Fouad Chéhab

troisième président du Liban (1902-1973)

Fouad Chéhab (en arabe : فؤاد شهاب), né le à Ghazir et mort le à Jounieh, est un homme d'État et un militaire libanais, de la famille princière Chéhab, originaire du Mont Liban, président de la République entre 1958 et 1964, ancien commandant de l'armée libanaise.

Fouad Chéhab
فؤاد شهاب
Illustration.
Fouad Chéhab en 1961.
Fonctions
Président de la République libanaise

(5 ans, 11 mois et 30 jours)
Président du Conseil Khaled Hibri
Rachid Karamé
Ahmad Daouk
Saëb Salam
Rachid Karamé
Hussein Oueini
Prédécesseur Camille Chamoun
Successeur Charles Hélou
Président du Conseil des ministres du Liban
(Intérim)

(13 jours)
Prédécesseur Saëb Salam
Successeur Khaled Chéhab
Biographie
Nom de naissance Fouad Abdallah Chéhab
Date de naissance
Lieu de naissance Ghazir (Empire ottoman)
Date de décès (à 71 ans)
Lieu de décès Jounieh (Liban)
Nationalité Libanaise
Parti politique Indépendant
Conjoint Rose René Boittiaux
Profession Militaire
Religion Église maronite

Fouad Chéhab
Présidents de la République libanaise
Présidents du Conseil des ministres du Liban

Il est l'un des présidents les plus remarqués de l'histoire du Liban, grâce aux réformes et modernisations entreprises pendant son mandat[1],[2]. Il est considéré comme le fondateur de l'État moderne libanais, surtout sur le plan des institutions administratives et régulatrices.

Biographie

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Commandant des Forces armées libanaises

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Issu de la branche chrétienne maronite de la famille des grands princes Chéhab, maîtres du Mont Liban d'avant 1840, Fouad Chéhab devient commandant de l'armée libanaise en 1945, après la fin du mandat français et de la présence militaire française.

En 1952, Chehab refuse de laisser l'armée interférer dans le soulèvement qui oblige le président Béchara el-Khoury à démissionner. Après la démission du président, Chéhab est nommé Premier ministre le [3] avec pour mission d'assurer en urgence des élections présidentielles démocratiques. Quatre jours plus tard, Camille Chamoun est élu pour succéder à Béchara el-Khoury.

Les fraudes électorales des élections parlementaires de 1957, suivies du renvoi de plusieurs ministres pro-arabes, engendrent une révolte musulmane violente. Elle est connue sous le nom de Crise de 1958 au Liban, et entraîne des tensions qui auront comme conséquence une longue guerre civile de 17 ans (1975-1991). Comme en 1952, Chéhab, toujours commandant de l'armée comptant alors 7 000 hommes, refuse de l'impliquer dans les combats[4]. Il empêche également l'opposition et les partisans du gouvernement d'occuper des sites d'importance stratégique, tels que l'aéroport et les bâtiments gouvernementaux.

Carrière politique

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Président de la République

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Chehab et son épouse, Rose René Poitieux

Pour mettre fin au soulèvement, le président Chamoun, demande l'intervention américaine, et les marines débarquent à Beyrouth le dans le cadre de l'opération Blue Bat[5]. Les musulmans étant rendus confiants par son impartialité et le soutien que lui apportent par les Américains, Chéhab est choisi en tant que candidat de consensus pour succéder à Chamoun comme président et pour ramener la paix au pays. Lors de son entrée en fonction, Chéhab déclare : « la révolution n'a ni gagnant, ni perdant ». Il poursuit sur le chemin de la modération et coopère étroitement avec les différents groupes religieux et les forces séculaires et religieuses, parvenant ainsi à refroidir toutes les tensions et à ramener la stabilité au pays.

En 1960, deux ans après le début de son mandat présidentiel de six ans, voyant que le pays avait retrouvé la stabilité et que le terrain est préparé pour des réformes, Chéhab propose de démissionner de son poste. Cependant, les membres du Parlement libanais le persuadent de poursuivre son mandat. En 1961, il fait échouer une tentative de coup d'État menée par le Parti nationaliste social syrien. Pour empêcher de futures menaces semblables, il renforce les services de sécurité libanais empêchant ainsi toute interférence étrangère dans les affaires intérieures du pays.

Le mandat de Chéhab se révèle comme période d'équilibrage sensible pour maintenir l'harmonie entre les chrétiens et les musulmans libanais. Il suit le chemin et les principes du dialogue et de la modération, couplés avec des réformes publiques qui sont connues sous le nom de « Chéhabisme ». Le mot a été employé pour la première fois par le journaliste Georges Naccache, lors d'une conférence donnée au Cénacle Libanais. Généralement bien respecté pour son honnêteté et son intégrité, Fouad Chéhab est crédité d'un certain nombre de reformes pour moderniser l'administration ainsi que les services publics libanais. Cela lui a valu d'entrer en conflit avec des politiciens aux conceptions féodales et confessionnelles de la vie politique et qui ont vu leurs pouvoir de mainmise sur la société libanaise diminuer progressivement.

Après la présidence

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En 1964, Chéhab, dont la présence à la tête du pays est encore vue par beaucoup comme un gage de stabilité, refuse un amendement de la Constitution pour lui permettre de se représenter pour un second mandat. Il soutient la candidature de Charles Helou qui est élu président. Plus tard, Chéhab critique Helou, parce qu'il a autorisé la présence armée des combattants palestiniens au Sud-Liban et qu'il manœuvre pour le retour au devant de la scène des hommes influents hérités des traditions féodales du Liban.

Chéhab est pressenti pour se présenter à l'élection présidentielle de 1970, mais, dans une déclaration historique, il déclare que son expérience à la présidence l'a convaincu que les Libanais n'étaient pas prêts à abandonner la politique traditionnelle féodale et à établir un État moderne. Il choisit de soutenir son protégé, Elias Sarkis. Dans le scrutin le plus serré de l'histoire libanaise, Sarkis perd l'élection présidentielle face au chef féodal Soleimane Frangié par une seule voix à l'Assemblée nationale. L'élection de Frangié est considérée comme une défaite pour l'ancien président et marque la fin des réformes et de l'ère chéhabiste.

Fouad Chehab meurt à Jounieh le à l'âge de 71 ans.

En 1976, Elias Sarkis, l'héritier du chéhabisme, est unanimement élu président du pays dans l'espoir d'arrêter la guerre civile qui vient d'éclater et d'unifier la nation libanaise. Mais une telle tentative se révèle trop tardive, car les Palestiniens, Syriens, Israéliens et les autres belligérants ont déjà pris les commandes du pays. Sans appui d'une armée libanaise qui s’avérait faible, Sarkis ne réussit pas à changer le cours des événements pour un Liban stable.

Voir aussi

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Références

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Sources

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  • Un « homme providentiel » fortement contesté, par Édouard Saab, dans Le Monde du .
  • Marwan Harb, Le Chéhabisme, ou les limites d'une expérience de modernisation politique au Liban, 2007

Liens externes

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