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Les perspectives � long terme

Perspectives agricoles

Le taux de croissance de la demande mondiale de produits agricoles a diminu�, car la croissance d�mographique est en baisse et des niveaux de consommation alimentaire assez �lev�s ont �t� atteints dans bon nombre de pays. La croissance de la demande va encore ralentir � l'avenir. On dispose, au niveau mondial, du potentiel de production n�cessaire pour satisfaire la demande. N�anmoins, les pays en d�veloppement vont devenir plus d�pendants par rapport aux importations de produits agricoles et, dans de nombreuses r�gions pauvres, la s�curit� alimentaire ne s'am�liorera qu'� condition d'une augmentation consid�rable de la production au niveau local.

Jusqu'ici, l'agriculture mondiale a �t� en mesure de satisfaire la demande croissante de produits v�g�taux et animaux. Bien que la population mondiale ait doubl� entre 1960 et 2000 et que les niveaux de nutrition se soient consid�rablement am�lior�s, les prix du riz, du bl� et du ma�s (les principaux aliments de base dans le monde) ont chut� d'environ 60 pour cent. La baisse des prix indique que, mondialement, les disponibilit�s ont non seulement satisfait la demande, mais l'ont m�me exc�d�e.

Bien que la demande mondiale de produits agricoles ait continu� d'augmenter, la progression a �t� moins rapide ces derni�res d�cennies. Entre 1969 et 1989, la demande a cru � un taux moyen de 2,4 pour cent par an, mais celui-ci est tomb� � 2 pour cent seulement au cours de la d�cennie suivante.

Mis � part les facteurs temporaires (dont le principal a �t� le d�clin de la consommation dans les �conomies en transition dans les ann�es 1990), deux autres raisons plus persistantes ont �t� � l'origine de ce fl�chissement:

La demande de produits agricoles continuera d'augmenter � un rythme plus lent

Ces facteurs vont continuer d'influencer les tendances de la demande au cours des trois prochaines d�cennies. Par exemple, la population mondiale va continuer d'augmenter, mais moins rapidement, � un taux de 1,1 pour cent par an jusqu'en 2030, contre 1,7 pour cent par an ces 30 derni�res ann�es.

En 1997-99, 61 pour cent de la population mondiale vivaient dans des pays o� la consommation alimentaire moyenne par personne �tait sup�rieure � 2 700 calories par jour.

Par cons�quent, on pr�voit que la demande future de produits agricoles va encore ralentir, n'augmentant que de 1,6 pour cent par an pour la p�riode de 1997-99 � 2015 et de 1,4 pour cent par an entre 2015 et 2030. Dans les pays en d�veloppement, la baisse sera plus spectaculaire: le taux de croissance qui a �t� de 3,7 pour cent ces 30 derni�res ann�es va passer � 2 pour cent en moyenne dans les 30 prochaines.

Les forces qui sous-tendent ce ralentissement sont r�v�l�es par l'exemple de la Chine, qui a �t� l'un des principaux moteurs de croissance de la demande de produits alimentaires et agricoles dans le monde, et dans les pays en d�veloppement, ces derni�res d�cennies. En 1997-99, les Chinois �taient arriv�s � une consommation alimentaire moyenne journali�re de 3 040 calories (inf�rieure de 10 pour cent seulement au niveau des pays industrialis�s). On pr�voit que la consommation alimentaire en Chine va augmenter quatre fois moins vite dans les trois prochaines d�cennies qu'au cours des trois derni�res, alors que sa population augmentera trois fois moins vite que par le pass�. Etant donn� la taille de la population chinoise, ces changements � eux seuls vont avoir un impact �norme sur la situation mondiale. De nombreux autres pays (y compris certains parmi les plus populeux) vont conna�tre des change-ments tr�s similaires qui vont encore faire diminuer la croissance de la demande.

La ration �nerg�tique journali�re moyenne en Inde est encore inf�rieure � 2 500 calories, et l'on peut s'attendre � ce que ce niveau augmente consid�rablement, alors que la population va cro�tre � un taux moyen de plus de 1 pour cent dans les 30 prochaines ann�es. L'Inde pourrait-elle alors remplacer la Chine en tant que principal moteur de croissance de la demande agricole mondiale? On ne s'attend pas � ce que tel soit le cas, car en raison des traditions culturelles en Inde, on y montre une pr�f�rence pour l'alimentation v�g�tarienne, ce qui va maintenir la demande de viande et d'aliments pour animaux bien en dessous des niveaux atteints en Chine.

Les d�ficits commerciaux du secteur agricole des pays en d�veloppement vont s'accentuer

Traditionnellement, sur l'ensemble des pays en d�veloppement, le commerce agricole se soldait par un exc�dent net. Celui-ci a atteint sa valeur maximum de 17,5 milliards de dollars EU en 1977. Depuis, les importations ont eu tendance � augmenter plus vite que les exportations. La balance commerciale du secteur agricole des pays en d�veloppement a progressivement diminu� et, au milieu des ann�es 1990, elle �tait plus souvent n�gative que positive. Le d�ficit le plus �lev� qui ait �t� enregistr� atteignait 6 milliards de dollars EU, et c'�tait en 1996.

Cette tendance g�n�rale masque une situation complexe, qui varie d'un produit � l'autre et d'un pays � l'autre. Le d�clin massif de l'exc�dent net du commerce du sucre, des ol�agineux et des huiles v�g�tales, par exemple, dans les pays en d�veloppement refl�te une consommation et des importations croissantes dans plusieurs d'entre eux ainsi que l'impact des politiques protection-nistes des principaux pays industrialis�s. Pour les denr�es produites presque enti�rement dans les pays en d�veloppement et consomm�es essentiellement dans les pays industrialis�s, telles que le caf� et le cacao, la progression lente de la demande a entrav� l'am�lioration de la balance commerciale des pays en d�veloppement. Les fluctuations et, en d�finitive, la baisse des prix ont encore aggrav� le probl�me.

Les projections � l'horizon 2030 indiquent que le d�ficit du commerce agricole des pays en d�veloppement va encore s'intensifier. En particulier, les importations nettes de c�r�ales et de produits animaux vont continuer d'augmenter assez rapidement.

Prix mondiaux des produits agricoles, 1960 � 2000


Source: Banque mondiale (2001a)

La production r�pondra � la demande, mais l'ins�curit� alimentaire va persister

Une analyse approfondie montre que, mondialement, on dispose de suffisamment de terres, de sols et d'eau, et d'un potentiel ad�quat d'augmentation des rendements, pour pouvoir atteindre les niveaux de production n�cessaires. L'accroissement des rendements sera plus lent que par le pass�, mais ceci n'est pas forc�ment alarmant au niveau mondial, car il ne sera pas n�cessaire que la production augmente aussi rapidement � l'avenir que dans le pass�. N�anmoins, ce qui est possible ne deviendra r�alit� que si les politiques suivies sont propices � l'agriculture.

Mondialement, les producteurs ont satisfait dans le pass� la demande solvable du march�, et il y a de grandes chances qu'ils continuent de le faire. Mais la demande solvable ne repr�sente pas le besoin total d'aliments et autres produits agricoles, car des centaines de millions de personnes n'ont pas l'argent n�cessaire pour acheter ce dont elles ont besoin ou ne disposent pas des ressources leur permettant de le produire elles-m�mes.

M�me donc si le monde dans son ensemble offre un potentiel de production suffisant, on rencontrera toujours des probl�mes d'ins�curit� alimentaire au niveau national ou � celui des m�nages. Dans les milieux urbains, l'ins�curit� alimentaire refl�te g�n�ralement une insuffisance de revenus, alors que dans les milieux ruraux pauvres elle est souvent indissociable des probl�mes affectant la production alimentaire. Dans beaucoup de r�gions du monde en d�veloppement, la majorit� des gens d�pend encore de l'agriculture locale pour son alimentation et/ou ses revenus, mais le potentiel des ressources locales quant � de nouvelles augmentations de la production est tr�s limit�, tout du moins dans les conditions technologiques actuelles. On donnera comme exemples les r�gions semi-arides et les r�gions affect�es par des probl�mes de sols.

Dans de telles r�gions, l'agriculture doit �tre d�velopp�e par le soutien � la recherche et � la vulgarisation agricoles et par la mise � disposition de cr�dits et d'infrastructures, parall�lement � la cr�ation d'autres possibilit�s de revenus. Sinon, l'ins�curit� alimentaire locale restera tr�s r�pandue, m�me dans un contexte d'abondance au niveau mondial.

Balance commerciale agricole nette des pays en d�veloppement, 1984 � 1999


Source: donn�es FAO


Perspectives de l'alimentation et de la nutrition

L'am�lioration de la nutrition humaine se poursuivra au niveau mondial, mais les progr�s seront lents en termes quantitatifs. M�me d'ici 2030, des centaines de millions de pauvres resteront toujours sous-aliment�s, � moins d'accorder une priorit� renforc�e � la production alimentaire locale et de r�duire l'in�galit� d'acc�s aux vivres. Cependant, l'incidence plus faible de la sous-alimentation rendra le probl�me plus facile � r�soudre par le biais d'interventions au niveau des politiques nationales et internationales.

La nutrition a �t� consid�rablement am�lior�e

Etre lib�r� de la faim n'est pas seulement un droit humain fondamental: c'est essentiel � la jouissance d'autres droits, tels que la sant�, l'�ducation et le travail, et tout ce qui d�coule de ceux-ci.

Le monde a �lev� de fa�on significative les niveaux de nutrition au cours des trois derni�res d�cennies. Ces niveaux se mesurent le plus souvent en calories par personne et par jour. Les besoins des habitants des pays en d�veloppement se situent entre 1 720 et 1 960 calories par jour pour satisfaire leur m�tabolisme de base et une l�g�re activit�.

La consommation alimentaire moyenne mondiale par personne a augment� de pr�s d'un cinqui�me, passant de 2 360 calories par personne et par jour au milieu des ann�es 1960 � 2 800 calories par personne et par jour aujourd'hui. Les hausses de la moyenne mondiale refl�tent principalement celles des pays en d�veloppement, �tant donn� que dans les �conomies industrialis�es et en transition les niveaux de consommation alimentaire �taient d�j� assez �lev�s au milieu des ann�es 1960. Au cours de la p�riode jusqu'en 1997-99, la consommation alimentaire journali�re moyenne par habitant dans les pays en d�veloppe-ment est pass�e de 2 050 � 2 680 calories (voir tableau A3 en annexe).

La proportion de la population mondiale vivant dans des pays o� la ration �nerg�tique est faible a diminu� de mani�re spectaculaire. Au milieu des ann�es 1960, pas moins de 57 pour cent vivaient dans des pays o� la ration moyenne �tait inf�rieure � 2 200 calories par jour. L'Inde et la Chine appartenaient toutes les deux � cette cat�gorie. En 1997-99, bien que la population mondiale ait presque doubl�, approchant de six milliards, cette proportion �tait tomb�e � 10 pour cent seulement. M�me les chiffres absolus (qui baissent plus lentement en raison de la croissance d�mographique) indiquaient une r�duction de plus des deux tiers, de 1 890 millions � 570 millions.

A l'autre extr�me, la part de la population mondiale vivant dans des pays o� la ration �ner-g�tique moyenne est sup�rieure � 2 700 calories par jour a plus que doubl�: de 30 pour cent elle est pass�e � 61 pour cent. Des hausses rapides dans certains des pays en d�veloppement les plus populeux, y compris la Chine, le Br�sil, l'Indon�sie et le Nig�ria, expliquent en grande partie ces progr�s. L'Inde, par contre, n'est pas encore entr�e dans cette cat�gorie.

Pendant cette m�me p�riode, la consommation annuelle mondiale de c�r�ales, tant pour l'alimentation humaine qu'animale, a doubl� pour atteindre 1,9 milliards de tonnes, alors que celle de viande a plus que doubl�: ce n'est pas un mince exploit, compte tenu des inqui�tudes largement r�pandues selon lesquelles la plan�te aurait �puis� son potentiel d'augmentation de la production. Parmi les principales forces � l'origine de cette r�alisation, il faut citer des revenus plus �lev�s, qui ont entra�n� une croissance de la demande solvable, des disponibilit�s accrues gr�ce � l'am�lioration de la productivit�, et le d�veloppement des �changes commerciaux et du transport, qui ont permis de combler les d�ficits alimentaires de certaines r�gions par les exc�dents d'autres r�gions.

Et pourtant, des centaines de millions de personnes restent sous-aliment�es

Cet accomplissement remarquable a n�anmoins laiss� pour compte une vaste quantit� de gens, qui continuent � mal vivre. En 1997-99 les personnes sous-aliment�es �taient encore au nombre de 777 millions dans les pays en d�veloppement, soit une personne sur six environ. Ceci ne repr�sente qu'une r�duction modeste par rapport au chiffre de 816 millions pour 1990-92.

En 1997-99 on d�nombrait encore 777 millions de personnes sous-aliment�es dans les pays en d�veloppement, soit environ une personne sur six.

En Chine, gr�ce � l'�norme att�nuation de la pauvret�, la consommation alimentaire moyenne nationale a consid�rablement augment� (et ceci a eu un fort impact sur la situation mondiale). Si l'on fait abstraction de la Chine, il s'av�re clairement que le nombre de personnes sous-aliment�es s'est accru de pr�s de 40 millions dans les autres pays en d�veloppement.

La r�gion poss�dant le plus grand nombre de personnes sous-aliment�es en 1997-99 �tait l'Asie du Sud, o� 303 millions de gens (juste un peu moins d'un quart de la population) souffraient encore de sous-alimentation. La proportion la plus �lev�e se rencontrait en Afrique subsaharienne, o� plus d'un tiers de la population totale, soit 194 millions de personnes, �tait sous-aliment�.

Progr�s mondiaux en nutrition: pourcentage de la population mondiale pour diff�rents apports �nerg�tiques, en 1964-66 et en 1997-99


Source: donn�es FAO

En 1997-99, la consommation alimentaire moyenne par personne �tait encore inf�rieure � 2 200 calories par jour dans quelque 30 pays en d�veloppement. La guerre et les conflits civils �taient des facteurs significatifs dans rien moins que la moiti� de ces pays. Dans la plupart d'entre eux, la consommation alimentaire se situe aujourd'hui � des niveaux inf�rieurs � ceux atteints dans le pass�. Sur ces 30 pays, 23 se trouvent en Afrique subsaharienne, et 7 seulement dans d'autres r�gions.

Les populations et les revenus vont continuer d'augmenter

Les tendances futures en mati�re de consommation alimentaire sont d�termin�es par la croissance de la population et des revenus, et par la transformation des r�gimes alimentaires.

Selon les toutes derni�res projections des Nations unies, la croissance d�mographique mondiale continuera � ralentir. D'apr�s la projection moyenne des Nations unies, les 6,1 milliards d'habitants d�nombr�s en 2000 vont passer � 7,2 milliards en 2015 et � 8,3 milliards en 2030 - pour atteindre environ 9,3 milliards en 2050.

La vision d'une explosion continue de la population n'est pas fond�e. En fait, il y a plus de 30 ans que le taux de croissance d�mographique a atteint son maximum de 2,04 pour cent par an, � la fin des ann�es 1960. Depuis lors, ce taux est tomb� � 1,35 pour cent. On pr�voit qu'il va encore fl�chir pour arriver � 1,1 pour cent au cours de la p�riode 2010 � 2015 et � 0,8 pour cent entre 2025 et 2030. Ceci va ralentir la croissance de la demande de vivres.

Le nombre absolu de personnes qui s'ajoutent chaque ann�e � la population a d�j� pass� son niveau maximum de 86 millions par an, niveau atteint � la fin des ann�es 1980. Malgr� tout, le nombre de personnes suppl�mentaires par an, actuellement autour de 77 millions, �quivaut encore � pr�s d'une nouvelle Allemagne par an. Les augmentations annuelles ne vont diminuer que lentement durant la p�riode d'�tude: m�me dans la p�riode 2025 � 2030, elles s'�l�veront encore � 67 millions par an. Il faudra attendre le milieu du si�cle pour que ces augmentations ralentissent de mani�re significative, pour arriver � 43 millions par an entre 2045 et 2050. Presque toutes ces augmentations se manifesteront dans les pays en d�veloppement.

A l'horizon 2030, on remarquera des diff�rences importantes quant aux taux de croissance d�mographique parmi les pays en d�veloppement. Alors que la population de l'Asie de l'Est ne cro�tra que de 0,4 pour cent par an, celle de l'Afrique subsaharienne augmentera encore � raison de 2,1 pour cent. Vers 2030, une sur trois des nouvelles personnes qui viendront s'ajouter � la population mondiale na�tra en Afrique subsaharienne. Vers 2050, ce sera une personne sur deux.

L'autre facteur principal d�terminant la demande de vivres est l'accroissement des revenus. La plus r�cente �valuation de la croissance �conomique future r�alis�e par la Banque mondiale est moins optimiste que les pr�c�dentes, mais elle pr�voit encore une hausse de 1,9 pour cent par an des revenus par personne entre 2000 et 2015, ce qui est sup�rieur � la croissance de 1,2 pour cent que l'on a connue dans les ann�es 1990.

Ce qui se produira au niveau de l'incidence de la pauvret� dans ce sc�nario �conomique global est d'une grande importance pour la s�curit� alimentaire car la pauvret� et la faim sont �troitement li�es. La Banque mondiale a estim� les r�percussions de ses projections de croissance �conomique sur la r�duction de la pauvret� d'ici 2015. Elles �taient les suivantes:

L'�tat nutritionnel moyen va s'am�liorer, mais la sous-alimentation ne va r�gresser que lentement

Compte tenu de l'�volution pr�vue de la population et des revenus, on s'attend � ce que la nutrition continue � s'am�liorer, bien que plus lentement qu'auparavant. La consommation alimentaire moyenne par habitant dans les pays en d�velop-pement devrait augmenter de 6,3 pour cent, passant de 2 680 calories en 1997-99 � 2 850 calories en 2015. Ceci �quivaut � un tiers de la hausse qui s'est produite entre 1974-76 et 1997-99.

Ce ralentissement est d� non pas � des limites de production, mais au fait que de nombreux pays ont maintenant atteint des niveaux de consommation moyens � �lev�s, au-del� desquels la marge d'augmentation ult�rieure est plus limit�e que dans le pass�. de vastes pays, comme la Chine, o� la consommation est pass�e de 2 050 calories/personne/jour au milieu des ann�es 1970 � plus de 3 000 calories/personne/jour aujourd'hui, ont d�j� pass� la phase de croissance rapide. De plus en plus de pays atteindront des niveaux similaires au cours de la p�riode couverte par les projections.

D'ici 2030, les trois quarts de la population du monde en d�veloppement pourraient vivre dans des pays o� moins de 5 pour cent de la population seront sous-aliment�s - ceci n'est le cas que pour une personne sur treize actuellement.

Le Sommet mondial de l'alimentation de 1996 avait fix� comme objectif de r�duire de moiti� le nombre de personnes sous-aliment�es dans les pays en d�veloppement d'ici 2015, par rapport � la p�riode de r�f�rence de 1990-92. Les travaux de la FAO ont �tabli que la proportion de gens sous-aliment�s devrait diminuer de mani�re significative, passant de 20 pour cent en 1990-92 � 11 pour cent d'ici 2015 et � 6 pour cent d'ici 2030. Cependant, en nombre de personnes, il est peu probable que l'objectif du Sommet mondial de l'alimentation soit atteint. Le nombre total de personnes sous-aliment�es tombera probablement de 815 millions en 1990-92 � quelque 610 millions d'ici 2015. Il faudrait attendre 2030 pour que le nombre soit r�duit � 440 millions, et que l'on s'approche de l'objectif fix� pour 2015.

La proportion de la population mondiale vivant dans des pays o� la consommation alimentaire par habitant est inf�rieure � 2 200 calories/personne/jour tombera � 2,4 pour cent seulement en 2030. La r�duction du nombre de personnes sous-aliment�es sera impressionnante dans certaines r�gions: en Asie du Sud, par exemple, il pourrait chuter de 303 millions en 1997-99 � 119 millions en 2030, alors qu'en Asie de l'Est le niveau actuel de 193 millions de personnes pourrait �tre r�duit de moiti�.

Par contraste, en Afrique subsaharienne ainsi qu'au Proche-Orient et en Afrique du Nord, le nombre de personnes sous-aliment�es, s'il baisse, ne baissera vraisemblablement que tr�s peu, alors que la proportion sera r�duite d'environ moiti�. D'ici 2030, on devrait voir dans toutes les r�gions, � l'exception de l'Afrique subsaharienne, une diminution du taux de sous-alimentation qui devrait se situer entre 4 et 6 pour cent, alors qu'il varie de 9 � 24 pour cent aujourd'hui. En Afrique subsaharienne, 15 pour cent de la population, soit 183 millions de personnes, seront encore sous-aliment�es � l'horizon 2030. Ce chiffre sera de loin le total le plus �lev� de toutes les r�gions, et n'est que 11 millions de moins qu'en 1997-99. Le sort de l'Afrique subsaharienne est donc source de grande pr�occupation.

Au fur et � mesure de l'accroissement des revenus, l'acc�s aux vivres devrait devenir plus �quitable. Ceci parce que les gens pauvres consacrent une proportion �lev�e de leurs augmentations de revenu � l'alimentation, alors que la quantit� de nourriture que les riches sont pr�ts � consommer ne d�passe pas un certain plafond. Cette plus grande �galit� aura un impact significatif sur le nombre de personnes sous-aliment�es. Par exemple, dans les 44 pays o� la consommation alimentaire moyenne par habitant sera sup�rieure � 2 700 calories par jour en 2015, le nombre de personnes sous-aliment�es s'�l�vera, d'apr�s les pr�visions, � 295 millions. Mais si l'in�galit� d'acc�s � la nourriture devait rester ce qu'elle est aujourd'hui, ce nombre serait de 400 millions.

Nombre de personnes sous-aliment�es par r�gion, de 1990-92 � 2030


Source: donn�es et projections FAO

La r�duction du nombre de personnes sous-aliment�es entre aujourd'hui et 2030 sera lente, pour plusieurs raisons:



Changements des r�gimes alimentaires dans les pays en d�veloppement,
de 1964-66 � 2030


Source: donn�es et projections FAO

Le nombre de personnes sous-aliment�es peut �tre r�duit plus rapidement si l'on accorde une priorit� majeure � l'agriculture, si l'on augmente la production alimentaire nationale et si l'on r�duit l'in�galit� d'acc�s aux vivres. Ces trois mesures devraient �tre associ�es � des interventions continues visant � rem�dier aux cons�quences des crises alimentaires locales, jusqu'� ce que les causes premi�res de la sous-alimentation aient �t� �limin�es.

Il est possible pour les pays d'am�liorer leurs niveaux de nutrition, m�me en l'absence d'une croissance �conomique significative. Au Mali, la consommation alimentaire moyenne a augment� de pr�s d'un tiers durant les ann�es 1980, bien que les revenus moyens aient diminu� pendant cette p�riode. D'autres pays, comme le B�nin, le Burkina Faso, le Ghana, la Mauritanie et le Nig�ria, ont fait des bonds en avant similaires alors que les revenus ont augment� lentement. La caract�ris-tique commune semble avoir �t� la croissance rapide de la production d'aliments de base (c�r�ales, racines et tubercules), ce qui a conduit � une meilleure autosuffisance, au moins en ce qui concerne les c�r�ales. Comme l'agriculture �tait en majorit� pratiqu�e au niveau de subsistance ou m�me moins, l'accroissement de la production a eu pour cons�quence directe d'am�liorer la consommation alimentaire parmi les populations rurales.

Comment les r�gimes alimentaires vont changer

Tout comme la ration �nerg�tique moyenne a augment�, les r�gimes alimentaires des gens ont aussi chang�. Les tendances de consommation alimentaire viennent � se ressembler dans le monde entier, en incorporant des aliments de meilleure qualit� et plus chers, tels que la viande et les produits laitiers.

Cette tendance est due en partie simple-ment aux pr�f�rences des consommateurs. Mais elle est due aussi, en partie, � l'expansion du commerce international des produits alimentaires, � la diffusion mondiale des cha�nes de restauration rapide, et � l'exposition aux habitudes alimentaires am�ricaines et europ�ennes. La commodit�, comme par exemple la portabilit� et la facilit� de pr�paration du pain ou des pizzas toutes pr�tes par rapport aux racines alimentaires, joue aussi un r�le. Les changements des r�gimes alimentaires suivent �troitement les augmentations de revenus et se produisent presque ind�pendamment de la g�ographie, de l'histoire, de la culture ou de la religion. Toutefois, les facteurs culturels et religieux expliquent les diff�rences entre les pays o� les revenus sont similaires. Par exemple, les hindous s'abstiennent de boeuf ou de viande en g�n�ral, les musulmans et les juifs de porc. Malgr� des revenus semblables, les Japonais consomment beaucoup moins de calories provenant d'aliments non f�culents que les Am�ricains, tout comme les Tha�landais par rapport aux Br�siliens.

La convergence des r�gimes alimentaires est assez forte parmi les pays � revenus �lev�s de l'Organisation de coop�ration et de d�veloppement �conomiques (OCDE), o� les tendances de consommation alimentaire indiquent un chevauchement de 75 pour cent avec celles des Etats-Unis, ce qui veut dire que 75 pour cent des produits alimentaires transform�s ont pour base les m�mes mati�res premi�res. M�me le Japon s'est rapproch� des autres pays de l'OCDE, le chevauchement �tant pass� de 45 pour cent en 1961 � environ 70 pour cent en 1999. Une convergence vers les mod�les alimentaires am�ricains se manifeste �galement dans d'autres groupes de pays en d�veloppement, bien qu'elle reste lente dans certains cas, notamment dans les pays enclav�s ou isol�s politiquement, o� les influences internationales p�n�trent moins facilement. Cependant, les facteurs culturels semblent faire plafonner la convergence � environ 80 pour cent, du moins pour l'instant.

Ces changements de r�gimes alimentaires ont eu, et vont continuer d'avoir, un impact sur la demande mondiale de produits agricoles. La consommation de viande dans les pays en d�veloppement, par exemple, a augment� de 10 kg seulement par personne et par an en 1964-66 � 26 kg en 1997-99. Il est pr�vu qu'elle va encore augmenter, pour atteindre 37 kg par personne et par an en 2030. Le lait et les produits laitiers ont �galement connu une croissance rapide: de 28 kg par personne et par an en 1964-66 � 45 kg aujourd'hui, et ce chiffre pourrait grimper � 66 kg d'ici 2030. On s'attend � ce que l'apport �nerg�tique provenant du sucre et des huiles v�g�tales augmente. Cependant, on pr�voit que la consommation humaine moyenne de c�r�ales, de l�gumineuses, de racines et de tubercules va plafonner.

Le probl�me de la sous-alimentation devrait devenir plus ma�trisable

Les projections impliquent que le probl�me de la sous-alimentation devrait devenir plus ma�trisable � l'avenir. Ceci se manifestera de deux mani�res principales:



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