Prix Jeunesse
Le Prix Jeunesse était un prix destiné à récompenser une œuvre de littérature pour la jeunesse. Il fut créé en 1934 par Michel Bourrelier (1900-1983), fondateur en 1931 de la maison d'édition Bourrelier[1]. Il ne fut plus remis après 1972.
Historique
modifierDécerné sur manuscrit, avec engagement de publication, il s'agissait du premier prix littéraire consacré aux livres pour enfants. Son but initial était de « donner un nouvel essor à la littérature pour les enfants, de langue française, qui ne semble pas encore avoir atteint son plein développement ». Les ouvrages candidats devaient comporter environ 250 000 signes et s'adresser à des enfants d'un âge compris « entre 7 et 14 ans, environ ». Les auteurs devaient « s'abstenir de toute incursion dans le domaine politique ou religieux »[2].
Le jury était composé de 14 membres permanents. Le jury initial comprenait[3] :
- Paul Hazard, professeur au Collège de France[4], Président
- Charles ab der Halden, Inspecteur général de l'Instruction publique[5]
- Albert Châtelet, recteur de l'Académie de Lille
- Mme A. Coirault, Inspectrice générale des Écoles maternelles
- Georges Duhamel
- Paul Fort
- P. Gautier, chef de bureau à la Direction de l'enseignement primaire
- Armand Got, instituteur, critique et poète
- Mathilde Leriche, de la Bibliothèque de L'Heure Joyeuse, Secrétaire du Prix
- Adolphe Mironneau[6]
- Mlle Simone Ratel
- Mme Marcelle Tinayre
- Charles Vildrac
- Michel Bourrelier, éditeur
À l'origine, le Prix se répartissait entre un prix indivisible de 5 000 francs de l'époque et un deuxième prix divisible de 1 000 francs. Le lauréat était publié dans l'une des collections Primevère ou Marjolaine des Éditions Bourrelier. Le Prix pouvait ne pas être décerné une année si le jury n'avait trouvé « aucun manuscrit qui en fût digne ».
Le Prix Jeunesse fut attribué pour la première fois en 1935 seulement, à Marie Colmont, alors inconnue. Le titre du livre, Rossignol des neiges, fut proposé par Charles ab der Halden. L'œuvre fut saluée dans des journaux très divers.
L'activité du Prix Jeunesse fut interrompue pendant la Seconde Guerre mondiale, pour éviter une récupération par le gouvernement de Vichy. En 1945, Georges Duhamel prit la présidence du jury, Paul Hazard étant décédé en 1944. Charles Vildrac lui succédera ensuite jusqu'à sa mort en 1971. Devaient également entrer dans le jury, de 1948 à 1962, entre autres : Claude Aveline (écrivain), Pierre Menanteau (poète, inspecteur de l'enseignement primaire), Marie-Aimée Niox-Château (directrice de la Nouvelle École de Boulogne), Natha Caputo (auteur et critique littéraire de livres pour enfants), Paul Vialar (écrivain), Maurice Genevoix (écrivain), Claude Santelli (critique et producteur de l'ORTF).
En 1963, les Éditions Bourrelier ayant fusionné avec la Librairie Armand Colin, le Prix fut présenté au siège de cette dernière maison d'édition.
En 1967, les collections Marjolaine, Primevère et L'Alouette ayant cessé de paraître[7], Michel Bourrelier transmit le Prix Jeunesse aux Éditions de l'Amitié - G.T. Rageot[8] et diffusées par la Librairie Hatier. Le Prix devait cesser définitivement son activité en 1972.
Liste des lauréats
modifierPrix édités par les éditions Bourrelier
modifier- 1934 : non attribué ; ouvrages désignés par le jury pour être édités aux Éd. Bourrelier :
- Ellen Lombard, Olof et Gertie
- Marcelle Vigneron-Vérité, Pimprenelle et Mafouinette
- Léonce Bourliaguet, Quatre du cours moyen
- Maurice Carême, Le Royaume des fleurs
- 1935 : Marie Colmont pour Rossignol des neiges
- 2e prix : César Santelli[9] pour L'Escabeau volant ; Andrée Martignon[10] pour Jean des villes et Jean des champs
- 1936 : non attribué
- 1937 : Georges Nigremont pour Jeantou, le maçon creusois
- 2e prix : Nanine Grüner[11] pour Isabelle et la Porte jaune, Marcelle Vérité pour Mipe, ses amis et ses bêtes
- 1938 : non attribué
- 1939 : Colette Vivier pour La Maison des petits bonheurs
- 1940-1944 : non attribué
- 1945 : Alice Piguet pour Thérèse et le jardin
- 1946 : non attribué
- 1947 : Jean Bosshard[12] pour Le Marchand de sable attendra
- 1948 : Léone Mahler[13] pour Le Secret de l'Île d'or
- 1949 : non attribué
- 1950 : René Guillot pour Sama, prince des éléphants
- 1951 : non attribué
- 1952 : Andrée Clair[14] pour Moudaïna
- 1953 : Louis Delluc[15] pour Le Mousse de la Nina
- 1954 : Robert Teldy-Naïm[16] pour Sept soleils sur la neige
- 1955 : Claire Audrix[17] et Christian Fontugne[18] pour Nic et Nick
- 1956 : Jeanne Loisy[19] pour Le Secret de Don Tiburcio
- 1957 : Aimée Collonges[20] pour L'étrange famille de la pampa
- 1958 : Étienne Cattin[21] pour Rat-blanc et son chauffeur
- 1959 : Simone Martin-Chauffier[22] pour L'Autre chez les corsaires
- 1960 : Gine Victor-Leclercq[23] pour Va-comme-le-vent, cheval mongol
- 1961 : Pierre Gamarra pour L'Aventure du Serpent à plumes
- 1962 : Magda Contino[24] pour Le Mystère de l'Ancre coralline
- 1963 : May d'Alençon pour Renard roux
- 1964 : Jacqueline Verly[25] pour Sur la route des Bohémiens
- 1965 : Nicole Lesueur[26] pour Le Secret du ballon jaune
Prix édités par les Éditions de l'Amitié
modifier- 1968 : Jacqueline Cervon[27] pour L'Aiglon d'Ouarzazate
- 1969 : non attribué
- 1970 : Michel-Aimé Baudouy[28] pour Alerte sur le Roc Blanc
- 1971 : Pierre Pelot[29] pour L'unique rebelle
- 1972 : Nicole Vidal[30] pour La Conspiration des parasols
Sources
modifier- Mathilde Leriche, Le Prix Jeunesse : histoire d'un prix littéraire pour enfants, in 50 ans de littérature de jeunesse, Magnard - L'École, 1979.
- Paul Hazard, préface à Rossignol des neiges de Marie Colmont.
- (Notes biographiques) : Nic Diament, Dictionnaire des écrivains français pour la jeunesse : 1914-1991, Paris, L'École des loisirs, , 783 p. (ISBN 2-211-07125-2 et 978-2-211-07125-3)
Notes et références
modifier- D'après l'hommage funèbre de Raymonde Dalimier, « In mémoriam : Michel Bourrelier », bulletin du Centre de Recherche et d'Information sur la Littérature de Jeunesse, no 20, (lire en ligne, consulté le )
- Janine Despinette, La littérature pour la jeunesse dans le monde, ses prix littéraires et leur finalité, Enfance n° 3-4 (1984). Persée
- Dès 1936 entrèrent dans le jury Marguerite Gruny, bibliothécaire de L'Heure joyeuse, et Jacqueline Dreyfus-Weil, ancienne stagiaire de cette même bibliothèque (qui devait mourir en déportation à Auschwitz).
- Et futur académicien.
- Auteur de Études de littérature canadienne-française (1904) et Nouvelles études de littérature canadienne-française (1907). Mort en 1962. Voir Marie-Andrée Beaudet, Charles ab der Halden, portrait d'un inconnu, Éditions de l'Homme, 1992 (ISBN 978-2890064614)
- Auteur de plusieurs recueils de lecture pour l'école primaire.
- La collection Heures enchantées, créée en 1946 et réservée aux contes, n'avait duré que quelques années. Elle fut remplacée en 1956 par la collection L'Alouette.
- Maison d'édition fondée en 1941 par Tatiana et Georges Rageot, qui avaient d'abord créé la collection Heures joyeuses. Source : Raymond Perrin, Un siècle de fictions pour les 8 à 15 ans (1901-2000), L'Harmattan, éd.2005.
- Né le 2 décembre 1889 à Corte, mort le 25 décembre 1971 à Paris. Agrégé d'allemand, inspecteur d'académie, conseiller culturel en Allemagne après la guerre. Chargé des relations internationales auprès du ministre de l'Éducation nationale jusqu'à 1961. A publié des romans, des pièces de théâtre pour la radio-télévision, des traductions de l'allemand, des manuels scolaires, et trois livres pour enfants, dont l'Escabeau volant. Père du réalisateur de films Claude Santelli.
- Née le 1er novembre 1888 à Pau, morte le 1er janvier 1977 à Nice. Chroniqueur littéraire dans des journaux régionaux en Gascogne et auteur de livres sur la nature et la montagne.
- Née le 7 novembre 1907 à Montceau-les-Mines, morte en déportation en février 1945 à Ravensbrück. Son vrai prénom est Jacqueline. Secrétaire de l'avocate Lucile Tinayre, pigiste pour différents journaux (elle signe parfois Marise Willm, du nom de sa mère). A publié quelques romans avant son arrestation par les Allemands, le 25 mars 1944, avec son père et sa sœur, également décédés en déportation.
- Né le 8 octobre 1900 à Bordeaux, mort le 16 mars 1985. Son père, Auguste Bosshard, était suisse. Élevé en Algérie, a vécu en Afrique (Sénégal, Égypte). Avocat et contrôleur des émissions à Radio-Dakar. Rentré en France en 1959, avocat à Corbeil et Créteil. Outre ce recueil pour petits enfants, n'a écrit que deux livres pour adultes.
- Née le 18 avril 1899 à Paris, décédée le ? . Institutrice à Rueil-Malmaison, puis au Bas-Meudon. Critique de théâtre et de cinéma. A également publié deux romans historiques situés au Moyen Âge.
- Née le 6 mai 1916 à Malakoff. Institutrice, professeur, collaboratrice au Musée de l'Homme ; de 1961 à 1974, chargée de mission puis conseiller culturel au cabinet du président de la République du Niger. Humaniste et anticolonialiste. A écrit quelques titres en collaboration avec Boubou Hama (1906-1982), président de l'Assemblée nationale du Niger en 1958.
- Né le 21 août 1894 à Alles-sur-Dordogne, mort le 12 septembre 1974 à Eysines (Gironde). Sans rapport avec son homonyme cinéaste Louis Delluc. Instituteur, blessé lors de la Première Guerre mondiale, poète de langue occitane, traducteur de l'espagnol. Ses livres pour la jeunesse sont surtout des documentaires romancés.
- Né le 16 juillet 1901 à Turin, mort le 31 janvier 1981 à La Celle-Saint-Cloud. De son vrai nom Roberto Naïm, signe aussi Robert Tescher. Résistant, époux de Marianne Monestier, a longtemps séjourné aux États-Unis. Auteur de romans, de traductions, et de trois autres ouvrages pour enfants (1956, 1958, 1966).
- De son vrai nom Charlotte Absalon, née en Dordogne, enseignante.
- Véritable prénom : Christian. Né le 23 novembre 1905 à Paris, décès : ? Enseignant et directeur d'école. Auteur de la série Pierre et Françoise, illustrée par l'auteur (Impr. Chaix).
- Née le 30 août 1913 à Bantanges. Professeur de Lettres, a enseigné au lycée d'Aubenas de 1942 à 1972. A publié plusieurs romans chez Julliard. Ouvrage également primé par le jury Andersen en 1958.
- Née le 15 juin 1913 à Paris, de son vrai nom Aimée Coffinet. Professeur, a vécu 8 ans en Uruguay. Installée en Suisse en 1953.
- Né le 29 janvier 1912 à Villereversure (Ain), mort le 9 septembre 1966 à Rignat (Ain). Docteur en droit, entré à la SNCF en 1939. A aussi obtenu le Prix Vérité 1953 pour Trains en détresse et le Prix Chatrian 1954 pour Ceux du rail, romans pour adultes publiés chez Julliard ; le Prix Jean-Macé 1962 pour L'Express du soir (Bourrelier).
- Née Simone Duval le 29 août 1902 à Brest, morte le 24 mars 1975 à Paris. Épouse en 1921 l'écrivain et journaliste Louis Martin-Chauffier. Résistante, traductrice. A publié deux romans autobiographiques chez Julliard, mais pas d'autre œuvre pour la jeunesse.
- Née le 20 mai 1909 à Frameries (Belgique), passe son enfance dans le Pas-de-Calais. Épouse de Victor Leclercq, avec lequel elle réside en Chine de 1932 à 1947, mais qui décédera en 1950. Journaliste. A reçu également deux prix belges.
- Née le : ? , décédée le 21 mars 1965. Originaire du Sud-Ouest, née Marie-Madeleine Blanche Georgette Lavergne. Épouse de l'auteur dramatique E. Contino. Journaliste et reporter, a publié une cinquantaine de romans sentimentaux. Ce titre est le seul qu'elle ait publié pour les enfants.
- Née à Mulhouse, réside à Paris de 1930 à 1945. Épouse de Léon Lang. Dessinatrice et romancière. A reçu le prix Erckmann-Chatrian en 1976 pour Les loupiots du Haut-Ravin. A publié plusieurs œuvres pour la jeunesse illustrées par elle-même.
- Née le 11 juillet 1936 à Pont-Sainte-Maxence. Enseignante. Plusieurs œuvres pour la jeunesse publiées.
- Née le 6 juillet 1924 à Cervon, de son vrai nom Jacqueline Séné. Mariée à Serge Moussard, avec lequel elle passera huit ans à Djibouti. A publié depuis 1961 un grand nombre de titres pour enfants (certains illustrés par Jean Reschofsky), mais pas de « séries » ; a reçu plusieurs prix.
- Né le 1er avril 1909 au Vernet (Ariège). Prisonnier cinq ans en Allemagne pendant la guerre. Professeur de Lettres, a publié plus de 40 titres pour enfants et a reçu de nombreux prix. Signe parfois François Vernières.
- Né le 13 novembre 1945 à Saint-Maurice-sur-Moselle, de son vrai nom Pierre Grosdemange. Publie un grand nombre de romans pour enfants à partir de 1966. A signé des romans d'anticipation sous le nom de Pierre Suragne, et des nouvelles fantastiques sous celui de Carbonari. A rédigé également des feuilletons radiophoniques. Plusieurs prix.
- Née le 16 mai 1928 à Hanoï (Tonkin). Sa famille doit se réfugier en Chine, puis en Inde et au Liban. Elle vit aussi en Égypte de 1945 à 1949. Nombreux petits boulots, y compris en Polynésie. Situe souvent ses romans pour enfants dans les pays où elle a vécu. Nombreux romans publiés, pour adultes comme pour enfants, plusieurs prix.