Éléphant

grand mammifère africain ou asiatique portant une trompe et des défenses

Les éléphants sont des mammifères proboscidiens de la famille des Éléphantidés. Ils correspondent aujourd'hui à trois espèces réparties en deux genres distincts. L'éléphant de savane d'Afrique et l'éléphant de forêt d'Afrique, autrefois regroupés sous la même espèce d'« éléphant d'Afrique », appartiennent au genre Loxodonta, tandis que l'éléphant d'Asie, anciennement appelé « éléphant indien », appartient au genre Elephas. Ils se différencient par certaines caractéristiques anatomiques, les éléphants d'Asie étant en général plus petits avec des oreilles plus petites, ou encore une différence du bout de la trompe. Ces espèces survivantes font localement l'objet de programmes ou de projets de réintroduction et de protection.

Le mot français « éléphant » vient du mot latin elephantus[1] qui tire son origine du grec ἐλέφας / eléphas, « ivoire » ou « éléphant ».

L'éléphant apparait dans de nombreuses cultures. Il est symbole de sagesse dans la culture asiatique, connu pour sa mémoire et son intelligence, qui est comparée à celle des cétacés[2] et hominidés[3]. Aristote avait dit que l'éléphant est « la bête qui dépasse toutes les autres par l'intelligence et l'esprit »[4].

Description

modifier

L'éléphant d'Afrique, qui peut atteindre sept tonnes, est le plus gros animal terrestre actuel, mais il est loin derrière la Baleine bleue (Balaenoptera musculus) qui peut peser jusqu'à 200 tonnes et dépasser trente mètres de long[5].

Squelette et muscles

modifier
Ossatures comparées de l'homme et de l'éléphant. Hawkins, 1860
Comparaison de profils des deux types d'éléphants : celui d'Asie (à gauche) et celui d'Afrique (à droite).
Pseudo-genoux des membres antérieurs d'un éléphant d'Asie.

Le squelette de l'éléphant présente des caractéristiques dictées par la masse qu'il doit soutenir : il représente environ 16,5 % de la masse totale de l'animal[6], cela signifie que pour un éléphant de 7 tonnes, le squelette pèse 1,155 tonne. Les os de l'éléphant sont spongieux[7]. Sa cage thoracique, formée de vingt côtes, est arrimée le long de l'épine dorsale[6].

 
Coupe sagittale d'un crâne d'éléphant

L'éléphant possède deux genoux à ses membres postérieurs, qui sont constitués d'un fémur, d'une rotule et de l'association tibia-fibula. Les membres antérieurs, quant à eux, comprennent une scapula, un humérus, et l'association radius-ulna.

L'éléphant marche sur le bout des doigts[8],[9]. Les orteils sont insérés dans le pied, il y en a entre deux et cinq[10], on en voit seulement les ongles[9]. Cependant on peut voir entre trois et cinq ongles en fonction des pieds[9]. Les pieds antérieurs ont une forme arrondie, alors que les pieds postérieurs ont une forme ovale. Les pieds sont composés de tissus adipeux qui agissent comme des amortisseurs[9].

Contrairement à la plupart des mammifères, il est impossible pour un éléphant de sauter, pour des raisons d'ordre biomécanique : il lui faut toujours un pied sur le sol[11]. Cependant il peut courir à une vitesse maximale de 20 km/h (un éléphant ayant été chronométré à 24 km/h dans le cadre d'une étude scientifique)[12].

Même si on emploie le terme « courir » pour un éléphant, il est à noter que le terme est inapproprié. Il serait plus logique de dire qu’il « marche vite ». En effet, il ne change pas son allure (sa façon de se déplacer) lorsqu’il accélère.

Un éléphant d'Afrique mâle adulte mesure 3,50 mètres au garrot et pèse cinq à six tonnes, une femelle adulte mesure trois mètres de haut au garrot pour une masse de quatre tonnes environ. À la naissance, l'éléphant pèse environ 120 kg. Un éléphant vit en moyenne 60 ans. Le plus grand éléphant connu a été signalé en Angola en 1974 : il s’agissait d’un mâle de douze tonnes mesurant 4,20 m au garrot, soit un mètre de plus que la moyenne des éléphants africains[13].

Des éléphants nains, de la taille d'un grand cochon, ont également peuplé les îles méditerranéennes au cours de la Préhistoire[14],[15] ; certains sont signalés en Crète jusqu'en 5000 av. J.-C., voire jusqu’en 3000 av. J.-C.[16],[17].

La principale caractéristique des éléphants est leur trompe appelée proboscis. Il s'agit d'un organe nasal (avec une fonction de respiration et de perception des odeurs) allongé qui découle de la fusion de la lèvre supérieure et du nez. La trompe est un organe souple et préhensile leur servant à porter l'eau et la nourriture à leur bouche, à tirer ou transporter des objets et à pousser des cris.

La trompe comporte entre 100 000[18] et 150 000[19] muscles ; elle est dépourvue d'os et pèse plus de 100 kg[20].

« La trompe se compose de deux longs tuyaux cylindriques, partant de l’ouverture antérieure des fosses nasales. Ces tubes se rétrécissent à la région de l’inter mâchoire, ce qui empêche l’eau pompée par la trompe de pénétrer dans la cavité nasale ; ils offrent ensuite une dilatation, puis se resserrent de nouveau à l’endroit où ils s’ouvrent dans les narines osseuses, et où ils sont couverts par un cartilage nasal ovale. (…) Les tubes sont entourés d’une multitude de faisceaux musculaires, les uns longitudinaux, les autres rayonnant vers la peau et servant à comprimer les premiers. Quelques-uns enfin, mais en moins grand nombre sont circulaires. Cependant il faut distinguer de ces muscles, propres à la trompe, ceux qui servent à mouvoir l’organe en entier. Ces derniers sont comparables aux muscles de la queue. On les distingue en élévateurs et abaisseurs supérieurs et latéraux, qui naissent du front, des os propres du nez et des cartilages, tant de l’os maxillaire supérieur que de l’intermaxillaire »[21].

Le bout de la trompe d'un éléphant d'Afrique est en forme d'amande, alors que celle d'un éléphant d'Asie est en forme de poire. L'excroissance à son extrémité a une fonction analogue à un doigt, leur permettant de décortiquer une cacahuète[22]. Les éléphants ne boivent pas directement par leur trompe. L'effort nécessaire pour se pencher jusqu'au sol afin de boire l'eau par la bouche étant trop important et l'opération étant même impossible lorsque l'eau se trouve au-dessous du niveau du sol, ils boivent en remplissant leur trompe avec de l'eau qu'ils aspirent et gardent momentanément avant de la verser ensuite, par gravité, dans leur bouche[18].

L'allongement du museau des proboscidiens anciens à l'origine de l'éléphant serait lié à la croissance continue des incisives (les défenses) et leur augmentation de taille : herbivores concurrencés par les ruminants et les équidés, leur adaptation trophique se traduit alors par un régime de plantes plus fibreuses peu nutritives et une augmentation de taille corrélative, les proboscidiens fourrageant pendant des heures à la recherche aussi bien de végétaux au sol que de feuilles d'arbres[23].

Denture et défenses

modifier
 v · d · m  Formule dentaire
mâchoire supérieure
3 3 0 1 1 0 3 3
3 3 0 0 0 0 3 3
mâchoire inférieure
Total : 26
Dentition variable chez l'éléphant

L’éléphant a au cours de sa vie 26 dents : deux incisives donnant les défenses et successivement trois prémolaires et trois molaires par demi mâchoire.

La distinction des prémolaires et des molaires se justifie uniquement quand elles sont présentes en même temps sur la même mâchoire. Mais pour les éléphants modernes ce n’est généralement pas le cas (une ou deux dents fonctionnelles sont présentes en même temps) alors que pour les éléphants les plus primitifs, les fortes dents de lait molarisées sont suivies de molaires permanentes[24].

Défenses

modifier
Section d'une défense d'éléphant, avec sa structure en losanges.
Éléphant d'Asie mangeant de l'écorce d'arbre et utilisant ses défenses pour l'éplucher
Éléphant d'Afrique (Ouganda) dont les défenses droite et gauche sont différenciées.

Les défenses sont formées par une extension des secondes incisives supérieures. Elles servent d’outil, d’arme de défense et d’attribut sexuel[25].

Les éléphanteaux développent de petites défenses décidues de 5 cm de long. Elles sont remplacées par des défenses permanentes vers l’âge de 6 à 12 mois. Les mâles et les femelles d’éléphant d‘Afrique portent des défenses alors que seuls les mâles des éléphants d’Asie en ont (ces variations ne sont pas indiquées dans la formule dentaire). Elles croissent toute leur vie d’environ 17 cm par an[26].

Une défense nouvellement développée a un capuchon en émail lisse qui finit par s'estomper. La dentine est connue sous le nom d'ivoire ; sa section transversale se compose de motifs de lignes entrecroisées qui créent des zones en forme de losange. Une grande partie des défenses est visible de l'extérieur ; le reste est enserré dans un logement du crâne. Au moins un tiers de la défense contient la pulpe et certains nerfs s'étendent jusqu'à la pointe. Il serait donc difficile de l'enlever sans nuire à l'animal. Une fois retiré, l'ivoire commence à se dessécher et à se fissurer s'il n'est pas conservé au frais et à l'humidité.

L'éléphant se sert de ses défenses à plusieurs fins. Il les utilise pour creuser dans l'eau, le sel ou parmi les racines; écorcer ou marquer les arbres ; déplacer des arbres et des branches pour dégager un chemin. Lors des combats, elles servent pour attaquer, se défendre, protéger le corps[27].

Comme les humains, qui sont généralement droitiers ou gauchers, les éléphants ont généralement une différenciation des défenses droite et gauche. La défense dominante, appelée défense principale, est généralement plus usée et plus courte, avec une pointe plus arrondie. Pour les éléphants d'Afrique, les défenses sont présentes chez les mâles et les femelles, et ont à peu près la même longueur pour les deux sexes, atteignant jusqu'à trois mètres[27], mais celles des mâles ont tendance à être plus épaisses[28]. Autrefois, les défenses d'éléphant pesant 100 kg et plus n'étaient pas rares, mais on n'en voit plus guère aujourd'hui dépassant 50 kg[29].

Chez les espèces asiatiques, seuls les mâles ont de grandes défenses. Les femelles asiatiques ont de très petites défenses, voire aucune[27]. Il existe des mâles dépourvus de défenses, particulièrement communs au Sri Lanka[30]. Les mâles asiatiques peuvent avoir des défenses aussi longues que celles des africains, mais elles sont généralement plus minces et plus légères : les plus grandes enregistrées mesuraient 3,02 m de long et pesaient 39 kg. La chasse à l'ivoire d'éléphant en Afrique[31] et en Asie[32] a conduit à une sélection naturelle pour des défenses plus courtes[33],[34] ou absentes[35],[36].

Dentition

modifier
 
(a) Lamelle isolée de plus en plus usée, une dent (empilement de lamelles), mandibule inférieure (la flèche indique le sens de déplacement des dents)
(b) Mandibule droite du Loxodonta africana, montrant quels types de dents sont présents à différents âges

Les éléphants ont une croissance continue toute leur vie c’est pourquoi ils ont besoin d’avoir une zone de broyage dentaire des aliments qui croît aussi progressivement. Ceci peut se faire parce qu’ils produisent successivement six dents sur chaque côté des mâchoires (supérieures et inférieures) M1, puis M2..., puis M6 qui sont de plus en plus grosses[n 1]. À chaque instant, il n’y qu’une ou deux dents (sur chaque demi mâchoire) qui soient en usage.

Les éléphants actuels ont un mode de substitution des dents très singulier: alors que les dents de la plupart des mammifères sont remplacées verticalement sur place (une dent de lait est remplacée par une dent définitive poussant en dessous), pour les éléphants modernes les molaires et prémolaires (dites dents jugales Mi, dents de la joue) suivent un déplacement horizontal vers l’avant, comme si elles dérivaient sur un « tapis roulant »[37],[38].

Trois molaires d'éléphant à des stades d’usure différents
Chaque lamelle consiste en une coquille d'émail, remplie de dentine et séparée des autres par du cément.
Gros plan des molaires d'un éléphant de brousse

Les dents M1, puis M2... puis M6 apparaissent successivement, avec une seule ou deux en service en même temps (soit Mi soit Mi et Mi+1 qui est en tain d’émerger), à chaque fois d’une taille plus grande que la précédente (Mi+1 > Mi). La nouvelle dent se développe dans un sac alvéolaire à l'arrière de la mâchoire et avance progressivement afin de repousser l’ancienne dent usée qui finit par se disloquer à l’avant de la mâchoire. Comme leur taille augmente, la mâchoire croît en même temps et la capacité de broyage des végétaux augmente.

Avec seulement quatre molaires dans la gueule, les éléphants peuvent mastiquer les quelque 200 kilos de végétaux dont il se nourrissent quotidiennement. Chaque dent est formée d’un empilement de lamelles d’émail remplies de dentine qui sont maintenues ensemble avec du cément. Chaque molaire successive Mi est plus grande que la précédente Mi-1 et contient un nombre égal ou supérieur de lamelles. Au fur et à mesure que Mi avance, elle monte hors de son alvéole et subit une usure lors de la mastication, les lamelles et les crêtes d’émail, de cément et de dentine s’érodent progressivement à des vitesses différentes

Des observations pertinentes avaient été déjà faites dès le milieu du XIXe siècle par Corse et de Blainville, « les éléphants (…) ont six paires de dents à chacune des mâchoires. Ces dents augmentent de volume depuis la première jusqu’à la dernière ou sixième, et le nombre de leurs lamelles (…) est aussi de plus en plus considérable. »[39]. « Les dents se présentent deux par deux de chaque côté de l’une et de l’autre mâchoire »[39].

Diverses méthodes ont été développées pour identifier chacune des molaires. Dans les années 1960, Laws [40] et Sikes[41] ont publié indépendamment deux études sur l’évaluation du vieillissement. Les deux techniques s’accordent à considérer que les critères d’évaluation des molaires doivent être basées sur la largeur et la longueur de la molaire complète et le nombre de lamelles présentes.

La première molaire M1 de chaque demi mâchoire tombe lorsque l'éléphant a deux ou trois ans. Les deuxièmes molaires M2 tombent entre quatre et six ans. La troisième série tombe entre 9 et 15 ans et la quatrième série dure jusqu'à 18-28 ans. La cinquième série de dents tombe vers les 40 ans. La sixième (et généralement le dernière) M6 doit durer le reste de la vie de l’éléphant.

La peau de l'éléphant est d'une épaisseur d'environ 2 cm[42]. Cette peau est fragile du fait de la présence de plis où viennent se loger des parasites[43]. Il n'y a pratiquement pas de poils, et il n'y a ni glande sudoripare, ni glande sébacée[7]. De ce fait, leur peau est sèche, c'est pour cela qu'elle doit être souvent humectée à l'aide d'eau projetée par la trompe ou couverte de poussière ou de boue également projetée par leur trompe[7].

La couleur de la peau est grisâtre ; cependant sa couleur apparente est liée au sol sur lequel évolue l'éléphant. Elle peut aussi être due aux bains de boues[44].

La faible densité des poils (quelques centaines par mètre carré, chaque poil mesurant en moyenne deux centimètres de longueur et 0,5 mm de diamètre) agit non plus comme une fourrure mais participe — à hauteur de 23 % — avec d'autres mécanismes de thermorégulation (battement des oreilles, bains, pulvérisation d'eau avec leurs trompes, respiration percutanée) à la thermolyse du mammifère, les poils agissant comme des ailettes qui augmentent la surface d'échange et donc les transferts thermiques[45].

Oreille

modifier

Les oreilles de l'éléphant lui permettent de réguler sa température corporelle[46], grâce à une vascularisation très importante[19]. Lorsqu'il mange des fruits fermentés ayant un degré d'alcool d'environ 7°, l'éléphant remue violemment ses oreilles, de même pour sa queue et sa trompe[46]. Elles sont généralement plus petites chez l'éléphant d'Asie, conformément à la règle d'Allen.

Cerveau

modifier

Le cerveau de l'éléphant, situé à l'arrière de son crâne[47], pèse entre 4 et 6 kg, ce qui est déjà considérable. Si l'on compare la taille du cerveau de l'éléphant à sa masse corporelle, il est alors le mammifère ayant le plus petit cerveau, alors que la souris possède le plus grand[48].

Biologie et comportement

modifier

Reproduction

modifier

Maturité sexuelle

modifier

Si les fonctions reproductrices des éléphants mâles se mettent en place vers l'âge de 10-15 ans[42], ils commencent à se reproduire vers l'âge de 30 ans quand ils sont suffisamment imposants pour pouvoir se battre avec d'autres mâles pour conquérir les femelles[49].

Les fonctions reproductrices de l'éléphant femelle apparaissent de 9 ans[49] jusqu'à 15 ans.

Dans l'organisation matriarcale des éléphants, les mâles sont connus pour leur tempérament indépendant et ont tendance à vivre en solitaire, forgeant parfois une alliance provisoire avec un autre individu ou intégrant une bande de manière informelle. Tandis que les femelles entretiennent des liens familiaux étroits et solides.

Comportement sexuel

modifier
 
Accouplement d'éléphants, Kenya

Les mâles en rut, dont le taux sanguin de testostérone peut s'accroître cinquante fois, agitent les oreilles et secouent la tête, leur pénis devient vert. Il en dégouline une urine fortement odorante. Cela est dû à la libération d'un musc d’une phéromone, la frontaline, sécrétée sous deux formes chirales. Ces deux énantiomères (deux formes : (+)-frontaline et (-)-frontaline) ne sont pas sécrétés en mêmes proportions. Chez les jeunes mâles, la forme (+) domine. Au fur et à mesure de la maturité et de la période de rut, les deux isomères forment un racémique, qui attire les femelles en phase folliculaire et en œstrus[50]. La frontaline est libérée par la glande temporale chez l’éléphant en période de rut, la sécrétion débute peu de temps avant la puberté, à l’âge de 15 ans[50]. Cependant le rut ne se produit qu'à partir de 25 ans et ne durera que quelques jours. Puis vers 31-35 ans, celui-ci dure plusieurs semaines. Vers 36-40 ans, il dure de 1 à 2 mois. Pour finir, après 40 ans, le rut s’étend sur une période de 2 à 4 mois. La quantité de phéromones émises augmente avec l’âge de l’éléphant ainsi qu’en milieu de rut. La concentration et la proportion d’énantiomères de la frontaline constituent pour les animaux qui seront attentifs au message une source d’information sur l’âge et le stade du musth de l'éléphant qui émet. Une concentration de frontaline, en racémique, sera le synonyme d'un mâle mature ayant un statut social important[50].

Accouplement

modifier
 
Vulve d'éléphante
 
Pénis d'éléphant (pré-érection)

Une fois que la femelle et le mâle sont ensemble, l'accouplement peut commencer. L'éléphant mâle étant très lourd, la copulation est très rapide. En général, elle dure entre 20 et 30 secondes. La période de copulations dure environ trois jours[51].

La jeune femelle est effrayée lors de sa première période de chaleur, le mâle peut la poursuivre[52]. Pour avertir la femelle qu'il va la saillir, le mâle pose sa trompe sur son dos ; la femelle s'immobilise alors[52].

Les mâles passent dans les troupeaux de femelles lors de leur rut pour sentir les vulves des femelles[52].

Gestation et mise bas

modifier
 
Un jeune éléphant se nourrissant.

La gestation d'une éléphante est la plus longue de tous les mammifères terrestres. Elle dure de 20 à 22 mois. La durée d'allaitement est comprise entre 36 et 48 mois[7]. Les mises bas s'espacent d'environ 2 ans et demi à 5 ans[18]. La gestation est plus longue pour un éléphanteau mâle que pour un éléphanteau femelle[18].

Une éléphante peut être en gestation jusqu'à l'âge de cinquante ans[18]. Dans la plupart des cas, un seul éléphant est porté ; les cas de gémellité sont très rares[18].

Vie sociale

modifier
 
Éléphants en train de courir dans le parc national de Tsavo East. Aout 2015.

Les éléphants vivent dans une société matriarcale[53]. Cette structure matriarcale existe depuis plus de sept millions d'années, des empreintes d'une harde d'éléphants de cette époque ayant été découvertes sur une surface de 5 hectares sur le site de Mleisa 1 dans les Émirats arabes unis, faisant de cette piste de mammifères fossile la plus vieille de ce type et probablement la plus longue piste préservée dans le monde[54]. Les troupeaux sont composés d'une dizaine d'éléphantes et de jeunes éléphanteaux, après la maturité sexuelle les mâles quittent le groupe[42]. Ils errent jusqu'à ce qu'ils fassent alliance avec d'autres jeunes mâles.

Une étude, menée dans un zoo, montre que l'éléphant aime les fruits fermentés à un degré d'alcool de 7°. Lorsque l'éléphant est saoul, il perd de sa sociabilité (alors que sobre il est très sociable). Lorsqu'il est ivre, il reste à l'écart du troupeau. Un chercheur américain défendait l'idée que les animaux s'enivrent ou se droguent, volontairement, pour oublier les tourments de leur existence. Pour le prouver, il a fait vivre durant un mois des éléphants d'une réserve californienne sur un territoire plus restreint qu'à leur accoutumée. La surpopulation due au petit espace a angoissé les animaux qui, du coup, ont bu trois fois plus que d'habitude. Ils sont devenus si agressifs qu'il a été dangereux de les approcher[46].

Communication

modifier

Le cri de l'éléphant est le barrissement. De récentes études scientifiques ont montré que les éléphants, comme de nombreux animaux, sont sensibles aux infrasons[55]. L'utilité de l'audition de ces infrasons reste cependant mystérieuse. Il semble qu'ils soient capables de communiquer entre eux par les ondes acoustiques de surface transmises par le sol[56].

Sommeil

modifier

Les éléphants peuvent dormir debout ou couchés[57]. Le fait de se coucher indique qu'ils sont parfaitement détendus.

Alimentation

modifier
Éléphant mangeant de l'herbe au Parc national de Yala au Sri Lanka

L'éléphant est herbivore, il mange une grande variété d'éléments végétaux : herbes, plantes, feuilles, fruits, racines et tubercules, écorces et même du bois. Il apprécie par exemple le bois tendre et gorgé de sève du baobab.

Les besoins alimentaires de l'éléphant sont importants, surtout qualitativement. En fonction de son environnement, il consacre une grande partie de son temps à la recherche de nourriture (16 à 20 heures par jour), se déplaçant sur de longues distances et sélectionnant les aliments les plus riches. Il peut se dresser sur ses pattes arrière pour attraper avec sa trompe les rameaux les plus tendres jusqu'à cinq ou six mètres de hauteur.

Quotidiennement, il faut à l'éléphant entre 150 et 180 kilogrammes de nourriture en saison sèche, et entre 200 et 260 kilogrammes en saison des pluies. Ces quantités varient aussi en fonction des espèces et des milieux fréquentés.

Un éléphant adulte boit jusqu'à 140 L d'eau par jour[42]. Il aspire dans sa trompe jusqu'à dix litres à la fois, puis se les verse dans la bouche. Il peut rester trois ou quatre jours sans boire. Il peut se servir de sa trompe pour reprendre de l'eau dans son estomac et s'en servir pour se rafraîchir la peau. Sa peau très épaisse est l'objet de soins constants : outre les aspersions, les baignades et les roulades dans la boue, le poudrage à la poussière est bienvenu pour protéger l'épiderme des insectes et du soleil.

Malgré la quarantaine de mètres d'intestin qu'il possède, sa digestion est peu efficace. Elle dure environ 12 heures après les 16 à 20 heures où il a cherché à se nourrir, 40 à 60 % de la nourriture n'étant pas digérée. Si son alimentation n'est pas suffisamment riche, son tonus, son humeur et sa santé en général sont rapidement affectés.

Le comportement alimentaire a en général un impact important sur le milieu. Le bilan de ces conséquences varie en fonction des espèces (Afrique, Asie), de la saison, du biotope et de la densité de la population. Ainsi, l'éléphant peut être considéré comme destructeur d'arbres en particulier dans la savane, alors qu'il participe ailleurs très activement à la régénération en limite des zones forestières. Certaines espèces d'arbres sont dépendantes de l'éléphant pour leur extension : celui-ci, friand de leurs fruits, en dissémine les graines avec l'excellent terreau que constitue son crottin, capable de contenir jusqu'à 35 % de graines.

Intelligence

modifier
 
Loxodonta africana (Éléphant de savane d'Afrique) au ZooParc de Beauval à Saint-Aignan-sur-Cher, France.

En l’état actuel des connaissances, l’éléphant est, avec l'humain, le dauphin, le corbeau et certaines espèces de grands singes, l'une des rares espèces animales à réussir le test du miroir de Gallup : lorsqu’on marque d’une tache le front d’un éléphant en un point qu’il ne peut voir directement et qu’on lui présente un miroir, il passe sa trompe sur la tache ; démontrant ainsi qu’il a reconnu son image et donc qu’il a conscience de lui-même[58],[59],[60].

Les éléphants peuvent utiliser des outils de défense, telles des pierres saisies avec leur trompe et qu'ils lancent sur leurs ennemis. Ils peuvent également se toiletter en se grattant avec des branches ou des baguettes des parties de corps qu'ils ne peuvent atteindre avec leur trompe[61]. Ils présentent ainsi un exemple d’utilisation d'outil par un animal.

Lors d'une expérimentation de Preston Foerder, un éléphant (d'Asie, Elephas maximus) s'est montré capable d'un éclair de compréhension (insight). Il est allé chercher un cube pour monter dessus et atteindre de la nourriture[62],[63].

Perception

modifier

Les éléphants sont réputés pour leur capacité à anticiper l'arrivée des intempéries. il semblerait qu'ils soient capables d'entendre les sons provoqués par le déplacement des nuages[64].

Systématique

modifier

Taxonomie

modifier
 
Évolution des aires de peuplement de l'éléphant.

L’éléphant d'Asie et l’éléphant d’Afrique ont longtemps été considérés comme les deux seules espèces représentant la famille des Éléphantidés à l’époque moderne. Depuis, de récentes études génétiques ont permis de distinguer deux sous-espèces africaines distinctes : Loxodonta africana africana (« éléphant de la savane ») et Loxodonta africana cyclotis (« éléphant des forêts »)[65].

Les espèces d'Éléphantidés vivant à l’heure actuelle sont donc :

Image Nom Description Statut UICN
  Loxodonta africana L'éléphant de savane d’Afrique ; il mesure environ 4 mètres au garrot, présente deux « doigts » préhensiles au bout de la trompe et de grandes oreilles permettant de réguler sa température interne. Le crâne est à peu près plat et tous les individus portent des défenses.   En danger
  Loxodonta cyclotis L’éléphant des forêts vit également en Afrique, il présente des oreilles généralement plus petites et plus circulaires que l'éléphant de savane, ainsi que des défenses plus minces et plus droites.   En danger critique
  Elephas maximus L'éléphant d'Asie ; il mesure de 2 à 3,50 mètres au garrot, ne présente qu'un seul « doigt » préhensile au bout de la trompe et possède des oreilles assez petites. Le crâne présente deux bosses proéminentes et les défenses sont absentes chez les femelles, voire chez certains mâles.   En danger


Histoire évolutive

modifier
 
Paléomastodonte, un des ancêtres des éléphants actuels.

L’extinction Crétacé-Tertiaire est suivie d'une diversification très rapide des ongulés africains, notamment l'ordre des Proboscidiens dont les plus anciennes espèces découvertes à ce jour sont Eritherium azzouzorum et Phosphatherium escuilliei, datant de la fin du Paléocène il y a 60 millions d'années. Sans trompe mais avec une première incisive agrandie (rappelant la naissance d'une défense) et des orbites oculaires en position antérieure, ces premiers proboscidiens sont petits et graciles, ont un corps bas sur pattes et un mode de vie semi-aquatique, à l'instar de Moeritherium[66].

Après un déclin à l'oligocène, les proboscidiens connaissent une diversification avec l'apparition des Deinotheriidae et des Mammutidae. La seconde radiation évolutive voit l'émergence au début du Miocène des Gomphotheriidae qui sont à l'origine des Elephantidae et des Stegodontidae, familles qui correspondent à la troisième radiation évolutive au miocène supérieur[67].

Les Proboscidiens présents sur le continent américain, tels Mammut americanum ou Haplomastodon, se sont éteints il y a une dizaine de milliers d'années[68].

L'éléphant et l'homme

modifier

Menaces de disparition

modifier

Chasse et braconnage

modifier
 
Hommes avec défenses d'éléphant d'Afrique à Dar es Salaam, c. 1900
 
Théodore Roosevelt tenant un fusil, à côté d'un éléphant abattu.

Durant des millénaires, l'homme chassa l'éléphant pour sa consommation et pour le commerce de l'ivoire tiré des défenses. Durant l'Antiquité, les éléphants de Nubie furent utilisés dans les armées des Carthaginois. Au XVe siècle av. J.-C., il y avait encore des éléphants sur les bords de l'Euphrate, où le pharaon Thoutmôsis Ier chassait l'éléphant.

La population des éléphants africains et asiatiques a été décimée, passant de plusieurs millions d'individus au début des années 1970 à quelques centaines de milliers 30 ans plus tard[69]. Si bien qu'en 1989, la CITES interdit le commerce de l'ivoire. Les éléphants sont désormais considérés comme des espèces protégées et la chasse aux éléphants est très réglementée.

Le braconnage s'intensifie malheureusement chaque année. En 2011, entre 25 000 et 30 000 éléphants ont été abattus[70] sauvagement afin de récupérer leurs défenses et alimenter les commerces illégaux notamment en provenance d'Asie.

L'éléphant a peu de prédateurs naturels, c'est-à-dire d'autres espèces que l'Homme. De grands fauves tels que le lion ou le tigre du Bengale (dans le cas de l'éléphant d'Asie) peuvent exercer une prédation sur les individus jeunes ou faibles ; il est cependant peu probable que ces animaux attaquent un adulte, au vu du danger qu'il peut représenter.

Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la population des éléphants d’Afrique a sensiblement diminué au cours des années 2010 : le continent compte en 2019 environ 415 000 spécimens, soit 111 000 de moins que lors de la précédente décennie[71].

L'éléphant des forêts africaines menacé d'extinction d'ici 2025

modifier

Au terme de la conférence organisée à Bangkok du 3 au 14 mars 2013, par la CITES, à laquelle 178 pays ont participé, l'état d'esprit était au pessimisme concernant la protection des éléphants « victimes dans leurs pays d'origine d'un braconnage sans précédent et d'un commerce effréné en Asie ». Nombre d'ONG concernées par cette action pensent que « la communauté internationale a échoué à protéger les éléphants ». Depuis 2007 le trafic d'ivoire a doublé et plus que triplé par rapport à 1998. Le nombre d'éléphants africains, selon les enquêtes présentées à la conférence, est compris entre 420 000 et 650 000. 25 000 ont été tués en 2011 et probablement 30 000 en 2012. Publiée en mars 2013 dans la revue PLoS One, une autre étude révèle que 62 % des éléphants des forêts ont été abattus durant ces dix dernières années. Si ce rythme perdure, ils pourraient disparaitre d'Afrique centrale d'ici 2025. Les spécialistes affirment qu'à terme, si le braconnage ne cesse pas, tous les éléphants du continent seront menacés d'extinction[72].

 
Éléphant de forêt, Loxodonta africana cyclotis

À Gembloux Agro-Bio Tech - Université de Liège en Belgique, plusieurs chercheurs avaient déjà fait le même constat pour la population des éléphants de l'Afrique de l'Ouest. En 40 ans, leur nombre a diminué de moitié[73].

L'ONG Save the Elephants estime que le commerce illégal de l'ivoire à Hong Kong menace la survie des éléphants, étant donné que le marché de l'ivoire en Chine et en Asie du Sud-Est passe en grande partie par Hong Kong[74].

Perte d'habitat

modifier
 
Orphelinat d'éléphants au Sri Lanka

L'augmentation des risques de conflits d'intérêts pour l'habitat avec des populations humaines menace la survie de l'éléphant. Ce conflit tue 150 éléphants et un peu plus de 100 personnes par an au Sri Lanka[75]. Contrairement à son cousin d'Afrique, l'éléphant d'Asie, possède de petites défenses. La disparition de celui-ci est principalement attribuée à la perte de son habitat. De grands morceaux de forêt disparaissent, ce qui touche profondément leur écosystème. Les arbres contribuent à l'ancrage du sol et l'absorption des eaux de ruissellement. La déforestation entraine des inondations et une érosion massive. Lorsque la forêt est réduite, les éléphants deviennent une partie du problème, car ils détruisent rapidement la végétation de la zone où ils vivent et éliminent toutes les ressources en nourriture.

Parcs nationaux

modifier
 
Un éléphant photographié dans une réserve privée du Parc Kruger

La première réserve officielle, Parc national Kruger, est peut-être la plus connue des réserves et celle ayant obtenu le plus grand succès[76]. Cependant, de nombreux problèmes sont apparus depuis sa création. Les clôtures de la réserve ont coupé de nombreux animaux de leur alimentation en hiver ou de leurs zones de reproduction au printemps. Certains animaux sont morts, alors que d'autres comme les éléphants ont démoli les clôtures, entraînant des ravages dans les champs voisins. Lorsque les éléphants sont limités à un petit territoire, les dégâts infligés au paysage peuvent être énormes[77].

De ce fait, certaines réserves, comme le Parc national Kruger, de l'avis de certains gestionnaires de faune sauvage, ont souffert de la surpopulation des éléphants, au détriment d'autres espèces de la faune dans la réserve. Le , l'Afrique du Sud a annoncé que l'abattage pour contrôler le nombre d'éléphants, arrêté depuis 1994, reprendrait. Les défenseurs des droits des animaux ont menacé d'un appel au boycott par les touristes et à d'autres formes d'oppositions[78].

Utilisation par l'Homme

modifier
 
Élephant portant un palanquin appelé howdah.
 
Des éléphants asiatiques à l'entraînement en Thaïlande.

Les éléphants en captivité (en) sont utilisés ou exhibés dans les cirques, ménageries (tel Abul-Abbas, l'éléphant blanc de Charlemagne et Hanno, celui du pape Léon X) et zoos (tel le célèbre Jumbo). On ne peut pas parler à leur égard de domestication car le cycle de vie de l'éléphant est trop long pour que cela soit économiquement rentable par rapport à une capture d'individus sauvages, la phase précédant la maturité sexuelle de l'animal durant plus de 10 ans[79].

 
Lors de la Première Guerre mondiale, alors que les chevaux sont à la guerre

Utilisé comme animal de trait par les humains, ainsi que lors de batailles en tant qu'éléphant de guerre, l'éléphant a occupé de nombreuses fonctions, notamment celle d'exécuteur lors d'exécutions par éléphant. En 1914-1918, des éléphants de cirque ont en Europe par exemple servi à débarder le bois en forêt (de Mormal, dans le Nord de la France), ou encore à labourer, ou à tirer des wagons dans les usines de munitions.

L'éléphant peut également être dressé par anéantissement.

Le conducteur d'un éléphant est appelé cornac ou mahout.

Expression

modifier

L'expression “avoir une mémoire d’éléphant” veut dire que l’on a une très bonne mémoire.

Produits dérivés

modifier

À l'origine, les éléphants étaient chassés par les hommes pour leur viande.

Certaines parties, comme les pieds d'éléphants, ou des animaux entiers étaient naturalisés. Les poils et les défenses d'ivoire, bien sûr, étaient aussi utilisés. On s'en servait pour fabriquer des objets de décoration et en bijouterie, ou bien ils étaient destinés, ainsi que les dents et les ossements, à des cabinets de curiosité ou des museums.

L'ivoire a longtemps fait l'objet d'un commerce important qui subsiste encore parfois sous forme de trafic illégal malgré le statut de protection dont bénéficient les éléphants survivants.

Culture

modifier
 
Masque africain représentant un éléphant
 
Peinture du XIIe siècle représentant un éléphant à Montferrand (Puy-de-Dôme)

Symbolique

modifier

Dans la symbolique occidentale comme orientale, l'éléphant est associé à la mémoire, la sagesse, la longévité, la prospérité, la bienveillance, le père. Pour beaucoup de peuples africains, l'éléphant tient le rôle du père, du chef des animaux, du roi.

 
Ganesh

L'éléphant apparaît dans la panthéon hindouiste et bouddhiste à partir du troisième millénaire avant Jésus-Christ, époque de sa domestication[80].

Dans la religion hindoue, Ganesh est un dieu à tête d’éléphant ; il est le dieu de la Sagesse et le patron des étudiants. Les rares éléphants blancs sont les plus sacrés en Inde, et les éléphants domestiqués et décorés aux couleurs des dieux bénissent les fidèles de leur trompe dans certains temples.

En Inde, l’éléphant évoque la force, la puissance, l'orage (forme ronde et grise des nuages de pluie), et il est sacré. Chaque dieu hindou chevauche un animal : Indra, dieu des Orages et de la Bataille, et Agni, dieu du Feu, se déplacent à dos d’éléphant.

Au Laos, passer sous la trompe d'un éléphant permet d'acquérir ses attributs : force, longévité, fertilité et caractère sacré. Chaque année à l'occasion du Nouvel An bouddhique, les cornacs laotiens organisent un baci ou soukhouan, cérémonie de rappel des âmes, pour leur éléphant.

Dans le Coran, la 105e sourate (la 19e dans l’ordre chronologique) s'intitule Al-Fîl (l’Éléphant). Elle comprend cinq versets révélés à la Mecque et doit son nom à l’expression « ashâb al-fîl » (les gens de l’éléphant) présente dans le tout premier verset. Cette expression désigne les Abyssins, qui occupaient le Yémen voisin, voulaient évangéliser l’Arabie tout entière, notamment en attaquant la Kaaba, à La Mecque. En raison des entraves qu’ils mettaient au pèlerinage, le « ministre du calendrier » dans le gouvernement mecquois se vengea en profanant l’église de Sana'a. C’est alors que le gouverneur abyssin fit venir un éléphant de taille gigantesque appelé Mahmoud et dirigea une expédition sur La Mecque.

Occident
modifier

Dans la symbolique chrétienne, l'éléphant symbolise le baptême : la femelle met bas dans l'eau d'un étang à côté duquel le mâle monte la garde pour écarter le dragon, symbole de l'esprit du mal.[réf. nécessaire]

Dans la symbolique chrétienne, il représente aussi la chasteté (de tempérament frigide, il ne peut engendrer qu'après avoir absorbé, en guise d'aphrodisiaque, une racine de mandragore), la constance, la maîtrise de soi, la bénignité des princes (il n'a pas de fiel), la tempérance, la circonspection et la prudence.[réf. nécessaire]

En France, on dit de quelqu'un qui a une bonne mémoire qu'il a « une mémoire d'éléphant » ; effectivement, l'éléphant a une excellente mémoire pour se rappeler ses congénères ou retrouver les pistes qu'il emprunte chaque année pour chercher sa nourriture. Sa mémoire visuelle lui permet également de se rappeler très longtemps les visages humains[source insuffisante][81].

L'éléphant représente les quatre piliers du monde : il porte le monde sur son dos.

L'éléphant est le symbole de la ville de Catane, en Italie, depuis le Moyen Âge (mais le lien remonte peut-être à l'Antiquité). La Fontaine de l'éléphant s'y dresse sur la place de la cathédrale.

Afrique
modifier

L'éléphant est l'emblème de la Côte d'Ivoire[82].

L'éléphant est symbole de royauté, de puissance et de sagesse et ce en général pour les peuples de tout le continent africain.

Son image est utilisée dans les cérémonies et danses, pour la fabrication des masques ou encore de mobiliers, d'objets rituels, dans beaucoup de tribus notamment chez les Bamileke de l'ouest du Cameroun ou encore chez les Gurusi du Burkina Faso.

Hors tribus, l'éléphant est un symbole important au même titre que le lion et son image est présente au quotidien dans le monde africain.

Politique
modifier

En politique, l'image de l'éléphant a pu être utilisé dans différents pays pour caractériser des courants politiques ou des politiciens : ainsi, l'emblème du Parti républicain américain est un éléphant, et certains des membres les plus influents du Parti socialiste français sont surnommés les « éléphants ».

Des représentations picturales de l'éléphant sont retrouvées en Occident dès le XIIe siècle comme dans le quartier historique de Montferrand sur la « Maison de l'Éléphant » (12 rue Kléber)[83].

L'ivoire des défenses de l'éléphant a longtemps servi à la réalisation d'œuvres d'art. Les œuvres en or et ivoire sont qualifiées de chryséléphantineschrusos, or en grec. Ce nom a été déformé en olifant, pour désigner une corne (instrument de musique) en ivoire.

En sport, certaines équipes nationales portent des surnoms à l'image de l'éléphant :

  • La Côte d'Ivoire : Les éléphants
  • La Guinée : Le Sily national (L'éléphant national)
  • La Thaïlande : Les éléphants de guerre

Fiction

modifier

Les éléphants ont inspiré de nombreux artistes. La liste ci-après est loin d'être exhaustive.


Notes et références

modifier
  1. Cette notation reconnait mais n’utilise pas la distinction paléontologique entre prémolaires P et molaires M pour les Proboscidiens fossiles (cf. Fiona Stansfield). Depuis Hill (1953), cette configuration est notée par la formule dentaire I1/0, C0/0, M6/6=26

Références

modifier
  1. Dictionnaire Latin Français (trad. du latin), Paris, Hachette, coll. « 72 / Gaffiot », , 257 p., relié (ISBN 978-2-01-167940-6 et 2-01-167940-0).
  2. (en) « What Makes Dolphins So Smart? » (consulté le ).
  3. (en) « Cognitive behaviour in Asian elephants: use and modification of branches for fly switching » (consulté le ).
  4. (en) O'Connell Caitlin, The Elephant's Secret Sense : The Hidden Lives of the Wild Herds of Africa, Simon & Schuster, , 174, 184 (ISBN 978-0-7432-8441-7 et 0-7432-8441-0).
  5. Les géants du monde animal sur Dinosoria, consulté le 20 janvier 2014.
  6. a et b (en) « The skeleton » (consulté le ).
  7. a b c et d « Éléphant d'Afrique » (consulté le ).
  8. L'éléphant - Mythes et réalités, K. Gröning, M. Saller (dir.), Könemann, 1999.
  9. a b c et d « The Feet » (consulté le ).
  10. Henri Milne-Edwards, Éléments de zoologie : ou Leçons sur l'anatomie, la physiologie, la classification et les mœurs des animaux, Crochard, , 402 p., relié (lire en ligne).
  11. (en) « Elephants can't jump—and here's why », sur science.org (consulté le )
  12. Edouard Launet, « L'éléphant est un coureur », sur Libération (consulté le )
  13. (en) « Sanparks - South African National Parks official website » (consulté le ).
  14. (fr) Vaufrey, R. (1929) - Les éléphants nains des îles méditerranéennes et la question des isthmes pléistocènes, Archives de l'Institut de Paléontologie Humaine, Mémoire no 6.
  15. (fr) Thaler, L. (1973) - « Nanisme et gigantisme insulaires », La Recherche, no 37, vol. 4, p. 741-750.
  16. (en) 1er congrès international sur les éléphants (2001), session A "Les Romains et les éléphants (lien cassé, voir archive)".
  17. (en) 1er congrès international sur les éléphants (2001), workshop "Éléphants nains : schémas évolutifs (lien cassé, voir archive)".
  18. a b c d e et f (en) « About elephants » (consulté le ).
  19. a et b (en) Michael Hutchins, Grzimek's : Animal Life Encyclopedia, vol. 15 : Mammals IV, Series Editor, , relié (ISBN 0-7876-5791-3).
  20. Sébastien Duffillot, « La trompe de l’éléphant » (consulté le ).
  21. Carl Gustav Carus, Antoine Jacques Louis Jourdan, Florencio Porpeta Llorente, Julián Calleja Sánchez, Antonio Fernández Carril, Traité élémentaire d'anatomie comparée : suivi de recherches d'anatomie philosophique ou transcendante sur les parties primaires du système nerveux et du squelette intérieur et extérieur, et accompagné d'un atlas de 31 planches in-4o, gravées, (présentation en ligne), p. 438.
  22. « Les éléphants » (consulté le ).
  23. Catherine Mallaval, « Quand l'éléphant n'avait pas de trompe. Apparu il y a 53 millions d'années, son ancêtre ne pesait que quinze kilos », Libération.fr,‎ (lire en ligne).
  24. Vincent J. Maglio, « Evolution of mastication in the elephantidae », Evolution, vol. 26, no 4,‎ , p. 638-658
  25. Pallava Bagla, « Longer Tusks Are Healthy Signs », Science, vol. 276, no 5321,‎ , p. 1972 (lire en ligne)
  26. Genevieve A. Dumonceaux, « chap. 22 Digestive System », dans Murray E. Fowler, Biology, Medicine, and Surgery of Elephants, Wiley,
  27. a b et c Shoshani, pp. 71–74.
  28. Sukumar, p. 120
  29. "Still Life" by Bryan Christy. National Geographic Magazine, August 2015, pp. 97, 104.
  30. (en) Clutton-Brock, J., A Natural History of Domesticated Mammals, British Museum (Natural History), (ISBN 978-0-521-34697-9), p. 208
  31. (en) « Elephants Evolve Smaller Tusks Due to Poaching », Environmental News Network, (consulté le )
  32. (en) W. Zhuoqiong, « Tuskless elephants evolving thanks to poachers », China Daily,‎ (lire en ligne, consulté le )
  33. (en) R. Gray, « Why elephants are not so long in the tusk », The Daily Telegraph,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  34. (en) Chiyo, P. I., Obanda, V. et Korir, D. K., « Illegal tusk harvest and the decline of tusk size in the African elephant », Ecology and Evolution, vol. 5, no 22,‎ , p. 5216–5229 (ISSN 2045-7758, PMID 30151125, PMCID 6102531, DOI 10.1002/ece3.1769)
  35. (en) Jachmann, H., Berry, P. S. M. et Imae, H., « Tusklessness in African elephants: a future trend », African Journal of Ecology, vol. 33, no 3,‎ , p. 230–235 (DOI 10.1111/j.1365-2028.1995.tb00800.x)
  36. (en) Kurt, F., Hartl, G. et Tiedemann, R., « Tuskless bulls in Asian elephant Elephas maximus. History and population genetics of a man-made phenomenon. », Acta Theriol., vol. 40,‎ , p. 125–144 (DOI 10.4098/at.arch.95-51  )
  37. William J. Sanders, « Horizontal tooth displacement and premolar occurrence in elephants and other elephantiform proboscideans », Historical Biology,‎
  38. Fiona J. Stansfield, « A Novel Objective Method of Estimating the Age of Mandibles from African Elephants (Loxodonta africana Africana) 2015, Plus One (10)5, e0124980. » (consulté le )
  39. a et b (fr)Paul Gervais, Histoire naturelle des mammifères, avec l'indication de leurs mœurs et de leurs rapports avec les arts, le commerce et l'agriculture, (présentation en ligne), p. 124.
  40. Laws, R. M., « Age criteria for the African elephant Loxodonta a. africana », E. African Wildlife, vol. 4,‎ , p. 1-37
  41. Sikes S. K., « The African elephant, Loxodonta africana : a field method for th estimation of age », J. of geology, vol. 150,‎ , p. 279-2
  42. a b c et d « Fiche d'information technique 1re partie Acajou Éléphant Esturgeon Vigogne et Legine p. 7-16 » (consulté le ).
  43. « S.O.S : ESPÈCE MENACÉE ! L’éléphant d’Afrique » (consulté le ).
  44. (en) « The Skin » (consulté le ).
  45. (en) Conor L. Myhrvold, Howard A. Stone, Elie Bou-Zeid et Christof Markus Aegerter, « What Is the Use of Elephant Hair? », PLoS ONE, vol. 7, no 10,‎ , e47018 (DOI 10.1371/journal.pone.0047018).
  46. a b et c Isabella Lattes Coltmann, « Les pachydermes voient des éléphants roses », Courrier International.com,‎ (lire en ligne).
  47. (en) « The brain », sur elephant.elehost.com (consulté le ).
  48. « Les éléphants dans l'Histoire », sur cosmovisions.com (consulté le ).
  49. a et b « L'éléphant d'Afrique », sur loveearth.com (consulté le ).
  50. a b et c Liliane Grandmougin, « Sexe, molécules et éléphants », sur svt.ac-creteil.fr, Rectorat de Créteil, (consulté le ).
  51. « Elephant reproduction » (consulté le ).
  52. a b et c Christine Denis-Huot et Michel Denis-Huot, Incroyables éléphants, White Star, 122 p., relié (ISBN 978-88-6112-193-5).
  53. « Trunk and disorderly: Amazing pictures of the newborn elephant saved from its own mother » (consulté le ).
  54. (en) F. Bibi, B. Kraatz et col, « Early evidence for complex social structure in Proboscidea from a late Miocene trackway site in the United Arab Emirates », Biology Letters,‎ (DOI 10.1098/rsbl.2011.1185).
  55. (fr) RFI : les éléphants entendent à partir de 20 Hz (en aérien) ; cite Pierre Pfeffer, « spécialiste des éléphants et directeur de recherche honoraire au CNRS ».
  56. (fr) Palais de la découverte : « selon des chercheurs de l'université de Stanford, les éléphants utilisent les ondes de Rayleigh ».
  57. (en) Emily Rothwell Sleeping Giants, 17 juin 2009, sur le site du zoo de San Diego
  58. (en) Plotnik, J. M., De Waal, F. B., et Reiss, D. (2006) - « Self-recognition in an Asian elephant », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 103, no 45, p. 17053-17057. pdf.
  59. (fr) Compte-rendu en français de l'article de Plotnik et al. sur Futura-Sciences.
  60. (fr) Vidéo de l'éléphant passant le test du miroir.
  61. Jean-Pierre Jost, La Communication et l'intelligence chez les animaux ou « Smart Faune », Connaissances et Savoirs, , p. 101
  62. Preston Foerder, Marie Galloway, Tony Barthel, Donald E. Moore III, Diana Reiss, « Insightful Problem Solving in an Asian Elephant », PLOS ONE,‎ (lire en ligne)
  63. (fr) Preston Foerder et son équipe, En vidéo : un éléphant débrouillard étonne les chercheurs Bruno Scala, Futura-Sciences, 27 août 2011.
  64. « VIDEO. Les éléphants entendent le déplacement des nuages », sur Sciences et avenir, https://plus.google.com/+sciencesetavenir (consulté le )
  65. (en) Alfred L. Roca, Nicholas Georgiadis, Jill Pecon-Slattery et Stephen J. O'Brien, « Genetic Evidence for Two Species of Elephant in Africa », Science, vol. 293, no 5534,‎ , p. 1473 à 1477 (lire en ligne).
  66. (en) E. Gheerbrant, « Paleocene emergence of elephant relatives and the rapid radiation of African ungulates », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 106, no 26,‎ , p. 10717-10721 (DOI 10.1073/pnas.0900251106).
  67. Emmanuel Gheerbrant et Pascal Tassy, « L’origine et l’évolution des éléphants », Comptes Rendus Palevol, vol. 8, nos 2-3,‎ , p. 281-294 (DOI 10.1016/j.crpv.2008.08.003).
  68. « Fossilworks: Notiomastodon », sur fossilworks.org (consulté le )
  69. (fr) Communiqués de presse de la Ligue ROC.
  70. « Eléphants tués sauvagement ».
  71. Le Monde avec AFP, « En Tanzanie, la « reine de l’ivoire » condamnée à quinze ans de prison », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  72. Catherine Vincent, « La fin des éléphants d’Afrique d’ici dix ans ? », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  73. « L'extinction des éléphants d'Afrique Centrale annoncée pour 2025 », sur news.gembloux.ulg.ac.be.
  74. Laetitia Bezain, « Le commerce d’ivoire à Hong Kong menace la survie des éléphants », RFI, 17 juillet 2015, lire en ligne
  75. (en) « Conservation GIS Projects par Smithsonian National Zoological Park », sur nationalzoo.si.edu (consulté le ).
  76. (en) « History of Kruger Park: Kruger National Park: South Africa », sur krugerpark.co.za (consulté le ).
  77. (en) « Impact », sur elephant.elehost.com (consulté le ).
  78. (en) « Animal rights outrage over plan to cull South Africa's elephants », sur timesonline.co.uk (consulté le ).
  79. Jared Diamond (trad. de l'anglais), De l'inégalité parmi les sociétés [« Guns, Germs and Steel »] (essai), Paris, Éditions Gallimard, , 484 p., chap. 9 (« Les zèbres, les mariages malheureux et le principe de Anna Karénine »)
  80. (en) J. A.McNeely, Elephants as Beasts of Burden, Rodale Press, , p. 158-160.
  81. Marie-Claude Bomsel, « Pourquoi dit-on avoir une mémoire d’éléphant ? », L'Obs.com,‎ (lire en ligne)
  82. Théophile Ahoua N'Doli, Le réveil de l'éléphant d'Afrique (Tome 1): Côte d'Ivoire : des élans maintes fois brisés, Editions L'Harmattan, (ISBN 978-2-14-003336-0, lire en ligne).
  83. Yves Morvan. La « Maison de l'Eléphant ». Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, 1984, vol. 92, no 683, p. 161-171.
  84. Les ouvrages de Benjamin Chaud dans la « Bibliothèque idéale », site de la BnF.

Annexes

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

modifier

Articles connexes

modifier

Références taxonomiques

modifier

Liens externes

modifier