Global Voices en Français https://fr.globalvoices.org Le monde parle. Écoutez-vous? Wed, 15 Jan 2025 15:33:05 +0000 en-US hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.6.2 Le monde parle. Écoutez-vous? Global Voices en Français false Global Voices en Français podcast Le monde parle. Écoutez-vous? Global Voices en Français https://globalvoices.org/wp-content/uploads/2023/02/gv-podcast-logo-2022-icon-square-2400-GREEN.png https://fr.globalvoices.org Quel souvenir l'ancien Président américain Jimmy Carter laisse-t-il en Chine et à Taïwan ? https://fr.globalvoices.org/2025/01/15/292601/ https://fr.globalvoices.org/2025/01/15/292601/#respond <![CDATA[Corinne Molton]]> Wed, 15 Jan 2025 15:32:44 +0000 <![CDATA[A lire]]> <![CDATA[Amérique du Nord]]> <![CDATA[Anglais]]> <![CDATA[Asie de l'Est]]> <![CDATA[Billet]]> <![CDATA[Chine]]> <![CDATA[Etats-Unis]]> <![CDATA[Médias citoyens]]> <![CDATA[Relations internationales]]> <![CDATA[Taïwan (ROC)]]> https://fr.globalvoices.org/?p=292601 <![CDATA[En Chine, Jimmy Carter est souvent qualifié de « viel ami de la Chine » pour le rôle crucial qu'il a joué dans l'établissement des relations entre les États-Unis et la RPC.]]> <![CDATA[

La vision de paix de Jimmy carter est en train de s'estomper en pleine escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Capture d'écran du discours de Jimmy Carter du 15 décembre 1978 sur l'établissement de relations diplomatiques avec la Chine. Miller Center sur YouTube Channel.

Jimmy Carter, l’ancien Président américain (1977 – 1981) et prix Nobel de la paix (2002), est décédé le 29 décembre 2024, à l’âge de 100 ans.

Aux États-Unis, il s’illustre comme un dirigeant qui a consacré sa vie au maintien de la paix dans le monde, dans le respect de la démocratie, des droits humains et des valeurs chrétiennes.

« Un vieil ami de la Chine »

Les Chinois le surnommaient très souvent « vieil ami de la Chine », grâce au rôle crucial qu’il a joué dans la rupture des liens avec la République de Chine (ROC, également connue sous le nom de Taïwan) et dans l'établissement de relations diplomatiques entre les États-Unis et la République populaire de Chine (RPC) durant son mandat présidentiel.

En réaction au décès de Jimmy Carter, le président chinois Xi Jinping, dans son message de condoléances adressé au président américain Joe Biden, a salué les efforts de l’ancien dirigeant sur le plan diplomatique. L'ambassadeur de Chine aux États-Unis, Xie Feng, a ajouté que la normalisation des relations avec la Chine était « l'une des décisions les plus importantes » que Jimmy Carter n’ait jamais prises :

Je tiens à présenter mes sincères condoléances à la famille du président Jimmy Carter qui considérait l'établissement de relations diplomatiques avec la Chine comme l'une des décisions les plus importantes de sa vie. Sa contribution historique… pic.twitter.com/CaCkczIZWb

— Xie Feng 谢锋 (@AmbXieFeng) 30 décembre 2024

Les relations diplomatiques entre les États-Unis et la RPC ont été établies au moyen de trois communiqués, publiés entre 1972 et 1982.

Rupture des relations avec la République de Chine

Le premier communiqué a été publié en février 1972, lors de la visite en Chine du président américain de l'époque, Richard Nixon, qui avait pour but de rapprocher les deux pays, avec pour toile de fond la rupture des relations sino-soviétiques. Dans ce document écrit conjointement, les États-Unis « reconnaissent » que « tous les Chinois de part et d'autre du détroit de Taïwan estiment qu'il n'existe qu'une seule Chine et que Taïwan en fait partie ».

Après la défaite du Kuomintang (KMT) (le parti au pouvoir à l'époque) par le Parti communiste chinois (PCC) lors de la guerre civile chinoise (1927-1949), ses dirigeants se sont réfugiés à Taïwan tout en continuant à revendiquer la souveraineté sur la Chine.

Le premier communiqué précise qu’il incombe aux Chinois de « résoudre de manière pacifique » la question du statut de Taïwan.

Le deuxième communiqué, dévoilé le 15 décembre 1978 et signé lors de la visite officielle du vice-premier ministre chinois de l'époque, Deng Xiaoping, aux États-Unis le 1er janvier 1979, consolide les relations diplomatiques sino-américaines. Le document diplomatique confirme que la République populaire de Chine est le seul gouvernement légitime de la Chine et que Taïwan en fait partie intégrante. Le même jour, Carter rompt officiellement tout lien avec la ROC en annulant le traité de défense mutuelle entre les États-Unis et la République de Chine.

La décision de Carter sera toutefois contestée par des membres du Sénat et du Congrès américain qui, le 29 mars 1979, adoptera une loi sur les relations avec Taiwan, garantissant des relations et échanges diplomatiques de facto, mais non officiels (y compris sur le plan militaire) entre Taiwan et les États-Unis. La loi sera signée par le président Carter le 10 avril 1979 et entrera en vigueur rétroactivement, avec effet au 1er janvier 1979.

À l'époque, la démarche diplomatique de Carter a suscité de vives réactions de la part de la République de Chine. Le compte officiel X du KMT n'a pas pu s'empêcher de mentionner ce moment historique rempli d'amertume dans son message de condoléances :

Nous présentons nos condoléances à la famille de l'ancien président Jimmy Carter. Même si à Taïwan il restera dans les mémoires pour sa décision de ne plus reconnaître la République de Chine, nous avons un grand respect en ce qui concerne son combat dans le monde pour l’accès au logement, la résolution de conflits, les réfugiés et autres causes.

— 中國國民黨 KMT (@kuomintang) 30 décembre 2024

D'anciennes photos prises durant des manifestations sur lesquelles des banderoles accusent Carter d'avoir trahi Taïwan refont aussi surface sur les plateformes de réseaux sociaux. Un utilisateur, @Lovelifetaiwan, a partagé les photos historiques sur X (anciennement Twitter), tout en faisant remarquer que la décision de Carter n'avait pas freiné la démocratisation et le développement de Taïwan :

L'ancien président américain Jimmy Carter est décédé aujourd'hui à l'âge de 100 ans.  Concernant la rupture des liens diplomatiques avec la ROC, Jimmy Carter a déclaré sans hésitation que la décision d'établir des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Chine était la bonne, et que même si elle n'était pas « entièrement positive » pour le peuple de Taïwan, ce qu’il regrettait, il ne devait pas en être tenu pour responsable. Il a ensuite ajouté qu’au cours des 20 dernières années, la démocratie, les droits humains et l'économie du pays s'étaient considérablement améliorés, et qu'il n'avait pas besoin de s'excuser auprès de Taïwan.

— ✞𝘼𝙪𝙜𝙚𝙣𝙨𝙩𝙚𝙧𝙣.🇹🇼 (@Lovelifetaiwan) 30 décembre 2024

En fait, selon certains, la décision de Carter a favorisé le mouvement démocratique à Taïwan étant donné que la dictature militaire du KMT avait reçu le soutien des États-Unis entre 1949 et 1987.

La vision de paix du président Carter menacée

En janvier 2019, à l'occasion du 40e anniversaire de la publication du deuxième communiqué, Jimmy Carter a qualifié la normalisation des relations entre les États-Unis et la Chine d’« évènement historique » et a déclaré qu'il pensait que cette décision allait faire avancer la cause de la paix en Asie et dans le monde.

Néanmoins, la vision de Carter est en train de disparaître dans le contexte de l'escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, qui dure depuis 2018, ainsi que de différends territoriaux dans la région du Pacifique. Bao Pu, éditeur de livres et fils de l'ancien fonctionnaire chinois Bao Tong, déplore la perte de Carter qu’il qualifie de « fin d'une époque » :

La période de lune de miel entre la Chine et les États-Unis remonte à 50 ans. La tentative du président Carter de faire de la promotion des droits humains un principe clé des relations diplomatiques des États-Unis avec d'autres pays a échoué. En fait, sa politique de « deux poids, deux mesures » est aujourd'hui à l'origine de nombreux problèmes. La stratégie politique de Deng [Xiao-ping], qui consistait à dissimuler sa force, s'est transformée en un jeu consistant à « montrer ses armes » aujourd'hui et à la « les cacher » demain.

— Bao Pu 鮑樸 (@NewCenturyBaopu) 30 décembre 2024

« Montrer ses armes » est une expression fréquemment utilisée par Xi Jinping pour décrire sa politique de main de fer, tant d’un point de vue diplomatique qu’au niveau national en luttant contre la répression de la corruption et des dissidents.

De nombreux experts en politique étrangère prévoient qu'après l'investiture présidentielle de Donald Trump le 25 janvier prochain, les relations sino-américaines deviendront plus instables et imprévisibles, au pire s'aggraveront.

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Entretien avec Damjan Mihailov, auteur du webcomic « Lucy la nécromancienne » https://fr.globalvoices.org/2025/01/15/292655/ https://fr.globalvoices.org/2025/01/15/292655/#respond <![CDATA[Véronique Danzé]]> Wed, 15 Jan 2025 15:22:02 +0000 <![CDATA[A lire]]> <![CDATA[Anglais]]> <![CDATA[Arts et Culture]]> <![CDATA[Billet]]> <![CDATA[Europe Centrale et de l'Est]]> <![CDATA[Good News]]> <![CDATA[Idées]]> <![CDATA[Macédoine]]> <![CDATA[Macédonien]]> <![CDATA[Médias citoyens]]> https://fr.globalvoices.org/?p=292655 <![CDATA[« Le but est de renverser un sujet que les gens jugent tabou et le rendre amusant. Je suis honnêtement las des thèmes considérés comme interdits par la société ».]]> <![CDATA[

Lucy est sympathique et brise l'image stéréotypée de la nécromancienne

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Damjan Mihailov et la bande dessinée « Lucy la nécromancienne ». Photographie de Kiril Mihailov, reproduite avec l'autorisation de l'auteur.

Version macédonienne du livre de « Lucy la nécromancienne », en promotion le 25 novembre 2024 à Skopje. Photographie de Kiril Mihailov, reproduite avec l'autorisation de l'auteur.

[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages Web en français.]

Damjan Mihailov est un auteur de bande dessinée macédonien dont la webcomic « Lucy la nécromancienne » [en] initialement publiée en anglais sur WebToons [en], a récemment été éditée sous forme de livre, en anglais d'abord, puis en macédonien.

Global Voices s'est entretenu avec Damjan Mihailov pour évoquer les hauts et les bas de la mise en ligne de bandes dessinées en Macédoine du Nord, les différences entre les publics locaux et internationaux, et les raisons pour lesquelles le passage d'un format de média à un autre était inévitable.

Le jour, Damjan Mihailov est un artiste spécialisé dans les jeux vidéo ; la nuit, c'est un dessinateur de bande dessinée. Architecte de profession au début, il a plus tard découvert que sa véritable passion était le dessin. Fidèle à son art, il a alors décidé de s'y consacrer pleinement. Véritable geek dans l'âme, Damjan Mihailov affectionne tout, des bandes dessinées aux illustrations en passant par les films et les animations.

Extrait de la bande dessinée « Lucy la nécromancienne » réalisée par Damjan Mihailov, reproduite avec l'autorisation de l'auteur.

Traduction des vignettes :

 – … j'ai besoin d'une pause !

- Comme je le disais…

Global Voices (GV) : Vous avez lancé « Lucy la nécromancienne » en 2021, un webcomic parodiant les clichés du genre d’épouvante, avec la particularité de présenter le personnage d'une petite fille comme une aspirante sorcière. Qu'est-ce qui vous a motivé à raconter cette histoire ?

Damjan Mihailov (DM): When I started working in game development, for some X or Y reason, I stopped drawing. I felt like my creativity was being drained at work. At some point, I realized I was missing something, so I thought to myself, « I need a project that will force me to draw. » At the very least, I wanted to create something each week. That’s why I decided to go with a comic strip, like the ones in newspapers, the same ones I grew up with, where there’s a new one every day.

For a long time, I had an idea for a story where two opposite worlds would clash, something grim and something cute, and I figured now was the perfect time to bring it to life. Zombies can be both grim and fun, offering endless opportunities for wild stories. Lucy, on the other hand, is cute and cheerful (most of the time) and breaks the stereotypical image of a necromancer.

Damjan Mihailov (DM) : Lorsque j'ai commencé à travailler dans le développement de jeux, pour une raison X ou Y, j'ai arrêté le dessin. J’avais le sentiment que ma créativité se perdait dans ce travail de développeur. À ce moment-là, j'ai compris qu'il me manquait quelque chose et je me suis dit : “J'ai besoin de mener un projet qui me poussera à dessiner !” Je souhaitais créer quelque chose chaque semaine, au minimum. C'est pourquoi j'ai choisi de faire une bande dessinée, comme celle des journaux de mon enfance, où chaque jour il y avait une nouvelle histoire.

Depuis longtemps, je nourrissais l'idée d'une histoire où deux mondes antagonistes se heurteraient, quelque chose de sinistre et quelque chose de mignon, et je me suis dit que le moment était idéal pour le concrétiser. Les zombies peuvent être à la fois sinistres et amusants, offrant des possibilités infinies d'histoires loufoques. Lucy, quant à elle, est charmante et joyeuse (le plus souvent) et brise ainsi les clichés d'une nécromancienne.

Extrait de la bande dessinée « Lucy la nécromancienne » de Damjan Mihailov, utilisée avec l'autorisation de l'auteur.

Traduction des vignettes :

- Applaudissez !

Nous te trouverons un ami

- Oh, regardez !

Un fantôme !

- Bonjour

Je suis Lucy et voici Oliver

Et vous, qui êtes-vous ?

- Eh bien…

… c'est embarrassant

GV : Le format de base que vous utilisez est de quatre vignettes par page, alors que les aventures de Lucy oscillent entre des gags d'une page et des récits plus élaborés sur plusieurs pages. Vous est-il compliqué de raconter vos histoires en respectant ces contraintes ?

DM: I never liked long stories, especially ones that are broken up, where you have to wait a week for the next part and end up forgetting what happened the week before. People today prefer content that gets straight to the point, so one-comic stories felt like the right choice. At first, I didn’t pay much attention to the number of panels or the format. But over time, I realized I needed consistency, so I confined myself to a four-panel structure.

Constraints, as it turns out, are a very good thing, they force you to think about how to tell a story like a punchy joke. With too many frames, it’s easy to go overboard, and the joke ends up losing its punchline. After all, nobody likes a long joke.

DM : Je n'ai jamais aimé les longues histoires, en particulier celles qui sont morcelées, pour lesquelles il vous faut attendre une semaine pour lire la suite et vous finissez par oublier les événements de la semaine précédente. Aujourd'hui, les gens privilégient les contenus allant droit au but, c'est pourquoi les histoires en une seule bande dessinée me paraissaient être le bon choix. Dans un premier temps, je n'ai pas accordé beaucoup d'attention au nombre de vignettes ni même à leur format. Puis, au fil du temps, je me suis aperçu que j'avais un besoin de cohérence, et je me suis donc restreint à une structure en quatre dessins.

Les contraintes, en fin de compte, sont une très bonne chose, elles vous obligent à envisager la manière de raconter une histoire comme une blague percutante. En effet, avec trop de trames, il est aisé de se laisser aller à l'excès, et la blague risque alors de perdre son caractère percutant. Personne n'aime les blagues trop élaborées.

Extrait de la bande dessinée « Lucy la nécromancienne » de Damjan Mihailov, utilisée avec l'autorisation de l'auteur.

Traduction des vignettes :

- Il était tout pour moi, il me manque tellement

- Hey mon ami, je pense que tu devrais aller voir ta petite amie.

- AAAAAAA

- Eh bien…

Je suppose que tu ne lui as pas tant manqué que ça, hein…

GV : À côté de Lucy, vous mettez en scène toute une série de personnages, des plantes aux zombies en passant par d'autres enfants qui pourraient être décrits comme des non-magiques ou « Moldus » au sens de l'univers d'Harry Potter. Voyez-vous leurs interactions comme des allégories ou comme un moyen de partager des messages universels ?

DM: That’s way too deep for Lucy’s world. It’s more like ‘If it fits, it sits. » :) There’s no hidden message or anything like that. Her universe is a mix of all sorts of magical worlds and reality. The idea is that all these worlds can coexist happily. I just want to bring a little joy into people’s lives. No matter if you’re a fan of Star Wars or Lord of the Rings (LOTR), you can find something funny in it.

DM : C’est beaucoup trop profond pour le monde de Lucy. C'est plutôt « si cela convient, ça passe. » :) Il n'y a pas de message caché ou quoi que ce soit de ce genre. Son univers est un mélange de mondes magiques et de réalités. L'idée est que ces univers peuvent coexister harmonieusement. Je veux juste ajouter un peu de joie au cœur de la vie des gens. Que vous soyez fan de la Guerre des étoiles ou du Seigneur des anneaux (LOTR), vous y verrez toujours quelque chose d'amusant.

Extrait de la bande dessinée « Lucy la nécromancienne » de Damjan Mihailov, utilisée avec l'autorisation de l'auteur.

Traduction des vignettes :

- Bonjour Bob

- Arrêtez !

- Tu ne peux pas le faire entrer dans la maison !

Où l'as-tu trouvé ?

- Musée d'histoire naturelle

GV : Le décor d'horreur est-il une métaphore de votre vision de l'univers ? Ou bien certains des personnages sont-ils le reflet de personnes vivantes ?

DM: Maybe, and yes. Horror might be too strong a word, it’s more like taboo. Sure, there are the living dead and all sorts of scary, horror-themed things, but they’re not portrayed that way. It’s about taking something most people see as taboo and turning it upside down, which makes it funny. I’m honestly tired of subjects people find taboo.

When most people hear the synopsis for Lucy the Necromancer, they make a grim face and say « Why would you create that? » But then they read a few comics and say, « This is actually cute and funny! » and they instantly like it.

DM : Peut-être, et oui. Le qualificatif « horreur » est peut-être trop puissant, il s'agit plutôt d'un concept tabou. Bien sûr, il y a des morts-vivants et toutes sortes de choses effrayantes sur le thème de l'horreur, mais on ne les dépeint pas de cette façon. Il s'agit de retourner quelque chose considéré comme un sujet tabou par la plupart des gens, et de le rendre amusant. Honnêtement, je suis las de ces sujets jugés tabous par les gens.

La plupart des gens qui découvrent le synopsis de « Lucy la nécromancienne » grimacent et se disent « Pourquoi créer une telle chose ? » Puis ils lisent quelques bandes dessinées et se disent « En fait, c'est mignon et amusant ! ».

GV : Quelles ont été les influences de la bande dessinée ou autres médias qui vous ont conduit à créer le personnage de Lucy ?

DM: I’m a huge fan of webcomics, and there are so many amazing ones out there. I grew up with classics like The Peanuts, Balthazar, and all the iconic Cartoon Network shows, and I think they’ve had the biggest influence on me. From a young age, I had a strong affinity for cartoons and comics. I lived next to the French Culture Center in Skopje, and on rainy days, I’d head there to spend time in the comic section, just « œreading » the pictures. I didn’t understand a word, but I would create my own stories based on the images. The shops in my area carried Italian comics translated into Serbian-Croatian, most of which were about cowboys, which never really appealed to me. Instead, I found myself drawn to the daily funnies in the newspaper, and later, the worlds of Marvel and DC. Probably all of them have influenced me in some way, and they still do.

DM : Je suis un grand amateur de webcomics, et il y en a tellement d'excellents. J'ai grandi avec des classiques tels que les « Peanuts », « Balthazar » et toutes les émissions emblématiques de Cartoon Network, et je pense que ce sont eux qui m'ont le plus influencé. Dès mon plus jeune âge, j'ai développé une profonde attirance pour les dessins animés et les bandes dessinées. J'habitais à côté du Centre culturel français de Skopje et, les jours de pluie, je m'y rendais pour passer du temps dans la section des bandes dessinées, à « lire » les images. Je ne comprenais pas un mot, mais je créais mes propres histoires à partir des images. Les commerces de ma région proposaient des bandes dessinées italiennes traduites en serbe ou en croate, dont la plupart parlaient de cow-boys, ce qui n'a jamais vraiment suscité d'intérêt à mes yeux. Au lieu de cela, j'ai été happé par les bandes dessinées journalières publiées dans les journaux et, plus tard, par les univers de Marvel et de DC. Tous ces univers m'ont probablement inspiré d'une manière ou d'une autre, et ils m'influencent encore aujourd'hui.

Extrait de la bande dessinée « Lucy la nécromancienne » de Damjan Mihailov, utilisée avec l'autorisation de l'auteur.

Traduction de la vignette :

- Vous fabriquez les meilleures crèmes glacées du cerveau !

 

GV : Le format initial de « Lucy la nécromancienne » était un webcomic. Pourquoi avez-vous décidé de le publier également sous le format d'un livre, sur papier ?

DM: Yes, Lucy is a webcomic, but the key word is « comic. » While webcomics are easier to access and read on your computer, phone or tablet, comics were originally a printed format, and they still are. A lot of people prefer them that way. Also, it’s really nice to see it on a shelf next to all the other great ones. ;)

DM : Oui, Lucy est un webcomic, mais le mot clé est « comic ». Alors que les webcomics sont plus facilement accessibles et lisibles sur votre ordinateur, votre téléphone ou votre tablette, les comics étaient à l'origine un format papier, et c'est toujours le cas. Beaucoup de personnes les préfèrent ainsi. De plus, il est vraiment chouette de la voir sur une étagère à proximité de toutes les autres bonnes bandes dessinées. ;)

GV : Les publics étrangers ont-ils montré de l'intérêt pour la bande dessinée de Lucy, qu’is soient numériques ou imprimées ? Seriez-vous disposé à traduire les bandes dessinées dans d'autres langues ?

DM: Yes, Lucy receives love from all over the world. Initially I published Lucy as a web comic in English on an international web comic platform called Webtoons. She quickly received followers and fans who were eager for each next comic. The Macedonian translation was the next step because kids here responded really well to the English version. Not many kids understood what was happening in the comic, so I wanted to bring Lucy closer to them. Translating it into different languages is a big milestone I hope to achieve in the future. It will be amazing if it happens. I’d love to see that.

DM : Oui, Lucy est appréciée dans le monde entier. Au départ, j'ai publié Lucy sous la forme d'une bande dessinée en anglais sur une plateforme internationale de bandes dessinées appelée WebToons. Elle a rapidement attiré des adeptes et des fans impatients de découvrir la prochaine bande dessinée. La traduction en macédonien était l'étape suivante, car les enfants d'ici réagissaient très bien à la version anglaise. Peu d'entre eux comprenaient ce qui se passait dans la bande dessinée, et j’ai donc voulu rendre Lucy plus accessible à tous. La traduction dans d'autres langues est une étape essentielle que j'espère réaliser à l'avenir. Ce sera formidable si cela se produit. J'aimerais beaucoup voir cela.

Extrait de la bande dessinée « Lucy la nécromancienne » de Damjan Mihailov, utilisée avec l'autorisation de l'auteur.

Traduction des vignettes :

- Tout d'abord comme ça !

- Ensuite, comme ceci !

- Et ensuite comme…

… !?

- C’est pour cela qu'on s'entraîne !

GV : De quelle manière pouvez-vous pénétrer le milieu de la bande dessinée en Macédoine du Nord ou dans les Balkans ? Les nouveaux et jeunes auteurs de bandes dessinées et de romans illustrés bénéficient-ils de la visibilité nécessaire pour que leurs histoires soient vues et lues ?

DM: Oh… this is a tough one. There are two groups of people: those who create comics and those who read them. Most of them connect through friends, Facebook, Instagram, and similar platforms. Macedonia has a very small comics scene without a dedicated space to unite creators and readers or to give them a sense of belonging and support. However, there are passionate individuals working hard to change that.

For example, this year, 2024, marked the second edition of the comic festival Strip Trip, which I hope will turn into a long standing tradition. Before this, there wasn’t much happening locally in the comic scene. There are a few festivals in neighboring countries, and most of our artists find solace there. The saddest part is that the government often supports the same organizations that contribute little to nothing to the community, and, unfortunately, this festival didn’t qualify for funding. Despite that, a few determined individuals made it happen. Through sheer sweat and hard work, they pulled it off. It was a success, and next year promises to be even better. I hope the government recognizes the growing thirst for events like this and decides to support us. Until that time comes, we’ll keep creating, and nobody can take that away from us.

DM : Oh ! c'est une question difficile. Il y a deux catégories de personnes : celles qui créent des bandes dessinées et celles qui les lisent. La plupart d'entre eux se connectent grâce à des amis, via Facebook, Instagram et autres plateformes similaires. La Macédoine dispose d'une très petite communauté spécialisée dans la bande dessinée, sans espace dédié permettant d'unir les créateurs et les lecteurs ou même de leur offrir un sentiment d'appartenance et de soutien. Cependant, des personnes passionnées œuvrent activement pour changer cette situation.

Ainsi, cette année, 2024, a marqué la deuxième édition du festival de bande dessinée Strip Trip [mk] qui, je l'espère, deviendra rapidement une véritable institution. Avant cela, il ne se passait pas grand-chose sur la scène locale de la bande dessinée. Il y a quelques festivals dans les pays voisins et la plupart de nos artistes y trouvent un peu de soutien. Malheureusement, le gouvernement subventionne souvent les mêmes organisations qui ne contribuent que peu ou pas du tout à la communauté et, hélas, ce festival ne remplissait pas les conditions requises pour bénéficier d'un financement. Néanmoins, une poignée d'individus motivés ont réussi à faire bouger les choses. À force de sueur et de travail, ils ont réussi. Ce fut un succès, et l'année prochaine promet d'être encore plus belle. J'espère que le gouvernement prendra conscience de la demande croissante d'événements comme celui-ci et qu'il décidera de nous soutenir. En attendant, nous poursuivrons notre travail de création, et personne ne pourra nous en priver.

Figurine de « Lucy la nécromancienne ». Photographie de Kiril Mihailov, utilisée avec l'autorisation de l'auteur.

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Syrie : 43 ans en prison pour avoir refusé de bombarder une ville https://fr.globalvoices.org/2025/01/15/292798/ https://fr.globalvoices.org/2025/01/15/292798/#respond <![CDATA[Stanislav Kibalnyk]]> Wed, 15 Jan 2025 15:16:04 +0000 <![CDATA[A lire]]> <![CDATA[Afrique du Nord et Moyen-Orient]]> <![CDATA[Anglais]]> <![CDATA[Arabe]]> <![CDATA[Droits humains]]> <![CDATA[Good News]]> <![CDATA[Guerre/Conflit]]> <![CDATA[Liberté d'expression]]> <![CDATA[Manifestations]]> <![CDATA[Médias citoyens]]> <![CDATA[Politique]]> <![CDATA[Syrie]]> https://fr.globalvoices.org/?p=292798 <![CDATA[Emprisonné pour avoir rejeté les ordres d'Assad lors du massacre de Hama, Al-Tatari a été libéré après 43 ans, ce qui témoigne de la résilience de l'intégrité humaine.]]> <![CDATA[

L'histoire de Ragheed Al-Tatari qui a refusé de bombarder la ville de Hama et en a payé les frais

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

 

Le pilote de l'armée de l'air syrienne Ragheed Al-Tatari avant et après son emprisonnement. Collage réalisé sur Canva Pro par Rami Alhames, à partir de captures d'écran d'une vidéo YouTube téléchargée par l'utilisateur boschev. Utilisées avec permission.

Le nom de Ragheed Al-Tatari [fr] est devenu un symbole de courage moral dans le contexte de l’histoire brutale du régime syrien. Ancien pilote de l’armée de l’air syrienne, Al-Tatari a pris une décision qui lui a coûté 43 ans de sa vie en prison : il a refusé de bombarder la ville de Hama en 1982. À l’époque, Hama se soulevait contre le régime autoritaire de Hafez al-Assad, et la réponse [fr] du régime a été catastrophique.

Refus d'obéir aux ordres

Le président syrien Hafez al-Assad aux côtés de son frère Rifaat al-Assad lors d'une cérémonie militaire à Damas, 1984. Domaine public, via Wikimedia Commons.

Sous les ordres d’Assad, l’armée syrienne a lancé une attaque à grande échelle contre la ville [fr], dirigée par son frère Rifaat Assad [fr], l’une des répressions les plus brutales de l’histoire de la Syrie moderne. Des milliers de civils ont été tués lors du massacre. Patrick Seale, dans un article du Globe and Mail, a décrit l’opération comme une « orgie de deux semaines de meurtres, de destruction et de pillage » qui a détruit la ville et tué au moins 25 000 habitants. Al-Tatari, cependant, n’a pas pu se résoudre à exécuter les ordres. Face à la perspective horrible de bombarder des civils, il a choisi de défier ses supérieurs et a plutôt refusé de mener à bien la mission. Pour son acte de défi, le régime syrien l’a condamné à une peine extraordinaire de 43 ans de prison. Son acte de conscience allait non seulement changer sa vie, mais aussi résonner profondément dans la mémoire collective des Syriens, en particulier à Hama.

Selon l'Association des détenus et des personnes disparues de la prison de Saydnaya, Al-Tatari et trois autres pilotes ont été arrêtés en 1980 pour avoir refusé de mener des frappes aériennes dans le gouvernorat de Hama.

Le commandant de l'escadron et un autre pilote ont cherché refuge en Jordanie, tandis qu'Al-Tatari et un collègue sont retournés à leur base aérienne d'Alep sans avoir terminé les frappes aériennes prévues. Bien qu'Al-Tatari ait été accusé d'insubordination, le tribunal l'a finalement innocenté, affirmant qu'en tant qu'officier subalterne, il s'était conformé aux instructions de son commandant d'annuler la mission.

The squadron commander and another pilot sought refuge in Jordan, while Al-Tatari and a colleague returned to their airbase in Aleppo without completing the planned airstrikes. Although Al-Tatari was accused of insubordination, the court eventually cleared him of the charges, citing that, as a subordinate officer, he had complied with his commander's instructions to cancel the mission.

Malgré son acquittement, le tribunal a décidé de le retirer du service militaire. Lorsqu'il est retourné en Syrie après avoir été acquitté et que sa demande d'asile a été rejetée en Égypte, il a tout de même été rapidement détenu à l'aéroport de Damas le 24 novembre 1981.

Caché en prison pendant des années

Al-Tatari a été brutalement torturé à la prison de la Direction de l'Intelligence militaire [fr].

Ensuite, à la prison de Mezzeh [fr], il a été détenu sans avoir été inculpé d'aucun crime. En 1982, il a été traduit devant un tribunal militaire d'exception pendant quelques minutes, sans préavis, sans annonce publique ni information directe. Plus tard dans l'année, Al-Tatari a été transféré à la tristement célèbre prison du désert de Tadmor, où il est resté 21 ans.

Après 2001, il a été transféré à la prison de Saydnaya, où il a passé 10 ans, qui ont été les plus difficiles de l'histoire de la prison, en particulier en 2008, lorsque les prisonniers se sont rebellés et ont été confrontés à la plus grande brutalité.

L'histoire d'Al-Tatari est restée largement méconnue du reste du monde pendant de nombreuses années, jusqu'en 2005, lorsqu'il a eu la première occasion de voir son fils unique, Wael. En 2011, en signe de protestation contre ses conditions de détention, il a refusé de porter la tenue de prison exigée par les autorités de la prison d'Adra, où il était empêché de voir ses proches et ses amis, et a vécu dans des conditions humanitaires terribles, comme le reste des détenus qui ont fini dans les prisons du régime Assad.

Libération et honneur

L'imam de la mosquée Mohammed Al-Hamed de Hama a rendu hommage à Ragheed Al-Tatari en lui remettant une épée d'or au nom des habitants de Hama, symbole de bravoure et de défi. Photo via @Asmaa59475027

Les forces d'opposition syriennes ont libéré des dizaines de milliers de détenus des prisons syriennes après le renversement du régime de l'ancien président Bachar al-Assad [fr]. Après 43 ans, Al-Tatari a vu la lumière du jour et est sorti de prison pour la première fois, après que ses cheveux soient devenus gris et son visage ridé, dressant le portrait d'une vie gâchée derrière les barreaux.

Les organisations de défense des droits de l’homme considèrent Al-Tatari comme le plus ancien détenu politique en Syrie. Il est surnommé par beaucoup « l'aîné doyen des prisonniers syriens ». Aujourd’hui, Al-Tatari est de retour dans les rues de Syrie après une longue et amère épreuve, et des photos sur X (anciennement Twitter) montrent l’ancien pilote souriant après avoir recouvré sa liberté.

Dans un puissant acte de solidarité et de respect, les habitants de Hama, encore hantés par les souvenirs du massacre de 1982, lui ont rendu hommage. Ils lui ont offert une épée d’or, symbole de bravoure et de défi, reconnaissant son intégrité et son courage face à l’un des régimes les plus oppressifs de l’histoire moderne.

Les habitants de la province de Hama en Syrie ont rendu hommage au pilote Ragheed al-Tatari après avoir passé 43 ans dans les prisons du régime d'Assad, en raison de son refus d'exécuter les ordres de bombarder les civils de la ville dans les années 80 sous le régime de Hafez al-Assad.

Al-Tatari a été arrêté alors qu'il était major à l'âge de 27 ans, et a été libéré à l'âge de 70 ans de la prison centrale de Tartous, après que des factions de l'opposition ont pris le contrôle des villes qui étaient sous le contrôle du régime et ont libéré les détenus des prisons qui s'y trouvaient, alors que Bachar al-Assad s'enfuyait en Russie.

Pour les habitants de Hama, le refus d’Al-Tatari de se plier aux ordres d’Assad a constitué un acte de clarté morale à une époque où la survie était souvent synonyme de complicité. Le fait que les habitants de Hama aient choisi d’honorer Al-Tatari des décennies plus tard, malgré les tentatives du régime d’effacer ces histoires de résistance, en dit long sur la pérennité de l’héritage d’intégrité. C’est aussi un témoignage de la façon dont la mémoire et la justice peuvent survivre même aux régimes les plus répressifs.

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Une école secondaire de la région rurale de Trinidad espère que les actions communautaires pourraient aider à lutter contre la crise climatique https://fr.globalvoices.org/2025/01/15/292435/ https://fr.globalvoices.org/2025/01/15/292435/#respond <![CDATA[Christine Javet]]> Wed, 15 Jan 2025 15:04:02 +0000 <![CDATA[A lire]]> <![CDATA[Anglais]]> <![CDATA[Billet]]> <![CDATA[Caraïbe]]> <![CDATA[Environnement]]> <![CDATA[Jeunesse]]> <![CDATA[Médias citoyens]]> <![CDATA[Trinité-et-Tobago]]> https://fr.globalvoices.org/?p=292435 <![CDATA[Kacey Brown, une étudiante, a déclaré que cette initiative leur a permis : « de participer au changement [...] pour qu'un jour nous puissions envisager un avenir sans catastrophes » - mais ce futur passe également par des enjeux plus vastes.]]> <![CDATA[

« Nous […] nous dirigeons vers une catastrophe si nous n’agissons pas maintenant »

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Le vétiver est utilisé avec succès en renforçant la stabilité des pentes, entrainant l’atténuation des glissements de terrain et des inondations. Photo via Canva Pro.

Les élèves de l’école secondaire de Vessigny, dans le sud côtier de Trinidad, ont récemment planté 13 mètres linéaires d’herbes de vétiver et 30 arbres fruitiers sur l’enceinte de l’école afin de renforcer la résilience climatique.

Les racines longues et robustes du vétiver — qui peuvent pénétrer jusqu’à trois mètres dans le sol — offrent l’une des solutions les plus rentables et les plus respectueuses de l’environnement pour atténuer certaines des conséquences de la crise climatique contre lesquels les petits États insulaires en développement (PEID) comme les Caraïbes font face.

L’herbe (nom scientifique chrysopogon zizanioides) est parfaitement adaptée au climat chaud des Caraïbes et atteint des performances admirables en matière de stabilisation des pentes, de contrôle de l'érosion et même de réhabilitation des sols qui ont pu être contaminés par des polluants environnementaux. Elle est également capable de résister à la sécheresse et aux inondations, ce qui en fait une option particulièrement robuste pour limiter la menace des changements climatiques, en particulier lors des inondations et des glissements de terrain.

Mise en œuvre avec l’aide d’une organisation non gouvernementale (ONG) environnementale IAMovement et le cabinet de conseil en durabilité Advisors Nex’ Door, l'initiative de plantation faisait partie du  programme Inspire2Achieve (I2A), lancé il y a deux ans par la Société nationale du gaz (NGC) pour explorer les façons dont les pratiques durables peuvent aider à protéger et préserver l'environnement naturel au niveau communautaire.

Jusqu’à présent, le travail s’est concentré sur les zones rurales que NGC considère comme ses « communautés de clôture », où une partie de l’objectif est d’engager les jeunes dans des discussions sur des sujets tels que la durabilité, l’entrepreneuriat et la technologie. Les élèves ont appris les méthodes de plantation adéquates, car les communautés rurales de tout le pays, en particulier celles qui sont également proches de la côte, comme Vessigny, ont tendance à être plus vulnérables aux menaces de la crise climatique, et lors d’événements météorologiques extrêmes, ces communautés doivent savoir comment réagir.

Selon l’évaluation de la vulnérabilité et des capacités de Trinité-et-Tobago de 2019, des zones comme Vessigny sont classées comme présentant un risque élevé face aux événements tels que les glissements de terrain — raison de plus pour laquelle le directeur général d’IAMovement, Kevan Kalapnath-Maharaj, a déclaré qu’il estimait que l’initiative était importante pour donner aux jeunes les connaissances et les outils nécessaires pour lutter contre les changements climatiques et restaurer les écosystèmes.

Kacey Brown, une étudiante engagée dans cette initiative,a ajouté : « L’événement d’aujourd’hui nous a permis de mieux comprendre la conservation de l’environnement, les stratégies d’atténuation du climat, l’adaptation au climat et même les aspects commerciaux de ces sujets. » L’initiative, d’après les étudiants, a réussi à « nous encourager au changement et à informer les autres de ce que nous avons appris pour un avenir sans catastrophes ».

Le 13 octobre, le lendemain de la fin de la plantation de vétiver et d’arbres par les élèves, était célébrée la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes. Son thème de 2024, « donner à la prochaine génération les moyens d’assurer un avenir résilient », était tout à fait approprié, considérant que la nouvelle végétation permettra non seulement de réduire la probabilité de glissements de terrain, mais aussi d’endiguer la libération de dioxyde de carbone, l’un des principaux gaz à effet de serre à l’origine de la crise actuelle.

À l’instar du Guyana, le nouveau producteur de pétrole des Caraïbes qui espère avoir le beurre et l’argent du beurre en étant un fournisseur de combustibles fossiles à faible teneur en carbone, NGC a mis un point d’honneur à mener à bien des initiatives de durabilité. NGC semble déterminée à trouver des moyens par lesquels la durabilité peut coexister avec l’exploration et la production d’énergie. Dans le rapport sur le développement durable 2022 de l’entreprise, Mark Loquan, alors président de l’organisation, a qualifié de « trilemme énergétique, la nécessité d’équilibrer les priorités concurrentes de sécurité énergétique, d’accessibilité économique et de durabilité ».

D’autres entreprises du secteur de l’énergie opérant à Trinité-et-Tobago ont également inclus l’environnement dans leur campagne de RSE.  Sous sa propre bannière de durabilité, par exemple, la multinationale Atlantic LNG a encouragé un programme d’éducation environnementale. En partenariat avec le Fondes Amandes Community Reforestation Project (FACRP), cette initiative emmène les élèves du secondaire sur le terrain, où ils ont accès à des informations pratiques essentielles pour préserver et protéger l’environnement. Ils comprennent ainsi, dès leur plus jeune, l’impact des changements climatiques et ses conséquences, allant des répercussions des feux de forêt sur la biodiversité à la manière dont le vétiver peut lier et renforcer les sols, empêchant les glissements de terrain et les inondations.

John Stollmeyer, un écologiste trinidadien qui a été impliqué dans les premières étapes du projet Atlantic/FARCP, a déclaré à Global Voices que le travail effectué grâce à cette initiative est utile et important, et que le FACRP est capable de faire beaucoup pour la communauté avec le soutien corporatif dont il bénéficie. Dans le même temps, cependant, il affirme qu’au rythme actuel auquel les ressources naturelles de la terre sont extraites, des programmes comme ceux-ci ne sont pas suffisants pour changer l’issue imminente de la crise climatique. Six des neuf frontières planétaires ont déjà été franchies, affirme Stollmeyer, et « plus vite nous arrêterons cette extraction — y compris l’extraction de combustibles fossiles — meilleures seront nos chances de ne pas disparaître ».

Alors que des régions vulnérables comme les Caraïbes font face à l’aggravation des effets de la catastrophe climatique, il reste à voir si cette tentative d’équilibre du « trilemme énergétique » peut être effectivement réalisée. Alors que la diversification économique en dehors de l’économie pétrolière et gazière de longue date de Trinité-et-Tobago est promise depuis longtemps, les approches alternatives ont été lentes à venir.

Pour sa part, NGC considère le programme comme un moyen de promouvoir, par la collaboration et l’éducation, des solutions fondées sur la nature qui soutiennent les objectifs de Trinité-et-Tobago en matière d’environnement et de préparation aux catastrophes. Reconnaissant que « l’action immédiate est essentielle dans la lutte contre les changements climatiques », Mario Singh, responsable de la durabilité, a noté qu’elle « unit les jeunes leaders pour contribuer à des solutions significatives, en utilisant des outils comme les approches basées sur la nature pour générer un impact positif sur le climat ».

Peut-être que si le mouvement mondial d’éloignement des combustibles fossiles pouvait être atteint plus rapidement, et que des forums comme la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (la dernière COP29 a eu lieu à Bakou, Azerbaïdjan) accordaient une plus grande attention aux suggestions des dirigeants régionaux comme le Premier ministre de la Barbade Mia Mottley et « reconnaissaient que nous sommes au milieu d’une crise climatique, nous précipitant vers la catastrophe si nous n’agissons pas maintenant », ces actes auraient un impact plus important.

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Récits sur l'intelligence artificielle : un rapport réalisé par Global Voices https://fr.globalvoices.org/2025/01/10/292502/ https://fr.globalvoices.org/2025/01/10/292502/#respond <![CDATA[Juan Diego Cuesta Asencio]]> Fri, 10 Jan 2025 15:09:01 +0000 <![CDATA[A lire]]> <![CDATA[Advox]]> <![CDATA[Billet]]> <![CDATA[Brésil]]> <![CDATA[Inde]]> <![CDATA[Médias citoyens]]> <![CDATA[Salvador]]> <![CDATA[Soudan]]> <![CDATA[Technologie]]> <![CDATA[Turquie]]> https://fr.globalvoices.org/?p=292502 <![CDATA[Notre recherche, fait par Data Narratives, se consacre au débat sur les données et l'intelligence artificielle dans cinq pays : Soudan, El Salvador, Inde, Brésil et Turquie.]]> <![CDATA[

En plaçant l'IA dans le contexte des données, nous avons analysé leur relation avec les récits, les motivations partagées et les stratégies nécessaires pour protéger l'intérêt public.

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Image créée par Giovana Fleck, utilisée avec permission

Ce rapport fait partie de Data Narratives, un projet du service de recherche Civic Media Observatory (Observatoire civique des médias) visant à identifier et à comprendre les discours concernant les données utilisées pour la gouvernance, le contrôle et la politique dans les pays suivants : El Salvador, Brésil, Turquie, Soudan et Inde. Si ce projet vous intéresse, vous pouvez en lire davantage ici et visiter notre ensemble de données publiques.

Des acteurs puissants, des gouvernements et des sociétés sont en train de façonner avec détermination des récits sur l'intelligence artificielle (IA) dans le but de faire progresser des points de vue divergents de la part de la société et le gouvernement. Ces récits aident à établir ce que le public croit et ce qui devrait être considéré normal ou inévitable à propos de l'usage de l'IA dans leur quotidien : abordant de la surveillance à la prise de décisions automatisée.

Tandis que des messages publics considèrent des systèmes d'IA comme des outils qui promeuvent le progrès et l'efficacité, ces technologies sont utilisées de plus en plus pour surveiller les populations et retirer aux citoyens leur pouvoir de participer aux affaires politiques de mille et une façons. Cet enjeu lié au récit narratif sur l'IA est davantage plus complexe dû à la diversité des valeurs culturelles, des programmes d'action et des concepts ayant un impact sur la façon dont l'IA est abordée au niveau international. Tenir en compte de ces différences est un élément clé dans les contextes dans lesquels les données aggravent les inégalités, les injustices ou la gouvernance antidémocratique. Étant donné que ces systèmes continuent à être adoptés par des gouvernements ayant des antécédents de répression, il est crucial que les organisations de la société civile comprennent la situation pour faire face aux récits sur l'IA qui justifient l'utilisation antidémocratique de ces outils.

Nous avons travaillé avec les bases établies par le projet de recherche Unfreedom Monitor afin de mener notre recherche de Data Narrative sur le discours des données dans cinq pays qui font face à diverses menaces à la démocratie, ces pays étant : Soudan, El Salvador, Inde, Brésil et Turquie. Dans le but de mieux comprendre les relations de ces pays avec l'IA, leurs motivations et les stratégies de protection de l'intéret public, il est utile de contextualiser l'IA en tant qu'un récit de données. La prédominance de l'usage de l'IA implique intrinsèquement la prédominance des données et vice versa. Les systèmes d'IA dépendent de vastes quantités de données pour s'entraîner et pour opérer ; en même temps que ces systèmes gagnent en lisibilité et en valeur, car ils ont été largement intégrés dans les fonctions quotidiens qui génèrent par la suite d'énormes quantités de données nécessaires pour qu'ils puissent fonctionner.

La terminologie de l'IA : un récit et un obstacle

Le terme « intelligence artificielle » lui-même est polémique. Les définitions conventionnelles de ce concept – comme celle établie par la loi européenne sur l'IA : EU AI Act – ont pour but de fournir aux législateurs le cadre nécessaire afin de mettre en place des politiques de gouvernance efficaces ; cependant, ces essais sont insuffisants presque toujours, dus au fait qu'ils excluent, par mégarde, quelques systèmes de la surveillance à cause de la variabilité des formes et des fonctions de ces systèmes soi-disant intelligents dans l'ensemble. Les manières d'aborder la définition de « intelligence artificielle » varient énormément selon le champ d'étude. C'est ce qu'illustrent les données d'enquête dans lesquelles les informaticiens se concentrent sur les fonctions techniques des systèmes, tandis que les législateurs s'intéressent plutôt aux connexions métaphoriques entre les aspects du système qu'ils considèrent comme similaires à la pensée et au comportement humains. Cela montre que même le terme « intelligence artificielle » a un sens. Nous commençons à le comprendre en acceptant les utilisations globales qui en sont faites dans les médias populaires, ainsi que celles qui sont faites par les gouvernements et les chercheurs.

La diversité globale des récits de la terminologie de l'IA reflète la variété internationale des valeurs et des priorités culturelles. Plusieurs langues attribuent le mot « intelligence » à ces systèmes, mais les cultures ont ses différences concernant ce qui le concept d'intelligence implique pour chacune d'entre elles. Le simple usage du terme « intelligence » confère des qualités humaines à la technologie, ce qui peut créer une fausse idée que l'IA est autonome et puissante au lieu d'un outil développé et contrôlé par des humains. Des descriptions anthropomorphiques de l'IA peuvent masquer l'infrastructure sous-jacente et les intérêts commerciaux qui se cachent derrière son développement, induisant en erreur au public en l'incitant à tirer des conclusions incorrectes sur la manière dont la technologie marche et si on devrait lui faire confiance dans des cas spécifiques. Par conséquent, les récits sur l'IA qui utilisent des descriptions anthropomorphiques peuvent éviter que le public ne critique ces systèmes d'IA.

La langue qui attribue à un système plus d'intelligence qu'il n'en est capable peut être assimilée aux récits d'encadrement des entreprises qui commercialisent ces outils. Étant donné que les systèmes d'IA avancés, en particulier l'IA générative, nécessitent des ressources informatiques et des infrastructures massives que seule une poignée d'entreprises peut s'offrir, le pouvoir sur le développement de l'IA a été concentré dans les Big Tech telles que Google et Microsoft.  Cette domination technique donne des avantages à ces compagnies sur les récits relatifs aux systèmes d'AI en encourageant des récits qui suggèrent que le contrôle privilégié qu'ils ont sur cette technologie est dans l'intéret public en raison des promesses disant que cela « démocratisera l'IA » pour tout le monde. En fait, ces modèles sont totalement incapables de démocratiser la connaissance : d'une part, cela est dû au fait que ces technologies ne peuvent pas différencier les faits de la fiction lorsqu'il s'agit de produire des résultats pour même justifier une définition libérale de « connaissance » et, d'autre part, c'est parce qu'elles offrent des réponses différents en fonction de l'utilisateur en raison de la nature des informations sur l'identité encodées dans le discours de celui-ci. La popularité de l'IA générative étend de plus en plus l'influence des entreprises des États-Unis dans d'autres pays, façonne tant les questions soulevées que les débats sur des réseaux sociaux et déterminent quelles recherches seront financées.

Considérer les systèmes d'IA comme intelligents est davantage plus compliqué et entremêlé avec des récits similaires. Aux États-Unis, les récits sur l'IA se basent souvent sur des thèmes opposés, tels que l'espoir et la peur, ce qui déclenche fréquemment deux émotions  fortes: les craintes existentielles et les aspirations économiques. Dans n'importe quel cas, ceux-ci proposent que la technologie est puissante. Ces récits contribuent à inciter un enthousiasme exagéré concernant les outils d'IA et leur impact potentiel sur la société. En voici quelques exemples :

Un grand nombre de ces définitions présentent souvent l'IA comme une force inarrêtable et qui est en train de progresser très rapidement. Bien que ce récit puisse susciter l'enthousiasme et l'investissement en faveur de la recherche sur l'IA, cela peut contribuer aussi à engendrer une sensation de déterminisme technologique et à un manque d'engagement critique quant aux conséquences de l'adoption de l'AI aussi répandue. Il existe beaucoup de récits s'opposant à cela et qui développent les motifs de la surveillance, la détérioration de la confiance, le biais, la répercussion sur l'emploi, l'exploitation de la main-d'œuvre, les usages à haut risque, la concentration du pouvoir et les conséquences environnementales, entre autres.

Ces récits, accompagnés de la langue et de l'imagerie métaphoriques utilisées pour décrire l'IA, contribuent à semer la confusion et le manque de connaissances dans le public au sujet de cette technologie. En montrant l'IA comme un outil transformateur, inévitable et nécessaire à la réussite nationale, ces récits peuvent façonner l'opinion publique et les décisions politiques, souvent des manières qui encouragent une adoption et une commercialisation rapides.

Les principaux récits trouvés dans notre recherche

Vous pouvez cliquer sur les tableaux suivants pour naviguer parmi les récits que nous avons analysés et que nous décrivons dans la section suivante :

Version originale en anglais :

Version traduite en français :

Brésil

Le débat sur l'IA au Brésil, centré principalement sur les mesures réglementaires, a gagné en popularité puisque ce pays a accueilli le forum G20 cette année (2024) et a mené une série de préparations et des activités annexes concernant les problèmes liés à la gouvernance des données, telles que NetMundial+10. La réglementation principale qui a été abordée était le projet de loi 2338/2023, qui vise à établir des standards nationaux pour développer, mettre en place et faire un usage responsable des systèmes d'IA. À part ce projet de loi, il y a davantage des propositions législatives spécifiques dans quelques secteurs, telles que celles qui criminalisent les deepfakes pornographiques, et qui ont ciblé les résolutions de 2024 élaborées par le Tribunal Electoral Supérieur sur l'IA et les élections.

Dans ce contexte, notre chercheur a identifié trois récits essentiels. Le premier récit, « Le Brésil doit rester à l'avant-garde de la réglementation des nouvelles technologies », couvre le désir de du gouvernement de gauche actuel du Brésil et des membres de la société civile de revenir à l'avant-garde de la réglementation des nouvelles technologies comme ils l'étaient en 2014, avec le « Marco Civil da Internet » (Cadre Brésilien des Droits Civils pour l'Internet). Le deuxième récit, « Le Brésil doit réglementer l'IA pour ne pas être à la traîne », suit également un sentiment d'urgence pour la réglementation ; cependant, promu par l'aile droite conservatrice, le Parti libéral (PL), il donne la priorité à la facilitation d'un espace commercial sécurisé qui prospère grâce à l'innovation en matière d'IA. Le troisième récit, « La réglementation de l'IA empêche l'innovation au Brésil », avancé par l'aile droite néolibérale du pays, diffuse l'idée que la réglementation de l'IA empêchera le développement de l'industrie de l'IA au Brésil.

Inde

En novembre 2024, une vidéo deepfake faite par AI de l'actrice Rashmika Mandanna qui circulait sur les réseaux sociaux a déclenché un débat en Inde par rapport à la réglementation de l'IA. La confirmation de cette manipulation d'images a conduit à des discussions concernant le rôle du gouvernement en matière de contrôler les deepfakes faits par IA et de mitiger les dommages potentiels. Ce débat s'est étendu aux préoccupations sur l'impact de l'IA dans les élections, ce qui a encouragé que le gouvernement avertisse des plateformes sur les deepfakes faits par IA et qu'il publie un avertissement sur l'autorégulation et l'étiquetage des contenus faits par IA. Ces mesures ont suivi les problèmes soulevés publiquement par la Première ministre Narendra Modi, qui ont souligné les menaces posées par les deepfakes faits par IA et leur dommage potentiel pour les citoyens.

Au cours de la première phase de la discussion, juste après la publication de la vidéo deepfake faite par IA, notre chercheur a repéré deux récits principaux. Le premier récit, « Le gouvernement indien est résolu à rendre l'internet sûr pour ses citoyens », annonçait les actions générales du gouvernement en termes de réglementation pour lutter contre la désinformation, les discours haineux et le harcèlement en ligne. Le second récit, « La réponse du gouvernement indien aux “deepfakes” de l'IA est confuse et réactive », soutenu par des organisations telles que l’Internet Freedom Foundation, questionne les mesures réactives du gouvernement et considère qu'elles ont été prises sans une évaluation approfondie des différentes problématiques en question.

Plus tard, notre chercheur a relevé trois récits supplémentaires au moment où l'attention s'est portée sur les élections. Les deux premiers récits, « Les acteurs antinationaux de l'Inde utiliseront les deepfakes faites par IA » et « Les créateurs de deepfakes faits par IA et les plateformes qui les hébergent sont les véritables moteurs de la manipulation des élections », proposés par le gouvernement, visent à accuser les partis d'opposition, les plateformes de réseaux sociaux et les personnes qui sont derrière la création de vidéos deepfakes faites par l'IA pour propager de la désinformation sans faciliter l'adoption d'une réglementation stricte pour y remédier. Le troisième récit, « La solution à la désinformation par l'IA en Inde doit aller au-delà de l'interdiction et du blocage des contenus », également promu par des organisations telles que l’Internet Freedom Foundation, exige une réponse plus efficace de la part du gouvernement qui considère la responsabilité politique et renforce le système des médias.

Soudan

La guerre civile au Soudan, en cours depuis avril 2023, a affecté profondément tous les aspects de la société soudainaise. En mai 2023, les Forces armées soudanaises (SAF) ont utilisé la station de télévision nationale pour propager de la désinformation et affirmer que une vidéo de Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti), le commandant des Forces de soutien rapide (FSR), était faite par IA et que Hemedti était mort. Cependant, Hemedti est réapparu en juillet 2023 dans une vidéo enregistrée avec ses forces et publiée par les FSR sur X (avant connu comme Twitter), ce qui les sympathisants des SAF ont utilisée pour renforcer leur récit qui revendiquait sa mort en affirmant que « les FSR utilisent des deepfakes faits par IA afin de faire des tromperies militaires. » En janvier 2024, la crédibilité des SAF était entamée quand Hemedti est apparu publiquement avec plusieurs dirigeants africains lors de sa visite dans la région.

Au milieu de cette situation, où l'IA est utilisée comme un outil de guerre, notre chercheur a défini trois récits clefs. Le premier récit – comme indiqué ci-dessus, « Les FSR utilisent des simulacres d'IA pour la tromperie militaire » -, promu par les SAF et ses sympathisants, vise à discréditer les FSR en les associant aux deepfakes faits par IA et en les accusant de tromper à tout le monde pour les faire penser que leur commandant, Hemedti, est toujours en vie. Le second récit, « Les Émirats arabes unis et Israël utilisent l'IA pour faire passer leur programme d'action au Soudan », soutenu davantage par les sympathisants des SAF, explique  que les Émirats arabes unis ont utilisé l'IA pour imposer leur programme d'action au Soudan en vue de favoriser les FSR tout en nuisant à la réputation des SAF. Israël et les Émirats arabes unis ont renforcé leur coopération en matière d'innovation en IA, qui s'est intensifiée à la suite de l'accord de paix conclu dans le cadre des accords d'Abraham. Le RSF, qui entretient des liens étroits avec les Émirats arabes unis, a cherché par le passé à instaurer des relations indépendantes avec Israël, en dehors des canaux officiels de l'État.

Le troisième récit, « Les FSR n'utilisent pas de deepfakes d'IA à des fins de tromperie militaire », renforcé par les FSR et ses sympathisants, contrecarre les accusations des SAF et nie avoir utilisé des deepfakes faits par IA à des fins de tromperie militaire dans leurs opérations en ligne.

Turquie

En Turquie, le battage médiatique est un facteur dominant dans les débats sur l'IA. Malgré cela, l'IA est souvent mal interprétée, étant vue et traitée comme une solution magique. Plusieurs entités tant du secteur public que privé recourent à l'IA pour projeter une image plus technophile, progressiste et objective, en l'utilisant pour se défendre des accusations de partialité ou de manque de modernité. Pourtant, cet optimisme contraste vivement avec les expériences frustrantes ou abusives que de nombreux citoyens turcs ont avec l'IA dans leur quotidien.

Dans ce combat de perceptions, notre chercheur a identifié deux récits. Le premier récit, « L'intelligence artificielle est impartiale et peut en elle-même résoudre de nombreux problèmes du peuple turc », soutenu par le parti au pouvoir, l'opposition et même la fédération de football du pays. Il décrit l'IA comme étant toujours impartiale, objective et supérieure aux systèmes fabriqués par l'homme, indépendamment des raisons, de la manière et de l'endroit où elle est utilisée. Le second récit, « L'intelligence artificielle cause plus de problèmes qu'elle n'en résout », est implicitement affirmé et présente les menaces associées à son usage, notamment l'exacerbation des problèmes sociétaux existants et la création de nouveaux problèmes.

Des lacunes dans la conversation

Les récits détectés par nos chercheurs mettent également en évidence les lacunes dans le débat sur l'IA. Le cas le plus évident se trouve au Salvador, où aucun récit clé discutant de l'IA n'a été trouvé. Notre recherche indique que les sujets de gouvernance des données qui prospèrent dans le dialogue social du Salvador sont principalement les politiques relatives aux crypto-monnaies et les enjeux liés à la protection des données.

En Inde, au Soudan et en Turquie, les enjeux liés à la protection des données sont également présents dans les discussions sur la gouvernance des données. Toutefois, dans tous ces pays, les inquiétudes concernant la fuite ou l'utilisation abusive des données personnelles sont liées à l'IA. Il semblerait qu'il n'y ait pas de discussion sur la source des données utilisées pour soutenir les systèmes d'IA et les implications que cela pourrait avoir ou pas sur la vie privée des personnes, même dans les pays où des réglementations potentielles sont en cours de discussion. La même chose se produit avec les discussions sur les répercussions potentielles de l'IA sur l'emploi : aucun récit local ne débat des menaces ou des opportunités que l'IA peut présenter pour les personnes sur leur lieu de travail.

Les récits présentés dans notre recherche sont également peu optimistes et n'associent pas clairement l'IA à des éléments positifs. Ce n'est qu'en Turquie que l'IA est présentée comme un outil effectif, bien qu'elle soit généralement mystifiée et utilisée dans le discours et comme stratégie de communication pour masquer les inefficacités.

Le travail de nos chercheurs ne révèle pas non plus de récits influents dans les sociétés des pays étudiés sur les conséquences possibles de l'IA sur les forces militaires ou policières de ces pays, au contraire des États-Unis. Ce n'est qu'en Turquie et El Salvador que nos chercheurs ont trouvé des discussions actives sur un éventuel espionnage de la part de leurs gouvernements. Néanmoins, dans tous ces incidents, les récits établissent un lien avec l'IA. La même situation s'est produite avec les violations des droits de l'homme : aucune discussion sur la manière dont l'IA peut les prévenir ou les faciliter n'a été enregistrée.

Notre recherche ne montre non plus aucun débat social approfondi sur l'opportunité que représente l'IA pour les responsables autoritaires actuellement au pouvoir ou souhaitant y accéder. Il ne semble guère y avoir de discussions sur la question de savoir si l'IA peut aggraver la notion d'absence de vérité indiscutable et si ce climat de méfiance est nuisible aux démocraties.

Conclusion : les récits sur l'IA doivent changer

Les organisations de la société civile qui veulent protéger la démocratie et les droits de l'homme doivent mieux comprendre les récits de l'IA au plan mondial. La première élection générative influencée par l'IA vient d'avoir lieu. L'autoritarisme fondé sur les algorithmes et l'utilisation de l'IA aux fins de la répression sont vastes, y compris la propagande faite avec des deepfakes, la surveillance, la modération du contenu, la cyberguerre et les armes de l'IA. Les régions se focalisent sur des menaces et des politiques spécifiques liées à l'IA, mais des récits publics plus larges sur les impacts de l'IA sur la démocratie et les droits de l'homme sont nécessaires. Les recherches menées par le Data Narratives Observatory indiquent que les débats régionaux ne tiennent souvent pas compte des liens essentiels entre les systèmes d'intelligence artificielle, la gouvernance des données et le pouvoir. Il est nécessaire de changer les récits et de créer une infrastructure narrative. Considérer l'IA comme un élément d'un écosystème de données et non comme une intelligence anthropomorphisée peut aider à contrecarrer les récits nuisibles et trop simplifiés sur l'IA. Cette approche peut également contribuer à éduquer le public sur les droits relatifs aux données et à l'IA, puisque la politique en matière d'IA dépend de la gouvernance des données. Cette relation est très importante si l'on considère la croissance de l'IA et le rôle qu'elle joue dans le processus de surveillance.

Notre recherche dévoile des lacunes importantes dans le discours mondial sur l'IA. Du côté d'El Salvador, le discours social sur la gouvernance des données est centré sur les politiques relatives aux crypto-monnaies et à la protection des données, et accorde peu d'attention à l'IA. Les deepfakes faits par IA et leur emploi dans la désinformation sont discutés dans des pays comme le Brésil, l'Inde et le Soudan, mais ils abordent rarement les répercussions de l'IA sur la confidentialité des données ou sur l'emploi. Il est rare que l'on soit optimiste à l'égard de l'IA, sauf en Turquie, où l'IA est perçue comme une solution, même si c'est souvent de manière superficielle. Les échanges sur l'impact de l'IA sur les capacités militaires et policières, les droits de l'homme et son potentiel à soutenir les régimes autoritaires ou à compromettre les valeurs démocratiques sont particulièrement absents, ce qui met en lumière la nécessité d'un engagement plus complet et plus critique à l'égard des impacts sociétaux de l'IA dans le monde entier.

Des approches émergentes et prometteuses de la gouvernance de l'IA pourraient être renforcées par des méthodes qui respectent le pouvoir des récits autour des enjeux centraux. Les initiatives de gouvernance des données et de l'IA orientées vers la communauté, comme Connected by Data, et des réseaux de souveraineté des données indigènes, comme Te Mana Raraunga, illustrent la manière dont la gestion collective peut contester le contrôle des entreprises et la surveillance de l'État. Récemment, des efforts ont également été réalisés, comme la politique Fostering a Federated AI Commons Ecosystem, inspirée par le travail de Coding Rights, qui appelle le G20 à promouvoir un écosystème basé sur l'IA qui met l'accent sur des tâches spécifiques, orientées vers la communauté, et visant à limiter le pouvoir des monopoles de la technologie. La Fondation Mozilla suit de nombreuses autres initiatives concernant les données qui permettent aux communautés de gagner en autonomie.

Ces idées peuvent être puissantes, mais pour qu'elles réussissent, elles doivent être soutenues par des communautés diverses. La recherche sur des récits démontre qu'ils peuvent influencer efficacement les résultats publics, mais des défis se posent lorsqu'on essaie de développer des récits à partir de la base. Sans un changement délibéré des récits, les récits dominants sur l'IA pourraient s'intensifier et mener à :

  • des récits corporatifs sur l'IA qui surestiment la capacité de l'IA, conduisant à des attentes erronées et confuses et rendant la réglementation plus difficile ;
  • la normalisation d'une surveillance renforcée et d'une perte de pouvoir décisionnel de la part des humains, menée par des récits de l'État ;
  • des récits simplistes sur l'IA, comme ceux qui présentent l'IA comme une menace ou comme une solution, qui peuvent faire oublier la prévention de risques et d'avantages réalistes ;
  • des pratiques extractives et que la concentration du pouvoir dans le paysage de l'IA, qui resteront occultées ;
  • des visions alternatives du développement et de la gouvernance de l'IA centrées sur la communauté, de la gestion des données et du travail sur les biens communs de l'IA peinent à s'imposer.

Ces conclusions soulignent le besoin crucial de développer la recherche sur les récits d'IA – non seulement pour les documenter, mais également pour aider la société civile à élaborer des contre-récits et des stratégies efficaces. La documentation est indispensable pour permettre aux sociétés de construire des infrastructures narratives qui défient le contrôle des entreprises et la surveillance de l'État. La meilleure façon pour les communautés de résister à la répression par l'IA est d'intégrer une compréhension nuancée de la manière dont les différentes communautés conceptualisent et discutent de l'IA dans le but d'élaborer des messages qui résonnent localement et qui contribuent globalement à un mouvement plus large et mondial. Nous commençons par comprendre les récits existants. Nous utilisons ces connaissances pour aider les communautés à repérer l'utilisation abusive des systèmes d'IA et à s'y opposer. En retour, elles peuvent utiliser ces informations pour faire progresser leurs visions alternatives de la gouvernance de l'IA, basées sur les droits de l'homme et les valeurs démocratiques.

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Hong Kong : des pandas géants pour relancer l'économie ? https://fr.globalvoices.org/2025/01/10/292612/ https://fr.globalvoices.org/2025/01/10/292612/#respond <![CDATA[Tahinjanahary Vania]]> Fri, 10 Jan 2025 14:09:03 +0000 <![CDATA[Anglais]]> <![CDATA[Animal Rights]]> <![CDATA[Asie de l'Est]]> <![CDATA[Billet]]> <![CDATA[Chine]]> <![CDATA[Economie et entreprises]]> <![CDATA[Education]]> <![CDATA[Hong Kong (Chine)]]> <![CDATA[Médias citoyens]]> <![CDATA[Politique]]> <![CDATA[SUJETS]]> https://fr.globalvoices.org/?p=292612 <![CDATA[Les autorités de Hong Kong pensent que les pandas peuvent stimuler l'économie, attirer des touristes, et renforcer les liens avec Pékin.]]> <![CDATA[

La Chine a offert deux pandas à la ville

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Habitat des pandas à Ocean Park. Photo de inmediahk.net CC BY-NC-SA 2.0

Les visiteurs récents à Hong Kong auront probablement aperçu quelques installations de panda dans la ville et dans les principaux sites touristiques alors que le gouvernement tente de relancer le tourisme par l'approche présumée « l'économie des pandas ».

La ville a connu un trouble économique depuis la pandémie COVID-19, et le tourisme ne s'est jamais entièrement remis après le bouleversement politique lié à la répression des manifestations pro-démocratie de 2019 et l'introduction de nombreuses lois controversées, telles que la Loi sur la Sécurité nationale.

Afin d'essayer de redresser l'économie en crise, environ 2,500 sculptures de panda seront placées partout dans la ville à l'approche de la saison touristique de Noël et du Nouvel An :

À partir de lundi prochain, 2500 nouvelles sculptures de panda en huit designs uniques seront présentées à #HongKong dans une nouvelle exposition nommée « PANDA GO! FEST HK ». À travers quatre expositions publiques, les organisateurs envisagent une « célébration immersive qui combine art, exposition et tourisme. » Image: pic.twitter.com/fpM5f3zIOn

— Hong Kong Free Press HKFP (@hkfp) 25 novembre 2024

Le terme « économie des pandas » a été utilisé par les médias pro-Beijing à Hong Kong après le 1er juillet 2024, quand le Chef Exécutif John Lee a annoncé que le Gouvernement Central Chinois enverrait un couple de pandas adultes, en cadeau pour marquer l'anniversaire de la rétrocession d'Hong Kong de la Grande Bretagne à la Chine. Ensuite viennent d'autres nouvelles — le couple de pandas géants de Ocean Park, Le Le (mâle) et Ying Ying (femelle), a naturellement mis bas à deux petits après y avoir vécu pendant 17 ans — une étape importante pour cette espèce en danger avec faible taux de natalité.

Après l'arrivée du couple de pandas géants de Beijing à Hong Kong, la ville est devenue foyer de six pandas.

Les jumeaux pandas géants, nés de Ying Ying, un panda géant offert par le gouvernement central à Hong Kong, ont célébré leur 100ème jour ce samedi. Samedi, Ocean Park Hong Kong a organisé un événement de célébration pour marquer l'occasion. Les visiteurs ont reçu des œufs rouges et un ragoût de jarret de porc au gingembre… pic.twitter.com/6xsLAqipJr

— China Focus (@China_Focus) 25 novembre 2024

Cependant, élever des pandas coûte cher. La dépense annuelle pour Le Le et Ying Ying s'élève jusqu’à 2 millions de dollars américains, d'après une estimation en 2007. Ocean Park doit maintenant construire de nouvelles infrastructures pour accueillir quatre autres pandas ainsi qu'importer des bambous pour les nourrir. Or, depuis 2015, le parc a fait face à des difficultés financières en raison de la baisse du nombre de visiteurs, et le gouvernement hongkongais a dû injecter 2 milliards de dollars hongkongais pour assurer la continuité des activités.

Bien que le parc ait possédé environ 118.5 millions de dollars hongkongais (environ 1.5 million de dollars américains) en surplus en 2023, cela ne serait pas assez pour couvrir les dépenses supplémentaires.

Dans le monde entier, les parcs zoologiques sont de plus en plus hésitants à garder des animaux captifs à cause des coûts et de la sensibilisation aux droits des animaux. Dernièrement, la Finlande a décidé de remettre deux pandas à la Chine car le zoo ne peut plus les garder:

La Finlande va renvoyer deux pandas géants en Chine en novembre, plus de huit ans plus tôt que prévu, car le zoo où ils habitaient ne peut plus se permettre de les entretenir, disait le président du conseil d'administration du zoo à Reuters ce mardi. #China #panda pic.twitter.com/xWrw0GhM7E

— Radio Free Asia (@RadioFreeAsia) 25 septembre 2024

Les politiciens pro-establishment et les médias ont dit aux Hongkongais que les pandas peuvent attirer plus de visiteurs et booster l'économie en panne.

Par exemple, China Daily, le média affilié à Beijing, décrit les pandas comme « une lueur d'espoir pour Ocean Park de restaurer sa gloire » dans un article publié le 26 septembre 2024. Ocean Park est un vaste parc à thème de 91.5 hectares et un zoo où les pandas seront gardés.

Le président d'Ocean Park, Paulo Pong, a été cité dans un média de l’État disant que les pandas et les attentions qu'ils ont apportés étaient des « cadeaux venant du ciel », et que le parc prévoit de mettre en place des propriétés intellectuelles à thème panda, des diffusions en direct, du marketing sur les réseaux sociaux, et des produits périphériques comme revenus.

Les 2,500 sculptures de panda seront produites par Allrightsreserved, un studio créatif basé sur Hong Kong — une des entreprises visant à développer des droits sur les propriétés intellectuelles à thème panda. L'entreprise d'exposition va donner les droits de propriété intellectuelle au gouvernement hongkongais et à Ocean Park d'utiliser leur design de panda, et a fait promesse de faire don des redevances reçues des tiers à Ocean Park pour maintenir ses opérations d'élever des pandas géants.

En plus des missions économiques, les politiciens pro-Beijing se sont attendus à ce que les pandas géants jouent un rôle dans l'éducation nationale. Le bureau de l'éducation a décrit les pandas géants comme le “cristal de l'amour entre Hong Kong et de la Chine continentale” dans une lettre envoyée à toutes les écoles concernant la célébration de la Journée Nationale de la Chine. En même temps, le secrétaire de l'éducation d'Hong Kong a élaboré sur le sujet dans un article de China Daily:

Un avantage très important à tirer des pandas offerts est que les trésors nationaux serviront à renforcer les liens émotionnels entre le continent et la RAS. Étant donné leur position en tant que trésors nationaux, les nouveaux pandas vont être dans la meilleure position pour créer un immense sens d'identité nationale et d'appartenance envers la patrie parmi la jeune génération. Ce qui est aussi devenu un objectif majeur dans notre éducation scolaire.

Pendant que les deux adorables nouveau-nés pandas ont attiré de nombreux fans, les gens restent sceptiques quant à savoir si l'attention apportée aux pandas peut se traduire en termes monétaires. Voici une blague qui se répand beaucoup sur Facebook:

熊貓經濟係掂嘅,成都一早做咗金融中心啦。

Si l'économie des pandas fonctionnait, Chendgu serait un centre financier

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Israël utilise les technologies de surveillance pour cibler et asservir les Palestiniens https://fr.globalvoices.org/2025/01/10/292550/ https://fr.globalvoices.org/2025/01/10/292550/#respond <![CDATA[Emilie FRAPICCINI]]> Fri, 10 Jan 2025 13:42:52 +0000 <![CDATA[A lire]]> <![CDATA[Advox]]> <![CDATA[Afrique du Nord et Moyen-Orient]]> <![CDATA[Anglais]]> <![CDATA[Droits humains]]> <![CDATA[Guerre/Conflit]]> <![CDATA[Israël]]> <![CDATA[Médias citoyens]]> <![CDATA[Palestine]]> <![CDATA[Technologie]]> https://fr.globalvoices.org/?p=292550 <![CDATA[La collecte de données et la technologie peuvent se révéler nuisibles, surtout quand elles sont utilisées pour surveiller et asservir ceux qui sont marginalisés. La façon dont Israël utilise la technologie dans sa guerre contre les Palestiniens en est une preuve évidente.]]> <![CDATA[

L’IA amplifie les violations des droits de l’homme à l’encontre des civils

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Le poste de contrôle de la rue Al-Shuhada à Hébron avec au moins 8 caméras de vidéosurveillance et le Smart Shooter en vue. Photo par AV, utilisée avec permission. 2024.

La collecte de données et la technologie peuvent avoir des conséquences nuisibles, en particulier lorsqu’elles sont utilisées pour surveiller et subjuguer les personnes marginalisées. La façon dont Israël utilise la technologie dans sa guerre contre les Palestiniens en est la preuve la plus évidente. En effet, Israël utilise les données collectées auprès des Palestiniens pour créer des outils automatisés alimentés par l’IA, qui sont ensuite déployés à Gaza et en Cisjordanie.

Les outils de surveillance et logiciels espions israéliens boostés à l’IA, dont le logiciel malveillant Pegasus, et l’armement IA, notamment Smart Shooter et Lavender, ont suscité à la fois la condamnation et l’intérêt de la population. Les gradés de l’unité 8200, unité d’élite du renseignement de l’armée israélienne, sont tellement convoités par les entreprises de surveillance et de technologie militaire qu’il existe désormais une expression pour ce phénomène : « 8200-to-tech pipeline » (qu’on pourrait traduire « transfert de l’unité 8200 à l’industrie de cybersurveillance »).

En 2024, les experts des Nations unies ont déploré l’utilisation de l’IA par Israël pour commettre des crimes contre l’humanité à Gaza. La même année, en dépit de son utilisation continue de l’IA comme outil de violation des droits de l’homme, Israël a signé un traité international sur l’IA élaboré par le Conseil de l’Europe dans le but de protéger les droits de l’homme.

Un système de surveillance devenu un jeu

Nommé « Mabat 2000 », le système de télévision en circuit fermé (CCTV) israélien, également connue sous le nom de « vidéosurveillance », a été installé pour la première fois à Jérusalem en l’an 2000, mais il a fait l’objet d’améliorations significatives au cours des dernières années. Un rapport d’Amnesty International datant de 2023 a cartographié le système de surveillance israélien visible et a trouvé une à deux caméras tous les cinq mètres dans la vieille ville de Jérusalem et à Sheikh Jarrah. Un habitant palestinien a déclaré: « Chaque fois que je vois une caméra, je me sens nerveux. On a l’impression d’être pris pour cibles en permanence ». Les caméras de vidéosurveillance israéliennes sont également présentes aux points de contrôle et aux barrières, ainsi que sur les bâtiments et les tours de la Cisjordanie occupée.

Une maison palestinienne à Sheikh Jarrah, surmontée d’une installation israélienne. Environ huit caméras de vidéosurveillance sont visibles sur la photo. Des groupes de caméras de surveillance peuvent être identifiés sur le poteau à droite et près de l’étoile de David et des drapeaux israéliens sur le toit. Photo de l’auteur, utilisée avec autorisation. 2024.

Depuis 2020, un dénommé « Wolf Pack » (« meute de loup » en anglais) de technologie de surveillance a été déployé par Israël dans les territoires palestiniens occupés. Ainsi, à l’aide de l’application Blue Wolf (« loup bleu » en anglais), Israël a procédé à un enregistrement biométrique massif des Palestiniens, souvent aux points de contrôle et sous la menace d’une arme, et parfois même au domicile de particuliers au beau milieu de la nuit.

L’aspect sexospécifique de la surveillance a été relevé dans un rapport de 2021 de 7amleh, dans lequel une femme interrogée expliquait qu’elle dormait avec son hijab car elle estimait qu’elle ne pouvait pas avoir d’intimité au sein même de son foyer.

Les soldats israéliens ont pris des photos de Palestiniens, y compris des enfants, pour les cataloguer, et ce, par le biais d’un processus transformé en jeu, notamment en donnant « un score hebdomadaire basé sur le plus grand nombre [sic] de photos prises. Les unités militaires qui capturaient le plus de visages de Palestiniens sur une base hebdomadaire recevaient des récompenses telles que des congés payés ». Les soldats israéliens se sont amusés à qualifier cet outil de « Facebook pour les Palestiniens ».

« Red Wolf » (« loup rouge » en anglais) fait partie de l’infrastructure de reconnaissance faciale par vidéosurveillance (CCTV) qui permet d’identifier les Palestiniens lorsqu’ils passent les points de contrôle et se déplacent d’une ville à l’autre. Les Israéliens qui s’installent illégalement en Cisjordanie ont également accès à une autre application appelée « White Wolf » (« loup blanc » en anglais), qui leur permet d’effectuer des recherches dans la base de données consacrée aux Palestiniens. Curieusement, ce contrôle et cette surveillance accrus n’ont pas permis d’identifier les crimes commis par les colons israéliens à l’encontre des Palestiniens. Depuis octobre 2023, Israël a mis en place un système de reconnaissance faciale similaire pour les Palestiniens de Gaza.

Un regroupement de caméras de vidéosurveillance dans la rue Via Dolorosa, dans la vieille ville de Jérusalem. Photo prise par l’auteur, utilisée avec sa permission. 2024.

Des armes suralimentées par l’IA

En 2021, Google et Amazon ont signé un contrat exclusif d’un milliard de dollars avec le gouvernement israélien pour développer le « projet Nimbus », qui vise à faire progresser les technologies de détection faciale, de catégorisation automatique des images, de suivi des objets et d’analyse des sentiments à des fins militaires. Cette décision a été condamnée par des centaines d’employés de Google et d’Amazon qui se sont réunis au sein d’une coalition appelée « No Tech for Apartheid » (« Pas de technologie pour l’apartheid »).

Alors que nombre de grandes entreprises technologiques ont conclu des contrats avec l’armée et les services de renseignement israéliens, le projet Nimbus a fait l’objet de critiques particulièrement virulentes en raison de la symphonie d’alertes lancées avant octobre 2023 par les Nations unies, Human Rights Watch, Save the Children et Amnesty International au sujet des violations des droits de l’homme perpétrées par Israël.

Les unités de renseignement israéliennes s’appuient de plus en plus sur des « outils IA » pour « classer les civils et les infrastructures civiles en fonction de leur probabilité d’être affiliés à des organisations militantes » dans la bande de Gaza. Elles ont notamment accéléré ce processus de classification, qui est passé d’une année entière, lorsqu’effectué par une personne, à une demi-journée pour un outil IA.

Leurs systèmes alimentés par l’IA, « Lavender » et « The Gospel » (« Hasbara »), ont été désignés comme une « usine à assassinats de masse » à Gaza avec une surveillance humaine minimale où « l’accent est mis sur la quantité et non sur la qualité ». Un autre outil IA appelé « Where’s Daddy » (Où est papa) suit des Palestiniens sélectionnés afin qu’ils soient bombardés lorsqu’ils entrent dans leur maison, tuant également à chaque fois leur famille et leurs voisins. Des milliers d’adultes et d’enfants qui n’étaient pas impliqués dans les combats ont ainsi été assassinés. Le système identifie les cibles sur la base de différents critères, dont l’un est de savoir si la personne fait partie d’un groupe WhatsApp avec un autre individu suspecté.

Les technologies de notation sociale de ce type ont été interdites par lUnion européenne.

La terreur des drones

Les drones sont utilisés par Israël contre les Palestiniens depuis plus d’une décennie, parfois à des fins de surveillance, ou parfois pour des frappes qui ont entraîné des amputations traumatisantes, même si l’utilisation des drones a été considérée comme un « secret de Polichinelle » dans la société israélienne pendant des années. Dès 2009, Human Rights Watch faisait déjà état de l’utilisation par Israël de drones armés à Gaza.

En 2021, Israël a commencé à déployer des « essaims de drones » à Gaza pour localiser et surveiller des cibles. En 2022, Omri Dor, commandant de la base aérienne de Palmachim, a déclaré : « L’ensemble de Gaza est “couvert” de drones qui recueillent des renseignements 24 heures sur 24. »

Depuis octobre 2023, le nombre de Palestiniens tués par Israël a considérablement augmenté, ce qui a valu à Gaza d’être qualifiée de « cimetière pour enfants » et d’« enfer ». La technologie, notamment les drones, a joué un rôle majeur dans l’augmentation des dommages et des cibles. Les drones hybrides tels que « The Rooster » (« le coq » en anglais) et « Robodogs » (« chiens-robots » en anglais) sont capables de voler, planer, rouler et grimper sur des terrains accidentés. Des rovers équipés de mitrailleuses sont en outre utilisés pour remplacer les troupes sur le terrain. Selon certaines allégations, des drones israéliens auraient diffusé des enregistrements de nourrissons en pleurs pour attirer des cibles à découvert à Gaza.

Ces drones ont été associés à la détresse psychologique des Palestiniens en raison des bourdonnements 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et de la crainte d’être pris pour cible.

Israël intensifie les attaques assistées par lIA

Dès le 13 octobre 2023, des experts qualifiaient les attaques israéliennes contre Gaza de « génocide potentiel » et de « cas d’école de génocide ». Les juges de la Cour internationale de justice ont déclaré en janvier 2024 qu’« au moins certains des actes et omissions présumés […] avoir été commis par des Israéliens à Gaza semblent pouvoir relever des dispositions de la convention (sur le génocide). »

En juillet 2024, la Cour mondiale a jugé Israël responsable d’apartheid. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies fait état de plus de 41 000 Palestiniens tués, de plus de 96 000 Palestiniens blessés et de près d’un demi-million de Palestiniens confrontés à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire à Gaza.

En septembre 2024, Israël a été soupçonné d’être responsable de l’attentat des bipeurs explosifs au Liban, qui a fait au moins 37 morts et environ 3 000 blessés. En l’espace de trois jours, 90 000 Libanais ont été déplacés pour fuir les attaques israéliennes. En une semaine, plus de 1 000 Libanais ont été tués dans les attaques. Israël continue d’intensifier ses frappes aériennes sur le Liban, ainsi que sur la Syrie et le Yémen.

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Les mots ont la parole: Épisode #19 https://fr.globalvoices.org/2025/01/09/292737/ <![CDATA[Jean Sovon]]> Thu, 09 Jan 2025 13:59:14 +0000 <![CDATA[A lire]]> <![CDATA[Afrique Sub-Saharienne]]> <![CDATA[Cameroun]]> <![CDATA[Europe Centrale et de l'Est]]> <![CDATA[Gabon]]> <![CDATA[Langues]]> <![CDATA[Manifestations]]> <![CDATA[Médias citoyens]]> <![CDATA[République Tchèque]]> <![CDATA[Tcheque]]> <![CDATA[Voyages]]> https://fr.globalvoices.org/?p=292737 <![CDATA[Cette semaine nous mettons à l’honneur trois termes: deux expressions issues d'Afrique centrale, et un mot tchèque dérivé du mot français jouet qui prend un tout autre sens.]]> <![CDATA[

Dans les rues du Cameroun, “baptiser” veut dire “arnaquer”

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Capture d'écran d'un taxi-clando au Cameroun ; capture d'écran de la chaîne YouTube DAM – Documentaires Auto / Moto

Les différentes versions de la langue française qui se parlent aux quatre coins du monde ne se ressemblent pas toujours. Dans notre rubrique “Les mots ont la parole”, nous mettons à l’honneur les mots ou expressions qui sont spécifiques à une région, un pays, une communauté, mais aussi les intraduisibles qu’on garde en français tels quels, ou qu’on traduit à moitié, et enfin les mots français qui passent dans d’autres langues et ne se traduisent pas, mais prennent parfois un nouveau sens.

Tous nos épisodes précédents sont à retrouver ici: Les mots ont la parole.

Aujourd’hui, nous avons choisi ces trois termes et expressions:

Baptiser : verbe dérivé du mot baptême qui explique le fait de rendre quelqu’un chrétien, le verbe “ baptiser ” a un autre sens auprès des locuteurs du Camfranglais, l’argot camerounais. Couramment utilisé dans les rues, le terme “ baptiser” veut simplement dire arnaquer en Camfranglais. Pour passer des messages codés, les petits arnaqueurs en font usage. A titre d'exemple:

« J’ai baptisé le biblos » pour dire « J’ai arnaqué l’homme blanc ».

Žůžo : ce mot tchèque prononcé ‘joujo’ fait partie de la langue familière et se rapporte à une situation ou à un objet qui procure du plaisir. Il peut se traduire par ‘génial’, ‘super’, ‘fabuleux’. Une de ses origines pourrait être le mot français ‘joujou’ qui décrit un jouet ou un objet mignon. Mais certains linguistes indiquent aussi une autre étymologie possible, via la langue Romani, présente dans la société tchèque depuis plus de cinq siècles, dans laquelle le mot “žůžo” signifie ‘propre’.

Taxi-clando : abréviation du mot clandestin, le terme “clando” fait référence à quelque chose d'illégale ou informelle qui échappe au contrôle de l’État. Les taxi-clandos sont des véhicules de transport au même titre que tout autre taxi mais avec des caractéristiques particulières. Du moteur à la carrosserie en passant par les fauteuils, la portière – rien n’est en bon état dans les taxi-clandos. On peut facilement les retrouver dans certains pays d’Afrique comme le Gabon ou le Cameroun. Dans ces pays  les “taxi-clandos” jouent un rôle crucial car ils servent de relais dans le déplacement des populations vivant dans les banlieues périphériques des grandes villes.

Ce documentaire titré ” Le désastre routier ” met en lumière le quotidien des conducteurs de ces taxi-clandos au Cameroun.

Si vous avez des mots ou expressions à partager pour les faire figurer dans notre rubrique “Les mots ont la parole” contactez-nous: [email protected]

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Interview avec l'auteur d'un nouveau dictionnaire Français-Éwé au Togo https://fr.globalvoices.org/2025/01/08/292691/ https://fr.globalvoices.org/2025/01/08/292691/#respond <![CDATA[Jean Sovon]]> Wed, 08 Jan 2025 09:01:21 +0000 <![CDATA[A lire]]> <![CDATA[Afrique Sub-Saharienne]]> <![CDATA[Bénin]]> <![CDATA[Education]]> <![CDATA[Ghana]]> <![CDATA[Littérature]]> <![CDATA[Média et journalisme]]> <![CDATA[Médias citoyens]]> <![CDATA[Rising Voices]]> <![CDATA[Togo]]> https://fr.globalvoices.org/?p=292691 <![CDATA[Progressivement, les membres des communautés linguistiques ne souffrent plus d'initiatives pour promouvoir les langues locales. Un dictionnaire Ewé-français, désormais disponible pour booster l'apprentissage de la langue en Afrique de l'ouest.]]> <![CDATA[

Plus de 7,5 millions de locuteurs au Ghana, Togo et Bénin partagent la langue éwé

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

En image, Kuizian Atitso Baba, auteur du dictionnaire ” Ele nam be mado Eʋəgbə ” ; capture d'écran de la chaîne YouTube de VOA Afrique

En Afrique de l'ouest, un nouveau dictionnaire Français-Éwé est désormais disponible pour faciliter et booster l'apprentissage de cette langue parlée principalement au Togo.

Classée dans la famille des langues nigéro-congolaise, la langue éwé est parlée au Ghana, Togo, et au Bénin. Elle réunit plus de 7,5 millions de locuteurs dans ces trois pays qui partagent de nombreuses traditions culturelles. Au Togo où la langue est parlée par une très forte proportion de la population, l'éwé a le statut officiel de langue nationale, inscrite dans la constitution depuis 1975. Mais l'intégration de la langue dans le système éducatif reste imparfaite.

Lire : Quelle est la langue locale la plus parlée au Togo ?

Paru au premier semestre de l'année 2024, le dictionnaire intitulé ” Ele nam be mado Eʋəgbə ” (Il faut que je m'exprime en éwé, ou Je dois parler éwé) est un ouvrage de  de 562 pages qui contient 120 000 mots et expressions. Kuizian Atitso Baba est l'auteur togolais de cette œuvre linguistique majeure qui permet à toute la communauté de langue éwé de renforcer la lecture, l'écriture et la compréhension de cette langue maternelle face aux autres langues présentes dans le pays, comme le français.

Kuizian veut ainsi contribuer à un enseignement professionnel de l'éwé dans le secteur éducatif dans la région. Interviewé, via Whatsapp, par Global Voices, l'auteur explique la genèse cette initiative et dévoile ses projets futurs pour le repositionnement de la langue éwé dans le concert des langues locales en Afrique.

Jean Sovon (JS) : Depuis quand la langue éwé est-elle codifiée par écrit? Est-elle activement présente sous forme écrite dans la société togolaise?

Kuizian Atitso Baba (KAB) : Selon des informations que j’ai glanées, la phonétique éwé aurait commencé en 1847 par les négociants Allemands installés à Anlo autour de la ville de Keta, situé dans la région la région de Volta, au sud du Ghana. Mais c’est depuis 1891 que l’étude de la langue éwé et sa codification ont commencé par les Allemands J. Knùsli, Schlegel et Westermann, en collaboration avec les Éwé d’Anlo. Ces travaux ont abouti à la traduction de la Bible en éwé. Malheureusement, depuis lors, les travaux lexicologiques et phonologiques éwé sont demeurés lacunaires.

JS : Comment est né ce dictionnaire? Est-ce un travail d'équipe? Existait-il d’autres dictionnaires monolingues ou bilingues? Y-aura-t-il une version en ligne?

KAB : L’élaboration du dictionnaire Français-Éwé est motivée par un constat : la langue d’une communauté est par excellence ce à quoi elle s’identifie. Cette langue, si elle est étudiée, parlée et écrite, se développe en intégrant dans son lexique de nouveaux mots. Tel n’est pas le cas de l’éwé, la langue du peuple Éwé. Pourquoi, depuis les travaux lexicologiques et lexicographiques éwé menés par les Allemands, la recherche sur la la lexicographie et surtout sur la phonétique Éwé demeure-t-elle lacunaire et ne porte pas sur la technique, la technologie, la science et l’économie qui constituent le levier par excellence du développement d’un pays ?

L’élaboration du dictionnaire Français-Éwé a été un travail collaboratif. Outre les personnes ressources rencontrées au cours des voyages de collecte et d’étude des mots, vocables, termes techniques et d’expressions idiomatiques sur l’aire culturelle éwé, j’ai bénéficié de la collaboration étroite de Professeur Joseph Koffi Nutәƒe TSIGBE et du doyen Gédéon ASI avec lesquels l’institut Éwé dénommé Institut de Recherche en Communication Endogène de Développement (IRCED) est créé ainsi que de la collaboration de Mme Amè Akoele Aziakor.

Bien avant la publication de mon ouvrage, des dictionnaires bilingues avaient été publiés: Wörterbuch der Eẇe-Sprache: Éẇé Deutsch Eẇé Wörterbuch, (Dictionnaire de la langue Éwé: Dictionnaire Éwé-allemand-Éwé) paru en 1905 sous la plume de D. Westermann ; Dictionnaire Français-Éwé Togo publié par K. Adzomada ; Dictionnaire Éwé-Français écrit par Jacques Rongier, un linguiste français.

A ce jour, il n’existe pas de dictionnaire monolingue Éwé-Éwé. Et il n’est pas, pour le moment, envisagé une version du dictionnaire Français-Éwé en ligne. Néanmoins, un site internet est en cours de création pour la promotion de la langue éwé par son apprentissage en ligne.

Lire aussi : Au Togo, le digital tente de mettre en valeur l'utilisation des langues nationales

Dans cette vidéo reportage, Kuizian Atitso Baba parle également de son initiative à l'équipe de VOA Afrique.

 

JS : Qui seront les principaux utilisateurs.trices de ce dictionnaire?

KAB : Le présent dictionnaire Français-Éwé est destiné surtout aux cadres de la haute administration togolaise et aux locuteurs éwé de la diaspora togolaise. En effet, les manuels éwé sont quasi-inexistants dans les librairies et dans les bibliothèques. Les équivalents éwé de certaines disciplines telles que la philosophie, l’ingénierie, la littérature, les mathématiques, l’arithmétique, le calcul, et des vocables tels le magistrat, le notaire n’existent pas dans les rares manuels ou documents. Du coup, les langues étrangères aliènent les locuteurs éwé créant ainsi un fossé entre les élites de la haute administration togolaise et leurs communautés d’origine d’une part et entre les locuteurs natifs éwé installés ou nés à l’étranger et leurs communautés d’origine, d'autre part.

JS : L'initiative a-t-elle reçu le soutien des autorités éducatives du pays? Quelle sera la prochaine étape ?

KAB : L’initiative a été saluée par Victoire Tomegah Dogbé, Premier Ministre à qui l’ouvrage a été officiellement présenté au cours d’une audience qu’elle a accordée à son auteur le 8 mai 2024.

Les travaux de révision de l’ouvrage ont repris pour une prochaine publication d’édition révisée. Ainsi, l’édition révisée du dictionnaire intégrera de nouveaux mots et expressions proposés par les usagers du dictionnaire Français-Éwé. Parallèlement à la prochaine édition révisée, des travaux d’élaboration d’un dictionnaire bilingue Éwé-Français et d’un dictionnaire monolingue Éwé-Éwé sont en gestation.

Lire également : Le paysage musical togolais s'intègre à la globalité sans abandonner ses racines

JS : La langue éwé se maintient-elle dans la diaspora?

KAB : Malgré la quasi-inexistence de manuels éwé, les locuteurs natifs éwé installés à l’étranger continuent de parler éwé, sauf qu’il leur manque des mots et vocables qui sont des équivalents des mots et vocables et expressions français, anglais ou allemands. Lors de la cérémonie de dédicace de l'ouvrage, les représentants et parents des locuteurs natif éwé de la diaspora ont acheté plusieurs volumes du dictionnaire.

Dans le prolongement de son engagement pour le rayonnement de la langue éwé à travers le monde, l'auteur se donne une autre mission: la publication d'un manuel de grammaire et d'orthographe éwé. Ce second ouvrage est conçu pour faciliter l'apprentissage de la langue éwé et son utilisation professionnelle.

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La sécheresse en Somalie contraint des milliers de réfugiés climatiques à rejoindre le camp de réfugiés de Dadaab au Kenya https://fr.globalvoices.org/2025/01/07/292319/ https://fr.globalvoices.org/2025/01/07/292319/#respond <![CDATA[Guillaume Cottin]]> Tue, 07 Jan 2025 19:57:52 +0000 <![CDATA[A lire]]> <![CDATA[Action humanitaire]]> <![CDATA[Afrique Sub-Saharienne]]> <![CDATA[Anglais]]> <![CDATA[Billet]]> <![CDATA[Droits humains]]> <![CDATA[Environnement]]> <![CDATA[Kenya]]> <![CDATA[Médias citoyens]]> <![CDATA[Migrations & immigrés]]> <![CDATA[Réfugiés]]> <![CDATA[Somalie]]> https://fr.globalvoices.org/?p=292319 <![CDATA[Entre 2022 et 2023, Dadaab a connu un afflux de réfugiés en raison des sécheresses et des conflits, ce qui a fait passer la population du camp de 234 000 en juillet 2022 à 320 000 en mars 2023.]]> <![CDATA[

Les pressions climatiques forcent des millions de personnes à quitter leur foyer

Publié à l'origine sur Global Voices en Français

Capture d'écran d'une vieille femme au camp de réfugiés de Dadaab, tirée du documentaire de Radio Dadaab réalisé par l’Environmental Justice Foundation (EJF), utilisée avec permission.

Dans le documentaire de Radio Dadaab, produit par la Environmental Justice Foundation, Fardowsa Sirat Gele a fait remarquer, « dans les années 91, pendant la guerre civile en Somalie, ces personnes fuyaient la guerre. Mais cette fois-ci, nous voyons de plus en plus de personnes quitter la Somalie à cause de la sécheresse. »

Sirat, un journaliste réfugié de 25 ans du camp Dabaab, le plus grand camp de réfugiés au Kenya, à côté de la frontière somalienne, nous présente un aperçu des défis auxquels font face les réfugiés dans le camp.Le documentaire, a été produit pendant la visite du FEJ dans le camp, il capture les expériences de plusieurs réfugiés et souligne comment les éléments climatiques extrêmes, exacerbés par le changement climatique crent une augmentation significative dans la migration et les déplacements. L’enquête révèle également les liens entre le réchauffement climatique et les générations de migration climatique.

Camp de réfugiés de Dadaab

Enfants du camp de réfugiés de Dadaab. Photo par EJF, utilisée avec permission.

Le camp de réfugiés de Dadaab, au Kenya, accueille plus de 300 000 réfugiés, principalement originaires de Somalie, mais aussi d'autres régions d'Afrique. Bien que les résidents du camp aient accès aux nécessités de base telles que la nourriture, l'éducation, les soins de santé, le commerce et les activités récréatives, leurs déplacements sont limités à un rayon de 50 kilomètres autour du camp. Les réfugiés ne sont pas autorisés à s'installer de manière permanente et les personnes comme Serat, qui est née et a grandi dans le camp, sont confrontées à de graves problèmes d'identité. Le gouvernement kenyan ne délivre pas de certificat de naissance à ces personnes, et le retour dans leur pays d'origine pour obtenir des papiers n'est pas envisageable en raison de la guerre et du conflit qui font rage en Somalie depuis des décennies.

Entre-temps, en 2022, le gouvernement kenyan a adopté la loi sur les réfugiés de 2021, qui stipule que les camps de réfugiés seront transformés en colonies intégrées, créant ainsi des opportunités d'intégration des réfugiés dans la communauté d'accueil. La loi offre aux réfugiés la liberté de mouvement, le droit de travailler et l'accès aux services financiers, entre autres droits.

Vue aérienne du camp de réfugiés de Dadaab. Photo par EJF, utilisée avec permission.

 Conséquences de la crise climatique

Le nombre de personne déplacées à l'intérieur de leurs propres pays est en augmentation. Entre 2013 et 2023, les éléments climatiques extrêmes ont causé une augmentation annuelle moyenne de 23.6 millions de personnes à être délocalisés dans leur propre pays dans le monde à travers le monde , avec des déplacements internes atteignant les 32.6 millions uniquement en 2022. Le rapport partage les impacts de ces événements climatiques dévastateurs couplés à des histoires de réfugiés multigénérationnels dans leurs propres mots, nombreux pour la première fois.

Les conséquences du réchauffement climatique ont été ressenties avec intensité dans la corne d'Afrique, où les réfugiés somaliens se retrouvent sur les premières lignes de la crise climatique, malgré une contribution inexistante aux émissions de carbone entretenant le fracas climatique. En 2019, la Somalie a eu une empreinte carbone par habitant représentant quasiment 1 cinquième de celle du continent européen et , l'intégralité du continent africain contribue à 3.8 pourcent des émissions mondiales du gaz à effet de serre. Au même moment, la modélisation du climat révèle ceci comme une estimation prudente, événements comme la sécheresse qui s'est développée dans la corne de l'Afrique sont cent fois plus susceptibles d'être causées en raison de l'activité humaine.

Les conséquences dévastatrices de cette situation sur la vie des gens sont mises en évidence par la population vivant dans le camp de réfugiés de Dadaab, qui a été qualifié de « prison à ciel ouvert », selon le nouveau rapport du FEJ. Le camp a été conçu à l'origine pour accueillir 90 000 personnes, essentiellement des réfugiés somaliens fuyant la guerre civile de 1991 en Somalie.

 Cependant d'après le rapport de l'ONG, la population a augmenté d'au moins trois fois et demie. Entre 2022 et 2023, Dadaab a fait face à un influx de réfugiés  cause des sécheresses et des conflits, ce qui a engendré une augmentation de la population du camp de 234 000 en juillet 2022 à 320 000 en mars 2023.

En 2024, des inondations sérieuses en Afrique de l'Est a déplacé de nombreux réfugiés somaliens, les conduisant à endurer des difficultés similaires dans les camps de réfugiés au Kenya. D'après le dernier rapport du FEJ, l'intensité de telles crises est susceptible d'augmenter si il n y a pas d'intervention urgente ou un support continue de la communauté internationale.

L'équipe de la FEJ a visité le camp de Dadaab en septembre 2022, suivant la plus grande arrivée de réfugiés climatiques connue depuis des années. Comme prouvé dans le documentaire, pendant ce voyage, les résidents du Dadaab ont dit à la FEJ comment la sécheresse a décimé leurs élevages et leurs cultures, les conduisant à quitter leurs domiciles pour trouver  refuge.

Une mère seule avec sept enfants, Halima Hassan Ibrahim, qui vit avec des incapacités au Dadaab a dit à l'ONG : “Nous avions dix vaches et cinquante vaches. Toutes les vaches et les chèvres sont mortes et tout le reste a été détruit. Je suis une mère et un père pour mes enfants, et je n'ai rien pour eux.”

D'après la FEJ, la situation s'est empirée de façon significative depuis, avec plus de 23.5 millions de personnes souffrant d'une insécurité alimentaire dans la région lors du pic de la sécheresse en 2023. 8.25 millions de personnes en Somalie- presque la moitié de la population- étaient dans le besoin d'une aide pour leur survie, et 43 000 personnes sont mortes, parmi lesquelles la moitié étaient des enfants de moins de 5 ans.

 

 Affronter cette crise ensemble

To address the drought, Somalia’s Federal Government initiated a USD 420 million suite of World Bank-financed initiatives, including the Somalia Urban Resilience Project (Nagaad), through which emergency relief and cash assistance were provided to over 400,000 internally displaced persons arriving in already overstretched urban centers like Mogadishu, Baidoa, and Garowe.

Pour faire face à la sécheresse, le gouvernement fédéral de la Somalie a lancé une série d'initiatives financées par la Banque mondiale pour un montant de 420 millions d'USD.

Steve Trent, PDG et fondateur de la Fondation pour la justice environnementale, a indiqué dans un courriel adressé à Global Voices :

Les pertes considérables de vies humaines, les déplacements forcés et les souffrances généralisées causés par la crise climatique, révélés par notre enquête, sont un choix. Tous les PDG du secteur des combustibles fossiles qui privilégient le profit au détriment des populations, tous les dirigeants mondiaux qui ne parviennent pas à mettre en œuvre les changements urgents dont nous avons besoin, choisissent activement cette voie. Il est temps d'en tracer une autre, et pour la communauté internationale d'agir rapidement et de manière décisive. Nous demandons que le cadre juridique international pour la protection des réfugiés intègre et protège les réfugiés climatiques. Nous n'avons pas de temps à perdre en ce qui concerne la décarbonisation mondiale, l'atténuation du réchauffement climatique et le respect des droits fondamentaux des personnes les plus touchées par la crise climatique.

 

Fardowsa Sirat Gele, a reporter for Radio Gargaar, concluded,

L'injustice est criante : ceux qui ont le moins contribué aux émissions mondiales sont les premiers à tout perdre. Ignorer cet appel urgent ne fera pas que creuser le fossé entre les nations riches et pauvres, mais alimentera également les conflits, la pauvreté et l'instabilité dans le monde entier. Nous devons aux plus vulnérables – et aux générations futures – de faire face à cette crise avec audace et compassion. Une réponse mondiale unie est essentielle, non seulement pour atténuer les dommages futurs, mais aussi pour défendre la justice et la compassion face à ce défi urgent. Protégeons les plus vulnérables et assurons un monde où tous peuvent s'épanouir.

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