Ievgueni Primakov

personnalité politique russe
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Ievgueni Maximovitch Primakov, plus souvent orthographié Evgueni Primakov (en russe : Евгений Максимович Примаков), né le à Kiev et mort le à Moscou, est un ancien président du Soviet de l'Union et président du gouvernement de la fédération de Russie[1].

Ievgueni Primakov
Евгений Примаков
Illustration.
Ievgueni Primakov en 1997.
Fonctions
Président du gouvernement russe

(8 mois et 1 jour)
Président Boris Eltsine
Prédécesseur Viktor Tchernomyrdine (intérim)
Sergueï Kirienko
Successeur Sergueï Stepachine
Ministre des Affaires étrangères

(2 ans, 8 mois et 1 jour)
Président Boris Eltsine
Prédécesseur Andreï Kozyrev
Successeur Igor Ivanov
Biographie
Nom de naissance Ievgueni Maximovitch Primakov
Date de naissance
Lieu de naissance Kiev (RSS d'Ukraine)
Date de décès (à 85 ans)
Lieu de décès Moscou (Russie)
Nationalité Russe
Soviétique
Enfants 2
Diplômé de Institut d'études orientales de Moscou
Université d'État de Moscou
Profession Diplomate
Journaliste

Ievgueni Primakov
Présidents du gouvernement russe

Ancien haut responsable du KGB à l'époque soviétique[2], il a été ministre des Affaires étrangères russe de à , et président du gouvernement de cette date jusqu'au [1].

Fin connaisseur du monde arabe, il demeure un émissaire actif du Kremlin au Proche-Orient. Il a pu être surnommé le « Kissinger russe » grâce à une politique étrangère prudente[3].

Biographie

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Formation

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Primakov est né à Kiev, en RSS d'Ukraine et a grandi à Tbilissi, en RSS de Géorgie. Son père a disparu dans le Goulag en 1937[4]. Sa mère née Anna Yakovlevna Primakova (1896-1972) était gynécologue et cousine du physiologiste Yakov Kirchenblat (ru). Sa grand-mère maternelle était juive de naissance et épousa contre la volonté de son père (propriétaire d'un moulin) un simple ouvrier russe orthodoxe du nom de Primakov. Ils se sont installés ensuite à Tiflis (aujourd'hui Tbilissi) et son mari est devenu petit entrepreneur dans la construction de routes[5].

 
Primakov dans les années 1970.

Evgueni Primakov étudie d'abord comme cadet de la marine en 1944 à l'École de la marine militaire de Bakou, mais il interrompt ses études en 1946 à cause d'un début de tuberculose et termine ses études secondaires à Tbilissi. Il étudie au département d'arabe de l'Institut d'État d'études orientales de Moscou, où il devient l'ami de Julian Semenov. Il en sort diplômé en 1953. Il effectue ensuite des travaux à l'université d'État de Moscou à la faculté d'économie.

Il commence sa carrière à l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales de l'Académie des sciences (qui porte son nom aujourd'hui). De 1956 à 1970, il a été journaliste pour la radio soviétique et correspondant au Moyen-Orient pour la Pravda. Il effectue son premier voyage à l'étranger en 1957 sur une croisière en Méditerranée orientale. Il habite de 1965 à 1970 au Caire comme correspondant de la Pravda. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Gaafar Nimeiry. En 1969, il se rend à Bagdad où il fait la connaissance de Saddam Hussein et plus tard de Tarek Aziz (à l'époque rédacteur-en-chef du journal Al-Thawra), dont il deviendra proche. Il se rend aussi à plusieurs reprises chez Massoud Barzani. De 1970 à 1977, il est directeur adjoint de l'Institut d'économie et de relations internationales de l'Académie des sciences. Parlant couramment l'arabe, il est directeur de l'Institut d'études orientales de l'Académie des sciences de 1977 à 1985. Durant cette période, il a dirigé la rédaction de nombreuses thèses universitaires, dont celle de Mahmoud Abbas (président de l'Autorité palestinienne depuis 2005). De 1985 à 1989, il retourne à l'Institut d'économie et de relations internationales en tant que directeur[6].

Les débuts politiques (1989-1991)

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Il entame une carrière politique en 1989, en tant que président du Soviet de l'Union, l'une des deux chambres du Parlement soviétique. De 1990 à 1991, il est membre du Conseil présidentiel de Mikhaïl Gorbatchev. Il est l'envoyé spécial de ce dernier en Irak et s'entretient avec Saddam Hussein, alors que la guerre du Golfe se prépare[7].

À la direction des renseignements extérieurs

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Après le coup d'État manqué d'août 1991 contre Gorbatchev, Primakov est nommé premier président adjoint du KGB[2],[8].

Le , il est nommé directeur du Service des renseignements extérieurs de Russie, le SVR, poste qu'il occupe jusqu'en 1996.

 
Oukase n°316 du 26 décembre 1991 de nomination de Primakov au poste de directeur du SVR.

Ministre des Affaires étrangères (1996-1998)

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De janvier 1996 jusqu'à septembre 1998, il occupe le poste de ministre des Affaires étrangères. Il y jouit d'une certaine estime en tant que défenseur farouche des intérêts de la Russie, et en tant qu'opposant à l'expansion de l'OTAN dans l'ancien Bloc soviétique, bien que le , après cinq mois de négociations avec le secrétaire général de l'OTAN Javier Solana, la Russie signe l'Acte fondateur qui marque la fin des hostilités de la Guerre froide[9].

Il se fait l'avocat du multilatéralisme, en tant qu'alternative, après l'effondrement de l'URSS, à l'hégémonie mondiale des États-Unis. Il défend une politique étrangère fondée sur des médiations peu coûteuses et l'expansion au Moyen-Orient ainsi que dans les anciennes républiques soviétiques. Il soutient le « triangle » stratégique Russie, Chine, Inde pour contrebalancer l'influence américaine[10]. Selon l'universitaire Richard Sakwa, il est « le premier dirigeant à donner son pays le statut de puissance résistante », « [remet] en circulation la notion de multipolarité », et « [s'inspire] de la doctrine de la coexistence pacifique de Nikita Khrouchtchev, ancien premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique, selon laquelle des systèmes sociaux et politiques peuvent être concurrents sans nécessairement entrer en conflit »[11].

Primakov élabore également une doctrine géopolitique qui porte son nom : la doctrine Primakov. Cette dernière s'articule autour de trois idées forces : premièrement, la Russie ne peut être réduite à une puissance européenne moyenne, deuxièmement le monde post-guerre froide sera multipolaire et non pas dominé par les seuls États-Unis, et en troisième lieu la Russie a un droit de regard privilégié sur les anciennes RSS qualifiées d'« étranger proche ».

Président du gouvernement (1998-1999)

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La tentative échouée pour reconduire Viktor Tchernomyrdine comme président du gouvernement (la Douma s'y opposa en septembre 1998) conduit Eltsine à se tourner vers Primakov, susceptible de réaliser le compromis. Primakov met en œuvre des réformes difficiles, mais réussies pour la plupart (réforme fiscale notamment)[12]. Son opposition à l'unilatéralisme américain lui vaut une grande popularité en Russie, mais la posture défiante vis-à-vis de l'Occident adoptée lors des frappes au Kosovo empêche la Russie de peser sur l'évolution de l'ex-Yougoslavie. Il fait sensation le en ordonnant en plein vol au commandant de bord de son avion qui devait se rendre aux États-Unis, afin qu'il puisse effectuer une visite officielle à Washington, de rentrer immédiatement à Moscou en signe de protestation, alors que les premières bombes de l'OTAN s'abattent sur Belgrade[13].

Alors que le Parti communiste de la fédération de Russie prépare une procédure de destitution du président Eltsine, Primakov refuse de renvoyer les ministres communistes du gouvernement. Le , il est congédié par Eltsine et remplacé par Sergueï Stepachine.

Avec le soutien du parti La Patrie/Toute la Russie, Primakov s'oppose à Vladimir Poutine et au Parti de l'Unité russe. Les élections législatives de décembre 1999 donnent finalement l'avantage à ce dernier, et dans un message télévisé du , Primakov abandonne la campagne présidentielle et finit par se rallier à Poutine. Il est l'émissaire de la Russie auprès de Saddam Hussein en mars 2003, pour tenter d'empêcher l'invasion de l'Irak.

En novembre 2004, il a témoigné en faveur de l'ancien président de la république fédérale de Yougoslavie Slobodan Milošević, jugé pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.

Président de la Chambre de commerce et d'industrie (2001-2011)

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De décembre 2001 à 2011, Evgueni Primakov préside la Chambre de commerce et d'industrie de la fédération de Russie. Il a obtenu en 2006 le limogeage des ministres des Finances et du Commerce extérieur et imposé une rupture avec les dogmes utra-libéraux[14].

Sous son influence, le Fonds de stabilisation abondé par les exportations de gaz et de pétrole a été affecté au développement du territoire et à la relance de la consommation intérieure, au risque de provoquer une poussée inflationniste.

Il quitte ses fonctions en 2011 et se retire de la vie publique[1]. Il meurt en 2015.

Famille

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  • Il épouse en 1951 Laura Vassilievna Kharadzé (1930-1987), étudiante à l'Institut polytechnique de Tbilissi, dont il a deux enfants :
    • Alexandre (1954-1981), aspirant au doctorat à l'Institut des études orientales de Moscou ; souffrant de myocardite, il meurt d'une crise cardiaque.
      • Evgueni (né en 1976), journaliste sous le pseudonyme d'Evgueni Sandro, orientaliste[15] et présentateur à la télévision sur la chaîne Rossiya 24 de l'émission Revue internationale. Père de quatre enfants.
    • Nana (née en 1962), épouse le fils de l'académicien spécialiste d'immunologie Bakhoutachvili, dont elle a deux filles: Alexandra (née en 1982) et Maria (née en 1997).
  • Après son veuvage, il épouse en secondes noces Irina Borissovna Bokareva (née en 1952).

Décorations

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Décorations soviétiques

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Décorations russes

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Décorations étrangères

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Distinctions

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Publications

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  • Au cœur du pouvoir : Mémoires politiques, Paris, Editions des Syrtes, 2002
  • Le Monde après le et la Guerre en Irak, Paris, Presses de la Renaissance, 2003
  • Le monde sans la Russie ? : A quoi conduit la myopie politique, Paris, Economica, 2009
  • (ru) Les rencontres au carrefour (Встречи на перекрестках), Moscou, 2014

Notes et références

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  1. a b et c « Evgueni Primakov », sur universalis.fr.
  2. a et b Zbigniew Brzezinsk et al., Russia and the Commonwealth of Independent States, Center for Strategic and International Studies, Sharpe, 1997, p. 122.
  3. « Mort d’Evguéni Primakov, le “Kissinger russe” », sur courrierinternational.com, .
  4. (en) Article du 18 juillet 2015, in The Economist.
  5. Il meurt dans une bagarre contre des voleurs kurdes sur un chantier en Turquie.
  6. « Evgueni Primakov, orientaliste cultivé, ouvert sur le monde », sur la-croix.com, .
  7. « Evgueni Primakov, atout-maître de la Russie dans la crise », sur lorientlejour.com, .
  8. Richard Trahair, Encyclopedia of Cold War Espionage, Enigma, 2012, p. 346.
  9. nato.int.
  10. « La doctrine Primakov », sur legrandcontinent.eu, .
  11. Richard Sakwa, « Le monde vu de Moscou », Le Monde diplomatique, no 787,‎ , p. 19 (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Evgueni Primakov : fin d'un dinosaure soviétique », sur liberation.fr, .
  13. « Ancien maître espion et premier ministre russe, Evgueni Primakov est mort », sur lemonde.fr, .
  14. « Evgueni PRIMAKOV », sur editions-syrtes.com.
  15. (ru) Reportage sur la Bande de Gaza en 2009.

Liens externes

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Articles connexes

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