Éditions Rouff
Rouff est une maison d'édition française, fondée par Jules Rouff en 1873 à Paris, et fermée en 1982. Elle a été l'un des grands promoteurs de l'édition populaire.
Repères historiques | ||
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Création | 1873 | |
Disparition | 1982 | |
Fondée par | Jules Rouff | |
Fiche d’identité | ||
Siège social | Paris (France) | |
Spécialités | Roman populaire, fascicule, périodique | |
Préfixe ISBN | 978-2-85045 | |
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Historique
modifierFils de Léon Rouff et Hortense Picard, Jules Rouff est né à Genève, le 18 juillet 1846[1]. Il créée les éditions Rouff en 1873 par le rachat du fonds de l'ancienne maison Barba, s'appelant d'abord « Georges Barba libraire-éditeur, Jules Rouff successeur », puis devenant en 1877, « Jules Rouff et Cie, éditeurs »[2]. C'est l'époque où Jules Ferry crée l'école gratuite et obligatoire. Il y a donc là un nouveau public de lecteurs en puissance. Jules Rouff le sent et se lance délibérément dans l'édition populaire, c'est-à-dire facile à lire, distrayante et très bon marché. La première adresse parisienne de la maison Rouff est au 7 rue Christine[3], puis elle migre en 1879 au 14 cloître Saint-Honoré.
L'idée maîtresse qui a assuré le succès de la maison a été de proposer des rééditions d'œuvres célèbres découpés sous la forme de petits fascicules brochés vendus 10 à 15 centimes pièce, le roman complet étant lui vendu entre 0,50 et 1,50 franc, car découpé en tranche, ou si l'on veut, sous la forme d'épisodes : appelés « romans à quatre sous », ils furent inventés en 1848 (notamment par la maison Barba)[4], paraissant le samedi, jour de paye des ouvriers. Les premiers auteurs promus à travers des annonces publicitaires massives dans la presse sont Paul de Kock, Touchard-Lafosse (pseudonyme de Théodore de Lustières et Louis Boulé), Alexis Bouvier et Tony-Révillon[3].
Dès 1879, Rouff fait la promotion de ses mêmes fascicules, vendus cette fois « illustrés par les plus grands maîtres ». Il parvient à abaisser le coût d'un seul fascicule à 5 centimes, soit le prix d'un quotidien[5]. En octobre, il se lance dans l'édition de La France illustrée de Victor-Adolphe Malte-Brun, également sous la forme de fascicules, vendus aussi bien en kiosque de gare que par souscription.
Entre 1880 et 1900, la maison publie Eugène Sue, Xavier de Montépin, Adolphe d'Ennery (à qui il commande le roman Les Deux Orphelines, tiré de la pièce qui se jouait alors), Maurice Jogand, Pierre Decourcelle, Ponson du Terrail, Jules Cardoze. Enfin, Rouff profite en 1896 de la fin du monopole accordé en 1853 à la société Louis Hachette et Cie de distribuer dans les gares de chemins de fer périodiques et livres : les publications Rouff trouvent là un moyen de toucher une clientèle plus large qu'en simple dépôt de librairie[6].
En plus de ces romans populaires, les éditions Jules Rouff publient Les Misérables en livraisons hebdomadaires à 5 sous, formule étendue ensuite à l'œuvre intégrale de Victor Hugo. Mais la maison publie également des ouvrages d'importance, notamment le périodique La France illustrée ; l’Histoire socialiste 1789-1900 sous la direction de Jean Jaurès, un ami personnel de Jules Rouff ; Histoire de France et Histoire de la Révolution de Jules Michelet.
Entre 1904 et 1910, installé au 4 rue La Vrillière à Paris, Rouff se lance dans l'impression de nouveaux fascicules comme Le Conteur populaire (plus de 360 numéros) et de magazines comme Les Faits-Divers illustrés (1905-1910) et Le Globe trotter. Les « Publications Jules Rouff et Cie » passe au 83-85 rue de l'Ouest. Ses principaux concurrents sont Albert Méricant et Jules Tallandier.
En 1912, la Société des publications Jules Rouff & Cie est liquidée et la maison est relancée par le fils de Jules Rouff, Frédéric, sous le nom de « Frédéric Rouff, éditeur » en avec notamment « La Grande Collection nationale », à 20 centimes l'exemplaire[7]. Frédéric Rouff publie durant la Première Guerre mondiale la collection « Patrie », courts romans de 24 pages, racontant chacun un fait de guerre et paraissant hebdomadairement. Cette collection continuera entre les deux guerres, et reprendra pendant quelques années après la Seconde Guerre mondiale sous le titre de « Patrie Libérée ».
En janvier 1921, Rouff lance « Le grand prix du public », une collection d'inédits publiée sous le patronage de J.-H. Rosny aîné et dotée d'un prix annuel de 5 000 francs décerné par le public au meilleur ouvrage de la collection[8].
Jules Rouff meurt le 8 novembre 1927 à Paris 16e ; marié à Camille Veil[1], il avait eu deux fils : Marcel Jacques Rouff (1877-1936), qui devient un grand critique gastronome, et Frédéric (1883-1951) : c'est ce dernier qui reprend la maison.
En 1933, la maison d'éditions s'installe au 8, boulevard de Vaugirard à Paris 15e. Frédéric Rouff crée alors le journal Midinette, qui sera le premier magazine féminin français, et le seul jusqu'au lancement[réf. nécessaire] de Marie Claire par Jean Prouvost, contre lequel il ne pourra pas lutter (1938). Il crée également une collection de romans policiers, « La Clé », et une collection de romans pour enfants, de même format et cadence de parution que « Patrie », « Le Roman du Jeudi ».
En 1945, le fils de Frédéric Rouff, André Rouff, reprend la maison qui devient simplement « Éditions Rouff » et lance Blagues et Franc-Rire, publications bimensuelles humoristiques, et une revue historique mensuelle illustrée, L'Histoire pour tous, sous la direction d'Alain Decaux.
Frédéric Rouff meurt le . La mort prématurée[Quand ?] d'André Rouff ne permet plus de nouvelles créations. Sa fille, Christiane Germont-Rouff, crée en format de poche Mini-Humour - Maxi-Rire et publie quelques volumes historiques. La maison ferme définitivement en 1982.
Les directeurs des éditions Rouff
modifier- Jules Rouff, fondateur
- Frédéric Rouff, son fils
- André Rouff, son fils
- Christiane Rouff-Germont, sa fille
Quelques ouvrages des éditions Rouff
modifier- Chroniques de l'œil de bœuf, 8 volumes, par Touchard-Lafosse, à partir de 1878.
- La France illustrée, première série de 5 volumes + atlas, hors-texte et dictionnaire des communes, par Victor Adolphe Malte-Brun (1879-1884), suivie par de nouvelles séries jusqu'en 1914.
- Œuvres intégrales de Victor Hugo en 227 volumes (à partir de 1880).
- Œuvres d'Adolphe d'Ennery, notamment Les Deux Orphelines
- Œuvres d'Eugène Sue, notamment Les Mystères de Paris
- Œuvres de Paul de Kock
- Oeuvres d'Alexandre Dumas, notamment: Les Trois mousquetaires, Vingt ans après, Le Vicomte de Bragelonne, Le Comte de Monte-Cristo (illustrés, sans date) La Reine Margot.
- L'Allemagne illustrée, 5 volumes, par Victor Adolphe Malte-Brun (1885-1888).
- Histoire socialiste 1789-1900, 12 volumes + table analytique, sous la direction de Jean Jaurès (en ligne sur Wikisource). Contributions de Jean Jaures, Jules Guesde, Gabriel Deville, Paul Brousse, Henri Turot, René Viviani, Eugène Fournière et Gustave Rouanet, Alexandre Millerand, Charles Andler et Lucien Herr, Louis Dubreuilh, John Labusquière, Alfred Léon Gérault-Richard.
- Histoire de France (4 volumes) et Histoire de la Révolution (3 volumes), par Jules Michelet
- Patrie, publication hebdomadaire en 1917-1920 puis 1939-1940 et 1946-1952.
- Poucette, série de bande dessinée, de 1933 à 1958.
Collections, fascicules et périodiques
modifierCollections
modifier- La Petite Bibliothèque populaire (avant 1914)
- La Grande Collection nationale (1913-?)
- Le Livre illustré à 65 centimes (1908- ?)
- Collection historique populaire
- Collection Patrie, 1917.
- Le grand prix du public, 1921
- Mon roman, 1924-1949
- Mon roman-cinéma, 1928
- Les Romans vécus, 1931
- Romans pour la jeunesse, 1932
- Le Roman du Jeudi, 1934
- L'Histoire vécue, 1936
- Aventures policières, 1937
- La Clé, 1938
- Bamboula, Bouclette, Viviane[9], publications pour la jeunesse par Mat (1952-1960).
Périodiques
modifier- Le Globe-trotter. Journal de voyages, aventures, explorations (1902-1910)[10]
- Le Conteur populaire (1904-1910)[11]
- Les Faits-Divers illustrés (1905-1910)
- Les Grands Évènements illustrés (1905-?)[12]
- Tout nouveau (1908-1911)[13]
- Le Roman-Cinéma (1910-?)
- Les Grands Romanciers (1911-?)
- Almanach de la jeunesse (1925-1928)
- Midinette[14] (1926-1939)
- Blagues. Album (1953-1981)[15]
- Franc-rire, mensuel (1957-?)[16]
- Histoire pour tous, mensuel historique sous la direction d'Alain Decaux (1960-1977)[17]
- Mini humour, maxi rire, pochette humoristique mensuelle[18] (1973-1976)
Références
modifier- Archives de Paris 16e, décès, année 1927, acte no 2033 (vue 5/31).
- « Roman » par Jean-Yves Mollier, in: Dictionnaire encyclopédique du livre, Cercle de la Librairie, 2011, p. 590 (ISBN 978-2-7654-0987-8).
- Réclame dans Le Figaro, Paris, 14 novembre 1878, p. 4.
- J.-Y. Mollier, op.cit.
- Réclame parue dans Le Globe, Paris, 9 mai 1879, p. 8.
- imec-archives.com : Les Nouvelles Messageries de la presse parisienne.
- Chronologie de l'édition française de 1900 à nos jours, en ligne.
- Chronologie de l'édition française de 1900 à nos jours, en ligne.
- Viviane, Catalogue général de BnF.
- Le Globe-trotter, Catalogue général de BnF.
- Le Conteur populaire, Catalogue général de BnF.
- (BNF 32783786).
- Tout nouveau, Catalogue général de BnF.
- Midinette, Catalogue général de BnF.
- Blagues. Album, Catalogue général de BnF.
- Franc-rire, Catalogue général de BnF.
- Histoire pour tous, Catalogue général de BnF.
- Mini humour, maxi rire, Catalogue général de BnF.
Annexes
modifierVoir aussi
modifier- Roman populaire
- Marcel Rouff, écrivain, autre fils de Jules Rouff
Bibliographie
modifier- Archives personnelles de la famille Rouff[réf. nécessaire].
- Sandrine Basart (s./ dir. de Jean-Yves Mollier), Les Éditions Jules Rouff (1877-1912) : monographie d’un éditeur populaire, Maîtrise d’histoire, Université de Saint Quentin en Yvelines, 1994.
- [PDF] L’édition en fascicules de romans français entre 1870 et 1914 et leur conservation par la BnF par Natalie Cetre, 2002.