Aller au contenu

Parti populaire national allemand

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis DNVP)

Parti populaire national allemand
Deutschnationale Volkspartei
Image illustrative de l’article Parti populaire national allemand
Logotype officiel.
Présentation
Président Oskar Hergt (1918-1924)[1]
Johann Winckler (1924-1926)
Kuno von Westarp (1926-1928)[2]
Alfred Hugenberg (1928-1933)[3]
Fondation
Fusion de Parti conservateur allemand
Parti conservateur libre
Parti de la patrie allemande (en)[4],[5]
Parti social allemand[6]
Parti allemand de la réforme[7]
Parti chrétien-social[7]
Parti national-libéral (fraction la plus droitière)
Disparition [8]
Mouvement de jeunesse Bismarckjugend (de)
Organisation paramilitaire Kampfstaffeln[9]
Journal Hugenberg-Konzern[10],[11]
Organisation féminine Ligue de la reine Louise (en) (non-officiel)
Positionnement Droite[12],[13] à extrême droite[14],[15]
Idéologie Conservatisme (allemand (en))[16],[17]
Nationalisme allemand
Monarchie constitutionnelle[18]
Antisémitisme[19],[20],[21],[22]
Populisme de droite[23],[24]
Affiliation nationale Coalition anti-Plan Young (1929 (en))[25]
Front de Harzburg (1931)[26]
Alliance électorale Kampffront Schwarz-Weiß-Rot (1933)
Adhérents 950 000 (vers 1923)
Couleurs Bleu clair (usuellement)
Noir, blanc, rouge (couleurs impériales)
Représentation
Députés (1924)
103  /  493
Drapeau de l'Empire allemand, utilisé par le DNVP.
Convention du DNVP en 1932.

Le Parti populaire national allemand[29],[30],[31],[32] (ou Parti national du peuple allemand ; en allemand Deutschnationale Volkspartei, généralement abrégé en DNVP) était un parti politique allemand situé entre la droite et l'extrême droite à l'époque de la république de Weimar.

Parfois présenté comme appartenant à la tendance « nationale-conservatrice » et composante importante du mouvement dit de la « Révolution conservatrice », le DNVP reprenait en grande partie, mais en les radicalisant, les cadres et les fondements idéologiques de l'ancien Parti conservateur allemand, actif sous l'Empire allemand. Jusqu'à l'ascension du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), le DNVP, proche de la Ligue pangermaniste ainsi que des anciens combattants du Stahlhelm, représentait le principal parti völkisch[33]. Antisémite, il exclut officiellement, en 1929, les Juifs du parti[34]. L'historien Ian Kershaw souligne son rapport ambigu avec l'extrême-droite : si le DNVP était völkisch, antisémite et partageait, selon Kershaw, nombre de « caractéristiques fascistes », il se définissait toutefois davantage comme conservateur, voire aristocrate et élitiste, que comme populiste[35].

Hostile à la République de Weimar qui succède à l'effondrement de l'Empire allemand, le DNVP passa la plus grande partie de l'entre-deux-guerres dans l'opposition[36]. Ainsi, il ne participa qu'à deux gouvernements sur les dix-neuf formés entre 1919 et 1932, pour une période totale de 27 mois. Malgré des scores parfois importants (jusqu'à près de 20 % aux deux législatives de 1924), ceci s'explique à la fois par le mode de scrutin électoral en vigueur, et la position intransigeante du parti, qui rejette frontalement la république de Weimar.[réf. nécessaire]

Le DNVP était soutenu par certains industriels, mais aussi par de nombreux grands propriétaires terriens de l'Est de l'Elbe[37]. Il était majoritairement soutenu dans le Nord protestant de l'Allemagne[38],[39]. Le pamphlet de 1919 de Karl Helfferich, intitulé « Erzberger doit partir! », qui qualifiait le député Zentrum, signataire de l'armistice, de « marionnette des Juifs », est un exemple de ce discours violemment anti-démocratique, anti-catholique et antisémite. Le DNVP bénéficia également d'un appui important de la Ligue pangermaniste (également proche du NSDAP), qui profita plus au parti qu'à la ligue[40].

À sa fondation, le DNVP était favorable au retour de la monarchie, et s'opposait de manière virulente aux mesures de rétorsion prises aux dépens de l'Allemagne dans le traité de Versailles. En , le DNVP prend une position ambiguë à l'égard de la tentative du putsch de Kapp, qu'on pourrait qualifier de « soutien sans participation ». Le pasteur Gottfried Traub (de), ex-membre de la National-Sozialer Verein et proche du DNVP, fut ainsi ministre des Cultes de l’éphémère gouvernement de Kapp, avant de devenir officiellement membre du parti.[réf. nécessaire]

Après l'échec du putsch, le DNVP, très divisé sur l'approbation du plan Dawes, abandonne l'orientation monarchique et prône un régime présidentiel fort[41]. Il adopte officiellement, en 1921, les « principes germano-völkisch » comme fondement de sa ligne politique[42].

En 1922, le parti lance une campagne antisémite virulente contre le ministre Walther Rathenau. À la suite de l'assassinat, en , de Rathenau, le chancelier Joseph Wirth réussit à faire voter une loi sur la défense de la République, la Republikschutzgesetz (de), qui permet la dissolution des organisations soutenant le terrorisme. La loi est votée par tous les partis à l'exception du Parti communiste, du Parti populaire bavarois et du DNVP, qui se sent particulièrement visé. Afin d'éviter une éventuelle interdiction, le DNVP s'oppose à son aile la plus radicale[43], conduisant à une scission conduite par les membres les plus à droite (dont notamment Albrecht von Graefe, ancien député du Parti conservateur allemand et l'une des figures de proue du mouvement völkisch, ou Reinhold Wulle), qui mène à la création du « Parti populaire allemand de la liberté » (Deutschvölkische Freiheitspartei, DVFP). Certains de ces membres exclus conservèrent toutefois des relations étroites avec le DNVP, à commencer par Graefe, qui continuait à être considéré comme membre du DNVP[44].

Soutenu par le groupe de presse d'Hugenberg, le parti atteint 950 000 adhérents l'année suivante[45]. Il accepte dès lors de soutenir certains gouvernements (Cuno, 1922-23) ou d'y participer (Luther, 1925-26). Cette participation est sanctionnée par un déclin électoral et le parti passe à une opposition radicale au régime après la prise de pouvoir d'Hugenberg en 1928[réf. nécessaire].

En 1931, alors que ses électeurs le désertent en faveur du NSDAP, le parti forme une alliance avec les nazis et le Stahlhelm (une organisation paramilitaire), le Front de Harzburg[réf. nécessaire].

Le nazisme et l'après-guerre

[modifier | modifier le code]

Le DNVP participe à une coalition avec le parti nazi après l'accession au pouvoir de celui-ci, au début 1933. Il se dissout le sous la pression d'Adolf Hitler. Beaucoup de ses membres rejoignent alors le parti national-socialiste. Ceux qui s'y refusent sont contraints de quitter la vie politique. Après la guerre, certains anciens membres du DNVP rejoignirent la CDU, suscitant des tensions avec les anciens membres du Zentrum qui dominaient le parti. Parmi ceux-ci, Robert Lehr, ministre de l'Intérieur de 1950 à 1953 ; Hans Schlange-Schöningen, qui avait été ministre du Reich en 1930-1931, sous la République de Weimar ; ou Otto Christian Archibald von Bismarck, petit-fils du chancelier. Le parti d'extrême-droite Deutsche Rechtspartei (de) attira davantage d'anciens membres du DNVP, dont Reinhold Wulle, Eldor Borck (de), Wilhelm Jaeger ou Otto Schmidt-Hannover (de)[réf. nécessaire].

Le DNVP est brièvement recréé en 1962, par un ancien député du DNVP, Heinrich Fassbender, avant de rallier le Parti national-démocrate d'Allemagne à sa création en 1964, parti considéré comme ultra-nationaliste, voire néo-nazi[réf. nécessaire].

Présidents

[modifier | modifier le code]

Résultats électoraux au Reichstag (assemblée nationale)

[modifier | modifier le code]
Résultat des législatives de décembre 1924: le DNVP (bleu) arrive en tête dans le nord, le Zentrum et le Parti populaire bavarois (noir) sont en tête dans le sud, et le SPD (social-démocrate, en rouge) en tête ailleurs.
Année Voix % Sièges
1919 3 121 479 10,3
44  /  423
1920 4 249 100 15,1
71  /  459
05/1924 5 696 475 19,5
95  /  472
12/1924 6 205 802 20,5
103  /  493
1928 4 381 563 14,3
73  /  491
1930 2 457 686 7,0
41  /  577
07/1932 2 178 024 5,9
37  /  608
11/1932 2 959 053 8,7
52  /  584
03/1933 3 136 760 8,0
51  /  647

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Hertzman, Lewis (1958). The Founding of the German National People's Party (DNVP), November 1918-January 1919 pp. 24–36
  2. Kolb, Eberhard. The Weimar Republic, London: Unwing Hyman, 1988, p. 75.
  3. Beck, Hermann (2009). The Fateful Alliance: German Conservatives and Nazis in 1933: The Machtergreifung in a New Light pp. 50–51
  4. Hadry, Sarah (2007). German Fatherland Party (DVLP), 1917/18; "Party leaders and assets were transferred to the German National People's Party."
  5. Heinrich, August (2008). Germany: The Long Road West, 1789–1933 p. 352
  6. Larry Eugene Jones, The German Right in the Weimar Republic: Studies in the History of German Conservatism, Nationalism, and Antisemitism, Berghahn Books, 2014, p. 80
  7. a et b Heinrich August Winkler, Germany: The Long Road West, 1789–1933, Oxford University Press, , p. 352
  8. Nazis Outlaw Nationalists As Rival Party, "Milwaukee Sentinel", June 28, 1933, p. 2
  9. Beck, Hermann (2009). The Fateful Alliance: German Conservatives and Nazis in 1933: The Machtergreifung in a New Light p. 26
  10. Foster, Frances (1996). The press of the Weimar Republic and its representation in German literature pp. 9–10
  11. Wistrich, Robert (1984). Who's Who in Nazi Germany, p. 157
  12. Larry Eugene Jones et James Retallack, Introduction, Cambridge University Press, , p. 11
  13. Matthew Stibbe, Germany, 1914–1933 : Politics, Society and Culture, Pearson Education, , p. 212
  14. Peter C. Caldwell, Popular Sovereignty and the Crisis of German Constitutional Law : The Theory & Practice of Weimar Constitutionalism, Duke University Press, , p. 74
  15. Peter C. Caldwell, The Citizen and the Republic in Germany, 1918–1935 : Citizenship and National Identity in Twentieth-Century Germany, Stanford University Press, , p. 48
  16. Ulrike Ehret, Church, Nation and Race: Catholics and Antisemitism in Germany and England, 1918-45, Manchester University Press, (ISBN 978-1-84779-452-9, lire en ligne), « The Catholic right, political Catholicism and radicalism: the Catholic right in Germany »
  17. Seymour M. Lipset, "Social Stratification and 'Right-Wing Extremism'" British Journal of Sociology 10#4 (1959), pp. 346-382 on-line
  18. Fritz K. Ringer, The Decline of the German Mandarins : The German Academic Community, 1890–1933, University Press of New England, , p. 201
  19. Eric D. Weitz, Weimar Germany: Promise and Tragedy. (Princeton: Princeton University, 2007), 95–96.
  20. Bauer, Yehuda Rethinking the Holocaust, New Haven: Yale University Press, 2000 page 101.
  21. Hertzman, Lewis DNVP Right-wing Opposition in the Weimar Republic, 1918–1924, Lincoln: University of Nebraska Press, 1963 page 137.
  22. Hertzman, Lewis "The Founding of the German National People's Party (DNVP), November 1918–January 1919" pages 24–36 from The Journal of Modern History, Volume 30, Issue #1, March 1958 page 31.
  23. Martin Kitchen, Europe Between the Wars : A Political History, Pearson Education, , p. 249
  24. (de) Boris Barth, Genozid : Völkermord im 20. Jahrhundert : Geschichte, Theorien, Kontroversen, C. H. Beck, , p. 176
  25. Beck, Hermann. The Fateful Alliance: German Conservatives and Nazis in 1933 Oxford: Berghahn Books, 2009 p. 55
  26. Nancy R. Reagin, Sweeping the German Nation: Domesticity and National Identity in Germany Germany, 1870–1945, Cambridge University Press, , p. 106
  27. R. Eatwell, Fascism: A History, London: Pimlico, 2003, p. 277
  28. Peter Dudek et Hans-Gerd Jaschke, Entstehung und Entwicklung des Rechtsextremismus in der Bundesrepublik, vol. 1, Westdeutscher Verlag, , 181–201 p.
  29. Stefan Breuer, Anatomie de la Révolution conservatrice, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l'homme, 1996, p. 138.
  30. Manfred Kittel, « Le Zentrum et les protestants sous la république de Weimar » dans Sylvie Guillaume et Jean Garrigues (dir.), Centre et centrisme en Europe aux XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Peter Lang, 2006, p. 86.
  31. Gerd Krumeich, « L'impossible sortie de guerre de l'Allemagne », dans Stéphane Audoin-Rouzeau, Christophe Prochasson (dir.), Sortir de la Grande Guerre. Le monde et l'après 1918, Paris, Tallandier, 2008, p. 159.
  32. Hans Mommsen, Le national-socialisme et la société allemande. Dix essais d'histoire sociale et politique, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l'homme, 1997, p. 405.
  33. George L. Mosse, Les racines intellectuelles du IIIe Reich, trad. chez Points, 2006, p. 359-411
  34. George L. Mosse, Les racines intellectuelles du IIIe Reich, trad. chez Points, 2006, p. 394
  35. Ian Kershaw, « Ideology, Propaganda, and the Rise of the Nazi Party », pages 162-181 in The Nazi Machtergreifung, dir. Peter Stachura, London : George Allen, 1983.
  36. (en) John Wheeler-Bennett, The Nemesis of Power, Londres, Macmillan, , p. 207.
  37. (en) Heinrich August Winkler, Germany : The Long Road West, 1789–1933, Oxford University Press, , p. 352.
  38. George L. Mosse, Les racines intellectuelles du IIIe Reich, trad. chez Points, 2006, p. 380
  39. Childers, Thomas, The Nazi Voter : The Social Foundations Of Fascism In Germany, 1919–1933, Chapel Hill: University of North Carolina Press page 40
  40. George L. Mosse, Les racines intellectuelles du IIIe Reich, trad. chez Points, 2006, p. 367-370
  41. (en) Hermann Beck, The Fateful Alliance : German Conservatives and Nazis in 1933, Oxford, Berghahn Books, , p. 42–43.
  42. George L. Mosse, Les racines intellectuelles du IIIe Reich, trad. chez Points, 2006, p. 391
  43. Beck, Hermann, The Fateful Alliance: German Conservatives and Nazis in 1933, Oxford: Berghahn Books, 2009, p. 36–37.
  44. George L. Mosse, Les racines intellectuelles du IIIe Reich, trad. chez Points, 2006, p. 378
  45. Christian Baechler, L'Allemagne de Weimar 1919-1933, Fayard, 2007, p. 137-139.