Les chaînes d’information continue doivent-elles devenir le salon où des journalistes et essayistes volubiles se relaient continûment pour commenter l’actualité du moment ? Sitôt entendues, sitôt oubliées, ces émissions de « flux » entre vedettes des médias font en tout cas florès en France. Sous l’autorité de Jean-François Rabilloud, Jacques Julliard et Luc Ferry batifolent chaque semaine sur LCI (lire « Connivences de comédie »), là où, quelques années plus tôt, Alain Minc et Jacques Attali s’opposaient avec presque autant de… violence. Autre chaîne d’information continue, mais structure d’émission identique sur i-Télé : Christophe Barbier et Eric Zemmour se chamaillent sans conséquence dans « i-Dispute ».
Sur France Inter, l’économie a son débat hebdomadaire. Jean-Marc Sylvestre (un libéral inflexible également présent sur LCI et sur TF1) affronte Bernard Maris (un keynésien assez souple : il lui est arrivé de prétendre que sept pays européens, dont le Royaume-Uni, « n’ont pas de chômage »). Sur la même antenne, deux journalistes de la presse écrite continuent de s’opposer le samedi matin à 8 h 20. Pendant des années, leur place était occupée par Philippe Tesson et Laurent Joffrin, avant que l’usure et la connivence de ce duo libèrent la voie à d’autres éditorialistes. On a ainsi pu entendre Serge July (Libération) face à Nicolas Beytout (Le Figaro), Denis Jeambar (L’Express) opposé à Patrick Sabatier (Libération), François d’Orcival (Valeurs actuelles) contre Jean-François Kahn (Marianne).
La chaîne de l’industriel Vincent Bolloré, Direct 8, a également recours à de grands bannis des ondes puisque des émissions de débat ont été confiées à Alexandre Adler, Philippe Labro et Alain Minc. D’autres stations de télévision à l’audience confidentielle usent du même stratagème pour remplir leur grille des programmes La Chaîne parlementaire fait ainsi appel à Nicolas Domenach (Marianne), Carl Meeus (Le Point), Christophe Barbier (L’Express) et Claude Askolovitch (Le Nouvel (...)