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Sabrina Ouazani : "Actrice, c'était comme être princesse"

Sabrina Ouazani
Comme un ouragan au club de boxe Temple-Noble Art dans le Ier arrondissement de Paris. © Alvaro Canovas / Paris Match - Maquillage : Delphine Sicard. Coiffure : Cyril Auchère. Stylisme : Chiara Frasca. Blumarine, Louboutin, Stalactite, Fable Tics, Panthéone, Dior.
Méliné Ristiguian

Edouard Baer a réécrit son film sur Paris pour cette fille des cités pleine de talent.

Sabrina Ouazani a gardé les habitudes de son enfance à La Courneuve. Le même parc, les mêmes rues et les mêmes barres HLM en guise de panorama. Insensible à l’appel des beaux quartiers, elle réside toujours dans la ville de Seine-Saint-Denis qui l’a vue naître et grandir. Son cocon. Ici, tout le monde la connaît et chacun y va de son commentaire pour dire sa fierté. De la cité des 4 000 au tapis rouge de Cannes, le parcours d’une gamine de banlieue.

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Ses parents, originaires d’Algérie, manquent de moyens mais pas d’idées pour occuper leurs quatre enfants : « Papa est ouvrier magasinier. Nous ne roulions pas sur l’or. Au lieu de partir en vacances, ils nous inscrivaient à toutes sortes d’activités sportives mises en place pour les jeunes du quartier. J’ai pu faire ainsi de la danse classique, de l’escalade, du hockey sur rollers, du basket-ball, du canoë-kayak et même du rugby ! Talonneuse, en première ligne dans les mêlées…

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Avec mon équipe, on a été jusqu’en demi-finale au championnat de France. J’étais hyperactive et mes parents espéraient que tout cela finirait par me calmer. J’adorais l’ambiance à la maison. On s’éclatait. Le dimanche, par exemple, c’était ménage pour tout le monde, mais en musique. » Dans cette vie simple, elle a puisé sa force de caractère et son franc-parler. Tutoiement facile et sourire enjôleur, elle transmet sa bonne humeur à ses interlocuteurs comme à ses partenaires de jeu. Solaire, impulsive, instinctive… et le sang chaud. Enfant, elle n’hésitait pas à jouer des poings contre les garçons dans la cour de récréation. Besoin de se faire respecter, de s’affirmer : « Je suis très proche de mes frère et sœurs. Mais je suis ni l’aînée ni la petite dernière, du coup j’avais parfois l’impression de me faire un peu avoir. Quand on avait des Kinder Surprise, j’étais souvent celle qui se faisait piquer le sien ! »

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L’ex-garçon manqué a enfilé des gants de boxe pour le film « Mohamed Dubois », d’Ernesto Oña, mais, dans la vie, elle pratique les arts du cirque.
L’ex-garçon manqué a enfilé des gants de boxe pour le film « Mohamed Dubois », d’Ernesto Oña, mais, dans la vie, elle pratique les arts du cirque. © Alvaro Canovas / Paris Match

Elle a 13 ans lorsqu’une annonce de casting, collée à l’arrêt du tramway, retient l’attention de sa mère. Elle rêve de devenir professeur de sport ou journaliste : « Je n’avais jamais osé penser devenir actrice. Pour moi, c’était comme être princesse ! » Le tournage doit avoir lieu dans la cité. L’occasion de canaliser une fois de plus l’énergie débordante de la jeune fille, le temps d’un été. Sabrina décroche l’essai avec son frère ; elle se voit confier le rôle de Frida, l’un des personnages principaux de « L’esquive ». Sous la direction d’Abdellatif Kechiche, elle apprend les bases du métier. Et trouve sa voie : « A partir du moment où une caméra s’est posée sur moi, j’ai su que je voulais continuer. » Elle sera nommée aux César pour son rôle, dans la catégorie meilleur espoir féminin. Sa carrière est lancée. Elle enchaîne près d’une trentaine de films en moins de quinze ans, qui la font mûrir. C’est face à la caméra qu’elle donne son premier baiser, en 2004, dans « Trois petites filles » : « Je devais embrasser Julien, le fils de Jean-Loup Hubert, le réalisateur. On dansait un slow sur une plage de Bonifacio… Comme il était très timide, son père lui criait : “Mais embrasse-la, banane !” J’en ai encore des papillons dans le ventre… »

« J’aime la liberté de devenir quelqu’un d’autre en jouant. Mon moteur, c’est de donner le sourire aux gens. »
« J’aime la liberté de devenir quelqu’un d’autre en jouant. Mon moteur, c’est de donner le sourire aux gens. » © Alvaro Canovas / Paris Match

C’est à 20 ans qu’elle va rencontrer celui qui deviendra le vrai grand amour de sa vie. Yasmine Belmadi en a douze de plus, il est acteur lui aussi. Entre eux, c’est le coup de foudre. Elle accepte même sa demande en mariage : « La chose la plus dingue que j’aie pu faire par amour ! » Le bonheur ? La tragédie, en tout cas. Son fiancé se tue en scooter le 18 juillet 2009. Sabrina perd pied, se noie dans un chagrin dont elle porte encore les stigmates, le « Y » de Yasmine tatoué sur son poignet : « Chez moi, il y a toujours des photos de lui. Au fil des années, j’ai réussi à transformer cette tristesse en force. Chaque fois que je galère ou que je suis fière de moi, je pense à lui. » En hommage, elle crée avec sa famille l’Association Yasmine Belmadi – Les enfants du paradis, qui aide les jeunes à trouver du travail et encourage les nouveaux talents. Il lui aura fallu plus de deux ans pour accepter un rendez-vous galant. Manière de protéger le souvenir d’un grand amour. De se protéger elle-même, aussi : « Avant, j’étais passionnelle, je pouvais aimer à m’en brûler la peau. J’étais parfois dans les extrêmes. Mais avec le temps, j’ai appris à être plus mesurée. »

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Sabrina est devenue une fille raisonnable, qui économise sur tous ses cachets. Elle sait que la réussite est fragile. Mais ce n’est pas à elle qu’elle pense, c’est à ses parents. Elle voulait leur offrir une maison. A La Courneuve, comme il se doit. C’est chose faite depuis trois ans. Une surprise mûrement élaborée pour Noël. Une façon de les remercier de leur soutien durant toutes ces années. Son prochain défi : « Partir avec mes parents et mes frère et sœurs à Sidi Bel Abbes, en Algérie, la ville d’où nous sommes originaires. Ce sera la première fois que nous irons tous ensemble ! » 
Le 15 mars, elle sera à l’affiche de « L’embarras du choix », d’Eric Lavaine.

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