A Lyon, après une petite période d’euphorie, les city guides ou guides urbains semblent rentrer dans une autre période. Serait-ce un essoufflement ? La bataille se terminerait-elle avec la capitulation pour les uns, la victoire pour les autres ? Etudiant à l’IEP de Lyon, avec mon site Memorus, je suis pas à pas cette évolution.
Dans un premier article, j’ai réfléchi sur la connotation guerrière que pouvait avoir l’expression « bataille des city guides », employée ici et là dans les médias. A Lyon, depuis début 2000, ces guides urbains s’implantaient au moment même où Internet était glorifié. Bénéficiant de ce contexte, chacun a tenté sa chance. En début de cette année, cette « bataille » avait atteint son paroxysme avec l’arrivée de France Télécom et de son site régional Voila Lyon. Nous pouvions répertorier, en gros, une dizaine de sites : Webcity, Webstub, Vivalyon, Bestoflyon, Voila Lyon, Cityvox, Lyon Poche, M6Lyon…
Oui, j’emploie le passé, car, sans trop se risquer, nous pouvons déjà observer que cette période de développement commence à être révolue. La filiale interactive de M6, disposant d’un budget serré, veut limiter la casse avec son site expérimental de M6lyon. Depuis le 5 décembre, trois à quatre personnes animaient ce nouveau site, en étroite coopération avec la rédaction télé. Le responsable avait bon espoir de s’imposer dans la capitale des Gaules. Néanmoins, quelques mois plus tard, cet espoir s’efface devant la contrainte financière. Plusieurs personnes de ce site seraient bientôt licenciées (selon une source assez sûre). Le nouveau site de la sixième chaîne fonctionnerait alors en service minimum. Retour au bricolage, aux folles journées de travail qui se terminent à point d’heure…
Un service minimunm
Tous ces sites locaux sont bien caractérisés par ce point commun : le service minimum. Moins il y a de personnes qui y travaillent, mieux c’est pour les finances. Cette logique économique implacable empêche à ces acteurs, présents sur le terrain, de travailler dans les meilleures conditions et de « crédibiliser » leur information. Tout le monde se souvient du reportage diffusé dans l’émission Capitale, où un rédacteur de Webcity copiait allégrement des dépêches du quotidien local. Justement, ces rédacteurs n’ont pas le temps d’aller sur le terrain, d’enquêter, de recouper sérieusement leur information… bref, de prendre le temps. Ces rédacteurs manquent de temps, de moyens, d’expérience….
Le site de Vivalyon pourrait faire figure d’exception avec son équipe de cinq journalistes. Soutenu directement par la presse quotidienne régionale (Le Télégramme de Brest et le Républicain Lorrain notamment), ce city guide se base sur un projet réfléchi et rôdé dans d’autres villes. Pour les autres, c’est presque la jungle. Des concentrations sont à prévoir. Mais alors : qui sera avec qui ? qui va être racheté par qui ? On parle du regroupement Maville (Ouest France) - non implanté à Lyon - Vivalaville et Bestofcity (NRJ). Certains espèrent être rachetés par un grand groupe, avec une véritable structure.
Est-ce vraiment une surprise ?
Pour autant, est-ce une surprise ? Personne ne s’attendait que la situation reste pérenne. Le poncif « tout va très vite avec les nouvelles technologies » est toujours bien ancré dans les mentalités. Aux Etats-Unis, la mode « city guide » s’est évanouie depuis quelques années. La fièvre avait commencé en 1995 notamment en Californie puis les fusions suivirent deux à trois an plus tard. Dans une période plus courte, à Lyon, l’évolution semble être la même : la rationalisation au maximum.
Mais, si, en haut, on cherche à minimiser les coûts, en bas, les acteurs se débrouillent pour suivre le rythme. Internet n’a plus le vent en poupe, les investisseurs sont beaucoup moins nombreux, voire inexistants, la publicité tourne pour certains sites autour de zéro… Puis, les rédacteurs tapent sans sourciller sur leur machine, découvrent de nouvelles techniques, espèrent en un nouveau modèle d’informations, argumentent auprès de leurs interlocuteurs. Cela peut-il durer encore longtemps ? Dans une situation si précaire, aucun besoin de faire des prévisions. Tels ces rédacteurs, il faut vivre au temps présent.