny[70], Orvilliers[76], Payens[77], Saint-Benoit-sur-Seine[78], Saint-Lyé[79], Saint-Mesmin[80], Sainte-Oulphe[81], Sainte-Syre[82],[n 16], Vallans[84],
- « Sauvement » : voir une explication dans « Jublainville 1861, t. 3, p. 291 ».
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Corrard de Bréban 1856, p. 62.
- « Villacerf, carte interactive » sur Géoportail.
- « Villacerf, carte de Cassini » sur Géoportail.
- « Villacerf, carte », sur google.fr/maps (consulté en ).
- « Le Parc à Villacerf, vue du terrain en caméra de rue », sur google.fr/maps (consulté en ).
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- Corrard de Bréban 1856, p. 64.
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Bibliographie
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